24. Splendor

Par Hinata

Le palais d’Ortälif partageait sans aucun doute le prestige de la capitale des elfes. Mais pour Splendor, il abritait surtout le confort d’un foyer. Il n’avait pas toujours vu les choses sous cet angle. Pendant une longue période, il avait considéré ce palais comme une prison, rien de moins. Le début de son véritable apprentissage de Dirigeant avait mis un terme à ses habitudes de prince fugueur. Il avait compris l’importance de son rôle et accepté de fournir les efforts qu’on lui demandait. Et puis Hestale était venue vivre au palais avec lui, ce qui avait évidemment facilité les choses.

Finalement, avec l’âge, il avait appris à trouver entre ces murs une sérénité à nulle autre pareille. Ou du moins était-ce encore le cas peu de jours auparavant. Depuis, toute sérénité avait fui Splendor et même le palais royal entier. Personne ne restait serein lorsque le poing de la guerre venait frapper à sa porte. Non, après un demi-siècle de paix, lorsqu’on vous confirmait que, effectivement, une armée étrangère avait pris l’une de vos cités, vous ne restiez pas droit sur votre fauteuil. Pas Splendor en tout cas.  

Hors de lui, il parcourait d’une marche précipitée les couloirs de son palais, tempête silencieuse qui raidissait tous les dos sur son passage. Splendor dévala à pas saccadés les escaliers en colimaçon de la galerie de statues. Les domestiques qui changeaient les fleurs, posées autour du marbre sculpté, sursautèrent tous à la vue de Sa Majesté traversant le couloir. Une corbeille tomba d’un tabouret et répandit sur le sol une volée de pétales que Splendor foula sans ménagement.

Plus il approchait de sa suite, plus il laissait son pied le guider sur ce marbre si familier. Il aperçut soudain les vigiles en place devant ses appartements. Les trois soldats en armure légère se raidirent à l’arrivée du roi. Splendor ouvrit d’un geste agacé les épais rideaux de la suite et traversa, alerte, la série de pièces qui la composaient. Où était-elle ?

– Hestale ?

– Splendor !

Sa voix venait de la chambre principale dont Hestale descendit aussitôt les escaliers pour courir dans ses bras. Il les referma aussitôt autour d’elle et pressa une joue sur le sommet de sa tête. Hestale ne resta pas longtemps tranquille dans son étreinte : se dégageant légèrement, elle leva les yeux pour attraper son regard.

Vingt ans qu’il était marié avec elle, et il se demandait encore chaque fois qu’il la voyait ce qu’il avait bien pu faire pour mériter son amour. Il ne connaissait pas personne plus belle, sévère, rieuse, intelligente, fidèle, discrète, excentrique, amoureuse, battante, forte et délicate. Même après toutes ces années, Splendor n’arrivait toujours pas à la critiquer. Vingt ans qu’il s’efforçait de se rendre digne d’elle. Il avait fini par devenir un mari exemplaire et de ce qu’il en savait, son épouse n’avait rien à lui reprocher. Rien, si l’on exceptait son incapacité à lui donner un enfant ; simple détail pour un roi supposé engendrer une descendance appelée à régner sur Lignum après lui. Mais ce n’était pas le moment d’y penser.

Splendor garda une main sur les cheveux d’or de son épouse. Elle les comparait souvent à de la paille, mais lui avait l’impression de caresser un nuage. Sa chevelure à lui, longue et soyeuse, rentrait dans la norme elfique la plus banale, mais celle d’Hestale était tout le contraire. Elle se démarquait de la majorité, comme par son caractère.

Quoi qu’il en soit, Splendor se fichait bien de la longueur ou de la douceur des cheveux d’Hestale. Le pli d’inquiétude qui barrait le front de son épouse le préoccupait davantage. Soucieux de la rassurer, il voila de douceur sa propre anxiété. Mais Hestale ne fut pas dupe et s’enquit en scrutant son visage :

– Toujours aucune réponse d’Arogh ?

– Pas la moindre, confessa-t-il sans détour. J’ai envoyé une deuxième corneille à la Mère des nains, ainsi qu’un cavalier qui doit atteindre la capitale de l’Edelstein dans vingt jours.

– Et Salysse ? Est-ce qu’Helmer sait quelque chose ?

Splendor, hésitant cette fois à répondre, l’amena s’asseoir avec lui sur une causeuse de leur suite aux coussins brodés.

– Qu’y-a-t-il ?

– Hestale, avoua-t-il, je n’ai pas encore informé le royaume humain de l’attaque de nos frontières.

– Comment ? Mais il fallait le faire dès les premiers messages de nos cités ! Nous en avons parlé !

– Je le sais bien, mais essaie de comprendre. Si les humains interviennent avant la Mère, ce sera par la force. Salysse vient tout juste d’accéder au trône, elle voudra étouffer cet assaut le plus tôt possible. Si la Mère intervient avant eux, on peut éviter de régler cela par l’épée. Les nains respectent leur Dirigeante. Elle saura régler les choses sans effusion de sang.

– Et si la Mère des nains est derrière cette attaque ? répliqua Hestale.

– Impossible, ne put qu’assurer Splendor en secouant la tête.

– Les lettres venant de Sard parlent d’une véritable armée de nains, objecta Hestale.

– Les elfes assiégés ont sans doute exagéré le nombre d’ennemis dans leur panique.

– Mais tu ne peux pas te baser sur un « sans doute » ! Tant que tes éclaireurs n’ont rien confirmé, tu te dois d’envisager le pire !

– Jamais la Mère n’aurait pris Sard d’une façon aussi fourbe.

– Même si tu as raison, cela ne l’empêche pas d’être impliquée. Si des nains nous attaquent, alors le royaume de l’Edelstein est responsable, et sa Dirigeante avec lui. Je comprends que tu veuilles éviter le conflit, mais tu ne peux pas laisser des elfes mourir en attendant les explications de la Mère.  

– J’ai lancé la première vague de mobilisation, protesta Splendor. Je ne laisse mourir personne, j’essaie simplement de ne pas me jeter tête baissée dans une guerre que nous pourrions éviter.

– Réveille-toi, Splendor !

Sans brutalité, mais avec fermeté, Hestale lui saisit l’épaule.

– La guerre a déjà commencé, prononça-t-elle en rivant ses yeux clairs dans les siens.

Bouleversé, Splendor se leva pour marcher nerveusement à travers la pièce. D’un geste mal maîtrisé, il balaya les longues mèches qui lui tombaient devant les yeux. Les mots d’Hestale s’entrechoquaient dans sa tête. Elle l’observait silencieusement depuis la causeuse. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire et savait qu’il n’avait pas besoin d’entendre ses arguments plusieurs fois pour les considérer pleinement.

– Te rends-tu compte, déclara-t-il enfin, de ce qu’une guerre avec l’Edelstein impliquerait pour notre royaume ? En seulement un an, la Mère pourrait affamer la moitié des elfes. Helmer a déjà assez de mal à nourrir convenablement toute sa population, ce n’est donc pas Salysse qui nous sortirait de cette crise. Si la Mère voulait quelque chose, elle l’obtiendrait sans mal avec quelques négociations. Alors pourquoi s’emparer ainsi d’une cité elfique ?

– Ces nains n’auront pas eu la bêtise de prendre la ville sans garder d’otages, répliqua Hestale sans répondre à la question. Vous pouvez encore en sauver beaucoup, à condition d’attaquer sans tarder.

– Mais si j’attaque, alors la Mère aura une bonne raison de s’impliquer. Ce qui était pour elle une faute de son peuple à réparer deviendra un honneur à venger. 

– Et le nôtre, d’honneur ? Y songes-tu ?

Hestale s’était levée d’un bond.

– Evidemment !

Quelques vingt ans plus tôt, le jeune Splendor encore prince n’aurait pas répondu aussi prestement à une telle question. Il s’était longtemps détourné de ces histoires de gloire, d’honneur, d’unité, de responsabilité. Tout ce qui faisait un roi, il l’avait d’abord fui. Depuis, on l’avait réconcilié avec le trône et ses valeurs. Cela ne faisait pas de lui le successeur parfait à son père décédé, mais il était fils unique, et prêt à faire de son mieux. On lui avait promis un règne calme, et dix ans durant cette promesse avait été tenue. Mais à présent, il en allait autrement.

Il y eut un silence et leurs yeux se parlèrent longuement. Alors, dans un sursaut de tendresse, Splendor alla embrasser l’elfe qu’il aimait.

– J’aimerais t’accompagner, avoua Hestale.

Elle n’ajouta rien de plus, bien consciente, comme lui, de cette impossibilité. En l’absence du roi, elle remplissait à sa place toutes les fonctions de Splendor, en plus de celles qui lui incombaient déjà en tant que reine. En cela, Hestale s’en sortait à merveille. Mais elle aurait été encore plus utile et efficace sur le terrain, Splendor le savait très bien. Si Hestale ne l’avait pas épousé, devenant ainsi princesse puis reine de Lignum, elle aurait certainement fait partie des plus grands généraux du royaume.

Il s’en voulait parfois, de lui avoir volé son indépendance en l’enfermant avec lui à la capitale. La reine ne pouvait même pas assister au conseil des généraux qui se tenait au sein même du palais d’Ortälif. Pour maigre compensation, ils avaient leurs discussions, lors desquelles le roi ne manquait jamais de l’écouter attentivement. Et parfois, pour prendre une décision, Splendor se demandait ce qu’elle aurait fait à sa place.

– Est-ce moi ou mon armée que tu voudrais accompagner ? la taquina-t-il.

– Arrête de plaisanter avant tes départs, ça n’aide pas.

– Je veux emmener l’un de tes sourires avec moi. Ça a fonctionné la dernière fois.

– Tu partais pour la Réunion des Dirigeants. Pas pour faire face à une crise politique et militaire.

– Justement. J’ai plus que jamais besoin de ton merveilleux sourire.

Il lui caressa la joue et se pencha pour chuchoter à son oreille :

– Nos séparations ont au moins un avantage. Elles me rendent chaque fois plus désireux de toi.

Un sourire étira les lèvres d’Hestale.

– Dans ce cas, répliqua-t-elle dans un murmure, je compte sur toi pour me donner un enfant à nos prochaines retrouvailles.  

– Compte sur moi, souffla Splendor en se penchant pour l’embrasser.

– Moi aussi, glissa Hestale en l’arrêtant malicieusement, j’aimerais garder un souvenir pour le temps de notre séparation.

Et elle lui attrapa le bras pour l’entraîner vers les escaliers de leur chambre.

Tout en renfilant sa chemise, Splendor lui adressa ses dernières recommandations :

– Si tu obtiens une réponse de la Mère …

– Je te préviens immédiatement, compléta Hestale.

Elle se leva du lit et s’approcha de lui, serrant autour d’elle un grand vêtement de soie.

– Tu es au courant de tout, poursuivit-il, mais inutile d’affoler les villages. Nous n’aurons peut-être même pas à lancer les vagues suivantes de la mobilisation.

– Ils sont tous préparés à se battre depuis leur naissance, Splendor. Les elfes n’ont pas peur.  

Ils devraient peut-être, songea-t-il en redescendant les marches qui menaient à leur chambre.  

Splendor traversa la suite et partit sans hésiter en direction de son armurerie. En chemin, il s’arrêta un instant près d’une grande fenêtre. L’ouverture donnait sur la place de l’entrée principale du palais. Il en reconnaissait bien le petit bassin, au centre duquel poussait un jeune arbre, le feuillage déjà bruni par l’automne.

Hestale avait accompli ce miracle de lui faire placer momentanément en arrière-plan l’urgence de la situation. Splendor ne s’était pas immobilisé ainsi sans raison depuis plusieurs jours. Il laissa errer un moment son regard sur la blanche capitale. Comme l’arbrisseau de la cour, toute la forêt autour de la ville se colorait de teintes chaudes et dorées.

Seul le feuillage rouge du bosquet d’Ortälif, qui formait le toit du palais et de chaque habitation, restait insensible aux changements de saison. Delà venait l’habitude au palais, pour marquer malgré tout ce moment, de fleurir en jaune les grandes tiges tressées qui pendaient aux fenêtres. En hiver c’était du bleu, pour le printemps du blanc, et mille nuances de rose une fois l’été arrivé.

Hestale était d’avis que ces lianes, bien que recouvertes de fleurs, incitaient un peu trop les individus indésirables à pénétrer en catimini dans le palais. Pourquoi ne pas poser des échelles tant qu’on y était ? Evidemment, elle n’avait pas grandi au palais et jugeait différemment de lui les coutumes qui avaient au contraire bercé son enfance.

Comme il quittait la vue de la fenêtre, Splendor se rendit compte que sa chemise lui tenait anormalement chaud. Dire qu’il s’apprêtait à enfiler tout son attirail militaire…

Il sortit de l’armurerie royale encore plus nerveux qu’il ne l’était avant de voir Hestale. A présent qu’il était prêt à partir, la situation lui semblait plus inquiétante, plus dangereuse. Et le port de son armure ne le détendait pas, au contraire.

Son plastron de bois léger mais solide comme du métal, construit d’une seule pièce par les Révélés, lui allait bien évidemment comme un gant. On lui avait enfilé en-dessous un vêtement de soie rouge recouvert de cuir, rouge également. Cependant, sa couronne martiale, que Splendor n’avait jamais portée auparavant, s’avérait inconfortable. Contrairement à son diadème habituel, deux pointes en métal doré étaient fixées au cercle de la couronne. Elles dépassaient au-dessus de ses oreilles et descendaient de chaque côté, le long de son visage, jusqu’à l’angle de sa mâchoire.

Ses longs cheveux châtains étaient attachés dans son dos, pour ne pas le gêner lorsqu’il chevaucherait, ce à quoi Splendor mettait toujours un moment à s’habituer. A cela s’ajoutait qu’au moindre pas, ses grandes bottes claquaient bruyamment sur le sol. Elles étaient faites pour monter à cheval, pas pour fouler le marbre.

Ce fut au détour d’un couloir que Splendor aperçut l’un de ses généraux. Ce n’était pas un hasard. Le roi avait planifié son départ le matin même, lors de la réunion du conseil. Cela signifiait que les généraux savaient parfaitement où le trouver en cas de besoin. Splendor ne savait pas, cependant, ce qui avait pu motiver cette embuscade. Il marcha le front sérieux vers le général, qui s’avéra être Gaspedre.

Celui-ci claqua des deux talons devant Sa Majesté. Le visage jaunâtre et les cheveux auburn, le général Gaspedre approchait les soixante ans. Bien que son dos droit et ses jambes fines le cachassent bien aux yeux des humains, son âge avancé n’aurait leurré aucun elfe. On remarquait tout de suite ses muscles las d’avoir servi et ses lèvres sèches à force de respirer. Et puis, on le connaissait à la capitale comme celui qui, à neuf ans, avait sauvé son oncle d’un coup d’épée mortel lors d’une bataille de la Grande Guerre.

– Votre Majesté.

– Général Gaspedre.

Splendor ne s’arrêta que le temps de saluer le général, puis se remit à marcher, imité par Gaspedre. Ils devisèrent côte à côte, sans se préoccuper des portes qui défilaient et des marches qu’ils dévalaient.

– Nous avons reçu des messages d’Oumia et U’rias, lui apprit le général.  

– Parfait. J’espère qu’elles ont obéi et fermé immédiatement leurs portes.

Sa longue épée battait sans cesse contre sa jambe. Il plaça furieusement la main sur le côté pour stabiliser le fourreau. Celui-ci cessa son mouvement rythmé par la marche et resta sagement coincé entre la paume et la hanche de Splendor.

– Sire, précisa sombrement Gaspedre, les portes sont bien fermées, mais ce ne sont plus des elfes qui les gardent.

Splendor s’arrêta brusquement.

– Oumia et U’rias sont tombées aux mains de l’ennemi, Votre Majesté.

– Comment cela s’est-il produit ? pâlit Splendor, sa voix tremblant de colère.

– Trop rapidement pour que quiconque à l’intérieur ne puisse réagir. Exactement comme à Sard.

– Que disent les messages ? le pressa Splendor en reprenant contenance.

– Le sentiment d’urgence domine. Nous ne savons toujours rien sur l’identité des chefs ni sur leurs motivations.

Splendor reprit sa marche.

– Ce n’est pas un hasard si Oumia et U’rias ont été prises. Une mécanique est en route. Ils ont commencé par Sard, mais toutes nos cités sont visées.

– Les quatre villes du nord ont barricadé leurs portes conformément à vos ordres, rapporta le général en se portant au niveau du roi.

– Bien.

– Sire, ne serait-il pas opportun de tenir à nouveau conseil ?

La moindre audace, chez cet elfe, était atténuée par l’aspect fragile et humble de sa personne. Pour cette raison, Splendor ne le trouvait jamais trop présomptueux ou entreprenant, contrairement à d’autres généraux du conseil. C’était sans doute pour cette raison que Gaspedre avait été envoyé pour annoncer la terrible nouvelle à Sa Majesté.

– Nous n’en avons pas le temps, objecta Splendor. Je suppose que chaque général est déjà au courant. Si vous avez quelque chose à me dire au nom de tous, allez-y.

Gaspedre ne se fit pas prier :

– Compte tenu des derniers évènements, ne serait-il pas judicieux de revoir votre décision de ce matin ? Si les maîtres-marchands des quatre cités encore debout gardaient sous surveillance tous les nains présents dans leurs murs…

– Le général Admund s’est-il rangé à cet avis ? Pense-t-il lui aussi que nous devons révéler la responsabilité des nains dans l’attaque de Sard ?

– Ainsi que dans celles d’Oumia et U’rias, compléta Gaspedre avant de répondre. Non, Admund est encore partisan d’un secret gardé par le conseil de Votre Majesté. Peut-être changera-t-il d’avis lorsque Manda sera tombée.

L’acidité de Gaspedre étonna Splendor qui le soupçonna d’employer là les mots du général Trystan. Cela ne rendait pas ses paroles moins pertinentes, et Splendor céda :

– Nous écrirons aux maîtres-marchands de Manda, Liserone, Catane et Asgoth pour les avertir de la menace représentée par le peuple nain à l’heure actuelle.

Le général hocha la tête, la mine sérieuse mais satisfaite.

– Ainsi qu’à Helmer, ajouta Splendor. La reine Salysse doit être tenue au courant de la situation. Faites rédiger tout cela par les généraux assignés au palais, puis suivez la procédure pour que je confirme tout cela avant l’envoi.

– Ce sera fait, Sire.

– Je vous charge aussi de lancer et diriger personnellement la seconde vague de mobilisation.

– Votre Majesté ?

– Ne faites pas l’innocent, Gaspedre. Votre père était général pendant la Grande Guerre. Vous avez lu trois fois tout son mémoire, alors ne me faites pas croire que cela vous dépasse. Lignum a enfin besoin de ses généraux, ce n’est pas le moment de douter de vous.

– Oui, Votre Majesté.

Ils arrivaient enfin au seuil de l’écurie royale. Prenant une grande inspiration, Splendor conclut avec détermination :

– Il ne nous reste plus qu’à prendre d’assaut nos propres villes.

Il pénétra dans la cour et repéra immédiatement la monture qu’on lui destinait.  

– Les renforts ne seront pas disponibles avant plusieurs semaines, rappela Gaspedre.

– Je m’en doute. Le système de mobilisation n’est pas parfait. Ceux qui l’ont théorisé avaient présagé sa lenteur. Qu’en est-il des elfes de la première vague ?

– Ils sont déjà armés et en route vers les frontières de Lignum.

Splendor demanda de la main les rênes de sa monture, que le palefrenier lui remit avant de s’effacer.

– Rappelez-moi qui les guide.

– Le général Huy, le renseigna Gaspedre.

Splendor fit agilement passer les rênes par-dessus la tête du cheval et les ajusta sur l’encolure. 

– Où dois-je les rejoindre ?

– À Toros. Votre chef d’escorte saura vous y conduire au plus vite.

Splendor jeta un œil à Heliodor qui redonnait aux soldats les instructions de mise. Le chef d’escorte avait tenu à ajouter plusieurs archers ainsi que trois éclaireurs supplémentaires, et les gardes étaient plus nombreux.

– Général, une dernière chose. Veillez à ce que la reine soit informée au plus tôt des … derniers évènements. Dites-lui aussi que nous sommes revenus sur la décision de ce matin.

– À vos ordres.

Splendor enfourcha sa monture et aussitôt son escorte fit de même. Gaspedre salua le roi, puis, comme les chevaux se mettaient en mouvement autour de lui, le vieux général rentra dans le palais. Le front haut, Splendor s’engagea hors de la cour à la suite des cavaliers de tête, talonné de près par l’arrière-garde.

Il avait quitté le matin même son conseil de généraux en espérant que la prise de Sard n’était qu’un malentendu que réglerait la présence sur place de Sa Majesté. À présent, il craignait plus que jamais les proportions dévastatrices que pouvaient prendre les évènements. Si vraiment son royaume était en guerre, serait-il encore en mesure de le diriger ?

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Alice_Lath
Posté le 19/06/2020
Raaah, je sais pas pourquoi, mais j'avoue que je peux pas m'empêcher d'avoir un peu peur pour Splendor, quelque chose me dit qu'il va lui arriver de sacrées bricoles lors de son déplacement militaire. Et la prise de ces villes, les Révélés anormaux... Brrrr, tellement d'évènements funestes, ça colle les chocottes, c'est certain ! Puis le coup du général qui vient encore empirer et donner une ampleur catastrophique à la chose, c'était bien joué, parce que ça donne un sacré coup de flippe chez le lecteur
Hinata
Posté le 24/06/2020
Aaah, bah les adieux avant le départ à la guerre, ça fout toujours un peu le mauvais pressentiment, je te comprends ^^

Oooh, cool si l'histoire prend un tournant un peu plus sérieux ... j'ai toujours du mal à jauger de ça, vu que primo, je sais où va l'histoire sur le long terme, et secundo, même le grand méchant je le considère comme mon petit bébé alors bon... Dur dur de donner à tout ça de la crédibilité pour moi XD

PS : désolée d'avoir mis autant de temps à répondre ! Merci pour ta lecture et tes commentaires ^^
Xendor
Posté le 15/06/2020
Salut ! Bigre, bigre ! C'est le bazar, mais complet ! Au début quand la première ville était tombée, j'étais en mode : ça va, au calme. Mais au moment où d'autres villes ont été annoncées comme perdu, j'ai compatis très fort pour Splendor. Je joue à beaucoup de jeux de stratégie en tour par tour avec des civilisations ... et je sais ce que c'est de perdre 3-4 villes d'un coup. On en prend plein dans les dents. 😬
Un bon chap, je trouve. Le fait de montrer le monarque dans sa vie conjugale à un moment aussi critique est une bonne idée 👍 Moi, je bloque juste sur "mobilisation". J'ai l'impression que c'est un terme trop moderne, alors que conscription fait plus "médiéval" (avis d'un gamer de jeux de strats médiévaux, je crois que ça m'influence trop 😅)

Bon courage pour la suite 👋
Hinata
Posté le 16/06/2020
Coucou !
Haha ouais, c'est la belle pagaille XD Ah j'avais jamais pensé à faire le rapprochement avec des jeux comme ça, mais c'est clair que ça montre bien à quel point ça va être tendu pour eux ^^"
Oooh, je note pour "conscription" plutôt que mobilisation !!(Même si en soi, si on part du principe que le verbe mobiliser est plutôt concret, quoique le nom qui en découle soit très catalogué moderne de nos jours, bah il peut passer je pense... )

Mercii, je suis encore en train de mobiliser mon énergie créatrice pour la fin du roman, hâte de retrouver la vague ^^
Notsil
Posté le 14/06/2020
Oh oh !

Alors on pensait que les humains étaient derrière tout ça, mais finalement y'a aussi des nains dans le coup... et si chaque fois un peuple en attaque un autre... la porte ouverte à la méprise et à la suspicion !
Les ennemis ont bien bien joué leur coup, on file vers un embrasement total ^^
Hinata
Posté le 14/06/2020
hé hé !

Tout à fait, tout à fait, sans surprise tu devine très bien où nous conduit l'histoire ;)
Je prends le compliment sur le plan pour moi, du coup haha, vu que ces ennemis-là auraient rien pu fomenter sans moi pour leur donner un cerveau mouahaha XD

Merci pour la lecture et le commentaire, c'est trop super ^^
A bientôt j'espère ;)
_HP_
Posté le 14/06/2020
Hey !

Ah, quel bonheur d'être à jour ! 😄😜
Ah ah bah tiens, un dirigeant ! 😆
J'aime beaucoup la façon dont tu décris l'amour, et l'émerveillement face à celui qu'elle lui porte, de Splendor pour Hestale ^^
"– Il ne nous reste plus qu’à prendre d’assaut nos propres villes." → yesss... Génial 😬
Moi j'aime pas du tout la guerre qui se dessine :( Et je sais pas trop ce qui se passe, des humains qui attaquent les hybrides, des nains qui attaquent les elfes... Ca m'a l'air d'un gros bazar :/
J'ai très "hâte" de voir comment ça va se dérouler 😭 (ouais, j'ai même pas assez d'espoir pour dire "si ça va se dérouler" 😭😭)
Hinata
Posté le 14/06/2020
Coucou !

Haha, je comprends tellement ce bonheur (même s'il ne m'est plus donné de vivre sur beaucoup d'histoires actuellement ^^") !

Contente que leur relation te plaise, j'ai essayé de l'améliorer, sans ôter le côté assez mièvre qu'ils avaient déjà, au contraire j'ai un peu misé sur ça du coup haha, cool que ça passe bien ^^

Arf, ouais ça va être le bazar...je comprends que t'y sois réticente, mais t'es aussi prête à affronter la situation qui se dessine à ce que je vois ^^ Allez, haut les cœurs, ça va bien se passer ! ... ou pas ...XD On verra ! Dans tous les cas, ça se passera haha ;)

Merci pour le comm et ta vivacité héhé, ça fait plaisir !
A la prochaine ^^
Vous lisez