Elle est là, sous la pluie. Cheveux plaqués sur son visage. Vêtements qui dégoulinent. Sourire destiné au ciel gris. Elle est seule dans cette rue trempée, mais ne semble pas s’en formaliser. Elle danse entre les gouttes. Écouteurs dans les oreilles ? Je ne crois pas. Elle entend la joie, la mélodie d’être vivante. D’être heureuse.
Elle valse dans l’averse, profite des gouttelettes tant qu’il en est encore temps. Je l’admire pour ça : aimer l’instant, sans penser aux blessures du passé, aux incertitudes de l’avenir. En ce moment, la seule chose qui me préoccupe, c’est qu’elle va attraper un rhume. Mais ça ne semble pas l’inquiéter. Elle danse, danse, danse, jusqu’à s’oublier, jusqu’à ne faire qu’un avec l’eau, le vent.
Elle baisse les yeux vers moi, rieurs. Me tend la main. J’hésite. Son insouciance m’attire. Sa joie me fascine. Son sourire me séduit. Je franchis un pas, puis l’autre. Et si je tombe malade ? Oh, et puis, zut. Un rhume, ça passe vite. Cet instant sous l’averse, lui, par contre, restera toute ma vie.