Je marche dans la rue, autour de moi il y a un paysage que je ne reconnais pas mais qui me semble bizarrement familier. Les maisons ont toutes un petit jardin, un petit muret, tout est très cosy. L'architecture environnante n'a rien d'européen, certaines semblent venir tout droit du Canada d'autres sont très traditionnel chinoise. Le contraste est frappant mais loin d'être laid, il y a un certain charme à cet endroit. Le Soleil se couche doucement.
J'entre dans une de ces maisons traditionnelles. Hypnos m'accueille et m'offre à boire. On papote pendant un moment de tout et de rien, de la pluie et du beau temps. On flirte par moment, par d'autres nous sommes très sérieux. Le feeling passe plutôt bien. C'est presque comme si cette situation pourtant totalement improbable dans notre monde paraissait si normale et habituelle ici.
D'un coup il se lève et me dit qu'il souhaite me montrer quelque chose. Je me lève à mon tour et le suit. On parcourt la maison jusqu'à une porte qu'il fait coulisser à deux mains. Une petite salle apparaît alors. Des fenêtres sont voilées, laissant passer seulement certains rayons de Soleil. Des grains de poussière volent en l'air telle des papillons parcourant le monde. Les murs dénudés montrent fièrement leur aspect traditionnel chinois. Au centre, trône, à l'apparence d'un puissant chef de meute, une énorme table en chêne. Des bocaux sont posés dessus avec des plantes qui me sont inconnus, à l'intérieur. Tout un tas de matériel dont j'ignore tout accompagne la douzaine de bocaux.
Hypnos commence à parler, à me montrer l'utilité de tout ça. Il ne prend même pas le temps de respirer, l'excitation de parler de ce qui semble être sa passion l'en empêche. Dans ses paroles il y a de la passion, une passion qui bien que peu commune, le rend encore plus charmant. Dans ses yeux, je vois toutes les étoiles du monde réunis seulement pour lui et son joli minois. Dans ses gestes on perçoit quelques choses d'hypnotisant. Lui, pourtant si distant, avait l'air en cet instant, si heureux. Il parle, ou plutôt débite toute sortes de choses et de thermes que je n'avais jamais entendu auparavant pendant au moins deux heures.
« Criiiiic CLAC ! » Le bruit de la porte d'entrée le fait sursauter. Le temps sembla s'arrêter. Des pas lourds résonnaient dans le couloir. Mon cœur se mit alors à battre, à battre très fort et très vite. Ma respiration devenait irrégulière presque saccadé. Mais je n'étais pas la seule dans cet état de stress, face à moi, Hypnos était totalement paniqué. Il avait les yeux dans le vide, la bouche béante, tout ses muscles s'étaient raidis instantanément. Une peur inconnue mais d'une puissance ahurissante s'était remplie du petit espace clos qui nous cernait. L'ambiance si joviale qui régnait quelques minutes auparavant s'était effondrée en une fraction de seconde, en un simple clanchement de porte.
La porte coulissa lentement, un homme mesurant près de deux mètres, à l'allure de bûcheron, entra. Hypnos baissa immédiatement la tête, était-ce un réflexe de sa part ? Quant à moi, je regardai cette personne qui le terrifiait. Je tentai de le saluer, d'expliquer la raison de ma présence, de dire qui je suis. Mais de ma bouche, ne sortit qu'un faible : « Bonjour.. ». Au son de voix, son regard s'abattit sur moi, le ciel me donna l'impression de me tomber sur la tête.
« Il se passe quoi ici ? » Dit-il d'une voix rauque, presque enrouée. Les mots se nouaient dans la gorge du jeune homme, mais au bout de quelques secondes il parvint avec difficulté à articuler quelques mots : « Je... je lui montre juste ce que je fais ici. ». Le géant le regarda, tentant de savoir si c'était un mensonge. La peur beaucoup trop évidente suffit de preuve à ses yeux. Il se tourna et repartit sans un mot.
Hypnos laissa échapper un souffle de soulagement, tout le stress redescendit. De quoi avait-il tant peur ? Qu'est ce qui aurait pu se passer ? Trop de questions me traversait l'esprit mais aucune n'osa sortir. J'avais l'impression que toute allait prendre fin si je laissais parler ma curiosité. Me taire était surement la meilleure solution, ou peut-être la plus grosse erreur que j'ai faite.