21- Face cachée

Par Taranee

    Je dis " Bonne nuit" à tout le monde avec un maigre sourire avant de me glisser dans mon duvet. La journée a été longue. Nous nous apprêtons à parcourir une grande distance demain. Nous allons nous mettre en route pour trouver le couble-face aux plumes d'or. Le problème, c'est que grand-ma ( qui est la seule à connaître ce monde ) n'a aucune idée d'où trouver ce genre de Duhéëra. Alors elle a trouvé un plan aussi "génial" que dangereux : Consulter une encyclopédie des monstres rares dans une bibliothèque réputée de l'empire des Duhéëra. Evidemment, j'aibeaucoup protesté ! D'ailleurs, je ne sais toujours pas si je suis vraiment d'accord. Je jette un regard à Jhon. Il est tous sourires. Enfait il est comme ça depuis qu'il est arrivé ici. Il a toujours été comme ça. Un éternel adolescent qui ne cesse de sourire même quand il va mal. Même quand il va mal... Et si... ? Peut-être que c'est ça... Je sors de mon sac de couchage et je vais le rejoindre. Je m'approche doucement jusqu'à lui toucher l'épaule. Il se retourne en sursautant puis rit. Mais son rire sonne faux. Je soupire :

- Jhon ?

- Oui ? Besoin des conseils avisés de ton grand frère Liaminou ?

J'esquisse un demi-sourire :

- Et si t'arrêtais de me donner ce surnom ? Enfin bref. J'ai quelque chose à te demander.

- Oui ?

- Jhon. Dis-moi franchement... Est-ce que tu vas bien ?

Mon frère fronçe les sourciles, sourit et pouffe de rire :

- M'enfin Liam ?! Qu'est-ce qu'il te prend ?

- Je suis sérieux Jhon ! Tu souris tout le temps alors je me disais que peut-être... C'était un sourire forcé...

Tout-à-coup il fait un geste qu'il n'a jamais fait avant. Il me prend par l'épaule et me rapproche de lui tendrement... Avant de me faire un croche-patte. Je m'écroule sur le sol lamentablement. Je me relève, sonné et je demande :

- Mais pourquoi t'as fait ça ?!!

- Parce que toi, mon petit frère que je suis censé protéger et rassurer, tu t'occupes de mon bien-être ! Chacun son boulot frérot ! Et ça, c'est pas le tien !

- Ok c'est bon j'ai compris... J'essaerai plus de t'aider... je dis en sourirant.

Il s'apprête à me répondre quand soudain, nous entendons une voix inconnue. Grave, lente, un débit hésitant, comme si les mots étaient difficiles à prononçer... Une voix hinumaine :

- Qu'est-ce que vous faîtes debout à cette heure-ci ?

- Nous nous retournons en rythme, comme dans une comédie musicale, pour découvrir Erwan. Mais ce n'est pas celui que nous connaissons... Ses courts cheveux châtains lui tombent sur les yeux, yeux qui brillent d'une lueur malsaine. Sa bouche est tordue en un rictus effrayant. Prudent, je réponds :

- On parlait... On t'a révéillé ?

- Non. Mais vous ne devriez pas rester debout comme ça en pleine nuit. Des choses pourraient arriver...

Notre aîné s'avançe lentement tandis que nous reculons. Il est menaçant, il semble désirer quelque chose... Mais cette personne n'est pas Erwan... Du moins, pas le même...

- Tu n'es pas mon frère. je dis.

- Tu sais bien que si. On ne renie pas sa famille Liam Pollock.

- Tu n'es pas plus mon frère que je suis le père Noël. Qu'as-tu fais d'Erwan ?

- Cccc'est moi Errrwan... Tu ne me crrrrois pas ?

Plus notre discussion avançe, moins sa voix me semble humaine :

- Ou est Erwan ?! je répète fermement.

- Devvvant tttoi...

- Non ! Ce n'est pas toi ! Qui es-tu ?! Qui es-tu ?! Où est mon frère ?!!

- JE SSSSSUIS ERRRWAN !!!

Ilse jette sur moi avec un élan anormal vu son immobilité il y a un instant. Je tombe et je me cocne l'arrière de la tête au sol. Heureusement que c'est du sable. Mais je suis un peu sonné quand même... Une douleur fulgurante me traverse tout le corp. Erwan... Cette chose m'immobilise de sa masse. Il me tient les jambes de ses genoux, et métrangle avec ses mains. Je tente vainement de me débattre, de respirer ou d'enlever ses mains... Mes poumons sont en feu, l'air ne passe pas, mon coeur s'emballe, mon cerveau s'engourdit... J'ouvre la bouche et je la referme tel un poisson en manque d'eau. Mais l'air n'entre pas. La chose sourit affreusement et resserrre son étreinte autour de mon cou. Avec le dernier souffle qu'il me reste, je murmure :

- A-rrê-te...

"Erwan" grogne, s'appuie un peu plus sur moi, me faisant atrocement mal à la jambe. Des tâches noires envahissent mon champs de vision. C'est la fin... Mais juste avant que je ne ferme les yeux à jamais, je voix une silouhette très floue. Puis l'étreinte autour de mon cou disparaît, l'air s'engouffre dans mes poumons, j'entends des bruits de combats... Je sombre dans l'inconscience.

    Visiblement ça n'a duré qu'une heure ou deux. Quand je me réveille, il fait nuit noire. Une douleur persiste dans mon crâne. Je tousse plusieurs fois, ma respiration est sifflante. Je mets plusieurs minutes à me rappeller de ce qu'il s'est passé. Erwan. La chose. Moi, étranglé. Machinalement, je passe une main autour de mon cou. Je sens les marques qu'ont laissé les mains d' "Erwan". A quel point a-t-il serré pour creuser ainsi ma peau ? Un cri de douleur me fait revenir à la réalité. Je tourne la tête. D'un côté, je vois grand-ma et Hyju, profondément endormies, de l'autre, Jhon est dans une mauvaise passe. Il a trouvé une large branche dont il se sert comme arme dérisoire face à la chose. Son adversaire est redoutable ; d'une force et d'une rapidité surhumaine, il maîtrise parfaitement le combat rapproché. Il ne laisse aucune uverture à mon frère qui, lui, croule sous une pluie de coups. Je n'y réfléchis pas à deux fois. Je m'élance pour aller sauver Jhon.

    J'arrive discrètement par derrière et je me jette sur le dos de la créature, essayant de la déconcentrer. Elle siffle, m'empoigne et me plaque contre le sol. Sa main fait pression sur ma poitrine que je n'arrive plus à soulever pour respirer. Manquer de mourir deux fois en nuit, faut vraiment le vouloir... Sauf que justement, je ne tiens pas à mourir. De mes deux mains, je saisis son poignet et je le soulève, me dépêchant de me relever. Le combat commence alors. "Erwan" donne des coups et tente de me mettre à terre mais, avec une agilité que je ne me soupçonnais pas, j'évite ses attques. S'il me touche ou me met au sol une troisième fois, je mourrai à coup sûr. La main de mon adversaire s'élançe vers moi, me manquant de quelques milimètres. Je roule au sol et je me relève. Je réussis à asséner un coup à la créature. Soudain, elle recule lentement, prend appui sur ses deux jambes, et s'élançe vers moi à une vitesse phénoménale. Elle va bientôt se jetter sur moi quand Jhon - qui est là depuis je-ne-sais combien de temps - s'interpose entre nous. Il s'exclame :

- ARRÊTE !

La bête gronde, commence à reprendre sa course :

- Arrête. répète-t-il fermement : Tu ne feras pas de mal à mon petit frère. Retournes d'où tu viens et laisse mon grand frère tranquille ! Laisse-le !!

"Erwan" semble être tiraillé entre l'envie d'obéir et celle d'égorger Jhon. Puis la lueur étrange quitte ses yeux. Il s'effondre au sol, en pleurs. Je m'apprête à le rejoindre mais Jhon m'en empêche :

- Tu restes là. Si tu risques ta vies encore une fois, c'est moi qui vais te tuer.

- Mais...

- Je tiens toujours mes promesses petit frère. J'y vais.

J'ai envie de le retenir mais il est déjà à côté de notre grand frère. Il pose précautioneusement une main sur son épaule. Erwan lève la tête. C'est lui. C'est  bien mon frère. Soulagé, je cours me jetter dans ses bras. Il me tapote le dos avec maladresse puis nous nous écartons :

- J'ai... Failli te tuer... N'est-ce pas ? murmure-t-il.

- Pas toi. Cette chose. Toi tu ne ferais pas de mal à une mouche.

- C'est pas possible ! s'indigne Jhon : On vient de combattre une chose, Liam a risqué sa vie trois fois... Et Hyju et grand-ma ne se sont même pas révéillées ?! Quel genre de sommeil ont-elles pour résister à un vacarme pareil ?!

L'atmosphère se détend, nous rions un bon coup. En même temps, je trouve ça bien qu'elles dorment encore... Je ne sais pas depuis combien de temps je ne me suis pas retrouvé seul avec mes deux frères... Erwan et moi nous levons pour aller rejoindre Jhon qui s'est assis sur une petite dune :

- T'as toujours été un aimant à ennuis Liam... commente-t-il.

- Quoi ? Pas du tout voyons !

- Oh si je t'assure ! s'exclame Erwan.

La veillée se termine sous nos querelles d'enfants. Finalement, je suis heureux d'être ici.

 

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