31 Décembre 2049
Je me lève tôt ce matin, malgré cette journée de retraite exceptionnelle que j’ai obtenue insolemment et non sans mal. Mais mon projet me rendait si fier que j’étais persuadé de ne plus jamais entrer dans mon usine. Donc, je n’en avais rien à faire. Je saute du lit, prépare mon café et m’accoude à la fenêtre. Aujourd’hui, il fait beau. Les sirènes ne tonnent plus. Des passants se promènent dans la rue, je crois même qu’ils sourient.
Je bois mon café d’une traite et impatient, me précipite dans la salle de bain et en sors avec mon meilleur costume, en prenant le soin le plus extrême de bien nouer ma cravate et de cirer mes chaussures. La dernière fois que j’ai porté cette tenue, c’était pour ma remise de diplôme, avant d’intégrer le service communautaire. Je l’arbore fièrement, en pensant qu’elle me portera chance. D’un pas assuré, je vais à mon bureau et récupère mon épais dossier que je range dans une mallette noire. Puis, tandis que je m’apprête à partir, je regarde une dernière fois la bibliothèque qui m’observe, silencieuse. Je crois que je n’ai ni assez de temps, ni assez de mots pour décrire cette sensation, celle qu’on éprouve lorsqu’on arrive au bout du voyage, en se disant que ça y est, c’est terminé. Je reste devant mes livres quelques minutes, comme pour les remercier.
Puis je pars, je ferme la porte.
Je vais donner moi-même mon projet de recherche au CNE.
Et en regardant tout autour de moi, je me remémore ce qu’ont écrit les anciens.
Et en dépit de mon travail, je crois que je n’aurais jamais le fin mot de cette histoire.
Comment ont-ils prédit l’avenir ?
Et en y réfléchissant, je suis bien obligé d’en rire.
Ils ont trempé la plume de leurs envies, de leurs peurs, de leurs angoisses, de leurs expériences.
Ils ont écrit.
Et en m’écrivant en train de pousser les portes de mon avenir, je m’en rends compte.
Moi-même, en ce 31 Décembre 2049, je prédis peut-être la révolution de demain.
Un espoir de changement qui tient sur cette feuille blanche.
Un espoir que je ferais lire au monde entier si je le pouvais.
Un espoir que j’appellerai 2050.
Bon, j'espère que ce que tu nous as écrit là n'est pas une annonce de notre futur mais tout de même bravo !
C'est un texte vraiment très bien pensé, bien tourné, et qui te ressemble totalement ! <3
Espérons aussi que nous n'en arriverons pas à là ;-;
Encore merci ❤️❤️
Merci pour votre retour ! Je ne doute pas de la difficulté pour rentrer dans le texte car moi-même, j'ai du arrêter l'écriture pour quelques mois, à cause de la superposition entre ce que j'écrivais et la réalité qu'on vit en ce moment... Mais je tenais à ce début !
Je suis ravie que cette fin vous ait plu ! Tout l'intérêt de cette nouvelle était de laisser de l'espoir en dépit d'un certain fatalisme auquel on aurait nos raisons de penser !