26/10

Par Lalala
Notes de l’auteur : Bonjour ! J'ai vraiment mis du temps à écrire ça. Ca doit même être un des chapitres qui seras le plus long.
J'espère que vous allez bien aimé❤️

Le Soleil s'était levé depuis un moment, je dirais deux heures ou peut-être trois. J'étais tranquillement dans ma chambre chez mon père. Oui mes parents sont séparés. Cela fait un moment maintenant et pour être vraiment honnête ça ne m'a pas vraiment impacté. Mais ce n'est pas le sujet, bref j'étais donc en train de jouer au Playmobil.

Lilya, ma petite sœur, revient de chez le médecin. Il y a peu elle s'était blessée en se promenant dans la forêt, à cause d'une grosse bête blanche d'après ses dires. Le médecin qui la raccompagnait viens me voir et me demande si j'ai vu cette fameuse bête. Je lui réponds que non. Son visage amical change et il me parle maintenant avec un air très sérieux. Il me dit que si je l'aperçois je dois absolument lui dire parce qu'il a besoin « d'informations complémentaires ». Après cette courte discussion il repart.

Quelques jours plus tard, après avoir assister à une course automobile, je rentre chez moi et je décide d'aller faire une balade avec Rocky dans la fameuse forêt où Lilya avait vu l'étrange bête au pelage blanc. Rocky c'est mon chien : un magnifique border collie qui adore se rouler dans la boue et courir après des bâtons qui, à mes yeux ressemblent plus à des bûches. J'ai aussi un autre chien : Argent. C'est un gros chien croisé entre plusieurs espèces, tellement qu'au final on ne sait même plus ce que sait. Ce n'est pas très grave, en tout cas il a une grosse fourrure rousse que j'adore. Je marche vers la forêt, c'est calme. Je vois Rocky qui marche un peu dans tous les sens donc je ne fais pas trop attention à ce qu'il fait. De toute façon vu la vitesse à laquelle il crapahute à gauche et à droite, mon regard ne pourrait pas le suivre.

Des feuillages parsèment un gros tas de bois qui d'ailleurs a plus une apparence d'abri pour animaux ou que sais-je encore. « Ça pourrait de cachette à quelqu'un ou à quelque chose » pensais-je.

Je continue de marcher, un peu plus loin j'aperçois un chemin en gravier qui monte sur un terrain un peu plus haut, terrain qui est caché par des arbres. Etant donné que je suis en contrebas je ne vois littéralement rien. Je marche encore, et là dans un endroit je vois un truc étrange. Un truc blanc, un truc blanc dans une forêt ? Ce n'est pas commun. Je me décide à aller jeter un coup d'œil.

Des images brèves viennent dans ma tête un peu comme des souvenirs, un flash-back ? On ne dirait pas. Ça brouille ma vision et je ne vois que ces images mais je continue tout de même d'avancer vers cette chose blanche. Les images forment comme une vidéo avec des paroles, comme un reportage. C'est ça, un reportage. Les images montrent le tas de bois que j'ai vu un peu plus tôt sur le chemin mais le tas est légèrement différent. Les photos ont un air macabre et c'est comme si elle se bousculaient. Aucune ne laisse le temps à l'autre de passer. Elles apparaissent puis filent à toute vitesse. Je n'ai pas le temps de les voir en détail mais elles me font peur. Je ressens un frisson me parcourir le corps. La voix parle de quelque chose de triste qui s'est passé. J'ai du mal à comprendre, le signal est brouillé. Je n'entends que quelques mots. Il dit que c'est funeste. Des corps, des corps déchiquetés ont été retrouvés dans cette abri. La vision des corps me tétanise. Je me perds dans un flot infini de réflexion et de questions qui restent en suspens. Je tente de me rappeler où j'avais vu ce reportage. Mais pourquoi n'y ai-je pas pensé que je suis passé devant le tas de bois ? C'est comme si à ce moment-là quelque chose bloquait ce souvenir en particulier. Après m'être dit ça je reprends mes esprits.

C'est vrai, je ne suis plus sur le chemin, j'avançais vers la chose blanche. À présent je la vois parfaitement, posée sur un tronc d'arbre, il me regarde. C'est un renard blanc énorme. Il doit bien faire plus de deux mètres de haut. Ses yeux rouges perçant me font froid dans le dos. Tout ce qu'il voit en moi ce n'est que du gibier. A ce moment-là j'en suis certaine, il ne peut y avoir que deux finalités à cette rencontre. Soit je vais mourir ici et maintenant soit je vais survivre et fuir en courant de tous mes forces.

Mes pieds ne bougent pas, ils restent cloués au sol. Une seule pensée traverse mon esprit : Fuit ! Mais mes yeux restent plongés dans les siens. C'est un regard à la fois habitué et à la fois surpris, il me regarde comme si pour une fois, il y avait peut-être une raison de ne pas tuer. On reste au moins une bonne seconde à se regarder dans le blanc des yeux en essayant de savoir qui agira en premier : lui ou moi. C'est étrange, j'ai l'impression qu'il ne m'est pas inconnu. C'est comme s'il avait toujours été là. Ce n'est pas notre première rencontre. Il y a du vécu dans chacun de nous, mais je suis incapable de dire ce que c'est exactement.

D'un coup je sens de nouveau mes pieds, ils peuvent à nouveaux bouger. Je regarde un dernier instant ses yeux écarlates, essayant d'y déceler une réponse. Je sonde son esprit avec l'espoir d'y trouver quelque chose mais rien, il semble vide. Mais ce n'est qu'une façade, je sais qu'il est rempli, rempli de quelque chose de si complexe qu'il donne cette étrange impression de vide. Je me retourne et pris d'un pic d'adrénaline, je cours sans me retourner, vers le chemin. J'ignore s'il me poursuit ou non, mais je fuis. Je cours aussi loin que mes pieds peuvent me porter. Une fois sur le chemin je cours encore plus vite. Mes jambes sont en feu mais j'accélère encore. Je dépasse le tas de bois et je fonce vers la porte d'entrée de la maison.

Avant de rentrer et de fermer la porte je regarde derrière moi. Il est là, à une centaine de mètres dans le tas de bois. Il attend, il m'attend. Je dis à Argent de rentrée et je ferme la porte à clé. Je fonce prévenir Lilya et Lina de ne pas sortir quoi qu'il arrive. Je monte au 2e étage, je dis à Sophie, ma belle-mère, que la bête est là. On redescend à toute vitesse rechercher Rocky.

Je m'arrête dans la salle de jeux. Sophie continue sans se préoccuper que j'aie arrêté de la suivre. Je m'approche de la fenêtre, je pose ma main sur la vitre. Mes doigts glissent un peu puis s'arrêtent. Le verre est très froid.

Au loin sur la montée, il est là, assis calmement. Malgré la distance qui nous sépare, nous sommes à la même auteur, nous nous regardons droit dans les yeux. D'un point de vue extérieure, on pourrait penser qu'il ne se passe rien. Mais pour moi, c'était un duel acharné qui se déroulait à travers ce nouvel échange de regard.

Un claquement de porte me fait sortir de ma transe, je baisse les yeux. Sophie fonce vers Rocky qui est couché sur le sol. Elle va le voir et lui fait un câlin, Rocky dort, enfin je crois. Lucie ne semble pas avoir remarqué le renard blanc. Je regarde à nouveau dans sa direction. Il a bougé. Il avance lentement mais sûrement, un pas après l'autre. Ses pas sont fermes et minutieusement calculé. Il impose un respect de plomb. Dans ses yeux, une lueur apparaît. Il regarde Sophie et Rocky avec cet air terrifiant. La complexité du regard que j'avais aperçu a disparue. Il laisse désormais place au regard d'un prédateur assoiffé de sang devant sa prochaine victime. Je veux crier, leurs dire qu'il faut fuir, rentrer à la maison, se mettre en sécurité ! Mais rien ne sort, je n'arrive plus à parler. Des mots étouffés sortent de ma bouche. Sophie ne les entend pas, Rocky ne les entends pas, je ne les entends pas non plus. Sophie reste focalisée sur Rocky, elle a dû beaucoup s'inquiéter. Elle n'entend pas non plus les pas de velours du prédateur qui avance derrière elle sans le moindre doute, d'un air alléché.

Les larmes coulent sous mes yeux, je ne peux rien faire et je sais pertinemment que si je ne fais rien ils vont se retrouver avec les autres corps dans ce tas de bois, gisant sur le sol. Il ne restera d'eux que des corps mutilés, sans vie. Mon poing se ferme, je veux frapper la vitre pour les avertir du danger imminent qui s'approche d'eux. Rien, le silence, mon bras ne s'exécute pas, incapable de bouger. Je reste là à regarder la scène. Mon chien et ma belle-mère vont bientôt se faire dévorer sous mes yeux. La bête n'est plus qu'à une cinquantaine de mètres.

Elle me regarde de nouveau dans les yeux. Les secondes qui passent semblent durer une éternité. Ma vision se floute doucement puis un écran noir apparaît...

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