3 ~ Retour à l'air libre

Leana et Elyos laissèrent échapper un soupir de soulagement en constatant qu'il n'y avait ni bassin ni nouvel ennemi à affronter derrière la dernière porte franchie. Le couloir qu'ils empruntaient était étroit, mais d'une richesse ornementale inouïe. Des feuilles d'or recouvraient entièrement les parois, parsemées de saphirs scintillants qui semblaient capter la moindre lueur pour la réfracter en d'innombrables éclats bleutés. Cette allée majestueuse les guidait à travers l'obscurité et la solennité de leur avancée.

Lorsqu'ils atteignirent enfin l'extrémité du passage, Leana fut saisie d'une impulsion soudaine de frapper sa tête contre les pierres précieuses qui les entouraient. Une nouvelle porte massive se dressait sur leur chemin, plongeant la sirène dans un profond désarroi.

— Ces portes me rendent folle ! s'exclama-t-elle, exaspérée. N'auraient-ils pas pu innover ? Je ne sais pas, moi... des grilles, des fenêtres, ou même un bon vieux miroir lugubre ! Je vais en faire des cauchemars de ces portes !

Son irritation palpable et sa frustration grandissante s'exprimaient à travers ses mots empreints d'une gravité sombre. Les épreuves auxquelles ils avaient fait face jusqu'à présent semblaient peser lourd sur ses épaules, et l'obsession de ces portes devenait de plus en plus étouffante.

Elyos observa discrètement Leana s'épancher sur son exaspération. Il s'avança vers la porte, remarquant des détails inhabituels. Celle-ci n'était plus en bronze, mais en or massif, et dépourvue de la moindre gravure. Sa surface lisse renvoyait un reflet déformé de sa silhouette, comme si la porte elle-même dissimulait un secret. En scrutant les alentours, il ne décela aucun indice dans les murs ou le plafond. Les symboles mystiques, les peintures, et les runes nordiques semblaient s'être volatilisés.

Rassemblant son courage, Elyos effleura la porte, comme il l'avait fait auparavant. Mais cette fois-ci, la surface n'était pas glaciale ; elle était brûlante. Il retira vivement sa main, manquant de se brûler. La porte resta close, imperturbable.

— Leana ? Elle ne s'ouvre pas. Est-ce que...

La guerrière saisit son arme et s'avança d'un pas déterminé, prête à en découdre, même si cela signifiait briser sa lame contre l'adversaire le plus redoutable qu'elle n'avait jamais affronté ! Alors que sa lame s'apprêtait à frapper la surface dorée, une lumière bleue intense les éblouit soudainement. Elle ne provenait pas de la porte, mais du talisman pendu au cou de Leana.

La pièce s'emplit d'une nouvelle atmosphère mystique, des ombres tapissant les murs, comme animées par une vie propre. La lumière bleutée émanant du talisman éclairait le visage de Leana, révélant un mélange d’étonnement et de peur.

La sirène saisit son artefact, intriguée. Jamais il n'avait brillé d'une telle intensité. En le tournant sous tous les angles, elle remarqua que sa luminosité variait en fonction de sa proximité avec la porte. Fascinée, elle approcha le pendentif bleuté de la surface dorée.

Lorsque Leana plaqua le talisman contre la paroi, des caractères écarlates commencèrent à apparaître. Lentement, elle déplaça son collier le long des lettres émergentes pour révéler un message dissimulé. Peu à peu, un texte entier se forma sur la porte. Une fois qu'elle eut dévoilé l'entièreté du message, elle recula.

Leana et Elyos découvrirent ainsi l'énigme suivante, gravée d'une écriture ardente :

« Je suis l'élixir qui unit les âmes, tissant un lien entre passé et présent.

Source de vie, je suis la puissance qui donne, rassemble et anéantit.

De l'océan je suis née, et à lui je retourne inévitablement.

Mon nom est la clé des mystères que renferment ses larmes. »

Ce nouveau mystère semblait les accueillir avec le sourire tandis que la guerrière compulsait fébrilement son grimoire et que le mage murmurait les mots énigmatiques. Cette épreuve, bien que moins violente, n'était pas moins ardue. Adossés aux parois dorées, ils prirent le temps de réfléchir et d'échanger, comme s'ils étaient de nouveau dans le calme de leur bibliothèque.

Absorbés par leurs pensées, ils ne remarquèrent pas un saphir se détacher du mur doré et perdre sa lueur. La pierre précieuse, dépourvue de sa luminescence, ne suscita aucune convoitise.

—  Ce serait trop facile si la réponse était « Ocanys », lança Elyos. Je ne pense pas que le nom de notre monde provienne d'une divinité ancienne. Je connais parfaitement les Nouveaux Dieux, mais ceux d'avant...

—  Est-ce que l'essence dont parle l'énigme est vraiment divine ? Elle évoque de la magie, certes, mais pas une forme spirituelle ou une entité, intervint Leana, songeuse. À moins que...

Elle attrapa sa lame et l'examina attentivement.

— Ma magie, celle que m’offre ma Larme, me permet de manier avec légèreté mon épée dans l’eau. Et parfois, j'arrive à la charger de cette magie, comme lors de mon dernier assaut contre notre amie monstrueuse. Je ne peux l'utiliser lorsque certaines conditions sont réunies, mais je ne comprends pas vraiment comment cela fonctionne.

— Je t'aurais volontiers aidée sur ce coup-là, mais n’ayant aucune connaissance approfondie sur la magie de mes sorts antiques, j’en suis au même stade que toi. J’arrive à m’en servir sans la comprendre.

Ils se scrutèrent intensément, sentant qu'ils étaient sur une piste prometteuse. Ce qu'ils avaient en commun était leur aptitude à utiliser cette forme de magie oubliée de tous. Cette magie devait forcément avoir un nom, mais lequel ?

Un autre saphir se détacha du mur, projetant une faible lueur sur les deux aventuriers. Il roula sur quelques centimètres, perturbant brièvement leur concentration. La distraction fut éphémère, et Leana et Elyos continuèrent d'explorer leurs idées.

— Une magie ancienne à l'origine de la vie ? Liée à l'océan depuis la nuit des temps ? suggéra Elyos.

— Qui lie les âmes dans le temps..., ajouta Leana, songeuse.

Deux saphirs tombèrent presque simultanément, suivis de près par un troisième. La lumière de la salle s'amenuisait, et ces pierres précieuses commençaient à les inquiéter. Le sol ne tremblait pas et elles semblaient être solidement fixées. Étrange...

— Les Larmes de l'Océan... Ce que contient mon talisman et qui me confère cette mystérieuse magie, reprit Leana.

— Sauf qu'un océan, ça ne pleure pas ! s'exclama Elyos, impatient. Alors, qui pleure ?

La chute soudaine d'une dizaine de saphirs plongea le couloir dans une pénombre oppressante, comme si le temps était écoulé et que leur quête approchait de son terme. Les pierres précieuses s'entrechoquant créèrent une étincelle d'inspiration dans les yeux de Leana.

— Des pierres... Des cristaux ! Des larmes cristallisées ! Te souviens-tu de cette fameuse légende qui explique l'apparition du trésor des Grandes Abysses ? interrogea-t-elle.

—  Tu parles de la naissance de la toute première sirène d’Ocanys ? Celle qui a voulu apporter de la lumière aux créatures des profondeurs ? questionna à son tour Elyos, intrigué.

— La lumière, la vie ! On disait que ses larmes renfermaient une grande lumière ! Une lumière qui pourrait être de couleur bleue ! On sait très peu de choses sur elle et encore moins sur la magie qu'elle utilisait jadis !

 Leana avait un éclair de génie, mais son enthousiasme retomba lorsqu'elle réalisa qu'elle ne se souvenait plus du nom de cette sirène légendaire.

Elyos fut impressionné. La guerrière qui chargeait tête baissée face aux portes et qui s'énervait sur elles pouvait également faire preuve d'une grande perspicacité. Convaincu de la justesse de cette réponse, il se leva et s'approcha prudemment de la porte dorée.

— Saena ! cria-t-il avec confiance.

Alors qu'il prononçait ce nom, la porte en or se mit à vibrer doucement, résonnant avec la puissance du nom énoncé. Les lettres écarlates sur la surface lisse semblèrent s'animer et se fondre dans l'or, laissant place à un silence pesant.

De nouvelles runes étincelantes vinrent remplacer les lettres, dévoilant un mécanisme dissimulé derrière leur apparence trompeuse. La porte s'ouvrit lentement, laissant entrevoir une petite salle baignée d'une lumière éthérée et envoûtante. Au centre de la pièce se dressait un autel sur lequel flottait une fiole, la réplique exacte de celle que Leana portait en pendentif.

Les deux compagnons pénétrèrent prudemment dans l'antichambre dénuée de toute menace visible. Ils s'approchèrent de l'autel où reposait ce trésor mystique, suspendu dans les airs comme pour défier les lois de la gravité. Elyos, tenté de s'emparer de la fiole, hésita un instant, cherchant l'approbation de son amie. Leana lui adressa un sourire bienveillant et lui fit signe de se saisir de l'objet avec un hochement de tête.

— J'en porte déjà une alors... justifia-t-elle.

Elyos se pencha légèrement au-dessus de l'autel, vérifiant qu'il pouvait passer ses doigts entre la fiole et l'autel. Puis, avec une extrême délicatesse, il empoigna la fiole entre ses mains tremblantes. Une fois en sa possession, il l'observa minutieusement, admiratif.

— Elle est magnifique ! Cette lumière serait donc une sorte de magie condensée qui...

Soudain, la lumière de la fiole s'éteignit, laissant place à une perle terne et difforme. Elyos l'examina avec perplexité, cherchant un moyen de raviver la lumière évanouie. Malgré sa déception, l'excitation de la découverte était encore présente. Il décida de passer la perle autour de son cou, espérant qu'elle révélât ses secrets en temps voulu.

— Nous savons qu'il ne s'agit pas d’une simple pierre précieuse ! Cette perle incolore a encore de nombreux secrets à nous dévoiler, Leana ! reprit Elyos, un poil frustré par le mysticisme qui entourait la fiole.

Leana esquissa un sourire crispé. Son pendentif scintillait toujours, et elle ne savait pas non plus pourquoi. Tandis qu'Elyos s'amusait à faire bouger sa perle éteinte en manipulant sa fiole dans tous les sens, la sirène examina le socle sur lequel reposait leur trésor. Un symbole familier était gravé sur une plaque de bois qui paraissait étrangement incongrue dans un tel environnement marin.

— Je crois que je connais notre prochaine destination, murmura-t-elle.

Elyos laissa retomber son collier contre sa poitrine.

— L'idée de continuer un bout de chemin avec toi est tentante, mais il faudrait peut-être préparer notre future aventure, non ?

Leana effleura du bout des doigts le morceau de bois. Elle offrit un nouveau sourire à son ami.

— Oui, nous n'aurons pas le choix si nous voulons poursuivre notre quête. C'est assez loin d'ici…

Elyos, penché avec concentration, examinait minutieusement le symbole que la sirène lui avait présenté. C'était un blason élégamment travaillé, émaillé de nuances d'or et d'azur, incrusté de perles nacrées et orné de précieuses gemmes de corail. Le motif central, un trident couronné, était entouré de créatures marines stylisées, leurs formes entrelacées dans un ballet éternel. C'était sans aucun doute le sceau royal de Zeltia, le royaume sous-marin maudit.

— Zeltia ? En effet, c'est une contrée assez lointaine, marmonna Elyos, les sourcils froncés. Auraient-ils envoyé quelqu'un à la recherche des Larmes de l’Océan ?

— Ce serait illogique de venir jusqu'ici, d'apposer leur sceau et de laisser ce bijou intact, rétorqua Leana, pensive. Il est plus probable que quelqu'un l'ait dissimulé ici, dans cette grotte sombre et reculée.

— Mais dans quel but ? s'interrogea Elyos, son inquiétude grandissant.

Leana soupira, ses yeux reflétant une détermination teintée de crainte.

— Rentrons, pour l'heure, dit-elle. La réponse à cette énigme nous attendra là-bas, au cœur du royaume de Zeltia.

Ils n'hésitèrent pas à franchir un petit portail singulier, situé à une distance modeste de l'autel. Ce portail, qui semblait plus être une anomalie dans l'espace qu'une construction matérielle, avait la particularité d'être transparent. Il était comme une vague ondulation dans l'air, une distorsion de la réalité qui déformait légèrement la vue de l'autre côté, telle une lentille de verre d'eau.

Le portail, malgré son aspect éthéré, semblait avoir une certaine présence tangible. Il émettait une légère lueur argentée, qui scintillait doucement, créant des halos de lumière autour de son périmètre. Il était entouré d'un champ d'énergie subtil, une sensation qui picotait la peau et faisait vibrer l'air de manière presque inaudible.

Lorsqu’ils quittèrent le temple, une sensation étrange les accompagna. Les ombres qui les entouraient s'accrochaient à leur peau, les retenant de partir. Ils partagèrent un regard entendu avant de s’éloigner de cet endroit aux mille dangers. Les créatures des profondeurs les observaient à distance, semblant presque les suivre. Des traces de magie flottaient dans l'eau, prenant la forme d’une force invisible cherchait à les arrêter.

Cela ne les empêcha pas de retraverser les courants marins vers la surface pour retrouver des paysages subaquatiques d'une beauté saisissante. Des forêts d'algues ondulantes aux montagnes de corail multicolores, chaque tableau naturel qui se dévoilait devant eux était un spectacle à couper le souffle. Pourtant, malgré ces merveilles, leur volonté de rentrer au plus vite les poussait à avancer sans relâche.

 

**********


Les eaux tropicales et scintillantes de l'océan s'écartèrent lentement, révélant l'île natale de Leana. Le rivage était parsemé de quelques habitants égarés, dont les regards suspicieux étaient fixés sur les deux étranges silhouettes émergeant des profondeurs. Les vagues mouraient sur la plage, emportant avec elles une atmosphère pesante.

Leana et Elyos, leurs corps luisant d'eau salée, firent face au groupe d'îliens intrigués. Les murmures s'intensifièrent, tandis que les regards inquisiteurs se posaient sur Elyos. Les habitants connaissaient et respectaient Leana, mais l'inconnu qui se tenait à ses côtés réveillait leurs instincts les plus primitifs. Ils ne pouvaient s'empêcher d'imaginer avec lui la fin de l’harmonie qui ensorcelait cette île.

Leana, percevant leur méfiance, se dressa de toute sa hauteur et aborda les villageois avec une assurance redoutable. Sa voix grave et mesurée résonna dans l'air humide, racontant l'histoire de leur rencontre et l'importance de leur quête, soulignant à quel point Elyos avait été un allié précieux et loyal. Les habitants, peu à peu rassurés, se détendirent et commencèrent à accepter la présence d'Elyos parmi eux.

Dans une atmosphère toujours empreinte d'une légère tension, Leana convia Elyos à demeurer chez elle, lui offrant une chambre d'amis aménagée spécialement pour lui. Elyos, conscient de la suspicion qui planait encore, accepta l'invitation avec gratitude. Malgré les épreuves qu'ils avaient traversées et la fatigue qui pesait sur ses épaules, il comprenait que gagner la confiance des habitants de l'île était primordial.

Les ombres s'allongeaient tandis que la nuit s'installait sur l'île, enveloppant les habitants d'un voile brumeux et frais. Leana et Elyos se joignirent aux villageois, qui les attendaient, impatients d'en apprendre davantage sur l'étranger qui avait captivé leur guerrière.

La lueur vacillante des torches éclairait les visages curieux et fascinés qui se pressaient autour d'Elyos, buvant ses paroles tandis qu'il dévoilait les récits de ses voyages et ses rencontres avec le monde extérieur. Les conversations s'intensifièrent et les multiples échanges, accompagnés de rires et de regards complices, dissipèrent peu à peu les derniers vestiges de méfiance qui planaient encore sur l'assemblée.

La nuit tombée, les villageois se rassemblèrent autour d'un repas convivial où les saveurs exotiques et les mets locaux se mêlaient harmonieusement. Dans cette ambiance chaleureuse, les habitants de l'île se laissèrent conquérir par l'humilité et l'honnêteté d'Elyos, l'accueillant finalement comme l'un des leurs.

À l'heure où les étoiles scintillaient dans le ciel sombre, Elyos se retira dans la chambre d'amis que Leana avait préparée avec soin. Épuisé, il s'affala sur le lit moelleux, rasséréné par l'accueil chaleureux et bienveillant qu'il avait finalement reçu. Leana lui souhaita une bonne nuit, rappelant qu'ils avaient encore de nombreux préparatifs à discuter avant leur départ pour Zeltia. Elyos, le sourire aux lèvres, acquiesça avant de sombrer dans un sommeil paisible, bercé par les sons nocturnes de l'île et la mélodie enchanteresse des vagues caressant le rivage.

Alors que la porte se refermait doucement, Elyos rouvrit soudainement les yeux. La pénombre de la chambre révélait une autre facette du mage, plus sombre et inquiétante. Dans l'obscurité, il fit scintiller ses doigts et matérialisa un étrange orbe lumineux. Ressemblant à une boule de cristal emprisonnée par une brume rampante, il y discerna la silhouette d'un visage. S'assurant qu'il était bien seul, Elyos s'adossa contre la tête de lit et tendit l'oreille pour écouter les paroles qui émanaient de l'orbe.

— Leana est-elle bien la personne que nous recherchions ? demanda une voix distordue, semblant provenir d'un autre monde.

Le mage reste impassible, posant le trésor trouvé près de la boule de lumière.

— Je ne sais pas encore s'il s'agit de votre fille. Elle est persuadée d'avoir trouvé votre carte par hasard. Tout le reste s'est déroulé comme prévu sans qu’elle ne manifeste la moindre suspicion.

L'orbe grésilla, déformant les contours du visage mystérieux dont émanait la voix.

— Continue de la suivre alors, nous devons être rapidement fixés !

Elyos soupira, doutant de la confiance qu'elle lui accordait. Leur aventure les avait certes rapprochés, parfois trop, mais il ne parvenait pas à réellement la cerner. La guerrière, débordante d'énergie et de vitalité, semblait tout sauf sincère avec lui.

— Très bien, répondit Elyos. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi la Larme de l’Océan trouvée ne réagit pas avec moi ?

— Encore cette ineptie ? N’oublie pas où se trouve ta place ! Contente-toi d’enquêter sur Leana, sans te soucier de ta propre personne !

Des fissures apparurent dans l'étrange invocation. Leur liaison magique était sur le point de se rompre. Elyos insuffla un peu plus de magie pour maintenir audible la voix qui s'affaiblissait.

— Tu arrives cependant à satisfaire mes attentes... hum... Elyos ? Est-ce bien ton nom d'emprunt ? Ne me déçois pour la suite de ta mission !

Elyos acquiesça avant de voir l'orbe disparaître, laissant place à une certaine mélancolie. Contraint dans ses choix et ses mouvements, il ressentait une vive frustration. Il quitta son lit pour contempler l'horizon depuis la fenêtre de sa chambre, espérant y trouver un peu de sérénité.

À sa grande surprise, il aperçut Leana sur la plage, enveloppée par le manteau étoilé de la nuit. Elle aussi, malgré leur journée éprouvante, n'avait pas encore succombé au sommeil. Elyos se laissa glisser sur le rebord de la fenêtre, les yeux rivés sur la jeune sirène.

Leana, assise face à l'océan, contemplait le ballet incessant des vagues dans l'obscurité. Même de dos, Elyos devina qu'elle entonnait un chant mélodieux dont la beauté lui échappait encore. La voix de Leana, aussi douce et envoûtante que la caresse d'une brise d'été, l'apaisa, bien qu'il se trouvât à bonne distance.

Soudain, des larmes inattendues voilèrent ses yeux. Ému par la grâce et la pureté du chant de Leana, Elyos se sentit envahi par une nostalgie délicieuse et douloureuse à la fois. Il tourna le dos au spectacle envoûtant qui se déroulait devant lui, cherchant à se protéger de cette émotion trop vive qui l'avait saisi sans prévenir.

Dans l'intimité de cette nuit étoilée, les deux âmes solitaires se trouvaient ainsi réunies par le fil invisible de la poésie et de la douceur, continuant de tisser entre elles un lien indéfectible et mystérieux.

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