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Par Jamreo

Donnie était retourné à sa chambre, avait attendu le passage des infirmiers pour gober son traitement et s’était laissé enfermer à double tour avec la docilité d’un agneau. Dans les poches de son jean, qu’il portait trop large et grand exprès, pour pouvoir rouler plusieurs fois le bas des jambes comme des cols et mettre en valeur, par contraste, son corps tonique et gracile, il avait réussi à dissimuler tous les tubes de paracétamol. Assis à son bureau, il attendit une demi-heure que les pas dans les couloirs et les éclats de voix en provenance de la chambre voisine ne s’atténuent. Enfin, dans une bulle confortable de silence, il sortit son butin et l’étala sur le lit.

Le soir tombait en rayons sur les draps, depuis les stores à moitié baissés. Une pluie fine saupoudrait le parc et les toits, ses plic-ploc s’accordant étrangement aux battements cardiaques du jeune homme.

La vengeance, à portée de mains, juste là. Était-il bien certain de vouloir mettre son plan à exécution ? Le risque était énorme, mais sa blessure aussi ; elle aspirait sa vie. Il ne supporterait pas cette situation une journée de plus.

Donnie rassembla les tubes qui roulèrent dans sa main et tombèrent l’un après l’autre dans le tiroir de son chevet. Se brosser les dents et revêtir son pyjama lui paraissait futile compte tenu de ce qui l’attendait le lendemain, mais il s’exécuta machinalement, l’esprit ailleurs. Une fois au lit, les yeux posés au plafond, il fut frappé d’une évidence si violente qu’il faillit glisser par terre.

Annabel. Annabel viendrait avec lui, il ne pouvait pas faire ça sans elle.

Le lendemain matin se leva, propre et lumineux après le crachin de la nuit. C’était lundi : quartier libre jusqu’à midi. Après avoir avalé ses œufs à la pêche, goulûment cette fois, pour combler l’horrible trou dans son ventre, Donnie fourra les médicaments dans un petit sac en toile avec d’autres objets et prit le chemin de la chambre d’Annabel. La première distribution des cachets et gélules venait de prendre fin ; il croisa plusieurs blouses blanches à la mine soucieuse qui parlaient vite et avaient l’air ahuri de ceux qui cherchent sans savoir quoi, ni où chercher. Son chapeau de cowboy sur la tête, Donnie afficha son air le plus innocent. Seule Catherine l’arrêta alors qu’il déboulait dans le couloir d’Anna.

— Tu vas où comme ça ? interrogea-t-elle en s’épongeant le front d’un mouchoir.

— Chez ma sœur.

Elle jeta un œil soupçonneux au sac.

— Des stylos et des carnets pour l’aider à écrire les paroles de ses chansons, expliqua-t-il. Attends, je vais te montrer…

Comme il ouvrait le sac et sortait déjà le coin d’un carnet flambant neuf, Catherine agita une main.

— C’est bon, file, grogna-t-elle.

La chance lui souriait. Haletant d’anticipation, il courut jusqu’à la porte fermée, derrière laquelle sa sœur devait s’être planquée pour s’immerger dans son univers de guerre et de mélodies. Un jour, à l’écouter, elle pondrait une comédie – enfin, une tragédie – musicale sur la guerre d’Indochine.

Le poing suspendu à quelques millimètres du bois plaqué, Donnie souhaita très fort que Mégane soit ailleurs.

Il frappa.

Silence. Donnie s’apprêtait à renouveler le geste quand la voix boudeuse et éraillée d’Annabel l’invita à entrer de son Quoi ? vindicatif. Il tourna la poignée.

Pas de Mégane en vue. Annabel était allongée sur le ventre, les genoux sur son oreiller. Quand elle aperçut son frère hésitant sur le palier, elle se redressa, l’expression adoucie.

— Donnie, dit-elle en repoussant les papier éparpillés autour d’elle. Ça fait longtemps que tu n’es pas venu.

Étonné, il se rendit compte qu’elle avait raison. Plus Jade l’avait repoussé, plus il s’était reclus dans son obsession, jusqu’à négliger ses habitudes les plus ancrées – celle d’aller embêter sa sœur, par exemple. Le moment était parfait pour une réplique cinglante, désinvolte tout au moins. Mais quand il ouvrit la bouche, rien ne vint. Le regard d’Anna s’assombrit.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Donnie déglutit avec peine. Était-ce de la peur, logée comme une boule dans sa gorge, qui l’empêchait de parler et de proprement respirer ? Sans s’expliquer, il referma la porte et vint se percher sur le bord du lit, à côté d’elle. Il n’osait pas la regarder en face, alors il baissa le menton vers le sac et en défit le serrement de cordon.

Le cahier rouge, bien pimpant, qui avait berné Catherine. Donnie l’écarta, ainsi que les stylos, pour enfin mettre la main sur le premier tube d’antalgiques. Annabel lut le nom à haute voix.

— T’as mal quelque part ? ajouta-t-elle, incertaine.

Il ne desserra toujours pas les lèvres. Au lieu de ça, il renversa le sac et en vida l’intérieur sur le lit. L’incompréhension, puis le choc se peignirent à gros traits sur le visage de la jeune fille. Les émotions qui se livraient ainsi bataille lui donnaient un air atrocement comique ; Donnie aurait éclaté de rire s’il n’était pas en train de lui proposer le suicide.

Son silence exprima plus que ses mots perdus. Annabel porta une main à sa bouche comme pour en bloquer l’accès aux comprimés. Quand il voulut la toucher, elle eut un mouvement de recul et se plaqua contre le mur. Mais ses yeux, ses yeux ne se dérobaient pas à la recherche d’une échappatoire. Au fond d’elle, elle avait déjà pris sa décision.

Les secondes s’égrenèrent sans que l’un ou l’autre ne formule ses intentions. Mu par l’angoisse qu’un membre du personnel débarque dans la chambre, Donnie s’arma de courage :

— Je vais partir, croassa-t-il.

— Mais… mais…

— Je vais partir et je voudrais que tu viennes avec moi.

Si le plan ne se déroulait pas comme il fallait, oui, Anna devait le suivre. Si Donnie mourait, il ne pouvait pas laisser sa sœur derrière lui.

Anna serra les poings, jusqu’à blanchir encore ses doigts si blancs. Quand elle posa de nouveau ses yeux sur lui, ils montraient sa détermination.

— C’est d’accord.
 


 

Première chose dont elle se souvint : l’écœurement. L’écœurement des comprimés dissolubles à avaler sans eau, neigeux sur sa langue, qui se changeaient en plâtre au contact de la salive. Elle avait failli vomir plusieurs fois, penchée sur le tas de médicaments, furtive à la manière d’une enfant piochant sans permission dans la jarre à cookies ou le portefeuille de mamie.

Quelques minutes de vide, dans une atmosphère proche du Laurier-noble, mais qui ne lui appartenait pas. Puis le reste de la scène lui revint par flashes violents, rapprochés.

Donnie qui frissonnait de dégoût en enfournant une nouvelle poignée de cachets écrasés. Il crachait et s’arrêtait souvent, comme pour écouter. Quand il arrêtait, Annabel aussi. Il l’exhortait alors à reprendre.

Étourdie de fatigue, l’estomac perclus, elle essayait de le retenir.

Dans son cocon, Anna fronça les sourcils. Le retenir ?

Ah, oui. Donnie s’était relevé et tanguait, pire qu’un marin, il se jetait sur la porte. Elle avait essayé de parler – peut-être l’avait-elle fait – Donnie n’avait pas réagi et s’était rué dans le couloir en appelant à l’aide, semant derrière lui une traînée de mort pâle, broyée.

La jeune fille tenta de bouger. Aussitôt, une douleur partant de son ventre et se déployant dans tout son corps la contraignit à l’immobilité.

Qu’avait-elle vu ensuite ? Un visage penché sur elle, celui de Stéphane. Il s’était précipité dans la chambre après les appels de Donnie, et il les secouait par les épaules, il criait.

Annabel tenta d’ouvrir les yeux. Stéphane était-il encore là, à guetter un signe de vie ? Elle pourrait lui demander ce qui s’était passé, où elle se trouvait.

La pénombre, des murs et des draps blancs, des fils accrochés à son corps. Des veilleuses et des machines dont les bip bip, qu’elle n’avait pas remarqués dans son demi-sommeil, l’agressaient maintenant.

Un seul lit. Elle était seule.

— Donnie, se mit-elle à hurler, Donnie !!

Les deux syllabes lui déchiraient la gorge. Jamais elle n’avait beuglé si fort, la peur au ventre à l’idée que personne ne lui réponde…

On ouvrit la porte. Anna faillit arracher les tubes qui la reliaient au matériel médical, pour sauter du lit et prendre son petit frère…

Ce n’était pas lui. Une femme aux cheveux gris, les mains dans les poches de sa blouse, la regardait avec un mélange de bienveillance et de réprimande.

— Alors, dit-elle, on a fait n’importe quoi ?

— Où est Donnie ?

L’inconnue plissa le front.

— Le garçon qui est arrivé en même temps que toi ? Ne t’en fais pas, il est tiré d’affaire. Pas encore réveillé, mais ça ne va pas tarder.

Avec un cri de gratitude, Anna retomba sur son oreiller et se couvrit le visage de ses mains. You little shit, pensa-t-elle avec véhémence, la connerie que tu nous as fait faire… quand il était entré dans sa chambre, tout tremblant, serrant le sac contre sa poitrine, elle ne l’avait pas reconnu. Mais quand il lui avait dévoilé ses intentions, elle, qu’avait-elle fait ? Elle n’avait même pas hésité… pas vraiment… il lui avait demandé, et elle avait dit oui.

Son frère, parfois, lui faisait peur.

 


 

Le mois de mai progressait, déchiré entre pluies de mars et bourgeons d’avril. Cette journée-là fut la plus chaude depuis le début de l’année, et les couloirs du Laurier-noble grouillaient de pensionnaires en t-shirt et shorts de vacances. Jade avait opté pour un polo et un jean noirs ; la couleur s’accordait à son humeur, lugubre depuis que les enfants Warwick avaient été évacués d’urgence, cinq jours plus tôt. Tenus à l’écart de la vérité par le personnel, les patients s’étaient créé un stock de rumeurs, plus fantasques et abracadabrantes à mesure qu’elles circulaient. Donnie avait tenté de se jeter par la fenêtre… non, c’était Annabel qui l’avait jeté ! Mais il s’était agrippé à elle pour l’entraîner dans sa chute… non, ils avaient pris la foudre ! Peu avant l’arrivée de l’ambulance, un orage terrible avait éclaté, ses éclairs lacérant le ciel moutonné de nuages noirs et imprégnant leur ventre torturé. Annabel et Donnie, eux étaient sur le toit, et ils avaient reçu la foudre en plein cœur. N’importe quoi ! Personne ne les avait vus sur le toit. Non, ils avaient été empoisonnés. Par qui ? Mystère… un infirmier, c’était sûr, voulait leur mort, pour une raison inconnue.

Au contraire de la majorité, Jade n’avait rien dit. Elle n’avait participé à aucune des discussions clandestines qui fleurissaient, brusquement interrompues à l’arrivée de docteurs ou d’infirmiers, pour reprendre de plus belle et s’ouvrir comme des bouquets de secrets.

Jade parlait peu, mais elle savait écouter. Planquée à l’angle d’un couloir, collée à la porte de la salle de repos, elle avait pu suivre les débats enflammés des adultes, qui se déroulaient à la faveur du soir et des récréations. Un responsable, il devait bien y avoir un responsable. Les Warwick, l’un ou l’autre, avaient pillé la réserve de paracétamol. Malheureux qu’à leur âge, ils soient rodés aux méthodes de suicide avec les armes du quotidien… après tout, ce n’était pas pour rien qu’ils étaient internés au Laurier-noble.

Dans son carnet à la couverture décorée d’un soleil, Jade nota tout. Une tentative de suicide au paracétamol, qu’ils avaient pris dans la réserve de médicaments. La réserve était toujours fermée à clef, inaccessible aux patients. Quelqu’un avait donc oublié, ou sciemment omis, de refermer… probablement un infirmier. Les psychiatres n’allaient presque pas à la réserve, ils se contentaient de prescrire les molécules et le reste était à la charge des infirmiers.

Sans rechigner, Jade avait sacrifié son temps libre et quelques-uns des ateliers d’écriture proposés par la clinique pour en apprendre plus. Elle prit les adultes en blouse en filature, aussi discrète qu’une souris. Si quelqu’un la toisait d’un peu trop près, il lui suffisait d’afficher cet air vide qui gênait si bien ses interlocuteurs, pour sue ces derniers ne décrètent qu’elle était perdue dans ses pensées de malade.

Elle remarqua bien que Jules était particulièrement affecté par l’affaire. Il redoublait d’égards et de gentillesse pour les patients. Pour ses collègues aussi, visiblement : la jeune fille surprit une conversation entre Neve et Catherine à propos des chocolats dégueulasses qu’il avait apportés, ce matin-là. Elles avaient ri un peu, puis l’une d’elles s’était empressée de noter que c’était gentil, tandis que l’autre qualifiait l’attention de « louche ». S’ensuivit une plaidoirie que Jade écouta avec horreur et dépit. Jules avait toujours été gentil, oui, mais pas au point d’inonder la clinique de carambars – pour les enfants – et de mauvais chocolats – pour les grands. Pas avec autant d’ardeur et, surtout, cet air de profond malheur.

Un mélange d’incrédulité et de terrible certitude se cristallisa dans l’esprit de Jade, minéral irréductible irradiant le chaud et le froid en un cycle infernal.

Elle ne ferma pas l’œil de la nuit.

Le lendemain, l’atmosphère avait changé. Lourde, morose, métallique ; Jade la goûtait comme un soupçon de sang et de trahison sur sa langue. La vérité avait éclaté, inéluctable : l’infirmier Jules Krik allait être viré. Il passerait sa dernière nuit de garde au Laurier-noble, celle de samedi, et puis bye bye. Une seule explication à cette nouvelle fracassante : si Donnie et Annabel s’étaient retrouvés en soins intensifs, c’était à cause de lui.

Jade apprit plus tard, en zonant dans les environs du bureau de Brisebane, qu’il avait omis – omis – de refermer la réserve de médicaments à clef après sa ronde.

Perdue, Jade s’enfuit dans sa chambre, qu’elle occupait seule.

Khonsou était étendu sur son lit, à l’abri des stores baissés. Ses cheveux étalés autour de son visage scintillaient d’un argent infecté et la lune sur sa pommette battait en même temps que le cœur malheureux de l’adolescente. Dès qu’elle le vit, palpitant dans le silence, elle vacilla. La chambre était froide, elle avait l’impression d’avoir plongé la tête la première dans une eau glacée qui lui pétrifiait le corps.

— Qu’est-ce que tu veux ? balança-t-elle entre ses dents serrées.

Il était trop beau pour qu’elle ose le regarder en face, alors elle fixa ses yeux sur une mèche d’argent. Tant de fois il l’avait charmée, embobinée, pour finir par la blesser sauvagement… le genre de douleur qu’il infligeait, au plus noir de la nuit, ne connaissait pas d’égal. Étourdie par une série de réminiscences, visqueuses de honte, Jade se sentit ployer vers la terre, où elle aurait voulu se rouler en boule pour ne plus jamais se relever. Mais elle tint bon. Personne mieux qu’elle, et Sekhmet qui sommeillait en elle, ne pouvait faire barrage à Khonsou.

— Ferme la porte.

Sans le vouloir, sans réfléchir, Jade obéit. Celui qui avait l’apparence intemporelle d’un jeune homme s’était redressé, le dos soutenu par l’oreiller, et regardait par les brisures des stores, avec un air songeur.

— Je suis là pour t’aider.

Jade crut avoir mal entendu. L’ennemi héréditaire du soleil, l’aider ? Dans le fond de son esprit, le ricanement de hyène de Sekhmet ricocha de neurone en neurone. Jade entrouvrit la bouche, et les échos de ce rire débordèrent, contaminèrent de leur feu l’air sibérien.

— Toi, qui cherches à m’affronter depuis tant d’éternités.

Sekhmet avait murmuré, d’un murmure à fendre les pierres et faire pleurer les insectes. Rejetée au second plan, Jade voyait la scène comme à travers un voile rouge.

— Je ne te veux pas de mal, dit-il en retour.

— Tu es là pour m’arrêter et cela me suffit. Crois-tu que je renoncerai au monde terrestre ? Pas après en avoir goûté le nectar. Cette petite, je l’aime bien, elle me convient. D’ailleurs, ajouta la déesse avec un sourire, elle est en colère.

Jade sentait une force supérieure aspirer ses émotions violentes à mesure que ces dernières faisaient surface, consommées dès leur naissance. Elle était obligée de puiser au plus profond d’elle-même pour alimenter la voracité de Sekhmet.

— Justement, intervint Khonsou.

Il s’était levé, présence féline au milieu de la pièce, et des reflets de mer inondaient les murs.

— La colère est en train de la ronger, et je sais que tu t’en nourris.

— Et alors ? Qu’est-ce que tu peux y faire, toi ? Tu n’es qu’un asticot !

Le dieu de la lune s’agenouilla, son visage suspendu juste en-dessous du sien. Quand il la prit par les épaules, la brûlure de son contact la fit mugir de rage. Elle se dégagea et tendit ses paumes dans le désir de le prendre et de lui faire mal à lui aussi. Une barrière invisible la retint à quelques centimètres de la peau brune du jeune homme, incompressible sous ses doigts. Il jubilait en silence, d’un plaisir obscène.

— Si tu laisses ta haine grandir, tu risques de provoquer une catastrophe.

Prisonnière, Jade ne put que trembler, impuissante, aux images de feu et de cendres qui s’étaient allumées comme un brasier dans sa tête. Un arbre qui devenait brun, puis gris sombre, ses branches tendues vers les cieux en une supplique à jamais étouffée, les flammèches réduisant ses feuilles, sa vie, en poudre fumante. Des hommes et des femmes emmaillotés de noir, dague en main, les yeux habités de meurtre, qui soudain s’embrasaient, s’effondraient et tentaient de crier, mais ils n’ouvraient la bouche que pour avaler la fumée portée par le vent ; et leur peau luisait bientôt de gras et craquait comme celle d’un poulet au four.

Au milieu de tout ça, incongru, Jules Krik et son énorme bourde. Jade se voyait enfouir les mains dans ses cheveux et y faire naître le feu de Sekhmet. Mais la fille-soleil ne s’arrêtera pas là, non ; je réduirai le monde en poussière dans les cris et les vapeurs noires de ma lumière. Sustentée des émotions brutales de la petite, qui me rendent plus forte, je ferai gémir la terre et je boirai son sang, je le vois déjà à fleur des craquelures, resurgir du cœur terrestre pour s’offrir tout chaud à ma langue…

Khonsou saisit la petite par les épaules et approche ses lèvres de sa bouche entrouverte. Son haleine a une odeur sucrée et collante. Sous la trompeuse douceur, des relents de pourriture m’agressent. Nos deux puissances égales s’observent, impuissantes.

Puis, avec une expression de gourmandise, il m’embrasse. Le poison pestilentiel de son souffle se déverse en moi.

Pendant que le jour et la nuit s’affrontent, Jade se débat pour s’arracher aux griffes de Sekhmet, profondément plantées dans ses pensées… elle profite du chaos, du feu et de la glace qui se retrouvent en une étreinte de mort, pour s’échapper. Sekhmet la lâche et reflue dans son esprit. Jade tombe en arrière. Le dos meurtri, elle reste un moment sur le sol de sa chambre, la respiration courte et son cœur bondissant comme un oiseau en cage.

Se souvenant de Khonsou sur son lit, elle se redressa… personne. Jade écarta les cheveux trempés de sueur qui lui obscurcissaient la vue et sentit des larmes grouiller derrière ses paupières.

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Liné
Posté le 21/06/2021
Ah comme quoi, j'avais raison de dire que j'avais tort : j'ai accusé Donnie un peu trop tôt !

Un autre effet des jeux de narration sur ma petite personne, à ce stade (et je ne sais pas si ça correspond à ce que tu souhaitais créer) : comme on découvre l'univers HP via notamment Leroy, et que Leroy est une figure bien distincte des autres (il n'y a qu'elle qui enquête, par exemple, là où les ados hospitalisés sont plusieurs à subir ou à agir des évènements assez similaires), j'ai eu l'impression qu'elle était le personnage principal. En tout cas, celui par lequel l'histoire m'arrivait (ce qui n'empêchait pas de naviguer entre plusieurs points de vue). Depuis sa disparation, je m'attends un peu à ce qu'elle revienne, sous une forme ou sous une autre. Or, j'ai l'impression que, depuis plusieurs chapitres, le "nouveau" personnage principal, c'est Jade. Mais comme tu sais très bien nous balader (<3), je m'attends à d'autres potentiels rebondissements narratifs.

... Oui, pour un lundi, j'aime créer des nœuds au cerveau :-D
Jamreo
Posté le 29/09/2021
J'adore tes analyses elles me font cogiter ^^ Oui, Leroy est/était voulue comme le personnage principal, je personnage central qui a un pouvoir d'action, qui cherche, qui guide. Après les autres persos ont pris leur place un peu sans demander, et comme tu dis, Jade notamment ressort du lot, surtout depuis que Leroy n'est plus là. Je pense que c'est un effet voulu, mais en tout cas j'espère que le basculement n'est pas complètement raté, et bien sûr la suite devrait donner des réponses !

Il n'y a pas de jour pour se faire des noeuds au cerveau ;D en tout cas merci d'avoir partagé cette réflexion, et pour ta lecture évidemment !
Laure
Posté le 11/02/2021
Coucou Jam !
Ohh quelle fin, quelle histoire ! Je ne me doutais pas du tout en la commençant que ce serait une affaire aussi ancienne, aussi complexe, aussi magique !
C'est dommage que Leroy en ait pâti, je l'aimais bien. Mais bon elle a eu une mort, euh, noble, on va dire.

Merci pour la chouette lecture ! Tu as vraiment un talent pour retranscrire les ambiances et décrire les personnages !
Des bisous !
Jamreo
Posté le 16/02/2021
hey Laure !
je suis heureuse que la lecture t'ait plu, et aussi si l'histoire a pu te surprendre ! Merci en tout cas pour ta lecture et ton chouette commentaire <3
En revanche c'est pas encore la fin ! Il reste quelques chapitres pour conclure ^^ je m'en vais en poster quelques-uns ! désolée pour l'impression de fin qui n'en est pas une ^^
Laure
Posté le 16/02/2021
Aaaaah mince xD Hahaha je trouvais que ça faisait une bonne fin un peu horrible, comme quand ces héros de films d'horreur croient avoir enfin vaincu le méchant, puis finalement se rendent compte que le danger est peut-être pas tout à fait écarté !
Mais bon la vraie fin sera sans doute mieux :D
Jamreo
Posté le 20/02/2021
Oui en plus c'est pas faux que ça aurait pu faire une fin xD j'espère en tout cas que la vraie fin te paraîtra bien aussi !
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