Londres s'est faite bombarder. Encore.
Tout le monde avait entendu les dernières nouvelles. Tout le monde était resté sous le choc. On devrait avoir l'habitude maintenant d'entendre ce genre de chose, et pourtant à chaque fois, ça nous surprend. À chaque fois, ça nous met une claque. À chaque fois, ça nous fait toujours un petit peu plus peur. Parce qu'il ne suffit que de ça. Il ne suffit que d'entendre ce genre de chose pour avoir peur.
Et Dieu seul sait que nous étions constamment plongés dans la peur. Dans la terreur. Chaque fois, on se levait et on se demandait si ce jour n'était pas le dernier ?
Mais non.
Nous sommes encore là. Nous sommes toujours là. Telle de la mauvaise herbe, ils peuvent nous piétiner, nous arracher, mais nous reviendrons. Constamment. Nous sommes ce qu'il reste. Nous sommes ceux qui restent. Nous sommes l'ultime rempart entre la fin du monde et l'espoir né du cœur des hommes. Nous sommes ceux qui les empêcheront de passer. Nous sommes ceux qui se battront jusqu'au bout.
Nous sommes toutes ces choses qui font que la guerre n'est pas finie. Même pas au bout de deux ans.
Nous sommes des visages, des noms. Nous sommes ceux et celles qui seront oubliés dans vingt ou trente ans. Nous sommes ceux qui cesseront d'exister dans quelques générations, mais nous serons ceux qui ont fait l'histoire. Nous serons ceux qui l'ont transformée. Pour sûr, nous serons ces gens-là. Parce qu'il faut qu'il existe des gens comme nous. Il n'y aura personne d'autre que nous de toute façon. Personne pour nous sauver. Personne pour se battre à notre place. Personne pour prendre notre place.
Parce que nous sommes tous pareils.
Plus ou moins courageux. Plus ou moins téméraires. Plus ou moins idéalistes ou optimistes. Plus ou moins croyants. Parce que oui, on croit. On croit en notre chance. On croit en nous. On croit en cette fin qui n'arrive pas. On croit qu'un jour, dans la rue, on se dira « C'est fini ! » et qu'on s'embrassera.
Parce que ça arrivera.
Voilà nos convictions. Voilà ce qui fait que chaque matin, chacun d'entre nous se lève.
On se lève parce que l'on croit.
Je crois en nous comme je crois en Thomas. Je ne cesserai jamais, ô grand jamais de croire en lui. Thomas n'est peut-être pas un héros, mais ça reste le mien. Ça reste mon héros, et ce, à jamais. Thomas et ceux qui sont partis, le courage comme seule arme, qui tous les jours se battent.
Thomas est de ceux qui à jamais seront marqués par ce qu'ils voient.
Thomas est de ceux qui à jamais auront des cicatrices ancrées dans l'âme.
Thomas est de ceux qui ne rentreront probablement pas.
Il est certainement de ceux qui mourront là-bas.
Alors oui, pour nous et pour tous ceux qui se sont battus, il est de ceux que l'on peut appeler « héros ».
Et c'est un bien petit mot.
On peut te l'assurer Elise, Thomas et tous ces soldats sont des héros, personne ne peut dire le contraire.
Les résistants sont toujours là, et un jour la paix reviendra, comme l'espoir restera !
J'aime beaucoup ton style dans cette histoire. On trouve un peu de la poésie dans l'horreur qu'est la guerre. Je trouve aussi les formulations qui se répètent très efficaces. Un peu comme s'il fallait se répéter tout ça en boucle pour ne pas oublier, pour se persuader... Je ne sais pas jusqu'à quel point c'est fait exprès, mais j'aime beaucoup en tout cas. :3
J'aime aussi le déroulement de cette lettre. On commence par un point assez sombre, glauque : malgré que la violence dure et se répète, on ne s'y habitue jamais. Puis ça dérive sur un brin d'espoir et ça glorifie Thomas. Du coup, c'est super fluide comme lettre, ça se lit tout seul. :3