21- Combat de polymorphes

Notes de l’auteur : Bonne lecture

 

-- C'était génial Nour, s'exclama Oren tandis qu'ils reprenaient la route.

-- Impressionnant, rénchérit Azénor.

Nour se retourna vers la rivière, relâcha le médaillon. L'eau remonta doucement, prit de la vitesse et le cours d'eau apprivoisé un moment reprit sa folle course.

-- Oui c'était bien trouvé, maugréa le mage. Tu crois que le médaillon t'obeït ?

-- J'en ai l'impression. Mais ça me demande énormément de concentration.

-- Tout ce qui en vaut la peine est difficile. C'est un bon début mais que feras-tu quand il ne sera plus en ta possession ?

-- Myrddin a raison, dit Azénor. Tu devrais ne plus t'en servir et t'entraîner avec nous. Ce qui est bien c'est que nous sommes au même niveau, on doit s'entraider.

-- Oui on n'est tous nul, ajouta Oren.

-- Pas tous, le contredit Elijah, vexé. Je veux bien vous aider si vous voulez, mais je crois bien que je n'ai pas besoin de vous.

-- Toujours le bon mot pour blesser toi, le sermonna Myrddin. Dis-nous plutôt comment un elfe est plus doué qu'un natif d'An Domhan ?

-- J'ai toujours aimé m'instruire. Dès mon entrée au Sanctuaire j'ai commencé à lire des ouvrages sur le déplacement de choses, il y en a dans les archives du palais. La clé c'est la méditation comme l'a dit Myrddin mais aussi la visualisation.

 

Le paysage qu'ils traversaient était parsemé de grosses touffes de ce qui ressemblait à du foin, cela rendait la progression difficile, mais le plus étrange était les grands arbres aux troncs multicolore.

-- On dirait que quelqu'un s'est amusé à les peindre, suggéra Nour.

-- Ce sont des eucalyptus arc-en-ciel, annonça Myrddin. Vous n'allez pas vous extasier devant chaque arbre ou chaque fleur, s'agaça-t-il.

-- C'est quoi arc-en-ciel ? demanda quand même Oren.

-- Pff, j'aurais aucun répit, souffla le mage. Les arcs-en-ciel sont une particularité de Terra. L'arc-en-ciel est une bande de couleur en forme d'arc, qui apparaît dans le ciel lorsqu'il pleut et que le soleil est bas sur l'horizon.

-- C'est quoi le ...., commença Oren.

-- Le soleil est ce qu'est la lune pour nous. Comme une illustration vaut que mille mots, regardez, fit le mage en posant son sac au sol.

Il leva lentement ses mains, les paumes dirigées devant lui. Une énergie magique commença à pulser autour de lui, créant une atmosphère électrique. Soudain, une lueur intense apparut au-dessus de ses mains. Une sphère lumineuse se forma, émettant une lumière douce et chaleureuse. Elle grandit rapidement, jusqu'à ce qu'une réplique miniature du soleil flotte au-dessus du mage. Il éleva la sphère solaire au-dessus de sa tête, illuminant son visage d'une lueur céleste. Puis, d'un geste fluide de sa main droite, il fit apparaître un arc-en-ciel. Les couleurs vibrantes se matérialisèrent dans l'air, formant un spectre arc-en-ciel qui se déploya majestueusement au-dessus du mini-soleil. Les couleurs semblaient vivantes, le rouge, le orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo et le violet se mélangeaient harmonieusement, créant une vision éblouissante et envoûtante.

Puis d'un geste sec, Myrddin fit tout disparaître.

– C'était trop génial, s'entouthisama Oren. Ca donne trop envie d'aller en Terra.

– C'est vrai que c'était beau, admit Elijah.

-- Vous êtes sympathique quand vous voulez, lança Azénor. Peut-être que d'ici la fin du voyage vous accepterez de faire quelque chose pour votre peuple.

-- Les gens seraient pourtant très content de vous rencontrer, fit remarquer Oren.

-- J'aime pas les gens, combien de fois vais-je devoir le dire ?

-- Mais eux vous aime, ça compte pas ? interrogea encore Oren.

-- Non ça compte pas. D'ailleurs toi non plus je t'aime pas bien, tu jacasses trop.

 

Plus tard dans l'après-midi le paysage changea, c'était des plus buccolique. Ils s'arrêtèrent pour se restaurer, avec interdiction formel de parler. Cela leur convint, ils étaient fatigués d'avoir marché des heures durant et Myrddin faisait toujours de grands pas. Nour avait du mal à maintenir l'allure et se demandait sans cesse si le mage savait vraiment où il allait. Alors quand il s'arrêta subitement l'angoisse la submergea.

-- On n'est perdu ? demanda Oren, même il sembla à tous qu'il l'affirmait.

-- Quelque chose nous suit depuis un moment, fit Elijah tout bas.

-- C'est exact l'elfe. Ce qui m'inquiète c'est que j'ignore ce que c'est. Ca ne sent ni l'humain ni l'animal.

-- Une créature maléfique ? Un monstre ? interrogea Oren avec une voix stridente.

-- Possible, répondit nonchalemment Myrddin. Passez devant, et restez sur vos gardes. Nous sommes trop à découvert ici, bifurquons à droite et entrons dans ce bois, ordonna-t-il.

Mais à peine étaient-ils à l'orée du bois qu'une créature surgit devant eux. Elijah poussa un cri d'horreur, les autres sursautèrent devant la laideur de la chose. Une crinière de fauve, une figure de vieille femme avec des poireaux sur le nez et le menton, un torse humain quoique difforme, des pattes arrières et une queue de lézard. De lézard.

-- Je pensais ne plus jamais revoir ton visage acariâtre, fit-elle en fixant le mage.

-- Minerva, vieille mégère malfaisante.

La créature éclata de rire, d'un rire qui fait froid dans le dos.

-- Je vois que tu es bien accompagné, c'est pas ton genre, répliqua-t-elle. Tu comptes tous les cuisiner en même temps ?

Oren sursauta, Nour ouvrit de grands yeux et Azénor recula prudemment d'un pas.

-- J'ai jamais mangé de gosses moi, se défendit le mage.

-- Alors qu'est-ce que tu fais avec eux, tu exercres les gamins. Donne-les moi, j'en ferai bon usage.

-- Voyons Minerva, tout ça n'est plus de ton âge. Ca me déplairait pas d'en découdre avec toi comme au bon vieux temps, mais vois-tu, nous sommes pressés. Laisse-nous passer.

-- Passe ton chemin si tu le souhaites, mais je garde les enfants.

-- Pas question, vieille chouette haineuse.

-- Tu l'aura voulu, vieux bouc paralytique.

Sa phrase à peine terminée, son corps émit des bruits étranges, mélange de pets et de rots. Dégoûtant. Elle sembla grandir d'un coup, sa tête grossit, se déformant sous les effets de la transformation.

-- Hum un combat de polymorphie, fit Myrddin à voix basse. Reculez les enfants, ordonna-t-il. A la moindre occasion fuyez, courrez sans vous retourner. Je vous retrouverai.

Les enfants s'éxecutèrent en silence, fascinés par le spectacle, et terrifiés par ce qui pourrait se produire. La sorcière avait toujours été fière de sa capacité à changer de forme. Elle pouvait se transformer en n'importe quoi : un corbeau, un vase, un loup... Mais aujourd'hui elle faisait face à un mage, elle le connaissait bien Myrddin, elle savait qu'il ne se laisserait pas impressionner par ses transformations, lui même était un as en matière de polymorphie. Mais là l'enjeu était trop beau. Des enfants. Elle en salivait d'avance. Sa métamorphose s'acheva.

– Mais qu'est-ce que c'est que ça ? s'exclamèrent en même temps Oren et Elijah.

– C'est un éléphant, répondit Nour.

– Un quoi ? demanda Elijah impressionné par la bête.

– Un éléphant, c'est très intelligent.

La sorcière ne laissa pas au mage le temps de réagir et se précipita sur Myrddin.

– Comment va-t-il pouvoir lutter contre ça ? s'interrogea Azénor.

Le mage disparut dans un léger nuage de fumée.

– On n'est foutu, se lamenta Oren bien caché derrière un arbre.

Malgré les recommandations, les enfants ne comptaient perdre une miette du combat.

– Mais non regardez, fit Nour en pointant un doigt vers le sol.

– Une souris. C'est une blague ? s'exclama Elijah.

La petite souris, intrépide et sûre d'elle s'élança vers l'éléphant. A sa vue, celui-ci poussa un cri terrifiant, les enfants se bouchèrent les oreilles avec leurs mains. La sorcière changea alors de stratégie et un chat se matérialisa dans un souffle. Il cracha bruyamment sur le mage qui esquiva le premier coup de griffe en se reculant d'un pas vif, ensuite il se mit à courir dans la direction opposée avant de se changer en vipère. Le serpent se dressa contre le chat qui cracha de toutes ses forces. Myrddin bondit et le mordit à la patte. Le chat-sorcière hurla mais ne se découragea pas, rassemblant ses forces elle se transforma en un essaim de corbeaux. Les volatiles virevoltèrent autour du mage, le désorientant avec le bruit de leurs ailes.

Le mage était assaillit de toute part, dans ces circonstances il était difficile de se concentrer et il raprit sa forme humaine. La sorcière en profita et en un éclair elle se changea en boa. Elle s'enroula rapidement autour de Myrddin, l'étouffant jusqu'à ce qu'il perde connaissance.

Minerva reprit forme humaine et se dirigea droit sur les enfants.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez