28. Souris

Journal de Bord d’une aventurière casanière

- ou "comment donner un air palpitant à de la simple prise de notes en vue d’écrire des histoires".

Note : interdiction formelle de s’appesantir & nul besoin de relever les dates

Aujourd’hui je me suis enfin décidée à écrire des histoires pour enfants même si mon corps fragile n’en mettra jamais au monde. Je ne veux pas commencer par rédiger de grandes épopées inspirées de mes voyages. Pour le moment, j’ai dans l’idée de m’essayer à de brefs récits. Peut-être que je pourrais même les mettre en musique.

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Aujourd’hui, les flammes de la cheminée ont dansé au rythme du piano. Les chiens dormaient blottis contre Mouska. Près de notre immense métamorphe, Gaillard donne l’impression d’être un chiot et Ballast une peluche.

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Aujourd’hui, Léon m’a coiffée. Mon chignon a l’air d’un porc-épic mais je me sens belle.

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Aujourd’hui nous avons lavé puis étendu la literie de toutes les chambres. La maison a semblé accueillir un grand bal de fantômes.

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Aujourd’hui Mouska a abrité dans ses mains une souris prisonnière entre les griffes du chat. L’écrin de ces grandes paumes a dû lui faire un drôle d’effet. Elle n’a probablement rien compris à ce qu’il se passait. A moins que l’odeur de Mouska lui soit familière, ou que les miaulements du matou vexé l’aient assez informé de la situation. Ce serait amusant de suivre les aventures d’une créature aussi petite et douée d’une intelligence plus vive qu’on ne croit.

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Aujourd’hui j’ai réalisé que le mot « souris » et le verbe « sourire » étaient bien trop proches pour que je ne m’en amuse pas. J’ai donc pioché dans mes notions éparpillées de langues étrangères pour trouver trois prénoms auxquels je suis déjà déraisonnablement attachée : Smile (anglais), Muskaan (hindi) et Sorriso (portugais).

Hormis à Léon qui m’écoute me murmurer des choses à moi-même, je n’ose pas encore partager mes idées. Je crains qu’elles ne se révèlent pas aussi bonnes à voix haute qu’énoncées dans ce carnet.

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Aujourd’hui j’ai commencé à écrire l’histoire de mes trois souris. Même quand je n’ai pas la plume dans la main, j’imagine ce à quoi doit ressembler chaque recoin de la maison à travers leurs yeux. Ce n’est décidemment pas pour rien que le mot « imagination » abrite son lot de magie.

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Aujourd’hui Basile a lu mon premier conte achevé et cette lecture lui a beaucoup plu. J’en suis plus émue que je ne l’aurais cru. Cela m’a donné le courage de retranscrire sur une partition la mélodie qui me trotte depuis quelques jours dans la tête pour accompagner mes souris dans leurs aventures.

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Aujourd’hui je n’ai pas le temps d’écrire ici toutes les idées qui me passent par la tête. Je préfère aller rédiger tout de suite.

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Aujourd’hui j’ai terminé la vingt-huitième petite aventure de mes petites souris. Elles sont bien plus nombreuses qu’au début. Il faut dire que Muskaan a mis au monde une belle ribambelle de souriceaux. Cela m’attriste un peu de les laisser après avoir passé tant de temps en leur compagnie, mais j’aimerais mettre au monde d’autres idées toutes aussi charmantes les unes que les autres. Léon m’a presque suppliée de lui écrire un conte sur le thème du Solstice d’hiver. Je n’arrive pas à m’enlever de la tête que Smile, Muskaan, Sorriso et tous leurs amis seraient enchantés de fêter à leur manière cette fin d’année. Je crois que je vais finalement m’accorder un dernier récit en leur compagnie.