La fille s’était mise à crier. Son système nerveux court-circuité par une décharge appropriée, elle s’effondra dans les bras du soldat qui l’avait attrapée. Un geste à peine esquissé de la commandante Évola Feslow avait suffi.
Évola survola la scène. Le temps semblait s’être suspendu autour de l’hironde. Tous les membres de l’unité se tenaient immobiles, comme s’ils hésitaient à reconnaître la réalité de leur victoire : leur homme était inconscient, rendu inoffensif par une simple injection. La fille ne comptait pas. Quant au dernier du trio, il s’était figé et la dévisageait avec froideur. Elle le salua d’un bref hochement de tête :
— Président Ardéirim, vous n’avez rien à craindre de nous. Croyez bien que l’Alliance n’est pour rien dans ce qui vous est arrivé. Je suis la commandante Évola Feslow et je suis ravie que vous soyez en bonne santé. Nous vous raccompagnerons à Ithéus en temps et heure, après avoir réglé nos affaires ici.
— Où est mon fils ?
Elle fit amener devant lui un Ennius ligoté et bâillonné, fulminant de rage impuissante. S’il resta impassible, elle ne rata pas l’éclair de colère dans ses yeux. La présence du président de la Fondation était une complication dont elle se serait bien passée.
— Retournons au vaisseau, nous aurons tout le temps de discuter ensuite.
La commandante respira plus librement quelques instants plus tard, lorsque l’hironde s’éleva au-dessus des couronnes des arbres, et un mince sourire éclaira ses traits tirés. Pour la première fois, elle s’autorisa à y croire.
La chef des renseignements de l’Alliance Évola Feslow avait perdu l’habitude des opérations de terrain. Celle-ci l’avait ramené vingt ans en arrière, quand, jeune officière, elle menait des commandos. Elle se remémorait en particulier un raid contre une base de l’Ennemi sur Arkies, une des dernières planètes majeures à avoir résisté. Bon vieux temps ? À tout le moins, nostalgie d’anciennes victoires, qui n’avaient pas empêché l’annexion de cette planète, puis d’autres après elle.
Aujourd’hui, elle n’était qu’invitée dans cette unité, n’en connaissait pas les personnalités, n’avait pas éprouvé la cohésion entre ses membres. Cependant, elle avait choisi les meilleurs, une unité très spéciale qui opérait depuis deux ans avec une auxiliaire télépathe.
Après le message du lieutenant Sonbryn Eodyn Fraehl, ils avaient quitté en toute hâte l’orbite éloignée d’où ils surveillaient les événements et avaient foncé. Ils s’étaient posés en haut d’un arbre – une prise de contact quelque peu rude – puis avaient progressé avec célérité vers l’engin ionien en taillant leur chemin à travers la végétation. Avec discrétion, mais sans trop de subtilité. Cela fleurait l’aventure : la faune et la flore inconnues, la lumière ensanglantée et les odeurs étranges, le temps qui s’écoule trop vite et la griserie du danger, réel ou supposé. À vrai dire, elle s’était débattue contre une nausée envahissante : cette forêt puait comme trente-six charognes et la gravité locale était assez faible pour décrocher l’estomac – mais assez forte pour les précipiter très sûrement en bas au moindre faux pas.
Comme par le passé, Évola mettait sa vie sur le fil pour l’Alliance, avec cette fois-ci des enjeux qu’elle jugeait considérables. Elle était persuadée que tout allait se décider là, dans ce coin de jungle ionienne : la réussite de leur opération, sa carrière… et peut-être la survie de l’Alliance.
Il leur fallait juste un peu de chance. Jusqu’ici, cela ne s’annonçait pas trop mal.
¤¤¤
Assis à côté de son père dans l’hironde, Ennius ressentait une intense frustration. Mortenaine ! tout ça pour en arriver là ! Bryn les avait trahis et Ennius n’avait pas été capable de l’arrêter. Balancé dans les toilettes par le soldat quand il avait voulu lui barrer le passage vers les communications, il s’était senti aussi inutile qu’un chiot tout juste bon à japper. Même la possibilité de se faire entendre lui avait été ôtée à l’arrivée des sbires de l’Alliance, qui l’avaient attaché et bâillonné. Il avait assisté, impuissant, à la capture de Mu et Keizo. Seule la vision de son père sain et sauf l’avait réconforté et une vague de reconnaissance pour Keizo l’avait submergé. Ce dernier reposait sur la banquette en face de lui, son souffle et son pouls surveillé par un soldat à l’air apeuré. Au moins, ils tenaient à le garder en bonne santé, pas comme Mu qu’ils avaient fourrée sous les sièges sans ménagements.
Ennius goûtait une forme de revanche alors que l’hironde approchait le vaisseau du commando de l’Alliance. Il était entièrement recouvert d’une végétation dense. Des vrilles de la grosseur d’une jambe ceinturaient la coque, comme si elles avaient été là de toute éternité. Mornespace, cela devait faire au plus deux heures qu’ils s’étaient posés !
Un proverbe sur Ione revint en tête à Ennius : « Pénétrer dans la forêt, c’est abandonner tout avenir ». Ennius l’avait toujours interprété comme une métaphore, au sens de « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », mais dans leur situation, il reprenait soudain un sens très concret.
Il devint vite évident que l’appareil ne repartirait pas : une pseudo-liane particulièrement vivace avait infiltré les aérateurs, forcé les conduites d’évacuation, asséché les fluides caloriporteurs. On aurait dit qu’elle puisait sa force dans la matière même du vaisseau. Ils attendirent en vain un signe de vie de l’équipage en poste dans la carlingue, jusqu’à ce que la fille qui accompagnait le commando, une blonde au teint maladif, déclare que personne n’était en vie à l’intérieur.
Des craquements sinistres appuyèrent cette affirmation. Bientôt, le bâtiment tout entier disparaîtrait sans laisser de traces. La forêt aurait englouti le corps étranger.
Une seule solution : mettre toute la troupe – où ce qui en restait – à l’abri. Ils dirigèrent l’hironde vers la villa du Fondateur. Mieux valait un refuge trop exposé que la forêt Ionienne. Ennius ignorait s’il devait s’en réjouir ; dans leur situation, tout ce qui contrecarrait les plans de l’Alliance lui semblait bon à prendre.
¤¤¤
Mu s’éveilla avec un goût amer dans la bouche et un mal de tête phénoménal. Elle reposait sur un matelas dans une obscurité totale. Pourtant, un sentiment de familiarité l’étreignit. Il y avait une odeur, quelque chose qui imprégnait l’air. La villa ! Un mélange indéfinissable de civilisation, de montagnes et de forêts…
Ce goût infâme dans la gorge, ces élancements dans le crâne… Putrespace, elle avait été droguée ! Il y avait des soldats… des soldats de l’Alliance. Et Keizo ! Keizo s’était écroulé devant elle. Une fureur angoissée réveilla ses membres lourds. Où était Keizo ?
Avant qu’elle ait le temps de s’interroger davantage, une lumière crue tomba du plafond, une fille entra et s’accroupit près d’elle sans rien dire. Mu reconnut aussitôt l’endroit : C’était une des salles au sous-sol, une pièce de stockage sans fenêtres. Elle avait bien deviné !
L’apparition scrutait Mu d’un regard bleu délavé. Malgré les lampes qui l’éblouissaient, Mu ne baissa pas les yeux et détailla celle qui l’épiait. Tout était pâle chez elle : sa peau, si fine qu’elle paraissait translucide, ses cheveux d’un blond presque blanc et ses lèvres exsangues. Une coiffure étrange l’amaigrissait : elle était rasée depuis le bas de son crâne jusque bien au-dessus des oreilles. Sur le sommet, ses longues mèches étaient retenues par un chignon. De chaque côté de son visage osseux pendaient deux nattes, trop minces pour cacher des lobes ornés de multiples anneaux. On aurait dit une elfe échappée des contes que Marsou racontait à Mu autrefois.
La fille ne parlait pas. Était-ce bien une fille d’abord ? Pour autant que Mu pût en juger, ni fesses ni seins ne donnaient de relief à sa silhouette filiforme. Les vêtements tombaient sans grâce sur son corps androgyne. Ni jeune ni vieille, elle déjouait d’avance toute tentative de Mu de lui attribuer un âge. Drôle de zoziau !
— T’es qui ? questionna Mu. Tu me veux quoi ? Vous êtes qui, tous, à la fin ?
Comme l’autre ne répondait pas, Mu continua son exploration visuelle. Elle portait une tenue sans marques militaires, toutefois les couleurs et les formes faisaient irrésistiblement penser à celles dont étaient revêtues les troupes de l’Alliance. Mu revit le soldat qui avait saisi le bras de Keizo. Alliance. Elle attendit en vain le soulagement qu’elle aurait dû éprouver. Seule une intense indignation l’emplissait : ils n’avaient pas le droit d’agir ainsi avec Keizo ! Ni avec elle.
Mu remarqua alors l’accentuation nette des veines bleues sous sa peau. Ce n’était pas juste dû à la finesse de son épiderme : cette fille était malade, droguée peut-être. Mu fronça le nez de dégoût.
Ça n’avait aucun sens… à moins que ?
Tout s’ordonna dans la tête de Mu. Une spionne ! Une télépathe qui, d’une manière ou d’une autre, avait caché à Keizo la présence des militaires de l’Alliance embusqués dans l’hironde pour l’attendre. Ne se murmurait-il pas sur Ione que l’armée de l’Alliance employait des spions en s’assurant qu’ils ne puissent pas déserter ou trahir ? L’addiction comme moyen de contrôle : puissant ! Vrai ou faux, l’État-major n’aurait éprouvé que peu de scrupules à faire endurer cela à un télépathe.
Mu se débattit avec des sentiments contradictoires. Colère, compassion, horreur, révolte. Les yeux trop clairs de la fille pénétraient au plus profond d’elle, pour voler ses secrets – quels secrets pouvait-elle bien détenir ? Mu se cabrait à la pensée que quiconque traîne dans sa tête, mais comment redouter une adversaire si pitoyable ?
— Où est Keizo ? Comment il va ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ?
Encore cette absence de réponse exaspérante. Pourtant, une incertitude venait de traverser le regard de l’autre. Mu poussa son avantage.
— Ça t’ennuie, hein, quand je parle ? Ça te déconcentre. J’suis capable de bavarder très longtemps des sujets les plus insignifiants, comme le ravitaillement du Vieux Marp ou les pièces de rechange que rapporte mon paternel de ses tours dans les docks où on fait escale. Ou même des contes que me racontait Marsou lorsque j’étais enfant. On y rencontrait des créatures comme toi, des sorcières squelettiques à la peau de poulet et au sang vicié. Elles finissaient mal en général.
Mu brodait avec malice. Elle nota un soupçon d’exaspération sur les traits de la fille. Avait-elle réussi à la déstabiliser ?
— Tiens, je m’demande vers où navigue le Vieux Marp en ce moment et ce que fabrique mon père ? Tu sais que son vaisseau est un courrier de l’Alliance ? On a transporté des tas de trucs ; quelquefois c’était stratégique, quelquefois juste utilitaire. On voyage partout, personne ne choisit notre destination à notre place. Loyaux, mais libres.
« Pas comme toi », pensa Mu avec sarcasme.
Le visage de la fille se crispa en une moue de reproche devant l’expression goguenarde de Mu ; cependant, elle se leva avec calme et se dirigea sans bruit vers la porte, comme si elle glissait en suspension dans l’air, à deux millimètres du sol.
Mu se demanda si elle était muette, elle aussi. Ou mutique ? Comme Keizo ? Nom d’une nébuleuse, qu’avaient-ils fait de Keizo ?
L’autre s’arrêta, une main sur le bouton d’ouverture.
— Lalé. Je m’appelle Lalé. Il va bien.
La porte se referma derrière elle.
¤¤¤
La villa du Fondateur avait été investie par le commando de l’Alliance, qui attendait une exfiltration sûre par l’armée. En remontant du sous-sol, Lalé vint présenter son rapport à la commandante Évola Feslow dans le salon reconverti en quartier général.
Elle était intimidée et se sentait indigne de retenir l’attention du chef suprême des renseignements. Mais aussi en colère… C’était dans l’esprit de la commandante qu’elle avait découvert la vérité, voilà quelques jours : sur ce qu’on lui cachait ; sur ce qu’on avait fait d’elle. Vérité qu’elle se refusait jusqu’ici à croire, mais que des bribes de pensées volées à ceux qu’on lui avait demandé d’espionner, venaient de confirmer. Lalé ne savait plus où elle en était. Un méchant sentiment de dissociation l’écartelait entre loyauté – n’aurait-il pas fallu dire soumission ? – et incrédulité, colère, fureur.
Svelj, son chef, se trouvait là lui aussi, les sourcils froncés. Il allait lui en faire voir si elle donnait une mauvaise impression de l’unité. Elle se mordit la lèvre et baissa la tête, l’image même de la servilité, pendant qu’une autre partie d’elle-même observait avec défiance la commandante qui l’interrogeait.
— Parlez-moi de la disposition mentale des civils récupérés, soldat ? Où va leur loyauté ?
Sa voix calme n’était pas dénuée de bienveillance. Comme si elle s’adressait à une enfant.
— Le soldat, le lieutenant Sonbryn Eodyn Fraehl, est loyal à l’alliance, même s’il montre un certain… attachement à la cible, commandante. Et, hum… il est en colère.
— Je gérerai ça avec lui. Ce sont les autres qui me préoccupent. Miesko Ardéirim ?
— C’est plus difficile…
Lalé rougit devant la moue d’impatience de Svelj. Elle s’empressa d’enchaîner.
— Je veux dire… hum, que le concept de loyauté a peu de sens pour lui. Il fera ce que lui dicte son intérêt. Il attend de voir ce que nous lui proposons.
— Encore faudrait-il que nous lui proposions quelque chose, nota la commandante avec ironie.
Elle émit un rire bref, presque un aboiement, qui fit sursauter Lalé.
— Allez, accélérons : le fils ?
— Son fils est dévoué à la… euh, cible. Il n’aidera pas l’Alliance.
La commandante garda pour elle ses réflexions, toutefois Lalé entendit clairement : « il peut servir à rendre son père raisonnable ». Elle ne releva pas le regard et fixa ses semelles, la peur au ventre. Si on s’apercevait qu’elle se permettait d’écouter la commandante, elle serait punie. En arrière-plan, la partie d’elle qui œuvrait à sa survie se réjouit de cette rébellion.
Elle ouvrit la bouche au moment où la commandante allait la presser une seconde fois :
— La jeune femme est partagée entre sa loyauté à l’Alliance et son… affection pour la cible. Elle pourrait être… influencée de manière à prendre le parti de l’Alliance.
Un demi-mensonge. Non, un mensonge, à bien réfléchir. La fille ne trahirait pas son ami. Keizo, comme elle l’avait appelé. Lalé n’en revenait pas : c’était un ultra et elle le considérait comme son ami… Bien sûr, elle aurait pu être sous son contrôle, de manière plus ou moins permanente. Mais Lalé n’y croyait pas. Son attachement était profond et ses sentiments sonnaient vrai dans sa tête : un mélange confus d’amitié, d’amour et d’une drôle de tendresse protectrice. Les intuitions de Lalé la trompaient rarement. Avec ça, elle aurait été prête à tenir le pari.
C’est ce qu’elle faisait, d’ailleurs : elle venait d’aboutir à une décision, presque à son insu. Ce qu’elle avait vu, dans l’esprit de la commandante… puis le reste, dans les esprits des civils… Cela l’horrifiait, la sortait de son apathie, la poussait à l’action. Sa résignation s’était envolée. Lalé ne voulait pas mourir. Elle n’était pas sûre de tout, loin de là, mais il fallait qu’elle fasse libérer la fille.
— Bien, nous allons l’amener à choisir, alors. Elle va nous aider à contrôler notre invité.
Bien sûr, la commandante avait parlé à Svelj, pas à Lalé, cependant le renseignement n’avait pas été perdu : ce soir, Lalé jouait. Elle avait bien l’intention de gagner : après tout, elle mettait sa vie dans la balance. Non qu’elle vaille grand-chose : presque rien pour les autres, mais quand même un peu pour elle.
Quand la commandante la congédia pour recevoir le lieutenant, un début de plan s’échafaudait dans sa tête.
¤¤¤
Bryn se figea dans un salut impeccable. Il savait que son maintien rigide et ses épaules nouées trahissaient sa colère, mais il s’en fichait. Non, plutôt, il s’en réjouissait.
— Lieutenant Sonbryn Eodyn Fraehl au rapport, commandante.
Les mots claquaient sèchement, comme s’il s’adressait à un subordonné obtus. Évola Feslow leva un sourcil désapprobateur.
— Repos, Lieutenant. Si vous commenciez par me dire ce qui vous chagrine, nous pourrions passer aux choses sérieuses.
Bryn songea à Keizo et un grand calme l’envahit. Si elle tentait de le faire sortir de ses gonds afin d’épingler la puérilité de sa colère, elle en resterait pour ses frais. Bryn se sentait personnellement lésé, trompé, néanmoins il ne s’enliserait pas dans ce marécage-là.
— Commandante, j’estime que cette capture inutilement violente nous aliène Kei… la cible plus sûrement qu’une approche basée sur la coopération.
— L’important était de sécuriser notre prise, Lieutenant. Il nous incombe à présent de l’exfiltrer d’Ione. Après, et seulement après, nous réfléchirons au genre d’interaction qu’il est souhaitable de mettre en place avec lui. En attendant, nous continuerons à le maintenir dans l’incapacité de nous influencer, grâce à l’emploi de produits appropriés.
— Je crains que vous n’ayez restreint le champ des possibilités. Il ne vous pardonnera pas ce que vous lui avez fait. Il n’entretient aucune illusion sur la moralité de l’Expérion, mais il lui en restait peut-être sur la vôtre.
— Vous frôlez l’impertinence, Lieutenant ! La reconnaissance que vous éprouvez pour Eshan Ardéirim vous prive du sens commun. C’est un ultra, il est dangereux ; nous nous protégeons, c’est tout. Les substances que nous employons sont parfaitement inoffensives.
— Notre position est terriblement exposée. Si l’Expérion nous attaque, ou plutôt quand ils nous attaqueront, il ne pourra pas nous aider, ni même se défendre.
— Il suffit ! Ce n’est pas à vous d’établir notre stratégie. Ni de l’évaluer. J’entends que vous vous concentriez sur la sécurisation du site jusqu’à notre départ. Vous connaissez cet endroit. Vous vous placerez sous les ordres du lieutenant Svelj et vous lui indiquerez tous les points d’accès à surveiller. Certains ont pu lui échapper.
Bryn avait baissé la tête avec une moue pendant qu’elle donnait ses ordres. Elle l’éloignait de Keizo. Pas plus mal, finalement, car celui-ci ne lui pardonnerait pas cette trahison, à lui non plus.
— Bien commandante.
Il sortit d’un pas égal, impassible, mais déprimé comme jamais. Il était démuni. L’Alliance ne ferait jamais confiance à aucun ultra. Bryn le savait, cependant il avait cru qu’avec Keizo, ce serait différent.
Rien ne changerait cela. Aucune argumentation. Encore moins de la part de Bryn, disqualifié d’office par la possibilité qu’avait eu Keizo de l’influencer.
Restait à espérer qu’il n’ait pas livré Keizo pour rien. Ennius, dans l’hironde, l’avait traité de traître et d’imbécile en tentant de l’arrêter. Bien sûr, Ennius ne voyait que l’intérêt de Keizo ; pas celui des millions d’habitants de l’Alliance.
Bryn soupira. Il s’était grillé auprès de Keizo. Ennius le haïssait et ne s’était pas privé de le lui cracher au visage. Quant à Mu, Bryn n’escomptait pas mieux de son côté. Ne lui avait-il pas assuré qu’on imaginerait une solution pour que Keizo trouve sa place au sein de l’Alliance ? Ou quelque chose de ce style ? Il était sincère, mais voilà, il s’apercevait qu’il n’était pas en son pouvoir de tenir ce genre de promesse. Un sale coup pour son ego.
Alors je dois dire que ce début de chapitre m’a légèrement perturbée et cela uniquement parce que tu commences par « La fille ». On se doute que c’est probablement Mu, mais sans certitude et du coup, on cherche à comprendre. Surtout que rien ne dit qu’on voit les choses du point de vue d’Evola, même si tu parles d’elle en fin de chapitre. Ce n’est qu’au début du chapitre suivant que le point de vue est clair, mais ça ne nous dit rien de plus puisque tu parles de « l’homme ». Peu à peu, on comprend, et je pense que c’est l’effet que tu voulais produire, mais, je ne suis pas sûre que c’est un bon choix et l’effet de surprise aurait été le même si Mu et Ennius avait été cités puisqu’on ne s’attend pas du tout à ce qu’ils se fassent prendre, surtout avec Keizo à leurs côtés. Pareil pour « le dernier du trio », on pense plutôt à Brynn qu’elle reconnaît, mais pas à Ardérim. Du coup, je me suis mélangé les pédales, et j’ai dû relire à plusieurs reprises pour tout capter. Bref, c’est mon ressenti, et si personne d’autre ne te l’a fait remarquer, c’est que c’est ma tête qui va mal.
En revanche la seconde partie, à partir de l’apparition de Lalé est vraiment excellente ! Sa révolte, qui n’attendait que la confirmation de Mu pour s’éveiller est plausible et bien vue, et puis c’est une télépathe (au minimum), donc elle sait. Et la façon dont tu lui fais relever la tête est vraiment superbe. On sent qu’elle risque de jouer un rôle important ; je la vois bien s’allier à Mu. Ce serait vraiment chouette et bien fait pour cette s***pe de commandante glaciale et inhumaine.
J’adore aussi l’altruisme de Mu qui fait toujours passer Keizo avant elle. Fidèle, courageuse, pleine d’empathie et intelligente, c’est un très beau personnage.
Quant à Brynn, le pauvre, le voilà bien coincé. Keizo s’apercevra probablement de ses sentiments contradictoires, mais il s’agit tout de même d’une belle trahison, et cela est-il pardonnable, même pour les millions d’habitants de l’Alliance ? À moins qu’il ne s’agisse d’une stratégie de Keizo, car je t’avoue que je doute qu’une « simple » télépathe ait pu le coincer…
Si je manque de clarté, ce qui est fort possible, n’hésite pas à me questionner.
qq remarques :
« Elle fit amener devant lui un Ennius ligoté et bâillonné, fulminant de rage impuissante. » J’ôterai « impuissante » qui alourdit un peu et n’est pas nécessaire selon moi.
« Aujourd’hui, elle n’était qu’invitée dans cette unité, n’en connaissait pas les personnalités, n’avait pas éprouvé la cohésion entre ses membres. » Beaucoup de « n », mais si tu les gardes, je couperai la phrase en deux : « Aujourd’hui, elle n’était qu’invitée dans cette unité. N’en connaissant pas les personnalités, elle n’avait pas éprouvé la cohésion entre ses membres. »
« Mortenaine ! tout ça pour en arriver là ! » Majuscule à « tout »
« Ennius goûtait une forme de revanche alors que l’hironde approchait » J’aurais mis un passé simple pour qu’on sache que l’action vient de se produire « Ennius goûta une forme de revanche alors que l’hironde approchait… »
« Ils attendirent en vain un signe de vie de l’équipage en poste dans la carlingue, jusqu’à ce que la fille qui accompagnait le commando, une blonde au teint maladif, déclare que personne n’était en vie à l’intérieur. » Comment le sait-elle ? (Ayé j’ai compris ! mais sur le coup...)
« des créatures comme toi, des sorcières squelettiques à la peau de poulet et au sang vicié. » Excellent !
Bah, j'avoue que personne ne m'avait fait la remarque concernant le début. En fait, quand on lit dans la continuité, je pense que c'est plus évident, puisque Keizo s'écroule en fin de chapitre et Mu est avec lui. Le problème c'est que la commandante ne connaît pas forcément les noms de tout le monde, et je l'a vois mal appeler Mu par son nom. Je vais voir quand même si je ne peux pas rendre ça plus clair.
Merci pour les détails !
Par contre je pinaille probablement, mais je maintiens ce que je dis pour la première phrase, parce que pour le coup, on est dans la tête de mu à la fin du chapitre précédent et là on change de tête. Pour quoi ne pas inter-changer les phrases : Un geste à peine esquissé de la commandante Évola Feslow avait suffi. La fille s’était mise à crier. Son système nerveux court-circuité par une décharge appropriée, elle s’était effondrée dans les bras du soldat qui l’avait attrapée. (ou un truc du genre)
Là, Keizo est vraiment mal barré. C’était une énorme bêtise de sa part de ne pas se méfier de Bryn. C’était évident qu’il allait le livrer tôt ou tard. Mu aussi est mal barrée ; le traitement qu’on lui inflige et la manière dont on la considère sont choquants.
Tout l’espoir pour notre trio semble résider dans la révolte de Lalé. Pourvu qu’elle les aide ! Miesko ne trouve toujours pas grâce à mes yeux, mais si ses intérêts et ceux de l’Alliance divergeaient, il pourrait bien être utile à Keizo pendant un moment, aussi court soit-il.
La chef Feslow est un personnage que j’aime détester. :-)
Je n’ai même pas de coquilles et remarques...
Ouais, ça craint, dans ce chapitre... c'est le point bas du roman, alors ça ne peut qu'aller mieux après !... ou pas. ^_^
Pourquoi tu aimes détester Feslow ?
Il a intérêt à se racheter par la suite! Parce que là, il mérite juste des claques!
Le personnage de Lalé est très intrigant. Je me demande bien quel truc horrible, elle a bien pu surprendre qui la pousse à se mettre en danger. En tout cas, sa situation d'esclave (il n'y a pas d'autre mot) est affreuse. L'Alliance est vraiment toute pourrie.
Je me demande si on croisera l'Experion par la suite? Je serai vraiment curieuse de les connaitre de l'intérieur et pas seulement comme les ennemis impitoyables...
L'Alliance n'est vraiment pas tendre avec les télépathes, et Lalé en est un exemple.
Bon, il va falloir que je mette la suite ! Merci pour ta lecture. <3 <3 <3
Je me demande ce que ça va donner par la suite, ce retournement. Fini le calme et la retraite dans la maison dans la jungle, retour aux intrigues politiques et aux coups fourrés ! Ça sent pas très bon ni pour Keizo, ni pour la pauvre Mu !
Tu n'as rien dit sur Lalé ? comment tu trouves ce nouveau personnage ? Comme tu peux le deviner, elle va avoir un rôle à jouer dans la suite...