Cher Gilles,
J’espère de tout cœur que tu vas bien. J’ai pu recevoir un peu de tes nouvelles par le biais de ton frère, ta belle-sœur et tes nièces. Leur petite famille a visité la maison à plusieurs occasions ces derniers temps. En effet, ton frère s’est lancé il y a quelques semaines dans la construction d’un fauteuil roulant pour Hermine. Tu connais ma cousine, une belle chaise montée sur roues n’aurait pas suffi : il lui fallait un moyen de se mouvoir sans se fatiguer, mais sans avoir non plus à restreindre drastiquement le cercle de ses déplacements.
Le résultat a été loin de la décevoir : c’est une pure merveille de solidité, mais aussi de légèreté. Lorsqu’elle aura un peu retrouvé des forces (et je suis sûre que cela ne saurait tarder maintenant qu’elle cessera de s’épuiser en allant à droite à gauche), Hermine pourra faire rouler le fauteuil à la force de ses bras. En attendant, Léon se fait un plaisir de pousser la chaise, il assure que c’est bien moins épuisant que de chercher où son épouse a disparu dès qu’il cligne des paupières. Enfin, tu seras charmé d’apprendre que non content d’être efficace, cet engin est également fort esthétique. En plus du talent de ton frère dans sa conception, la nouvelle génération a apporté son humble participation. Tandis que Mouska a eu pour tâche de pyrograver le bois qui agrémente la structure métallique, le coussin du siège a été brodé par les mains dextres de Prime. Ta nièce a tellement grandi, cela m’a fait drôle de la revoir et de discuter avec elle. J’ai l’impression que c’était la nuit dernière qu’elle venait au monde et que nous restions tous les deux à parler des heures durant, seuls dans la maison. Les choses ont bien changé depuis, l’Orée des Embruns n’a jamais été aussi habitée qu’aujourd’hui.
Mouska est adulte maintenant, mais ne fait pas mine de vouloir vivre ailleurs qu’ici. Léon et Hermine sont partis pour vieillir avec moi, ce dont je me réjouis, malgré les circonstances qui les ont amenés à revenir. Manuela et Leslie, les parents de Léon, occupent toujours la petite maison voisine qui leur tient surtout lieu de chambre, puisqu’ils prennent tous leurs repas avec nous. Il en va de même pour l’infirmier que la docteure du bourg a assigné à ma cousine. Il visite Hermine tous les jours, et en profite pour s’inquiéter très généreusement de l’état de Leslie et Manuela. C’est un jeune homme un peu maladroit, mon service d’assiettes en témoignera, mais heureusement très capable lorsqu’il s’agit de s’occuper de ses patients. Il s’appelle Nicholas, je crois que tu l’aimerais bien. Ne va pas croire que j’utilise cette pauvre âme comme appât pour t’attirer par ici, je n’en suis pas encore réduit à de telles extrémités. De toute manière, si tu t’es autant rabougri que moi, il ne voudra jamais de toi. Ta plus jeune nièce m’a d’ailleurs assuré que tu étais « devenu un grand-père ». Comme je doute que tu aies eu une descendance qui te vaille ce titre, et sans m’en faire part qui plus est, j’en conclus que ta barbe et tes cheveux ont continué de grisonner, voire même peut-être ont commencé à vraiment blanchir. Peut-être que si tu te décide un jour à venir me rendre visite, je ne serai pas contraint de formuler mes hypothèses sur les dires d’une petite fille de cinq ans.
D’ailleurs, avant que cette Rose bavarde ne rapporte des choses à mon sujet la prochaine fois que leur famille traverse la mer pour te voir, j’ai quelque chose à t’annoncer moi-même. Tu as gagné ton pari : j’ai adopté le mois dernier un troisième chien. Bosco se fait vieux, il ne quitte plus la maison. Mouska craignait que Gaillard se sente seul lorsque l’heure serait venue, alors nous avons décidé d’accueillir sans attendre un nouveau compagnon de jeu auquel il pourrait s’attacher. L’heureux élu s’appelle Ballast, et c’est un bouvier bernois comme Gaillard. Heureusement que Mouska est là pour se charger de l’éduquer, de jouer avec lui et de réparer ses bêtises, car je n’aurais pas eu le courage de m’en charger. Mais même si ce n’est pas vraiment moi qui m’en occupe, je ne peux t’enlever cette victoire. Il m’est impossible en revanche de me rappeler l’enjeu de notre pari. S’il m’est possible de l’honorer à distance, je m’en ferais un plaisir, et sinon j’attendrais que tu te présente à ma porte.
J’ai l’impression d’être ma cousine à glisser sans aucune subtilité mille raisons pour toi de revenir. Le fait est que bien que n’ayant jamais été aussi entouré, je me retrouve à regretter notre vieille amitié. Je n’ignore pas les raisons qui t’ont poussé à partir. Je ne m’attends donc pas à un retour définitif, car après tout, rien n’a changé, sauf si de ton côté le temps a pu adoucir le sentiment qui te faisait souffrir. J’ai l’audace cependant d’espérer que l’on puisse couper la poire en deux : cela me ferait immensément plaisir de te revoir, même pour une courte durée.
Je suis navré si ma sollicitation te cause de la peine de quelque façon que ce soit. Ce n’est nullement dans mon intention de réveiller d’anciennes blessures, au contraire, je voudrais retrouver les moments heureux que nous avons partagés. J’espère que tu partage cette envie, et dans le cas contraire, je comprendrais aussi et saurai m’en accommoder.
Je te souhaite le meilleur,
Ton ami
Basile
J'aime beaucoup cette lettre et cet appel à un vieil ami, c'est très chouette, bien dans le ton que prennent les missives au fur et à mesure : nostalgique mais en même temps très doux.
Aaah Mouska adulte ! C'est vrai que jai vraiment été avare sur les descriptions à ce niveau là > < J'essaierai de me rattraper dans d'autres textes ! (ou avec des dessins huhu)
Merci merci pour ton retour tout aussi doux <3
Ohh Gilles ! Je m'attendais pas du tout à lui, mais c'est vraiment cool ! 😄
Je trouve ça trop chou, que Mouska, Prime et le frère de Gilles aient unis leurs compétences pour fabriquer un fauteuil roulant pour Hermine ! ^^
Et le passage sur le grand-père xDDD
J'en étais sûûûûûûre, que Gilles kiffait Basile !! 😏 Et, même si je n'aurais pas été contre un peu de romance évidemment, je trouve ça cool aussi que Basile soit resté "lui-même", "seul" ^^
Bref, encore une jolie lettre ! La fin approche... T-T
• "et sinon j’attendrais que tu te présente à ma porte." → présentes
• "J’espère que tu partage cette envie, et dans le cas contraire" → là aussi, un pitit s, "partages" ^^
Bah je m'y attendais pas non plus haha, j'ai buggé un certain temps avant de savoir quoi écrire pour qui de la part de qui XD
Ouuii, même un peu trop, il a eu du mal à décrocher notre petit Gilles T^T Aaah je suis contente d'avoir ton approbation malgré la mort de cette romance éventuelle haha <3
Merci merci pour cet énième retour, j'adore ^^
(et merci pour les petites coquilles, hihi j'ai un peu de mal avec la 2ème personne du sg ^^")