31. La nuit la plus longue

Agathe arracha le pic de sa poitrine et, dans le même mouvement, le lâcha

 

La pointe de métal tournoya comme une toupie suspendue

 

À cet instant, un rapace perdu dans la tempête surgit des rideaux mouvants de l’ombre

 

Projetant ses serres en avant, il saisit le pic sanglant comme s’il s’était agi d’une proie

Et disparut dans les ténèbres tremblantes

 

Le corps d’Agathe s’abattait alors dans la neige

 

 

 

Il glissa lentement sur la pente du toit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis bascula dans le vide

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ses yeux avalèrent d’un trait

Une nuit sans fin

 

L’éternité se cristallisa dans la seconde

Où l'angoisse et la douleur dessinaient un flocon

Au fond du ciel mydriatique

De son regard

 

 

* * *

* *

*

 

 

Raphaëlle avait erré dans cette forêt, un dimanche.

 

Elle s’était retournée

Sur un père disant à sa fille

Qui tenait un bout de métal :

 

« Lâche, c’est sale. »

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MarieZM
Posté le 28/04/2025
Re Paul,
Eh beh. Quelle fin glaçante. C'était donc ça le lien avec l'enquêtrice !
C'est presque futuriste sur la forme (le mouvement littéraire, hein, pas l'adjectif).

Félicitations pour ce récit !
Paul Genêt
Posté le 29/04/2025
Salut Mariezm. L’interprétation de la fin est ouverte. Je ne veux surtout pas « fermer » l’histoire de Raphaëlle. Mais l’idée finale est qu’il y a, dans la manière dont la sexualité est envisagée encore aujourd’hui dans notre société, quelque chose qui creuse le lit des agressions et des crimes.
Paul Genêt
Posté le 29/04/2025
En tout cas merci pour tous tes commentaires qui vont me permettre d’envisager déjà une réécriture, notamment du chapitre où intervient la mère qui ne fonctionne effectivement pas bien. Ils me permettront aussi de clarifier certains éléments. Avec toute ma gratitude !
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