28 - Berceuse de décembre

On contemple tous le sapin en silence. Il est grand, juste assez pour que l’étoile effleure le plafond. Les bougies sont allumées, éclairent à peine les boules dépareillées, le piano de bois, le fauteuil à bascule. C’est un calme religieux, on attend. On profite de la magie du petit matin, du seul jour de l’année où on est vraiment ensemble.

Puis ma sœur ouvre la bouche et entonne le premier chant. C’est toujours elle qui commence ; je ne me souviens pas d’un Noël sans cette tradition… Je ne sais même pas comment ils faisaient, avant sa naissance.

Une note, puis l’autre. Là-haut, tout là-haut. C’est une soprano. Chaque fois que je l’entends, mon esprit semble s’échapper pour se remplir de la musique. Et toujours la même mélodie, le matin du 25 décembre. Une berceuse dont j’ignore et le nom, et le compositeur.

Ma mère rejoint ma sœur, une tierce plus bas. C’est un son cristallin, c’est beau. Si beau que j’en oublie presque de chanter. Je mêle ma voix aux leurs, bientôt suivie par celles de mon père et de mon frère. La musique reste douce, tendre, rassurante. C’est la berceuse que chantait ma mère pour nous endormir la veille de Noël, alors qu’on attendait les anges et le traîneau du Père Noël.

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