– Je m’excuse pour ce soir, fit le Légendier lorsqu’ils se furent installés dans la chambre de la jeune fille, elle dans son lit, lui sur la chaise du bureau qu’il avait tiré à côté de la couche. J’ai conscience d’avoir été un poids.
– C’était à cause de votre passé, n’est-ce pas ? Les guerres…
Son mentor se crispa et finit cependant par acquiescer, non sans raideur et avec, dans le regard, une ombre qui fit penser à la jeune fille qu’il allait se mettre en colère.
Mais Fid but une gorgée de thé. Ses yeux oscillaient au-dessus de sa tasse, comme s’il cherchait un point d’ancrage dans le breuvage sans jamais le trouver, et soudain, il expliqua d’une traite :
– J’ai fait des choses, Viya, que je ne veux même pas que tu imagines. Je me sentais jeune et héroïque. Ma colère était à la fois ma lame et mon bouclier. Je la projetais partout. Lors de ma première guerre, j’ai poussé vingt soldats à se mutiner, en utilisant mes talents d’Orateur.
– Je sais.
– Ces hommes sont morts. Massacrés les uns après les autres, pour l’exemple.
Viya se figea. Fid paraissait lointain. Son regard était écarquillé sur son thé.
– J’aurais dû me douter que ça finirait ainsi. Au fond de moi, j’en avais conscience, mais j’étais si sûr de mon héroïsme. Il y aurait eu mille autres façons pour moi d’agir. J’ai choisi celle qui avait le plus de panache. Celle qui apaiserait ma colère en gravant mon nom dans l’histoire. Aujourd’hui, on ne se souvient de moi que comme d’un raconteur d’histoire un peu fou. Des morts, voilà le seul résultat. Des dizaines de fantômes.
Il secoua la tête pour revenir au présent. La jeune fille réalisa qu’elle avait été injuste avec lui. Mais, enfermée dans sa propre sidération, elle s’était laissée emporter.
– Vous avez mis fin au conflit suivant. Vous avez sauvé le continent entier en nous débarrassant de l’Ennemi. Vous êtes un héros.
Un sourire amer étira les lèvres du Légendier.
– Un héros… Dans les histoires, les héros rentrent chez eux auréolés de gloire, juste assez abîmés pour que ça fasse crédible. Mais a-t-on déjà vu un héros payer un prix comme le mien ?
Le regard de Viya se porta instinctivement sur sa canne. Il y avait des dizaines de grands combattants mutilés, elle en était certaine. Le rictus de Fid gagna en désespoir et son ton se fit grinçant :
– Voilà. Même toi, tu es comme les autres. Tu penses qu’on m’a blessé à la jambe. Dis-moi, pour quelle arme penches-tu ? Les gens sont partagés. Une lame ? Une hache ? Une lance ? Une flèche ?
Sa voix enflait à mesure qu’il parlait. La jeune fille fronça les sourcils, déroutée par ce brutal changement d’attitude.
– Fid…
– Et pourtant, tu es témoin de mes crises, tu sais que ce n’est pas que cette jambe ou cette canne. Pire, tu as été élevée chez les Sœurs, mais tu n’es pas capable de comprendre !
– Fid !
Le cri de Viya couvrit sa voix. Il se tut et battit des cils, surpris de s’être laissé emporter.
Il passa une main tremblante sur son front.
– Excuse-moi. Ce sont ces souvenirs…
La jeune fille acquiesça et lui prit la main. Tout venait soudain de s’assembler dans son esprit. Pourquoi n’avait-elle pas fait le lien plus tôt ?
– On dit que l’Ennemi s’est volatilisé, ce jour-là, se rappela-t-elle. C’est grâce à vous. Vous avez ouvert l’Intermonde. Vous l’avez fait basculer dans une autre dimension.
La voix de Viya gagna en douceur :
– Mais la Montagne réclame toujours un tribut. Vos crises sont le prix à payer.
Tout le corps de Fid se relâcha soudain et il expliqua d’une voix pâle :
– Ceux que nous appelons l’Ennemi ne sont pas humains. Ils sont originaires d’un monde derrière la faille, un monde qui a été dévasté. Il leur fallait une nouvelle terre et ils sont parvenus à accéder à la nôtre. Le Continent a refusé toute entente et a déployé ses armées. Le conflit s’est enlisé. Les morts étaient innombrables. J’ai fini par négocier avec l’Ennemi… et avec la Montagne d’une certaine façon, pour qu’ils puissent trouver un autre univers où s’installer. Mais cette solution ne leur convient pas. Le lieu où ils vivent désormais n’est qu’une plaine désolée. Tôt ou tard, ils reviendront, et avec raison. Sauf que s’ils le font, c’est la guerre.
– D’où votre insistance pour que je garde un contact avec la Sororité.
Il acquiesça, mais ajouta aussitôt :
– Le Prieuré trouvera autre chose.
« L’Intermonde a déjà commencé à se rappeler à toi. »
Un souffle glacial l’envahit. Prise par les événements, elle n’y avait guère plus pensé. Se pouvait-il que son présent état de faiblesse en soit la marque ? Après tout, elle avait devant elle la preuve vivante que la Montagne agissait sur les êtres. Elle frissonna. Fid lui jeta un regard interrogateur. Il avait perçu son trouble.
Viya faillit tout lui raconter. Se retint. Elle était stupide de se laisser intimider par les paroles de Sœur Helena.
– Avant de partir sur l’Archipel, j’ai vraiment besoin de parler à Eugénia, dit-elle à la place. Si votre théorie est juste, elle en sait beaucoup. Je pourrais la confronter et…
— Non. Trop dangereux.
— Mais elle joue un rôle important dans tout ça, c’est évident ! plaida-t-elle.
— Je sais ce que tu as en tête, Viya. Tu veux te tenir face à elle et être pour une fois celle qui possède ce que l’autre désire.
Elle se redressa sur le lit, suffoquée par son propos. Fid dut poser une main sur son épaule pour l’inciter au calme.
— J’en ai assez de subir, c’est vrai, mais je veux surtout tirer cette affaire au clair. Eugénia sera plus facile à approcher qu’Igane.
Fid se crispa et trempa ses lèvres dans son thé.
— Qu’est-ce qu’Igane vient faire là-dedans ?
— Vous avez dit que les Écrivains avaient pu fomenter ce plan. Igane est le seul à avoir manifesté une rancœur à votre égard, et il a assuré les arrières d’Eugénia a maintes reprises.
— Igane est un idiot.
— Je ne crois pas, il…
– Écoute, il y a une très vieille rancœur entre Igane et moi. Je dois t’avouer que je n’ai rien fait pour calmer les choses, mais il n’est pas le seul à me détester. Je suis quelqu’un de… clivant.
– J’aurais dit « notoirement imbuvable ».
L’adolescente se mordit la langue. Mais contre toute attente, il glissa un regard amusé dans sa direction. Peut-être qu’Igane disait vrai : Fid déteignait sur elle. C’était tout à fait le genre de répartie qu’il aurait pu prononcer.
– Igane est obsédé par la richesse et la gloire. Je ne nie pas que pour les membres des Corporations, il y a des lauriers à récolter. Et il est évident que nous devons être payé dignement pour le travail que nous faisons, car sans cela, comment pourrions-nous continuer à créer ? Continuer à créer et diffuser des histoires qui vibrent en nous. Mais il ne s’agit pas de satisfaire nos ego. Tu lui ressembles trop, sur cet aspect-là.
La pique était tellement inattendue que Viya s’offusqua avec un temps de retard :
– Il n’y a rien en commun entre lui et moi !
— L’ambition. Ta faiblesse que tu m’as livrée sur un plateau, tu te souviens ?
Elle demeura silencieuse. Il n’avait pas tort.
– Si ça peut te rassurer, il me ressemble aussi.
– Pour le côté arrogant ?
Sa tentative d’humour échoua. Les yeux de Fid se perdirent soudain derrière la fenêtre. Il but avec une terrible lenteur une autre gorgée de thé.
– Nous avons le même amour, finit-il par expliquer d’une voix douce et lointaine.
Viya fronça les sourcils. Fid était resté plutôt discret sur ses histoires de cœur. Elle avait pu constater qu’il portait une affection à Psappha, mais elle était presque sûre qu’il s’agissait d’amitié. Imaginer que son mépris pour Igane tirait sa source d’une rivalité amoureuse la laissait pantoise.
– Donc… vous aimez la même personne ? tenta-t-elle.
Fid manqua d’en recracher son thé.
– Quoi ? Non ! Je te parle des histoires.
Elle s’empourpra.
– Des… des histoires ?
– De quoi d’autre ? grommela-t-il.
Embarrassée, la jeune fille ne répondit pas. Elle espérait qu’il allait changer de sujet, mais ses yeux se plissèrent tandis que son visage prenait un air d’intense réflexion, comme s’il tentait de deviner ce qui avait pu la mener à cette étrange conclusion.
– Outre le fait que la compagne de Psappha me découperait en morceaux si j’approchais sa femme, l’idée d’être amoureux de qui que ce soit ne m’attire pas. Même si j’aime les histoires d’amour je ressens comme… un décalage à les voir s’appliquer à ma propre personne.
Viya envisagea de s’excuser de s’être montrée intrusive, mais Fid avait parlé d’un ton tranquille, nullement indisposé par la conversation. Elle se contenta donc d’en prendre note d’un hochement de tête.
– Et donc, vous et Igane… Vous partagez le même amour des histoires ?
– Ça me peine de l’admettre. L’amour que leur porte Igane est cependant vicié… Comme moi, elles le fascinent, mais lui les dissèque comme un chirurgien. Il veut les comprendre, tout saisir d’elles. Il rêve de créer une histoire parfaite. Une histoire qui obséderait ses lecteurs et qui lui apporterait une gloire éternelle. Il est en bonne voie pour ça, mais il n’a pas l’étoffe des génies.
– Et vous ?
– Moi je les ressens. Elles vivent en moi. Ce sont des amies. C’est pour ça qu’Igane ne m’aime pas. Elles sont venues à moi. C’est instinctif, tu comprends ? Lui n’a aucun talent et il doit travailler, travailler, travailler encore et toujours pour se faire aimer d’elles. Il sait qu’il ne m’arrivera jamais à la cheville.
Viya fut parcourue par un frisson qui ne devait rien à la fièvre. Fid l’effrayait en cet instant. Il était trop hautain. Il avait beau dire qu’il se moquait de la gloire, il possédait un don qui rassemblait les foules. Il n’avait pas besoin de chercher les honneurs pour les obtenir.
– Vous avez dit qu’il était presque parvenu à créer son histoire parfaite. Il est plus intelligent que ce que vous en dites.
La main de Fid se crispa si fort autour de sa tasse que celle-ci trembla.
– Il ne m’aura jamais. Je suis plus intelligent que lui.
– Mais il l’est plus que moi, n’est-ce pas ? Et davantage que la majorité des gens d’Hydendark ! Il a manqué de peu de me faire craquer, au procès. Il a poussé le Conseil à se montrer indulgent alors qu’Eugénia a truqué les Joutes. C’est peut-être même lui qui a tenté de me tuer ce soir.
– Ne tirons pas de conclusions hâtives. Concentre-toi plutôt sur ta guérison.
– Pourquoi prenez-vous ça à la légère ? Nous avons failli mourir, vous et moi ! Cessez de prétendre que ça ne vous atteint pas !
Fid posa brutalement sa tasse sur la table de chevet.
– Et que voudrais-tu que je te dise ? articula-t-il d’un ton dur.
La sécheresse du geste et du ton ne lui ressemblaient pas.
— Vous avez peur, comprit-elle.
Le regard du Légendier étincela de colère contenue.
— Vous pensez que c’est Igane, n’est-ce pas ? Et ça vous effraie… Pourquoi vous ne l’avez pas dit à Véra ?
– Je vais te laisser te reposer, rétorqua-t-il en éludant ses questions. Ta fièvre doit tomber si on veut pouvoir t’envoyer sur l’Archipel.
« Elle ne tombera peut-être pas ».
La pensée s’était imposée à elle avec une limpidité terrifiante. Elle serra les paupières pour chasser ce mauvais augure et répéta :
— Pourquoi ?
Fid s’était déjà levé. Il quitta la pièce sans lui accorder un regard, plongé dans ses propres tourments.
Ce fut cette froideur qui la décida.
Il ne voulait pas partager ses conclusions, très bien.
Viya irait demander des explications directement à Eugénia.
Super chapitre, on apprend plein d'éléments hyper intéressants sur le passé de Fid, sa relation avec Igane. J'ai particulièrement apprécié en apprendre davantage sur la guerre, l'Ennemi et la blessure de Fid. C'est un sacré personnage celui-là ! On passe de sa sensibilité touchante en début de chapitre à cet homme talentueux conscient de ses talents très hautain en fin de chapitre. C'est assez fascinant.
Le personnage de Viya a aussi une évolution intéressante, d'autant plus avec sa compréhension grandissante de la situation politique d'Hyendark. J'ai très très hâte de découvrir sa confrontation avec Eugénia !
Un plaisir,
A bientôt !
Alors : j'ai aimé la discussion entre Viya et Fid. Comme toujours, lorsque ces deux-là sont ensemble... <3 Et j'ai d'autant plus aimé que c'était empreint de petite piques joueuses, de moments plus mélancolique, d'aveux sur les faiblesses et les ambitions de chacun. C'est cool parce que ça permet de mieux cerner les personnages, puis on sent bien qu'ils ont leurs défauts, ainsi ils sont pas tout parfaits et j'apprécie quand les persos sont pas tout roses <3
Chose que j'ai trop trop trop aimé : le fait que Psappha ait une femme, ET que Fid ne soit pas attiré par les relations amoureuses (comment on appelle ça? C'est pas l'asexualité mais il y a un nom je pense?) J'aime vraiment quand on exploite toutes formes d'amour possible, et ici c'est clairement le cas.
ET : je me réjouis trop trop du face-à-face entre Eugénia et Viya, ça promet x) Et j'aime que Viya prévoit de faire ça même si c'est contre la volonté de Fid, ça montre qu'elle a du caractère la nana, qu'elle se laisse pas marcher sur les pieds et c'est si important, pour elle, qu'elle résolve toutes ces choses irrésolues avec Eugénia <3
Sinon, j'ai lu aussi un peu les com' précédents, en diagonale, surtout celui d'Isa qui dit que c'est statique : je crois qu'elle relève un point intéressant, à savoir celui que ce sentiment est dû au fait qu'on a déjà eu affaire à ce genre de scène : dialogue dans la maison. A mon avis, c'est nécessaire d'avoir le dialogue qu'ils ont eu (que ce soit le précédent, avec les Légendiers, qu'ici, avec Fid) mais on a l'impression de statique parce que, probablement, ça fait scène de "déjà-vu". Et pourtant le contenu est tout neuf, mais peut-être que changer de décor, par exemple, permettrait de relancer une nouvelle dynamique? Après, ça semble compliqué aussi... Tu peux pas non plus les balancer sur une plage oklm, donc je sais pas trop quoi te suggérer? :/ C'est délicat, je sais pas si tu as déjà réfléchi au truc, ou d'ailleurs peut-être qu'il n'y a rien à changer. S'il y a juste Isa et moi qui avons l'impression de statique, et que les autres plumes n'y voient pas d'inconvénients, change rien <3
Voilà des bisous !
C'était important pour moi qu'il y ait un peu d'humour et qu'ils jouent un peu l'un avec l'autre ;-) Si l'histoire est trop grave, ça devient déprimant.
Contente que tu aies apprécié les réflexions amoureuses qui pointent dans ce chapitre. En fait, comme Psappha est un clin d'oeil à la poétesse Sappho ("Psappha", c'est le nom de Sappho en éolien, le dialecte de l'île de Lesbos), et que Sappho est lesbienne (ou bi, il y a débat), ça me semblait important qu'elle le soit. Fid est aromantique. Pour moi, il est aussi asexuel (même si on peut évidemment être l'un et pas l'autre), mais je trouvais délicat de lui faire expliciter sa sexualité dans le contexte de la discussion avec V.
Je réfléchis encore au changement de décors. Là où c'est délicat, c'est que comme ils viennent de se faire tirer dessus, ils me semblent logique qu'ils se réfugient chez eux, en sécurité. Ou peut-être dans une auberge, parce qu'ils seraient blessés ? Mais du coup, on manque la discussion avec Véra. À voir...
Et pour l'aromantisme de Fid : merci, c'était le terme que je cherchais ! :D
Et le changement de décor : oui, je pense que le plus logique c'est de se réfugier chez eux, mais alors, peut-être faudrait-il varier non pas ici, mais avant? Pour que quand on revienne ici, on ait pas ce sentiment de tourner dans un même lieu? MAIS, ceci dit, il y a des huis-clos très bien écrits et qui ne constituent pas un problème parce que ce sont des huis-clos, donc peut-être que le changement de décor n'est pas la piste à creuser, dans le fond?
On est (tous) fans d'Eugénia, je crois xD (ça arrive souvent que les persos qu'on est censés détester soient les plus appréciés, c'est assez amusant). Hâte de lire la suite !
J'ai aussi souri face au quiproquo de cette histoire d'amour... je vais être à court d'adjectifs mélioratifs, hum hum, résumons : délicieusement drôle. XD
Bref... En lisant les précédents commentaires, je trouve aussi que tout cela reste un peu statique. Mais j'ai l'impression que l'histoire commence à prendre son essort, et c'est peut-être un peu le calme avant la tempête ? En plus, tu nous livres pas mal d'informations et d'éléments sur la relation Viya-Fid. La fin de ce chapitre nous prépare à l'action, au danger de l'Ennemi (il fait peur, lui x)), et au face à face Eugénia-Viya, évidemment.
Donc, je ne pense pas que ce soit gênant, tant que le "mouvement" arrive par la suite. ^^ C'est dans son ensemble qu'on apprécie une histoire.
A bientôt !
Oui, je ne m'explique pas bien cette attractivité d'Eugénia xD Mais c'est bon signe ^^ J'avais toujours un peu peur qu'elle soit plate.
Je suis contente que ce quiproquo plaise autant. Je me suis vraiment amusée à l'écrire xD
Pour ce qui est de l'aspect statique, j'en ai sérieusement conscience et je ne sais pas encore trop quoi faire pour résoudre le problème... Les choses vont sérieusement commencer à bouger, ça c'est sûr, mais si le début est trop immobile, ça ne va pas non plus. J'ai la chance d'avoir des lecteurs et lectrices assidu.e.s ici mais je me dit que ça peut en rebuter plus d'un... En plus, j'aimerais bien tenter des envois aux ME cet été donc il me faudrait améliorer ça... mais ça commence à devenir serré niveau deadline... un vrai casse-tête xD
Quand Viya croit que Fid parle d'une femme et la réaction de Fid... j'avais le sourire jusqu'aux oreilles ! J'imaginais trop l'enfant pris la main dans le sac en train d'admirer son "amoureuse" et dire "mais non, mais pff, j'suis pas du tout amoureux ! C'est trop pas vrai" xD C'était très enfantin, amusant et touchant aussi. Je me doutais qu'il parlait des histoires ! En revanche, il dit qu'il possède le même amour qu'Igane... mais aussi de tous les autres écrivains et Légendiers, non ? Enfin, c'est un peu le but du métier, non ? xD Donc, je me demande s'il n'y a pas un truc un peu plus personnel entre eux, quand même.
"Outre le fait que la compagne de Psappha me découperait en morceaux si j’approchais sa femme" --> Psappha est lesbienne/bi/pan, je suis trop heureuse <3 Heureuse d'abord que les relations amoureuses et intimes soient traitées dans ton histoire, et aussi qu'il y ait un peu de représentation LGBT, ça fait toujours plaisir <3
Et Fid, je pense qu'il est aromantique. D'où le fait qu'une relation avec Viya serait impossible ? C'était ça dont tu me parlais, comme indice ? En même temps, il réagit si vivement quand elle lui parle d'une personne, que je me dis que peut-être, il y a quand même pensé :P
A voir, tout ça !
Hâte de la confrontation avec Eugenia en tout cas, et hâte de lire la suite :D
Je me suis beaucoup amusé à écrire ce dialogue où il y a quiproquo sentimental xD Tu as raison, tout le monde dans la ville aime les histoires, mais Igane et Fid ont un attachement plus fort (passionnel, je dirais). Je vais le détailler davantage par la suite !
Ouiii Psappha n'a pas une sexualité hétéro. Pour moi elle est lesbienne, mais je voulais laisser au lecteur la possibilité d'y lire ce qu'il voulait. En fait "Psappha", c'est le nom de la poétesse grecque Sappho en éolien, le dialecte parlé sur l'île de Lesbos, dont elle est originaire. Île qui a ensuite donné l'adjectif lesbien, parce que Sappho était réputée homosexuelle ((d'où le terme d'"amours sapphiques"), même si l'homosexualité en Grèce antique ne s'entend pas comme on la comprend de nos jours . Peut-être que tu connais tout ça ^^
Et oui, Fid est aro (et aussi asexuel pour moi, mais je ne l'ai pas forcément dit de manière explicite). C'est bien l'indice dont je te parlais ^^
Je comprends mieux pourquoi mettre en scène une ambiguïté entre Viya et Fid serait compliquée ^^ Après, bon... l'ambiguïté pourrait venir seulement de Viya ? Ou des deux ? Franchement, je ne sais pas, à toi de voir xD
Déjà, c'est personnel, mais je crois que moi j'aime bien justement cette dimension un peu analytique. À mon sens c'est un des enjeux de ton roman, en partie "initiatique" si on peut dire, que de pouvoir avoir d'un côté la situation générale (partie 1) avant de retrouver une confrontation plus personnelle et centrée sur Viya et Fid (partie 2). L'élève et son mentor se retrouvent à un stade où il est important pour eux de communiquer (révélations liées à Eugenia / moment de parler de la guerre). Je ne vois pas trop quel genre d'action pourrait permettre de mieux saisir cette épreuve importante pour leur relation. Un "show don't tell", peut-être ? Mais je t'avoue que je ne le suggère que pour réfléchir avec toi : ces grands dialogues me conviennent (même si ça m'intriguerait de voir ce que tu souhaites passer sous une autre forme) et je ne vois pas tellement exprimer ce moment de communication, précisément, d'une autre manière. (Ceci dit je ne dis pas ça pour t'enfermer dans cette seule issue : je ne doute pas un instant que tu pourrais me surprendre et bien développer la chose autrement.)
J'ai tendance à croire que ces dialogues conviennent cependant particulièrement bien parce qu'ils permettent, d'une part, de voir et de réfléchir avec Viya au fait que Fid puisse déteindre sur elle. Non seulement c'est quelque chose du point de vue du caractère du personnage, que l'on suit s'affirmer et quelque peu changer depuis le début, mais en plus ça s'illustre par le langage et donc par le "pouvoir" qu'elle prend peu à peu. Ici elle lui tient tête, sa voix couvre la sienne, elle prend de sa répartie.
Et d'autre part, je ne vois pas comment on pourrait exposer le côté hautain de Fid autrement que par ces affirmations verbales. Même le show don't tell ne passerait que par la parole, après tout : parce que c'est son mode d'action. Alors peut-être que tu pourrais justement l'exposer dans un mode d'expression qui ne serait pas verbal, mais voilà : c'est loin d'être incohérent je trouve.
Et ça marche bien aussi pour sa comparaison à Igane, et ce malentendu sur leurs amours qui vient de la conversation, et pas d'un acte que Viya aurait mal interprété. Serait-il possible de le montrer autrement ? Peut-être un peu plus que pour son côté hautain, mais j'avoue que je trouve ça toujours aussi cohérent du coup...
Bref, je n'ai pas de véritable proposition à te faire, mais j'espère que ces impressions te seront utiles ! Au plaisir de lire la suite <3
"la chaise du bureau qu’il avait tiré" tirée*
"un raconteur d’histoire un peu fou" histoires* ?
Je crois que tu as bien cerné ce que j'ai voulu faire (ou ce qu'il m'a semblé juste de faire), à savoir que Viya et Fid viennent de vivre un truc vraiment pas chouette et que je me vois mal envoyer tout le monde au lit en mode "on en reparle demain, bisous" xD Il y a nécessité d'un moment de calme, d'échange, d'avancée dans la relation. Ça ne veut pas dire cela dit que je ne pourrais pas l'amener plus finement, mais pour le moment, je ne vois pas comment faire.
Parce que, comme tu le soulignes, parler c'est ce que Fid fait le mieux. C'est facile pour lui de s'épancher et surtout, il a un esprit qui fait qu'il a besoin de mettre les choses en mots. (Y compris quand il s'agit de signaler son mépris)
Là où je peux éventuellement faire quelque chose c'est avec du langage non-verbal plus poussé... à voir...
Comme d'habitude, j'ai bien profité de ta plume et dévoré le chapitre (les 2 parties). Cependant, je l'ai trouvé un petit peu statique : finalement, je l'ai un peu vu comme une sorte d'analyse de la scène précédente et de tergiversations sur la suite des événements.
Je me demande s'il n'y aurait pas moyen de dire tout ça un peu plus vite ou de repartir ces réflexions de manières à ce qu'elles soient entrecoupées par de l'action plutôt que sous forme de grands dialogue.
Je suis désolée, je suis peut-être un peu trop dure. Ce n'est que mon impression et je suis peut-être la seule à penser ça.
Les explications de Fid sont très intéressantes, et la décision de Viya à la fin relance très bien, mais j'ai la sensation qu'il y a déjà eu plusieurs chapitres de dialogue chez les Legendiers. Peut-être qu’il faudrait un changement de décor ou une autre façon de donner ces explications ?
N'hésite pas si tu veux en discuter.
A+
L'idée du changement de décor est une bonne idée. Je réfléchis à tout ça dans un coin de ma tête. ^^ Dans tous les cas, je vais continuer à poster la suite telle qu'elle est prévue (pour ne pas me perdre à trop réécrire). L''idée viendra sans doute une fois que j'aurai une vue d'ensemble sur le texte :-)