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Mère et fils
Quand il doutait, Ismael pouvait compter sur sa mère pour le rassurer ; et quand il s’agissait de Lyz, les certitudes ne tenaient pas. Avec ses autres amis, Ismael agissait avec confiance, sans se poser réellement de questions sur la compatibilité de leurs humeurs. Avec Lyz, c’était différent. Ismael avait dû l’approcher avec douceur, comme on apprivoise un animal sauvage, et leur amitié lui avait donné le goût de l’effort et de l’écoute.
Elle s’était aussi accompagnée d’une peur de la perdre.
L’ouverture de la porte de classe le ramena sur Terre, sa mère venait de terminer son cours d’anglais. Il laissa les élèves sortir, souriant à leurs coups d’œil surpris — les premières années ne connaissaient pas encore le fils de Miss Jones — et entra juste après, attirant l’attention de sa mère en poussant le battant.
— Issy ? s’étonna-t-elle. Vous avez déjà fini de travailler ? Tu m’avais dit que ça durerait plus longtemps que ça.
Elle lui lança son regard de maman sceptique.
— Lyz a dû partir en vitesse, raconta Ismael. Je me suis dit que tu adorerais rentrer en voiture avec ton fils.
— Vous vous êtes disputé ? devina-t-elle.
Ismael haussa les épaules en fixant le coin d’un bureau. Oui et non… Les paroles de Lyz lui remuait dans le ventre. Avait-il fait quelque chose de mal ?
— J’ai dû dire un truc de travers, éluda-t-il finalement, mais je sais pas quoi.
— Tu lui demanderas, Issy, je suis certaine que ce n’est rien. Je dois travailler encore un peu avant qu’on rentre, tu peux attendre là si tu veux.
Elle savait bien que le jeter dans les couloirs pour patienter ne l’aiderait pas à se détendre. Il s’assit sur une table, observant à l’extérieur les branches du platane malmenées par le vent. Il avait touché l’épaule de Lyz, et il savait que son ami n’était pas tactile comme lui, mais pas au point de le rendre aussi en colère. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Lyz, toujours pâlot, avait perdu ses dernières couleurs si brusquement ! Ses yeux exorbités, ses muscles tendus et son hoquet de stupeur l’avaient terrifié.
Alors il avait été normal qu’Ismael insiste un peu pour comprendre, non ?
— On peut y aller, annonça sa mère après un bon moment.
Il en était à décrypter les messages gravés au compas sur les bureaux, et fut content de sortir.
Il traversa les couloirs dans son sillage, les yeux rivés sur son chignon, et il prirent la sortie de secours qui menait au parking des enseignants. Sur la porte, l’affiche des deux filles disparues lui tordit les entrailles. Jude Jefferson était aussi fille de prof, ils se connaissaient bien.
Le vent lui glaça le bout du nez et lui ôta la tragédie de la tête, il fourra les mains dans les poches de sa veste en se pressant vers la voiture. Son gros pull n’était pas de trop. À l’intérieur, il poussa un long soupir de soulagement.
Sa mère prit un temps beaucoup trop long pour s’attacher et régler le rétroviseur, aussi Ismael se sentit-il obligé d’assurer :
— Je vais bien, maman.
Elle lui sourit. Ismael se retint de triturer ses bracelets, un réflexe qui aurait décrédibilisé sa déclaration aux yeux de sa mère.
— D’ailleurs, reprit-il pour détourner le sujet de lui, tu pourrais me déposer chez Lyz, finalement ? Je rentrerai en bus.
Elle lui jeta un coup d’œil en mettant le contact, le chauffage ronfla immédiatement dans l’habitacle.
— Tu es certain que c’est une bonne idée, Issy ?
— Non, avoua-t-il. Mais si il s’est calmé, il appréciera un peu de compagnie.
Une moitié de son cerveau lui disait que non, l’autre s’inquiétait trop de savoir s’il avait dit une connerie.
Catharine ne répondit pas, elle savait que Lyz n’avait pas d’autres amis qu’Ismael ; de fait, s’il n’allait pas bien, personne d’autre n’irait sonner chez lui pour prendre de ses nouvelles. En plus, les parents Lancaster adoraient Ismael, il serait au moins bien reçu par eux.
— Au pire, ajouta Ismael pour dénouer la boule de stress logée dans son estomac, il me jettera avec un coup de pied au cul et voilà tout.
— Ton langage.
Mais elle souriait et lui tapota le genou pour l’encourager.
Elle le déposa au bout de la rue qui menait chez Lyz. Tout en marchant, la tête rentrée dans les épaules et les mains coincées sous les aisselles pour se protéger du froid, il se rappela sa première visite chez les Lancaster. Il faisait plus chaud, certes, mais il s’était senti infiniment plus stressé qu’aujourd’hui. Fort de cette assurance, il grimpa les trois marches du perron d’un bond et sonna.
Finalement, Ismaël et sa mère sont des personnes très gentilles et prévenantes ! C'est tellement rare que c'est appréciable d'en voir dans une histoire :)
Bon, sinon le récit prend un tour sinistre avec ces disparitions et Ismaël qui se rend seul chez son ami...
Encore un joli chapitre, court et efficace. Les émotions et les sensations sont là, pour notre plus grand plaisir. On comprend pourquoi Ismael s'en fait pour son ami, et cela nous le rend tout de suite sympathique.
Coquillettes et suggestions :
- Les paroles de Lyz lui remuait dans le ventre. => remuaient
- au point de le rendre en colère => mettre en colère ?
- Mais si il s’est calmé, => s'il
A bientôt !
C'est toujours rassurant, même après tout ce temps, de constater qu'on a pas raté l'aspect émotionnel de ses chapitres :)
J'ai été agréablement surprise en découvrant qu'on suivait Ismael dans ce chapitre ! J'aime beaucoup sa description de son amitié avec Lyz, c'est très beau et très lucide, et je sens qu'on va avoir des scènes intéressantes entre ces deux personnages !
En plus, Ismael a une maman prof d'anglais qui est tout de suite attachante : )
Tu sèmes encore une graine de mystère avec la mention des deux filles disparues, il se passe des trucs pas clairs dans le coin...
La fin du chapitre s'accorde parfaitement avec le début. Ismael tient à son amitié avec Lysander, et il décide d'aller voir comment va son ami, même s'il sait que ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire... D'ailleurs, je pense qu'il sait déjà pas mal de choses (grâce à ta mention de sa dernière visite stressante chez Lyz), mais je doute qu'il ait tous les détails. En tout cas, il sait quelque chose !
Des coquillettes pour finir et donner à mon commentaire sa longueur réglementaire :
- « Miss Jones » -> Madame Jones ? (même remarque que dans le prologue sur la francisation des titres)
- « Vous vous êtes disputé ? devina-t-elle. » -> disputés (ils ont disputé eux-mêmes)
- « Les paroles de Lyz lui remuait dans le ventre. » -> remuaient
- « Mais si il s’est calmé, il appréciera un peu de compagnie. » -> s’il s’est
- « Catharine ne répondit pas, elle savait que Lyz n’avait pas d’autres amis qu’Ismael… » -> pas d’autre ami
Je poursuis ma lecture dans une ambiance particulièrement adaptée, je trouve : tonnerre, éclairs, pluie torrentielle, il ne manque plus que les yeux d'un loup-garou dans le champ d'en face.
Tes retours sur leurs amitiés sont un vrai soulagement. Ce que tu lis est une réécriture de mon premier tome, qui suivait le même fil rouge mais se perdait en scènes et narrations inutiles. Une de mes inquiétudes, en recommençant, était de perdre la description de leur relation sur laquelle j'avais eu des retours positifs.
J'ai l'impression que ça pour le moment. Je croise les doigts pour la suite !
(un orage, j'adore ♥)
Les filles disparues m'intriguent aussi. J'aime bien que le sujet soit à peine survolé.
À bientôt !
Ne te sens pas obligée de commenter chapitre par chapitre (je préfère le dire, ils sont parfois courts et ça peut être contraignant)
En tout cas merci pour ton retour !
Je reprends les mots de Dédé (ouiii, je suis une copieuse !) : le chapitre est efficace, et j'ai pris énormément de plaisir à lire !
Un chapitre tout en efficacité qui laisse entrevoir de bonnes choses pour la suite. A commencer par Ismael chez les Lancaster ! Sont-ils tous des lycans ? Ismael est-il vraiment au courant de ça ? Suspense, suspense.
A bientôt pour la suite ! :D
Je me tais pour la suite <3
Bref, je continue tout de suite, je sais pas si je laisserai des comms à chaque chapitre mais voilà, here I come ;)
Déjà un grand merci pour ta reprise de lecture (et tous ces petits com' laissés <3)
J'aime bien mon écriture pour Meutes, en tout cas elle m'est devenue très naturelle (globalement), donc je suis très très heureuse qu'elle te plaise au point que tu le relèves !
Merci encore <3
J'aime beaucoup Ismael, sa perception de sa relation avec Lyz, sa maman. Je suppose que c'est un chapitre de transition qui introduit le flash-back suivant. Je l'ai juste trouvé un peu court non pas qu'il manque de développement sur ce qui se passe. C'est clair ni trop ni pas assez développé. Peut être que j'aurais aimé avoir un passage Ismael pour Ismael et pas uniquement Ismael à travers sa relation avec Lyz afin de prolonger le plaisir 🙄
Oui, vu que c'est le premier flash back après, je voulais l'introduire un peu. Et puis je peux offrir un moment entre Ismael et sa maman aussi.
Ne t'en fait pas pour le "Ismael pour Ismael", il aura le temps de penser à lui un peu ahaha
Sinon je continue d'avoir un soucis de caractérisation des personnages, je pense que tu as peut-être un peu trop alléger ton récit, enfin pour mon goût.
Quel soucis ? Dans la conjugaison ? Tu mettrais quoi ?
Hmm si tu confonds Ismael et Lyz c'est effectivement qu'il y a un problème XD je reverrais tout ça mais j'ai déjà brossé leurs principales caractéristiques physique (et j'aime beaucoup les détails dans King, je relis Ça d'ailleurs, mais je ne pense pas qu'entamer meutes avec tout le descriptif psychologique des persos serait très intéressant. Je préfère attendre le bon moment pour les bons détails)
Mais ton retour est précieux et je relirai ça :) Et si tu décides de continuer je ne peux qu'espérer que ça ira mieux
Merci pour ta lecture en tout cas !
Après le format très court des chapitres doit pas m'aider, vu que je lis un chapitre, je fais d'autres trucs puis j'en lis un autre... fatalement comme ils sont cours, bah j'ai du mal à suivre qui est qui, qui fait quoi.
Pour le format, je n'y pourrais rien :/ Je ne peux qu'espérer que ça s'arrange par la suite.