« — Pourriez-vous me donner un orgasme ?
— Avec plaisir ! »
Elle glissa aussitôt ses mains sous le tschirt de cet homme avide de sexe, et se mit en quête de lui procurer autant de bien-être possible rien qu’à l’aide de ses dix doigts. Son regard quitta cette bosse qui gonflait au fur et à mesure pour accrocher le sien. Une grande surprise se lisait dans ces deux pupilles couleur noisette. Cela lui procura un doux frisson qui naquit sur ses mains et alla s’échouer au creux de son intimité. Un soupir plaisant quitta aussitôt ses lèvres roses tremblantes.
« — MAIS QUE FAITES VOUS MADEMOISELLE ?! »
Une voix acariâtre tonitrua à l’autre bout du hall, faisant sursauter bon nombre des patients présents. Certains en poussèrent des cris affolés, pour d’autres ça déclencha une crise d’hystérie. Amanda se redressa, quittant à regret cette verge si fièrement dressée. Et dire qu’elle fut sur le point d’honorer sa demande; à une poignée de secondes près. Sa directrice s'abattit sur elle tel un vautour en quête d’une délicieuse proie.
« — ET VOUS, QU’AVEZ VOUS OSÉ DEMANDÉ À L'INFIRMIÈRE ? »
Le patient d’une vingtaine d’années piqua un fard et s’exprima d’une si petite voix que seule la bonne femme au chignon strict et talons aiguilles pu entendre. Sa colère décrut aussitôt, laissant place à la stupéfaction. Sans dire un mot, la directrice entra dans le box devant lequel les patients attendaient leur tour depuis tout à l’heure. En quelques clics, elle consulta le fichier de la caméra de surveillance - qui permettait de voir et d’entendre ce qui a pu se passer. En revenant près de l’attroupement elle posa une main sur son épaule dans un geste bienveillant, et regarda sa collègue avec beaucoup de sévérité.
« — Qu’avez vous à dire pour votre défense, Mademoiselle Pilares ?
— Il m’a demandé un orgasme, j’étais sur le point de lui donner au moment où v….
— Il a explicitement demandé un escitalopram.
— Mais non, j’ai bien… J’ai bien entendu orgasme…
— La caméra ne ment pas. Regardez par vous-même. »
Elle lui tendit la tablette de service, et appuya sur play. On vit à l’écran le jeune homme s’approcher à petit pas, se grattant régulièrement à travers sa blouse médicale. Il posa une main sur le comptoir, et s’exprima clairement : “ Pourriez-vous me donner un escitalopram ? “. On entendit la réponse très enjouée d’Amanda, qui sortit du box et se dirigeait sous son vêtement pour procéder à sa petite manœuvre intime. Le patient n’osait bouger, l’air choqué.
Quelques jours après cette affaire, Amanda fut convoquée dans le bureau de la direction de l’établissement. On lui laissait le choix : soit partir d’elle-même en silence, sans faire de remous ni réclamer quelques pénalités salariales; soit refuser d’obtempérer et alors les forces de l’ordre seront forcément mises au courant de ces différentes dernières années. Parce que bien entendu cet attouchement n’était pas le premier depuis son arrivée. Mais voilà qu’on avait réussi à la piéger avec cette foutue caméra. Jusqu’ici ce n’était que soupçons et ragots, qu’elle avait superbement ignoré. Ce délai pour pouvoir la renvoyer de la sorte se justifiait par la lenteur exaspérante de l'administration.
Plusieurs des patients avaient eu recours à ses services, et pas un ni pas une ne s’en plaignaient jusqu’alors. Après tout, son père lui avait toujours affirmé qu’elle avait des doigts de fée depuis sa tendre enfance. Cette jolie observation de sa part ce soir d’hiver, tous deux blottis dans son lit d’enfant parce que le chauffage était étrangement tombé en panne, l’avait marqué au fer rouge. Oui, un pouvoir spécial coulait entre ses mains. Ce serait un gâchis de ne pas l’utiliser après tout. Une joie de partager, une joie d’offrir, une joie de donner sans retour.
Alors, l’infirmière vida son bureau en même temps que son dernier spasme d’extase. Puis, s’en alla sans même se retourner. L’établissement ne méritait sûrement pas sa présence. Il lui fallait un endroit à la hauteur de ses facultés merveilleuses. Durant des semaines et des semaines elle chercha sans relâche. Hôpital ? Trop surchargé. Clinique privée ? Trop snob. C’est une fin de journée après un autre de ces moments de détente jouissif qu’Amanda trouva ce qui deviendra son refuge, le vrai, celui qui l’attendait depuis toutes ses années.
Le service de Psychiatrie 3 - Unité Barbe Bleue du C.H.U de BONNEGARDE. Avantages ? C’est dans une toute autre ville, là où personne ne la connaît. La psychiatrie c’est son domaine depuis toujours, son diplôme ainsi que ses nombreuses années dans une unité psy l’aideront à se faire embaucher. Vu la vétusté de cette clinique isolée, de la surveillance vidéo ne devait être que le cadet de leur souci - donc inexistante. Un fier sourire illumina son visage.
Le printemps s’offrait aux humains, et Amanda s’acharnait avec fougue sur son propre petit bourgeon. Cela faisait presque deux heures qu’elle employait différents moyens pour arriver à l’orgasme. Mais rien. Ni des vidéos tendancieuses, ni des outils spécialement conçus pour, ni même la bonne vieille méthode traditionnelle ne parvint à lui faire atteindre son but. Dans un élan de frustration elle poussa un cri, mécontente. En quittant son lit, entièrement nue, elle alla dans sa salle de bain en quête d’une douche brûlante. Là au moins, l’effet détente serait assurée. Sous l’eau, et enveloppée d’une chaude vapeur, la jeune femme se fit la refléxion que son blocage sexuel s’était manifesté depuis le départ de son précédent emploi. Alors…
Avec ce nouveau job, ce sera le retour du plaisir !
Cette pensée la mit de bonne humeur, et ses nombreuses vaines tentatives furent instantanément oubliées. Son entretien était dans quelques heures, il fallait mettre toutes les chances de son côté : aussi bien son parcours professionnel solide, que ses atouts physiques.
La petite ville qu’elle venait de traverser se donnait un air de mégalopole avec ses quelques gratte-ciels, et ses nombreux - trop nombreux - échangeurs d’autoroutes. Il lui fallait une demi-heure supplémentaire pour retrouver son chemin, et elle quitta enfin cet enfer citadin. Comme vue sur la map virtuelle, la clinique BONNEGARDE se situait tout au bout d’un chemin à sens unique. Il s’agissait d’un vieux préfabriqué, entouré de grillages métalliques qui trônait là, devant elle.
Amanda se gara sur le parking visiteurs bien vide, et prit une grande inspiration. Ses yeux se fermèrent quelques secondes pour aider à faire s’échapper l'entièreté de son anxiété. Pendant que son esprit divaguait dans un décor paradisiaque, à base de plage de sable fin et d’une douce brise relaxante; son cœur tapait un sprint dans sa cage thoracique. Cet emploi représentait peut être bien sa dernière chance, parce que ça ne courrait pas les rues des postes à pourvoir dans le domaine psychiatrique. Un pic d’angoisse la glaça sur place.
Vais-je seulement être à la hauteur ? Et si je me plante lors de l’entretien ? Si ils ne me trouvent pas assez qualifiée ? Je ne suis peut être pas capable d’une telle offre ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur dire si ils me posent des questions sur mon précédent employeur ? Et si je perdais mes moyens pendant le rendez-vous ? Et si je n’étais finalement qu’une débile profonde comme disait père ? Non ! Je ne dois pas y croire ! Je ne dois pas repenser à ça ! C’est si douloureux... Et si… Oh c’est bon ça… Oui, un peu sur la gauche… Voilà… Et si j’essayais plutôt de me concentrer sur mon... Ouh ça se débloque on dirait ! Oh nom de dieu je vais.. Oui !... Je vais avoir un… ! Oui oui oui…. !
« — OUI ! »
La jeune infirmière retomba mollement contre son siège de voiture, les cuisses toujours écartées et un sourire béat. Elle retira délicatement sa main de son string, sentant encore de doux frissons la parcourir. Haletante, elle jeta un oeil à son pare-soleil où un miroir lui renvoya son reflet. Chignon défait, joues roses, yeux brillants. Et surtout cette expression de sérénité la plus pure. Prenant quelques secondes de plus pour savourer cet instant, son regard se posa sur sa montre. Fort heureusement, il lui restait dix minutes pour arriver à l’heure. Le retard, quel étrange concept dans son esprit. Ces gens qui n’étaient pas capables d’anticiper un maximum, et se pointait l’air de rien avaient tendance à l’horripiler. Son père lui avait bien apprit qu’après l’heure, ce n’est plus l’heure; avant l’heure, c’est parfait.
Allez, on y va !
Elle se tortilla pour remettre sa jupe, sans avoir de souvenir de l’avoir descendu puis descendit de son véhicule. Pleinement soulagée, la situation ne l’inquiétait plus du tout. La confiance irriguait ses veines, la force faisait bouger ses muscles pour avancer vers son avenir, la détermination lui collait un regard audacieux.
Martine HESTAC
À Amanda.Pilares@gmail.com
Objet : Dossiers
Bonjour,
Encore une fois, nous sommes ravies de vous intégrer dans notre équipe. Bienvenue dans l’Unité Barbe-Bleue. Voici le déroulement spécifique de votre premier jour, votre emploi du temps en pièces jointes ainsi que la copie numérique de vos dossiers et donc patients. Je reste à l’écoute pour toutes questions.
Lundi, jour de votre admission dans le personnel :
- pot d’arrivée de 9h à 9h30, dans la salle des Contes.
- 9h45 visite du site, présentation de l’équipe avec Félix MALPIN.
- 12h déjeuner en équipe dans le réfectoire Trousseau.
- 14h prise de poste.
Bon courage pour cette première semaine,
Martine HESTAC
Directrice de l’Unité Barbe-Bleue
C.H.U BONNEGARDE
PJ : emploidutemps.pdf; dossierVictorGELM.pdf; dossierZackDUPON.pdf; dossierAlbanPECK.pdf
Quelques petites remarques :
- j'ai vu quelque fautes de frappe : "t-schirt " "aux chignon"
- la tournure de la phrase " elle entra dans la caméra de surveillance" fait bizarre. Peut être "consulta le fichier de la caméra " plutôt ?
- le fait que la direction attends quelques jours pour la virer alors qu'en plus il y avait déjà des rumeurs et la une preuve ça me parait bizarre. Pour moi, je pense que cela serait mis à pied direct et convocation pour licenciement dans la foulée. Car ils sont rudement sympa de la laisser bosser encore malgré les preuves d'attouchements.
- J'ai pas compris cette phrase " Alors, l’infirmière vida son bureau en même temps que son dernier spasme d’extase. " Elle fait ses cartons et se masturbe en même temps ?? je suis un peu perdue.
Sinon je trouve que tu amènes bien les différentes personnages et on commence à devenir les différentes interactions futures, c'est très sympa.
- J'ai repris ces p'tites fautes + la tournure liée à la caméra, merci beaucoup
- Pour la phrase avec l'histoire du bureau, tu as bien saisi oui ! C'est étrangement dit oui, en tout cas l'idée c'est ça. Comme elle est assez portée sur la masturbation alors elle y pense souvent.
Merci encore en tout cas ça me boost !
Encore un super chapitre, et qui commence fort. On cerne assez vite et bien le personnage d'Amanda (qui me fait penser à un succube ou tout du moins, une nymphomane). Tu m'as presque donner mal au ventre quand Amanda repensait à ce que lui disait son père à propos de ses mains, et ce chauffage qui ne fonctionnait pas... j'ai vraiment peur de comprendre !
Encore une fois tu nous présentes un autre personnage en rapport (futur visiblement) avec Alban. C'est assez intriguant, à quand la version d'Alban ? Il est le personnage central et pourtant on dirait presque un personnage secondaire, on ne cesse de parler pour lui... comme s'il demeurait mué malgré le fait que ce soit sa propre histoire que tu nous racontes.
Je dois dire aussi que je suis un peu perdue. Avec "Jardin d'enfant" et "Souvenir d'école" on a une vague idée de l'époque à laquelle tu nous transporte : c'est le passé d'Alban. Mais ce chapitre-ci se passe visiblement plus tard... si tu laisse commence par parler du passer et ensuite du présent, il faudrait peut-être l'indiquer, tu ne crois pas ?
En tout cas, je suis curieuse de découvrir quel lien s'établira entre Alban et Amanda, tout deux on l'air presque aussi brisé par la vie l'un que l'autre...
A bientôt ! ^^
déjà merci à toi pour ton oeil vif et ton retour précis !
J'ai aussi été mal à l'aise sur ce passage brrr
Alban viendra, Alban viendra (a)
Oh exact, peut être que ça serait bien oui une p'tite mention passé-présent ! Je vais voir ça merci :)
Merci encore !
Malgré le TW j'ai pas du tout été sorti de l'histoire. Je reviens pas sur la forme, je vais me répéter XD
Si j'y reviens c'est qu'un truc m'aura fait tiquer
Bref, en attente de la suite
Et puis, Amanda Pilares est très très intéressante comme personnage même si… y a un passage très dur à lire à propos de son père qui montre un passé très lourd et… sombre et c'est très dérangeant mais vu les sujet de ton histoire ca colle bien ;;
Mais je t'avoue que ce qui a éveillé mon pique de curiosité et qui me donne hâte de lire la suite c'est bien la fin… ET SON RAPPORT AVEC ALBAN PECK comme quoi ce pauvre bibi est pas au bout de ses peines je pense T-T
Hâte de lire la suite, merci de partager ton histoire <3
Oui, son histoire avec son père c'est.. brrr
Aaah ça me fait plaisir que t'ai vu la pj avec Alban eheh 👀
Merci beaucoup pour ton retour ❤️