Réveil lorsque B. entre dans la pièce avec ses chaussures. Porte des bottines noires avec de petits talons. Elle tire les rideaux. Il fait gris. Elle me salue et va préparer du café, puis elle annonce qu’elle va chez la voisine trouver des vêtements pour moi. Elle ouvre la porte fermée à clé et toque à la porte d’en face. La porte s’ouvre, une voix de femme l’accueille. B prétend avoir une photo du personnel ce jour et vouloir leur faire une farce. La voisine la laisse entrer. Reste de la conversation inaudible.
La pièce dans laquelle j’ai dormi sert à la fois de salle à manger et de salon. Un simple rideau la sépare de la cuisine : une cuisinière avec un four et des plaques, le tout au gaz, un évier, un plan de travail, deux placards en bas, trois en haut. Le mur est percé d’une petite fenêtre à barreaux. Les meubles sont simples. Un divan bas, peuplé de coussins, où j’ai passé la nuit. Une table et trois chaises. Une bibliothèque remplie : livres, magazines de mode, babioles, une photo en noir et blanc d’une famille en habits du dimanche. Une table d’appoint : un encrier, un sous-main, des plumes.
Le café est prêt. Je l’enlève du feu. Il est très fort. Elle en a utilisé une belle quantité. Pas de pénurie à craindre.
Elle revient avec un petit paquet de vêtements entre les bras et explique comment ça marche. Elle me suggère de m’habiller pendant qu’elle va finir de se préparer dans sa chambre.
Vêtements déjà usés mais de bonne qualité. Transférons aussi le contenu de nos poches dans la nouvelle veste. Note : trouver un endroit où nettoyer et mettre veste d’uniforme. Contenu des poches : un carnet et un crayon, un paquet de cigarettes avec trois cigarettes, un autre neuf, le chargeur de rechange du pistolet, le pistolet, les clés de l’appartement, le livret du Parti, le livret d’identité, l’insigne du MdSE, la clé du casier, un portefeuille avec de quoi s’acheter un petit déjeuner en rentrant de garde (sans commentaire), un mouchoir (propre).
B. et moi buvons le café et mangeons du pain avec de la confiture. Elle parle du journal et de son plan pour m’y faire entrer. Me demande si j’ai des compétences utiles. Semble ravie d’apprendre que je fais de la photo et de la sténo. Dit que ça devrait marcher. Me répète le rôle que je suis censé jouer.
Doit être au travail à neuf heures. Elle m’achète un ticket de métro. Note : ne pas penser à Georg. Ne pas penser à la détonation et au sang. Je ne me souviens pas du trajet.
Journal sur un grand boulevard du centre-ville, enseigne immense au-dessus du bâtiment. Rotatives à la cave, explique B. en montant des escaliers quatre à quatre.
Salle de rédaction grande et bien éclairée. Déjà pleine de monde. Tous nous ignorent. Y règne un brouhaha typique du genre de lieu. B. possède un bureau à part. Plaque : C. A. Bauer, service correction. Bureau typique : un portemanteau, une corbeille à papier, une chaise, un bureau. Sur le bureau : piles de papiers, Duden, pot à crayons, encrier, plumes, gomme, un sous-main et une énorme machine à écrire à caractères gothiques. B. me conseille de laisser la porte ouverte et va voir son patron. Je ressors la carte de la ville. Suis interrompu par l’arrivée dans le bureau d’un homme. Une quarantaine d’années, taille moyenne, cheveux et yeux bruns, moustache, costume sombre de très bonne qualité. Il a l’air surpris de me voir. Me demande ce que je fais là et où est B ; ne me croit qu’à demi. B. arrive. Il lui demande à nouveau qui je suis. Nos versions concordent. Je ne sais pas ce qu’il en pense. Il annonce que le photographe a quitté les lieux. Il est parti à Paris exercer son art. (Note : Coup de chance ?) Elle répond que c’est tant pis pour lui et qu’il se prenait trop au sérieux. L’autre a l’air d’accord. Lui donne un article pour la version de l’après-midi et sort. Jenson, m’explique B, l’un des journalistes. Elle rajoute la liasse à une petite pile et me propose de l’accompagner chez le directeur. Je range la carte et la suit.
Plaque : F. Kolberger, direction. B. frappe et entre. Elle ment très facilement. (Note : montre des dispositions intéressantes au travail et possède des accès utiles. À surveiller.) Raconte que je suis un cousin à elle, que je cherche du travail, que j’étais justement venu lui rendre visite, qu’elle vient d’appendre le départ du photographe, et que j’ai justement appris la photographie. Il me demande des références. Je cite deux noms, qu’il ne connaît pas. (Et pour cause…) J’ajoute que je connais le développement sur pellicule et sur plaque, mais que je n’ai pour le moment pas d’appareils, ne m’attendant pas à une telle opportunité. Le directeur est sceptique, mais accepte, sur la pression de B, qui sait y faire, de me signer une avance de dix marks pour un appareil et le matériel. Il précise que le journal possède une chambre noire, et qu’ils n’hésitent pas à recourir aux services de photographes extérieurs. Je réponds dans un sourire que j’espère qu’ils s’éviteront bientôt cette dépense.
Le comptable examine le mot du directeur en détail avant de me donner une coupure de dix marks et de me faire signer dans le registre. Je tarabiscote inutilement ma signature pour dissimuler mon écriture, qui se démarquerait trop parmi les enjolivures gothiques. B. retourne à son bureau, m’indique la direction de la chambre noire sur ma demande et me dit que je trouverai sans doute une boutique dans le quartier. Elle me laisse en plan.
Le matériel de développement est resté sur place : le photographe précédent n’a sans doute pas voulu s’encombrer. J’y retrouve mes marques. Cuves, produits chimiques et obscurité n’ont pas tellement changé.
Je sors et m’allume une cigarette devant l’immeuble pour décider de la marche à suivre. Un groupe s’est rassemblé devant le bâtiment pour lire le journal fraîchement imprimé. Je suis censé connaître ces rues, mais elles me sont étrangères. Elles sont différentes. Le sol est en pavés, les voies de circulation ne sont séparées par aucune signalisation, les croisements se font selon le bon vouloir des conducteurs, les passages cloutés inexistants. Les magasins sont différents, hérissés d’affiches ventant des marques parfois inconnues. Les bâtiments sont différents. Y pendent des drapeaux noir-blanc-rouge d’un pays qui n’est pas chez moi, et pourtant chez moi est au même endroit. Les voitures sont différentes. Leur moteur pétarde ; certaines roulent d’une manière silencieuse, étrange. Les sabots des chevaux claquent, les roues de bois grincent, les harnais cliquettent, des clochettes tintent. Se croisent des charrettes, des fiacres, des coupés cabriolets, des voitures à moteur, flambant neuves. Les gens sont différents. Les femmes trottinent, leur longue robe s’enroule autour de leurs jambes, leur chapeau surmonté de plumes colorées menace de s’envoler au moindre coup de vent, elles se tiennent raides aux bras d’hommes en habit noir, barbus ou aux larges favoris, tous chapeautés, qui marchent en agitant leur canne. Le monde tourne.
Une femme s’est portée à ma hauteur. Dans la soixantaine, ridée, cheveux grisâtres, yeux noirs voilés, vêtue de jupes superposées, aux couleurs fanées, aux bords effilochés, la tête couverte d’un grand châle sale, les pieds chaussés de bottines fatiguées. Elle me dévisage, puis me demande si ça va. Je bredouille quelque chose, je ne sais plus quoi, elle secoue la tête. D’une voix où perce un accent berlinois plus prononcé encore que celui de B., elle me demande si j’ai mangé aujourd’hui, ajoute que fumer ne remplace pas un bon déjeuner. Il lui manque deux dents, une en haut, une en bas. Je lui assure que tout va bien. N’a pas l’air convaincue, mais n’insiste pas. J’en profite pour lui demander si elle connaît l’adresse d’une boutique de photographie dans le coin. Elle réfléchit un peu puis me donne une adresse. Elle secoue la tête, ajoute la direction à suivre. Je la remercie abondamment, lui laisse la fin de ma cigarette sur sa demande.
Je réussis à ne pas me perdre sur le trajet. L’enseigne indique seulement « photographe » ; l’intérieur laisse voir des appareils divers. Une clochette sonne quand je pousse la porte.
Le vendeur est un homme d’une trentaine d’années, blond aux yeux bleus, portant une fine moustache. J’engage la conversation. Il me présente plusieurs modèles d’appareils portables. Je jette mon dévolu sur une petite boîte Kodak Brownie, fraîchement importée des États-Unis. (Note : c’est si vieux, les boîtes Brownie ? Note dans la note : Même les Soviétiques ont accepté du matériel américain quand le socialisme était menacé, pendant la guerre.) Prix modique, presque pas de réglages, rapide, utilise de la pellicule de base au lieu des plaques, au maniement plus complexe. Le premier rouleau est vendu avec l’appareil. Il commence à me présenter les modalités d’envoi de la pellicule terminée, mais je lui confie que je compte les développer moi-même. Il s’illumine alors, et d’un ton plus engageant, me demande si j’ai de quoi faire. Je lui donne le nom des produits présents au journal et il hoche la tête, approbateur. Nous discutons technique. Je repars avec un rouleau de film supplémentaire, cadeau de la maison.
Je retrouve le journal, où B. frappe à la machine à une vitesse impressionnante. Elle me sourit, et sans s’arrêter d’écrire, me demande si j’ai trouvé ce qu’il me fallait. Difficile de s’entendre dans le bruit. Tac, tac, tac. Je lui montre l’appareil. Elle n’y connaît rien, et ne se rend pas compte que j’en profite pour la photographier, Brownie à la poitrine. La machine couvre le bruit du déclencheur.
Elle finit par ôter sa feuille de la machine pour la poser sur un tas à côté, annonce qu’elle va déjeuner et m’entraîne dans son sillage.
Nous nous rendons dans un petit restaurant de la classe ouvrière à menu unique. Aujourd’hui, carbonnade flamande. Nous discutons de nos activités de la matinée pendant le repas. L’essentiel de son travail consiste à retaper à la machine les articles que lui confient ses collègues. Elle s’intéresse au Brownie et paraît étonnée de voir un tel appareil, sans doute plus habituée aux chambres qu’utilisent les photographes de studio. Je lui parle des appareils miniaturisés dont m’a parlé le vendeur et elle est abasourdie. L’idée de s’être peut-être déjà fait photographier contre son gré ne lui plaît guère. (Note : si elle savait…)
Le plat est très bon, arrosé d’une bière. À la fin du repas, je m’allume une nouvelle cigarette et elle fume avec moi, avec les gestes d’une habituée. C’est à mon tour de m’étonner. Elle m’explique qu’elle a pris l’habitude à force de fréquenter ses collègues. Elle ajoute dans un rire que sa mère serait probablement horrifiée, mais refuse de préciser sa pensée.
Elle paie et nous nous quittons sur le pas de la porte. Elle s’en va rejoindre sa machine à écrire, je pars me promener dans l’espoir de saisir des vues intéressantes. Je n’ai pas de thème, mais j’ai appris que le simple fait de photographier une scène la rendait remarquable. Je me félicite du choix de l’appareil, malgré sa provenance. Il est léger, maniable et discret. Je photographie une dame portant un chapeau sur lequel se trouve un perroquet entier, et qui traîne un petit chien en laisse. Je photographie une charrette de légumes qui bouche un angle de la rue parce que l’âne refuse d’avancer. J’en profite pour photographier l’embouteillage, et même les efforts désespérés de l’agent de police pour réguler le trafic, dont le bâton ne fait pas assez impression à l’animal bâté pour qu’il accepte de bouger. Je photographie la Spree coulant sous le pont à deux pas d’un immense palais gothique, noir de suie, au moment où un oiseau passe en pédalant vigoureusement dans l’eau boueuse. Je n’avais connu l’ancien palais impérial qu’en ruines, sur les photos de l’immédiate après-guerre. Nous nous sommes relevés des ruines depuis.
J’estime en avoir fait assez, d’autant qu’il commence à se faire tard. Je reprends la route pour le journal. Mes souvenirs de la ville se superposent sur cette ville-ci, que je découvre. Les rues concordent, même si certaines ont changé de noms. Quand je rentre, B. n’est plus à sa machine, mais ses affaires sont encore là.
Le développement nécessite de la précision et du doigté. Il faut être pleinement concentré, suivre les étapes à la lettre et faire les actions à la seconde près, sous peine de pourrir ses images et de perdre tout son travail. C’est pourquoi, je me plonge dans le travail et n’en ressort qu’une fois les images mises à sécher. La tête comme libérée, toutes les pensées dissoutes dans le bain fixateur avec les sels d’argent.
B. est revenue dans son bureau. Elle consulte son dictionnaire. Elle me demande si la balade a été fructueuse, puis me dit qu’elle va bientôt rentrer à la maison. Elle baisse la voix, ajoute qu’il me faudrait des vêtements et du matériel de toilette. Elle me conseille de montrer le résultat de l’après-midi au patron, avant qu’il ne parte. Quand j’objecte que les pellicules ne sont pas sèches, elle me demande si elles acceptent la lumière. (Elle en connaît donc le fonctionnement, même si elle prétend le contraire. Je me demande à quel point elle feint l’innocence.) J’acquiesce.
Le patron traîne encore dans son bureau. Il est difficile de donner ses occupations. Surveiller discrètement le personnel doit occuper une bonne partie de ses journées. Je lui demande s’il souhaite obtenir un premier résultat de mon travail, précise que je n’ai pas encore fait les tirages. Il me répond que c’est tant mieux, car il faut en tirer des plaques d’imprimerie. J’avais oublié.
Il me suit dans la chambre noire. J’ai mis le portrait à la sauvette de B. dans un autre coin. Il étudie mes photos et se montre content de mon travail, surtout de l’image des efforts désespérés du conducteur et du représentant de l’autorité contre le saboteur quadrupède, qui l’amusent. Il me serre la main et m’annonce que je suis accepté pour une semaine à titre d’essai. Nous nous rendons dans son bureau pour finaliser notre accord. Il m’embauche à la semaine, avec 30 reichsmarks de salaire et le matériel aux frais du journal. (Note : combien en marks modernes ? Difficile de le savoir.) Je signe le contrat, puis nous nous rendons chez le comptable, qui finalise les papiers et m’informe que les dix marks déjà donnés compteront comme avance sur salaire. Je n’en attendais pas moins.
Je retrouve B, qui a reposé son dictionnaire et biffe des mots en trop sur un article. Je l’informe des nouveautés. Elle paraît satisfaite de mes nouvelles conditions de travail. L’idée d’un deuxième salaire pour payer le loyer ne doit pas lui déplaire. Elle déclare que puisque c’est une affaire résolue, nous devrions nous employer à me fournir une garde-robe et, ajoute-t-elle en baissant la voix, des affaires de toilettes. (Note : beaucoup d’embarras pour parler surtout d’un rasoir et d’une brosse à dent.) Elle connaît l’endroit où nous devons nous rendre et décide de s’y rendre sans tarder. J’enferme l’appareil dans la chambre noire, qui a l’avantage de fermer à clé.
Prétextant le besoin de marcher au grand air et de m’habituer au plan de la ville, je refuse de reprendre le métro. Elle est étonnée de mon refus, semble s’en agacer, puis renonce dans un soupir.
(Note : Après coup, je me demande si ses bottines sont adaptées à la marche. Elles me paraissent bien fines. Elle ne s’en plaindra pas.) Nous nous mettons en route. Elle ne me pose pas de questions, n’essaie pas d’engager la conversation, sauf pour me conseiller la prudence lorsque nous traversons. (Note : l’inventeur du feu de circulation et du passage piéton mériterait une médaille pour son mérite. Je reste ébahi que si peu de gens soient morts écrasés.) Nous nous enfonçons dans des quartiers plus populaires. Nous avons laissé derrière nous les massives bâtisses néogothiques des ministères et des banques, mais à la place des larges boulevards et des immeubles en enfilade de ma connaissance, nous longeons un tas de maisons basses, groupées les unes sur les autres, dans des rues qui s’entrelacent, entrecoupées de petits squares. Je ne sais plus où je suis.
Lorsque je reconnais le chemin que nous avons pris le matin même pour nous rendre au métro, il est trop tard. Elle s’arrête devant une quincaillerie et m’assure que j’y trouverai ce qu’il me faut. J’en ressors bientôt équipé du nécessaire. Nous nous rendons ensuite dans une friperie. B. s’excuse dans un sourire gêné, expliquant que vu tout ce qu’il me manque, c’est la seule chose que nous pouvons nous permettre. Je lui réponds que ce n’est pas grave et elle consent à pousser la porte de la boutique.
Boutique est peut-être un grand mot. Il y a des montagnes de vêtements partout, vaguement classés par catégories. B. ne se laisse pas distraire par les monticules colorés qui signalent les robes de femmes. Elle salue la patronne, une grosse femme assise derrière son comptoir avec une théière, probablement en train de profiter de sa pause du soir. La femme la salue en retour avec un accent que je ne pourrais manquer pour rien au monde. Je me décide à lui demander conseil. Je prétends qu’on m’a volé ma valise à la gare ce matin et je n’ai plus que ce que j’avais sur moi pour mon séjour. Elle se montre compatissante et contourne son comptoir pour nous venir en aide. B. s’est déjà mise à fouiller dans les tas. Je la rejoins. La patronne me pose des questions sur là d’où je viens. Je décide de lui dire la vérité. Elle s’illumine en entendant les noms de village et se met à me bombarder de questions en patois sur les habitants qu’elle doit avoir connu tandis que nous empilons les affaires. Trois chemises blanches, deux gilets, un gris, un noir, un paletot sombre, trois pantalons, un gris, un marron, un noir, une cravate bleue, un pyjama et une paire de bottine de cuir noir presque neuves. Je refuse de toucher aux sous-vêtements, même si la patronne m’affirme que tout est lavé et traité contre les puces. J’invente des réponses crédibles à ses questions. Les noms me sont familiers ; des paysans qui n’ont pas bougé de leur lopin depuis des siècles, quand on était éclatés entre petits duchés concurrents. (Note : ce qui ne remonte pas à tant que ça pour elle, j’imagine.) Elle me demande quelle église j’ai fréquenté et semble satisfaite de ma réponse. Elle ne pousse pas le vice à me demander les 95 thèses de Luther. B. me glisse de penser aux couvre-chefs et j’ajoute donc une casquette plate, au risque de faire mauvais genre. Les chapeaux, c’est bon pour les bourgeois. Quand nous avons ce qu’il nous faut et que nous devons payer, elle annonce qu’elle nous fait le tout à moitié prix, en l’honneur des compatriotes qui ont subi un mauvais départ. B. a beau insister, la vendeuse s’obstine et elle doit finalement céder. Au moment de partir, elle nous souhaite tous ses vœux, et je comprends seulement alors qu’elle croit que B. est ma fiancée.
Celle-ci n’évoque pas le sujet. Elle trottine plus vite, ses talons faisant un bruit qui n’est pas sans rappeler ses claquements virtuoses à la machine à écrire. Je lui demande que faire pour le reste et elle répond, rougissante, que je devrais aller dans un grand magasin, que je laverais ceux du jour pour demain. Et ainsi, nous rentrons chez elle préparer le repas.