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10 janvier 2020
Frankie se serait sermonnée si elle ne se méfiait pas autant des monologueurs que des espions aux fenêtres : deux comportements dignes des complotistes les plus maboules, de son point de vue. Pourtant, dissimulée derrière le store vénitien, elle ne parvient ni à décoller le museau de la vitre ni à chasser la désagréable sensation de malaise qui s’est emparée d’elle en découvrant cet homme plongé dans l’ombre d’une ruelle.
Il doit attendre quelqu’un, songe-t-elle raisonnablement. Derrière les poubelles, d’accord… Il a peut-être perdu quelque chose.
Sa silhouette mince recule quand un couple passe sur le trottoir croûté de neige noircie ; pendant quelques instants, la lueur du réverbère n’éclaire plus que les panaches de sa respiration condensée.
Bon, OK, c’est un stalker. Mais c’est pas forcément moi qu’il stalke. Donc tout va bien.
— Arrête, grogne Frankie entre ses dents, autant pour lui que pour elle. Arrête ça tout de suite.
Elle s’écarte au prix d’un énorme effort, abandonnant au passage la tiédeur confortable que le radiateur soufflait sur ses cuisses et son ventre. Un frisson l’ébranle toute entière et Frankie enfouit le nez dans les grosses mailles de son écharpe préférée, que l’hiver alpin et l’isolation thermique dépassée la forcent à porter même en intérieur.
C’est à Grenoble que le scepticisme européen a émergé, sous sa forme institutionnalisée du moins. D’abord constitué en association méconnue, l’Observatoire zététique a pris de l’ampleur à l’époque de la prolifération des fake news : certains décideurs découvraient alors que les enquêteurs de l’Oz disposaient d’outils et de méthodes utiles, pour ne pas dire nécessaires. Après ça, la publicité et les financements lui a offert juste assez de moyens pour prendre son envol et son indépendance, jusqu’à s’affirmer comme l’une des plus importantes ONG internationales.
L’Oz a hésité à s’implanter au cœur du très reluisant « Polygone scientifique » développé sur la Presqu’île, au nord-ouest de la ville. Un vaste projet d’aménagement urbain avait attiré tous les plus gros labos et les nouvelles antennes des facs de sciences sur cette bande de terre ceinte entre l’Isère et le Drac, jadis aussi triste qu’un terrain vague. Une extension de tram et quelques démonstrations architecturales discutables plus tard, c’est devenu the place to be.
L’observatoire aurait pu profiter de l’effervescence du quartier, des infrastructures dernier cri et du matériel mutualisé, mais la direction a très justement fait remarquer que la zététique, si elle repose sur une démarche scientifique, ne se cantonne pas aux sciences dures. Grenoble étant bien connue pour ses pôles d’étude essaimés – géographie au sud, psycho à l’est – l’Oz a finalement opté pour une situation centrale, proche du nœud des transports en commun et surtout de la gare, facilitant grandement les déplacements de ses agents et de ses invités.
Frankie se demande parfois si des types bizarres seraient venus camper sous les fenêtres de leur bâtiment Très Haute Qualité Environnementale super-intelligent et bien chauffé s’ils avaient élu domicile sur la Presqu’île. Sans doute les architectes auraient-ils songé à faire installer un système de détection anti-squatteurs.
Frigorifiée et hantée malgré elle par l’image persistante de cet homme embusqué, Frankie se rassoit à sa table, disposée de manière à garder un œil sur le paysage tout en faisant face à la porte. Cette configuration permet deux choses essentielles : la rêverie sentimentale imitant la réflexion intense et l’exploration de Twitter imitant la recherche effrénée. Frankie partage les locaux avec un autre aspirant – trop chevronné pour être encore relégué au rang de stagiaire, mais pas encore tout à fait mûr pour enquêter en solo –, déjà enfui à cette heure. L’hiver résume les jours à une vague lueur crachée par les montagnes vers midi, difficile alors de ne pas calquer son rythme de travail sur la nature.
Frankie n’est pas particulièrement zélée ; elle crève d’envie de retrouver son lit et d’hiberner, elle aussi, mais son foutu papier avance aussi vite qu’un Parisien sous trois centimètres de neige et elle n’aura bientôt plus le luxe de lambiner : l’absence de Kas lui a certes octroyé un sursis, mais ils ont promis aux grands pontes de livrer un rapport de leurs longues excursions américaines avant le dégel, et Frankie devra honorer leur pacte avec ou sans l’aide de son superviseur. Un pacte rémunéré, d’ailleurs ; voilà qui constitue sa motivation principale.
La rédaction elle-même pourrait s’avérer passionnante si les trois expériences succédant au Vortex de l’Oregon – Santa Cruz, Sedona et Mount Shasta – n’avaient pas été aussi décevantes que la première. Kas a été appelé vers d’autres horizons avant leur retour au bercail à l’été 2019 et Frankie a écopé du rôle de scribe qui, avec le recul, ressemble davantage à un traquenard qu’à un honneur.
Frankie envisage de se préparer une quatrième tasse de café avant de replonger dans une bulle de concentration musicale quand le petit ping de sa boîte de réception lui offre un prétexte inespéré pour procrastiner davantage. Non sans une pointe de culpabilité, elle réduit la fenêtre de prise de notes et de traitement de texte en priant pour voir s’afficher l’intitulé « Validation de demande de transfert » en tête du courrier.
Frankie espère pouvoir bientôt déménager vers l’une des succursales méridionales de l’Oz, à Marseille ou Montpellier : elle en a marre de se décongeler les doigts de pied au bain-marie après chaque expédition à l’extérieur. Elle rêve de la mer, de la plage et des cigales ; ça lui rappellera ses vacances d’enfant – même si elle ne s’aventurera jamais à confondre provençaux et catalans devant les concernés – et peut-être que ça rendra le boulot plus…
Elle cesse de respirer.
Chère Mrs McKenna,
Nous vous contactons aujourd’hui pour vous soumettre une proposition de mission (détails en PJ) qui, selon nous, rentre tout à fait dans vos cordes de cryptogéographe. Malgré votre formation encore inachevée, nous serions tout disposés à vous confier cette tâche, vos travaux préliminaires et le témoignage de Mr Szymankiewicz nous rassurant pleinement quant à vos compétences.
Prenez le temps de consulter les éléments de la mission susmentionnée avant de nous faire part de votre réponse.
Amicalement,
La direction.
P.S. : Quand vous aurez cinq minutes, cliquez sur ce lien.
Par réflexe, encore incapable d’assimiler ce qu’elle a lu, Frankie obéit à la dernière injonction. Son navigateur ouvre un nouvel onglet et affiche un célèbre meme d’un Keanu Reeves échevelé et visiblement choqué, sous-titré en lettres capitales « Et si les chats avaient leur propre Internet, et qu’il était plein de photos de nous ? ».
Mais les petites blagues de la direction ne suffisent plus à la distraire de l’inévitable terreur qui commence à la submerger : Frankie ne peut pas prendre la responsabilité d’une mission entière, il y a erreur sur la personne, erreur sur la stagiaire. Il faut qu’elle trouve un moyen de se dépêtrer de cette affaire.
Elle ne veut pas réclamer d’explications par mail et risquer de laisser des traces de son terrible syndrome de l’imposteur, mais elle ne sait pas qui confronter de visu pour discuter de cette demande et de ses soi-disant « compétences » largement surévaluées. Quand on les interroge à la machine à café pour découvrir l’auteur du dernier courrier, toujours conclu par une vidéo de gag affligeant ou par un cliché de mouton coiffé d’un chapeau en alu, les référents de l’Oz répondent systématiquement « Pas moi » avant de rifougnier dans leur cappuccino.
« La direction » est ainsi devenue une entité informe et farceuse, un genre d’hydre à gros nez rouges qui apporte toutes les réponses et tout le soutien nécessaires pour peu qu’on sache à quelle tête s’adresser.
Si Kas était là, Frankie pourrait s’en remettre à lui pour l’éclairer ; mais si Kas était là, le problème initial ne se serait jamais posé : ils auraient étudié le dossier ensemble et accepté la mission ensemble si elle leur convenait.
Frankie déroule le fil de correspondances échangées avec son mentor. Les derniers messages sont restés sans réponse – des invitations à lire et commenter les versions actualisées de leur article, pour la plupart, écrites sur un ton glissant de la désinvolture à la supplique à mesure que le silence de Kas s’est éternisé. Frankie a connu un sursaut d’espoir en recevant une alerte juste après Noël ; espoir bien vite ratatiné lorsqu’elle s’est aperçu que la contribution de Kas se limitait à un gif de chatons habillés de pulls à motifs et de bonnets à pompons. Embrigadé par la direction ?
À plusieurs reprises, Frankie a hésité à le contacter sur son numéro perso, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il est toujours en vie. Il lui semble que le cas présent justifierait également une entorse aux règles tacites établies entre les membres de l’Oz, mais maintenant qu’elle tient le pouce au-dessus de la touche d’appel de son portable, Frankie se sent totalement ridicule.
N’est-ce pas pour remplir des missions qu’elle s’est investie au sein de l’observatoire ? Une simple commission la sépare de sa titularisation, et tous les collègues qui ont accepté de réviser son article à la place de Kas s’accordent à dire qu’il ne s’agira pour elle que d’une formalité.
Elle lâche son téléphone, revient au mail et ouvre la pièce jointe. Plusieurs pages de dossier préliminaire rassemblent la demande d’enquête officielle adressée à l’Oz par une compagnie baptisée « Paracific Cruises », ainsi qu’une dizaine de coupures de presse relatant le même fait-divers : un mystérieux accident qui a fait la une dix jours plus tôt avant de fondre sous les menaces de troisième guerre mondiale et les images de catastrophes climatiques. Toujours non élucidé à ce jour.
Frankie se sert une quatrième tasse de café et charge un nouveau classeur de notes qu’elle titre « Disparition du Kahana ».
→ J'aime beaucoup Frankie et son syndrome de l'imposteur et le fait qu'elle y aille quand même.
→ C'est marrant : ton style donne l'impression que c'est si facile d'écrire, parce que c'est à la fois précis et ludique je pense.
Quoi qu'il en soit, c'est un chapitre plutôt sympathique à lire. J'ai vraiment hâte de découvrir la suite ! :-)
C'est effectivement pas du tout le même rythme du côté de Frankie, ce qui est une de mes grandes interrogations dans cette partie. En tout cas je suis soulagée si on peut compatir et s'investir dans ce qui lui arrive aussi.
Mais je ne dirai rien sur le stalker :p
Merci pour tout !
C’est bien de voir ses doutes, son sentiment d’imposture, ce qui n’est pas tellement étonnant dans ce genre de boulot, ou le doute paraît partout présent.
J’ai été un peu surprise par le changement de temps, est-ce pour montrer que tout cela se passe maintenant, au contraire de ce qui précède ? Je suis un chouia sceptique sur ce choix pour le moment, je me suis demandée pourquoi l’avoir fait ?
Il va y avoir pas mal d'allers-retours entre passé et présent et je trouvais assez intéressant de le marquer dans le temps employé. N'hésite pas à me dire si tu trouves ça trop perturbant !
Merci tout plein !
Je n'ai absolument rien à redire sur le fond comme sur la forme, au fil des chapitres, ton écriture et ton histoire restent tout autant agréable à lire, et ta narration est parfaitement maîtrisée.
Et félicitations, tu nous maintiens encore et toujours en haleine :)
Toujours plus intrigant encore ! J'aime beaucoup l'ambiance que tu poses et le caractère procrastinateur de Frankie ^^
Ca y est la voilà partie sur la disparition du Kahana !! :D
Tiens mes réactions au fil de la lecture ;) :
Waw, je suis allée regarder sur internet, mais en fait l'Observatoire zététique existe vraiment :O
Je suis encore plus hypée !! Je trouve ça incroyable xD
"Une extension de tram et quelques démonstrations architecturales discutables plus tard, c’est devenu the place to be."
-> LOL, mais tellement ! (Oui parce qu'en plus, je connais un peu Grenoble, et ça aussi ça me hype xDD)
"mais son foutu papier avance aussi vite qu’un Parisien sous trois centimètres de neige"
-> ça aussi, ça m'a fait rire xD (parce que j'habite la région parisienne, oui tu sauras tout de ma vie, j'y peux rien si je m'identifie à tout ce que tu racontes hein ! ;P)
Bisous !
Je suis très heureuse que Frankie te plaise, jusque-là (elle aura pas l'occasion de procrastiner longtemps, par contre, la pauvre...)
Et oui, l'observatoire existe ! Mais je l'ai largement agrandi (actuellement, c'est "seulement" une association, avec assez peu de membres) et je l'ai déplacé de quelques centaines de mètres - pour éviter les plaintes pour diffamation x'D Cela dit ils font des tas de trucs hyper intéressants et ça m'a beaucoup aidée de pouvoir me baser sur leurs travaux.
Haha, on partage donc le même avis sur la Presqu'île :p Bon je suis un peu raide, y a quelques immeubles innovants, et d'autres qui le sont peut-être aussi mais tellement moches que j'ai pas osé me pencher sur leur cas xD
Et le principal plaisir des Grenoblois c'est de se moquer des Parisiens, alors Frankie s'adapte ! (et puis ça me faisait ricaner huhuhu).
Merci encore pour ta lecture ! J'espère que la suite te plaira :D
"Kas avait été appelé vers d’autres horizons avant leur retour au bercail à l’été 2019 et Frankie avait écopé du rôle de scribe qui, avec le recul, ressemble davantage à un traquenard qu’à un honneur."
qui devrait être aussi au passé composé... sauf si tu considères que c'est "avant le retour au bercail", mais comme tu ne fais que citer ce repère temporel sans en faire un point temporel de narration, je pense qu'il faudrait mettre au passé composé. Pareil, du coup, avec le passage d'avant. C'est un peu flottant comme règle, surtout parce qu'on n'est pas habitué au présent dans la narration, et je ne suis pas sûre de moi, mais je donnerai encore deux (pseudo) arguments : aie confiance en mon intuition de prof de français (non je déconne, mais le deuxième est plus sérieux : ) là en lisant, j'avais justement le sentiment que tu avais écrit au passé à la base puis tout remis au présent, et ça gêne un peu la fluidité (alors que le reste est impeccable). Voilà, après, à toi la barque !
Bon sinon : GREEEE <3 HIHIHI. Trop rigolo de voir tous ces endroits évoqués ! C'est tout près de chez moi en plus, et on passe par là en voiture xD je plussoie les critiques voilées sur l'architecture discutable de ces hauts lieux scientifiques. C'est vrai que l'Oz est tout près de la gare, du coup ?? C'est ptet pour ça que j'arrête pas de croiser Aurélien Barrau. Bref.
Je retrouve en lisant ça une sensation d'il y a longtemps, quand j'avais lu Deception ^^ je sais pas pourquoi, cette évocation de lieux familiers alors que l'histoire va clairement nous emmener aux quatre coins du globe... Et puis cette Frankie ! C'est top, top, top. Une remarque, par rapport au stalkeur du début, elle avait l'air si perturbée que je me demande si ça vaudrait pas le coup d'y refaire allusion vers la fin (en même temps, avec l'annonce, on peut comprendre qu'elle zappe, mais quand même ! dans sa tête, ça avait l'air grave).
J'adore toutes les touches d'humour et j'admire toute l'efficacité de ta narration, y a rien en trop, c'est vraiment délicieux ! J'aime aussi qu'on soit vite fixés sur le lien entre le chapitre d'avant et celui-ci (même si tu mentionnais les McKenna, ce qui était habile pour qu'on perde pas de vue que les persos se sont connus). Une histoire qui commence aussi énergiquement, ça m'inspire confiance parce que je me dis que l'autrice a un vrai truc à raconter, une solide intrigue et ne se cache pas derrière des jolies tourbillonnantes (je ne vise personne) xD
Bon je crois que je t'ai lancé les fleurs les plus importantes <3 À vite pour la suite !
Oh mais c'est pas moi qui vais te jeter la pierre x'D Ça me fait déjà plaisir de savoir que tu lis, encore plus que tu apprécies, les commentaires c'est que du bonus !
Ce passage de confusion temporelle, sérieusement, je peux plus le voir en peinture è.é Je crois que je vais attendre d'avoir relu l'histoire en entier (je suis en pleines corrections/élagage) et je reviendrai lui tordre le cou, certainement pour tout passer au passé composé. En tout cas merci, ça m'aide d'avoir vos points de vue dessus parce qu'à force de lire et relire ça a plus le moindre fioutu sens T.T
Héhé oui Grenoble chéri ♥ Alors en fait le vrai OZ est situé à la limite entre Fontaine et Grenoble, juste de l'autre côté du pont où j'habitais avec Claquette ^^ (enfin nous n'habitions pas dans un pont). J'ai pris des libertés en disant que l'Oz avait gagné beaucoup d'ampleur et je l'ai un délocalisé au passage. Mais oui la Presqu'île, hein, ce bijou.......
Ah et c'est marrant ce que tu dis sur Deception ! A la base cette histoire est aussi une fanfiction (trèèèès largement remaniée, mais quand même), y a peut-être un lien xD Je me force un peu parce que je trouve ça difficile de mettre en scène des lieux qu'on connaît bien et qui sont pas du tout, hm, romanesques ? Mais au final j'aime bien le décalage avec la grande histoire et tout ce qu'on y découvre !
Je note pour le stalker ! J'avais peur d'en faire trop, en fait :/ Encore merci pour cette pluie de fleurs ! Et oui, exceptionnellement je savais exactement où j'allais en commençant x'D Mais les intrigues solides peuvent se cacher partout ! En l'occurrence, déjà que celle-là est compliquée, si je me laissais distraire c'était fou-tu.
♥♥♥
Oh d'accord je vois le pont en question, bon ça va ça reste dans le même coin ^^ C'est très cool de mettre en scène des lieux connus, surtout quand ils sont rien de spécialement glamour. J'ai toujours eu envie de faire ça avec mon quartier d'enfance ! Et tu le réussis très bien :D
Concernant le stalker, c'est vrai qu'il y a un risque d'en faire trop. À vrai dire même le moment où elle le voit et gamberge, je trouvais ça un peu beaucoup, mais justement en fait ça m'a fait bizarre que ce soit plus évoqué après. Et je me suis dit que si elle y pensait autant, c'est qu'elle devait avoir une raison qu'on ne connaît pas encore (un quelconque traumatisme ou autre, ça ne m'étonnerait pas de ta part !). Donc là aussi à voir avec la suite, je te redirai !
Courges par milliers
Très de plaisanterie et d'indiscrétions...
Pas grand chose à dire : on en apprend plus sur Frankie et sa façon d'envisager sa vie professionnelle à l'Oz, assez blasée semble-t-il. On sent bien ses doutes et son manque de confiance, aussi. En même temps, le management paraît assez... aléatoire ? XD Du coup, en termes de soutien et de mobilisation des troupes, évidemment, ça laisse à désirer.
Est-ce que le gars des poubelles fait partie de l'intrigue ou n'est-il qu'un élément de décor ?... Je me méfie.
La fin laisse cependant augurer qu'il suffirait de pas grand chose, juste un "vrai" mystère pour que sa motivation décolle. Et si en plus, un de ses proches est pris dans la tourmente, elle va peut-être se transformer en Mulder.
Mais où est Kaz ? Sûrement dans de sales draps, te connaissant !
Ceci dit, c'est un peu de la douce torture, car si le chapitre se lit très bien et apporte des éléments de contexte (avec ton habituelle ironie savoureuse), on a quand même très envie d'être au cœur du bizarre et de l'enquête !
Vivement la suite !
Mon pinaillage habituel :
"C’est à Grenoble que le scepticisme européen a émergé, sous sa forme institutionnalisée du moins [...], facilitant grandement les déplacements de ses agents et de ses invités." : tout ce passage est au plus-que-parfait, mais ton chapitre est au présent. Or, en principe, le plus-que-parfait exprime le passé dans le passé. Pour le passé dans le présent, il faudrait du passé composé. Certes, ça fait bizarre (parce qu'on a l'habitude d'être au passé dans nos histoires), mais à mon sens, ici, le plus-que-parfait n'a pas lieu d'être. D'ailleurs, tu as mis le premier verbe au passé composé ! Il semble qu'ensuite, tu te soies laissée rattrapée par les habitudes ;)
"L’hiver raccourcit les jours à une vague lueur crachée par les montagnes vers midi," : je ne suis pas tout à fait convaincue par la métaphore, parce que "raccourcit" donne une notion de temps qui correspond difficilement à l'idée de luminosité que tu donnes après. Peut-être que "L'hiver résume les jours" serait plus adapté ? Ou "réduit les jours" ? Ou alors "L’hiver raccourcit les jours à l'apparition d'une vague lueur" ?
"mais elle ne sait pas à qui confronter de visu pour discuter de cette demande et de ses soi-disant « compétences » largement surévaluées." : elle ne sait pas qui confronter de visu (et même comme ça, j'ai un doute sur "confronter". Qu'est-ce que tu veux dire exactement ? Interroger ? Détromper ?... Je ne vois pas trop)
"« La direction » est ainsi devenue une entité informe et farceuse, un genre d’hydre à gros nez rouges qui apporte toutes les réponses et tout le soutien nécessaires pour peu qu’on sache à quelle tête s’adresser." : excellent !
A bientôt
Disons que la direction les encourage plus ou moins subtilement à se débrouiller tout seuls xD Frankie a besoin d'un petit coup de pied aux fesses pour réaliser qu'elle peut s'en sortir sans Kas. De là à se transformer en Mulder, il n'y a qu'un petit homme vert (ou gris) :D
Pour le gars des poubelles, évidemment, je resterai muette comme une tombe. Et promis, l'enquête commence tout bientôt !
Ah, alors, ce foutu plus-que-parfait xD Je me demandais si quelqu'un allait tiquer (j'aurais dû me douter que ce serait toi :p). En fait à la base tout était écrit au passé et j'ai décidé après coup de reprendre les chapitres de Frankie au présent. J'avais donc modifié tous les passés composés en plus-que-parfaits, mais ce passage sonnait horriblement faux à mes oreilles et pas moyen de m'y faire.
Il me semblait quand même que le plus-que-parfait était admis dans les récits au présent. Par exemple (que j'ai trouvé en ligne : "Quand je suis arrivé à l'école, les cours avaient déjà commencé". Le temps du récit doit être le présent puisqu'on a du passé composé, mais on utilise quand même le plus-que-parfait pour une action antérieure à celle exprimée au passé composé. Dans mon paragraphe par contre j'imagine que ça devrait être "C’est à Grenoble que le scepticisme européen avait émergé" pour que ce soit plus cohérent.
Vraiment j'en suis à un stade où plus je relis et moins je suis sûre x'D J'ai eu (et continue à avoir) du mal avec ce passage, mais plus tard en prenant le pli du présent je me suis trouvée à devoir utiliser le plus-que-parfait pour signifier une antériorité qui n'existait pas, sinon, sans quoi ça rendait la phrase complètement bancale...
Pour le "confronter" c'est juste une erreur due à un changement de verbe pour éviter une répétition (j'avais écrit "à qui s'adresser"), donc je vais corriger ça tout de suite.
Merci pour ta lecture affûtée et ton commentaire ultra-détaillé ! Contente que ça te plaise toujours, en espérant que la suite sera à la hauteur !
Alors ton exemple m'a permis de comprendre le problème (toi aussi d'ailleurs, si j'en crois ta réponse : "on utilise quand même le plus-que-parfait pour une action antérieure à celle exprimée au passé composé. ").
"Quand je suis arrivé à l'école, les cours avaient déjà commencé" : comme tu le dis bien toi-même, il y a du passé composé. Si le récit est au présent, la proposition "Quand je suis arrivé à l'école" représente un point dans le passé. On a donc du passé dans un récit au présent, qui prend la forme du passé composé. La proposition principale "les cours avaient déjà commencé" est au plus-que parfait parce qu'elle parle de quelque chose qui est encore antérieur à ce point de départ que représente l'arrivée à l'école. On a 3 timelines : le moment où les cours ont commencé (PQP), le moment de l'arrivée à l'école (PC), le présent de l'histoire. D'ailleurs, si tu supprimes une des timelines en fondant en un même moment le présent de l'histoire et l'arrivée à l'école, tu obtiens "Quand j'arrive à l'école, les cours ont déjà commencé". Le PQP disparaît.
Le problème c'est que pour moi, ta chronologie n'est pas tout à fait assez limpide pour savoir combien il y a de timelines et quel événement, parmi ceux que tu relates dans ce passage, fait partie de laquelle. Peut-être que tu devrais rendre les choses un peu plus parlantes en utilisant des repères temporels (genre 20 ans auparavant) et des enchaînements logiques (genre "avant ça" ou "ensuite"). Au moins pour toi, quitte à ne pas les faire apparaître dans ta rédaction.
Bon, tout ça reste du tuning, hein, mais c'est le genre de règles plus ou moins tacites qui m'amusent :)
Ah bon, il y a vraiment un observatoire de zététique à Grenoble ?!
Je suis tout à fait d'accord avec ton analyse et dans ma tête on avait une situation approchante :
• le moment où l'Oz a pris de l'ampleur et hésité concernant l'endroit où installer son QG (PQP) ;
• le moment où il s'est installé en centre-ville (PC) - qui n'est pas vraiment relaté puisqu'en vérité je parle seulement de l'hésitation qui précède l'acte réel de s'installer en centre-ville (je sais pas si je suis claire, mais du coup c'est peut-être cette partie qui pêche) ;
• le présent de l'histoire.
C'est une bonne idée d'utiliser des marqueurs temporels et je pense que je vais reprendre ce dernier passage où les timelines se confondent un peu trop en en glissant un ou deux. Merci pour cette judicieuse suggestion !
Et oui ! Je me demande d'ailleurs s'il faudrait que je réclame l'autorisation de parler d'eux d'une façon plus ou moins détournée (parce que pour ce qui est de la taille du truc et de son ampleur, c'est complètement fictif)...
Ralala, mais c'est trop prenant ! Les mystères, l'intrigue, ce mec qui espionne, l'absence de réponses de Kas, les gifs de beauf d'une direction impersonnelle...
C'est génial... Et ces détails si réalistes à tous les niveaux... le 4e café, la tendance à la procrastination, cette référence au premier chapitre provençal, puis cette chute en lien avec le chapitre précédent... Du grand art !
Bon par contre j'ai été très déstabilisé par le temps. Ce chapitre est au présent alors que les autres étaient au passé, je sais pas si c'est volontaire, mais j'avoue que ça m'a perturbé.
J'ai également repéré, si je ne m'abuse, une erreur, mais pas sûr de moi :
"ne serait-ce que pour s’assurer qu’il est toujours en vie" >> qu'il soit ?
Super chapitre encore, hâte de la suite !
Merci ! :D Je me suis bien éclatée à mettre en place tous ces petits éléments, même si concrètement il ne se passe pas grand-chose dans ce chapitre.
C'est voulu pour les temps, oui ^^ À partir de maintenant, on va alterner entre le passé pour Célestine et le présent pour Frankie, qui se situe au moment le plus avancé de la chronologie. Pour l'instant le décalage entre les deux se compte en une dizaine de jours, mais l'écart va se creuser. J'espère que ça ne te perturbera pas trop par la suite, n'hésite pas à me le signaler sinon !
Pour "s'assurer que" j'ai dû aller vérifier parce que maîtrise aucune règle x'D D'après le lien que j'ai trouvé, c'est bien suivi de l'indicatif, même si je suis d'accord que le subjonctif sonne plus juste.
Merci encore, pour tout ! J'espère que la suite te plaira :D