26. Rencontres.

Par FloCes

« Ça va Mélusine ? »

Mélusine reprenait peu à peu ses esprits. Elle agrippa Ephrem par le poignet, se retourna brusquement, et entreprit de placer le plus de distance possible entre ce lieu et eux.

« Tu es en colère ? lui demanda Ephrem. Je comprends, j’ai pris trop de risque. Mais le résultat est là, rajouta-t-il en faisant tinter les nouveaux hélis qu’il venait de gagner. »

Mélusine ne lui répondit pas, et continuait à marcher d’un bon rythme.

« S’il te plait, supplia-t-il ! C’est le résultat qui compte. »

Toujours aucune réponse.

Au bout de quelques minutes à s’excuser et après quelques faux pas qui faillirent le faire tomber… d’ailleurs, il finit par tomber !

« Aïe ! se plaignit Ephrem au sol. »

            La chute du jeune champion fit lâcher prise à Mélusine, qui se tourna enfin vers son frère. Elle vit celui-ci, les mains en compresse sur un genou.

            « Montre-moi, demanda-t-elle en retirant les mains de son frère. »

            Consciencieusement, L’Elfe examina le genou blessé.

« Rien de grave, juste une petite éraflure. Lève-toi, on continue, rajouta-t-elle en tirant Ephrem par le poignet. Mais celui-ci se dégagea brusquement ! »

— Que t’arrive-t-il encore ?

— Que m’arrive-t-il encore ! Non, mais tu te moques de moi ? Mélusine, cria Ephrem, je viens de faire le plus beau combat de ma vie, sans finir une seule fois au sol, contre le champion qui plus est ! Et toi, tu me tires comme si j’étais un vulgaire animal de trait, et je finis au sol, blessé !

— N’exagère pas, tu n’es pas…

— Qu’est-ce qu’il y a ? s’emporta Ephrem, encore sous l’effet de l’adrénaline.

— Je te le dirai, je te le promets. Dès que nous serons sur nos montures. Nous ne sommes pas loin, regarde.

            Elle pointait un doigt en direction des chevaux, et remarqua qu’un jeune garçon était installé sur l’un d’eux ! Pour mieux voir, Ephrem s’était penché de côté.

« Qui est-ce ? »

 

Mélusine, et Ephrem qui s’était remis sur ses jambes, parcoururent les derniers mètres qui restaient pour voir qui était ce jeune garçon culotté. Il devait avoir entre 10 et 12 ans, et devait être en bonne santé, vu comment il gesticulait sur le dos du cheval : Il faisait tourner ses bras dans tous les sens, et semblait manier une arme invisible !

« Mais que fais-tu ? lui demanda Mélusine en arrivant à son niveau. »

Concentré par son combat imaginaire, le jeune garçon n’avait pas vu les propriétaires des équidés arrivés. Effrayé, il faillit tomber de selle, mais se rattrapa de justesse ! Il regarda d’abord Mélusine, puis Ephrem. Il écarquilla les yeux, et se laissa glisser au sol.

« Mazette ! C’est toi ! dit simplement le jeune garçon en fixant Ephrem, avec des étoiles dans les yeux. »

— Vous vous connaissez ? demanda Mélusine en regardant alternativement son frère et le drôle de petit garçon.

— Non ! s’exclama Ephrem. Je ne l’ai jamais vu.

Le garçon n’avait pas répondu, et continuait à fixer Ephrem comme s’il n’avait jamais rien vu de plus beau. L’Elfe, exaspérait, claqua des doigts devant les yeux du jeune homme.

« J’ai posé une question et j’aimerais avoir une réponse mon petit. »

— Mon petit ! répéta le garçon, vexé, en portant enfin attention à Mélusine. Je ne suis pas petit, je n’ai juste pas fini ma croissance, c’est tout. Et ce sera Nicolin pour toi !

— Mais pour qui te prends-tu ! répondit Mélusine, vexée à son tour.

Une dispute, dont Ephrem était exclu, avait débuté. Quand ce dernier décida enfin de s’en mêler pour y mettre fin, il se sentit défaillir. Tout devint flou autour de lui, et il se sentit partir en arrière.

« … ne suis pas une vielle bique, petit… »

— … grand un jour, et…

— … tu n’es qu’un…, furent les derniers mots que le champion fatigué entendit avant de perdre connaissance.

           

Ephrem se réveillait lentement, et les cris de dispute qui lui parvenait semblaient venir de très loin. Son corps, en plus d’être lourd, le faisait souffrir le martyre ! Ses yeux s’ouvraient doucement et une douce lumière provenant d’un feu de cheminée illuminée les ténèbres. Il entendit une voix fatiguée interpeller Mélusine et Nicolin :

« Les enfants, arrêtait votre querelle d’amoureux, il est réveillé ! »

            Ephrem entendit qu’on accourait vers lui, puis sentit des mains se poser un peu partout.

« Qu’est-ce que vous faites ? demanda-t-il avec difficulté. »

— Je vérifie que tu n’as aucune blessure, répondit Mélusine… Et toi, questionna-t-elle en remarquant les mains de Nicolin sur Ephrem, tu veux bien m’expliquer ce que tu es en train de faire ?

— Ben, je suis en train de toucher mon héros !

— Ton héros ! s’exclamèrent Ephrem et Mélusine d’une même voix.

            Un vieil homme, qui apparaissait maintenant dans le champ de vision d’Ephrem, riait aux éclats. Il avait une longue barbe blanche emmêlée qui basculait de droite à gauche à chaque pas de l’ancêtre. Son visage ridé et jovial était parsemé de taches sombres. Il se dégageait du vieil homme quelque chose de lumineux. De chaleureux !

« Bonjour mon glaçon, salua l’homme en même temps qu’il riait. »

Ephrem et Mélusine n’étaient pas sûrs d’avoir compris…

« Glaçon ! répétèrent-ils. »

            — Hé, papy, arrête avec tes sales…, commença Nicolin avant d’être coupé :

— Mes salades !

À ces mots, le vieil homme se jeta sur Ephrem et lui donna des tapes sur l’épaule. Celui-ci regarda Mélusine, qui semblait tout aussi mal à l’aise que lui.

— J’allais dire, tes sales blagues. Ils ne font rire que toi !

— Un peu de respect pour ton papy mon grand !

            Encore une fois, Ephrem assisté à un échange dont il était totalement exclu. Mélusine l’observait, et décida d’interrompre le papy et son petit-fils.

« Merci pour votre hospitalité grand-père. Et merci à toi petit… je veux dire Nicolin, pour m’avoir aidé à emmener Ephrem jusqu’ici. D’ailleurs, continua-t-elle à l’adresse de son frère, nous sommes ici chez Monsieur Ullin, grand-père de Nicolin, que tu connais maintenant. C’est lui qui s’était hissé sur l’un de nos chevaux. »

— Vous pouvez m’appeler Ullin voyons.

Toujours allonger sur le dos, Ephrem observa tour à tour chaque personne autour de lui, et demanda ce qu’il lui était arrivé. Mélusine lui raconta dans les grandes lignes, et supposa à juste titre qu’il n’avait pas su gérer toutes ses émotions. Et le responsable de ses douleurs musculaires était le manque d’exercice, tout simplement. Il avait besoin de repos !

Mélusine devait parler de chose importante avec son frère, mais vu son état, l’heure tardive, et qu’ils n’étaient pas seuls, elle décida qu’il serait plus raisonnable d’attendre le lendemain. Elle avait également des questions à poser à Nicolin, mais cela attendrait demain, pensa-t-elle.

Ullin avait disposé des vieux vêtements sur le sol pour lui (malgré le désaccord de Mélusine) et pour Nicolin, et avait fait de son mieux pour proposer un lit propre à sa belle invitée. Quant à Ephrem, il était resté allonger là où il était, c’est-à-dire dans le lit de Nicolin (ce qui fit extrêmement plaisir au jeune garçon). À peine s’étaient-ils souhaités bonne nuit, qu’Ephrem tomba dans un étrange rêve, rempli de lumière, de voix, de magie… et de « Maître » ! Mais à son réveil, il ne s’en souviendrait pas.

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