L'impératrice Ann'Berem serre imperceptiblement sa machoire tandis que les silhouettes se précisent. Je vois bientôt se dessiner sous mes yeux un Duhéëra caricatural. Minuscule et bossu, il se tient courbé sur sa canne qui se plie en un dangereux arc de cercle. Il ressemble à une peluche avec ses poils roses bonbon. Une unique main sort de toute cette fourrure pour s'appuyer sur la pauvre canne. Je ne peux m'empêcher de glousser. Mais le regard assassin qu'il m'adresse de son unique oeil violet me dissuade de recommencer. Je tousse pour masquer l'éclat de rire qui me monte à la gorge quand je vois ce qui semble être son fils : Une créature dépourvue d'oeil mais avec deux immenses oreilles d'éléphant et la même fourrure rose bonbon que son père. Enfin, le dernier arrive. A la différence des autres, il est haut d'au moins deux mètres. J'ose à peine le regarder quand il enlève la cape qui recouvre son corp. On croirait observer un grand brûlé. Sa peau noire et boursouflée disparaît par endroit pour laisser place à quelque chose de dur et blanc (un os ?). Des plaies à peine cicatrisées recouvrent son corp. Certaines saignent encore. Quand à son visage... Et bien... Un crâne bien plus long que large, quelques cheveux éparses et filandreux à la manière de Gollum dans "The Lord of the Rings", plusieurs croutes qui entourent deux yeux enfoncés dans leurs orbites dont l'absence de pupilles me perturbe grandement. Pourtant, il semble examiner tout ce qui l'entoure avec attention. Quand son regard se porte sur moi, son immense bouche dépourvue de lèvres s'entrouvre dans un début de question. Mais je le devance :
- Je suis le chasseur Liam Pollock.
Il me lance un regard qui signifie clairement "Que faîtes-vous là ?". Il semblerait que j'ai trouvé celui qui en veut à ma vie. L'un d'eux en tout cas. Mais je ne vais pas l'annonçer maintenant, ça perturberait les négociations.
Le Duhéêra caricatural (version senior) prend la parôle d'une voix ridiculement aigüe :
- Bonsoir, vénérable impératrice. Nous sommes honorés de votre présence... Ainsi que de celle du jeune... Pollock. ajoute-t-il en me lançant un regard outré.
-Bonsoir, répond Ann'Berm, confirmez-vous faire partie de ce groupe appellé "Le clan du passé" ?
- Nous confirmons votre majesté.
- Bien. Il y a quelques jours, le jeune chasseur m'a proposé d'avoir une entrevue avec vous afin d'écouter vos revendications. Alors expilquez-nous pourquoi vous vandalisez nos villes et pillez nos ressources.
- Pourquoi ? C'est bien simple. Vous n'êtes plus celle que vous étiez avant la guerre. L'impératricce sanguinaire et redoutable que nous connaissions a disparu après la défaite des Duhéêra. Vous êtes devenue trop indulgente. La preuve : Les riches se faisaient iller et vous ne punissiez pas les coupables. De plus, vous avez laissé cinq humains pénétrer notre territoire. Ces humains sont menaçants, ils ont blessé un des notres et ne désirent que semer la discorde dans l'empire Duhéëra. Notre clan ne peut tolérer une telle mollesse de la part de notre dirigeante. annonça le Duhéëra effrayant.
Je ne pus me retenir à l'évocation de notre groupe :
- C'est faux ! Nous ne sommes pas dangereux ! C'est l'un des votres qui a commencer par empoisonner mon frère ! Je veux juste rassembler les éléments permettant de le soigner ! Autrement, je ne serais jamais venu ici !
- Êtes-vous certain de ne pas être dangereux ? Votre arme me dit l'exact contraire. répond le Duhéëra effrayant en s'approchant de moi jusqu'à ce que son nez tordu touche le mien.
Je porte ma main à mon sabre automatiquement. Le Duhéëra continue :
- Mr. Pollock. Vous détenez l'épé d'Oriïn. Ce n'est pas n'importe quelle lame. C'est celle qu'a utilisé le premier chasseur pour tuer notre ancienne impératrice : L'impératrice Alnaya. Les chasseurs existaient déjà avant la guerre monsieur Pollock. Et le premier d'entre eux a cruellement assassiné Dame Alnaya avec votre épée. Cette arme... Comment l'avez-vous eue ?
- Je l'ai trouvée. je réponds.
Le Duhéëra part d'un rire bruyant, un rire sans joie .
-Trouvée hein ? Impossible. Ce genre d'arme n'arrive pas en possession d'un humain par hasard. Vous, Mr. Pollock, vous avez un lien avec le premier chasseur.
Je ne sais pas quoi dire ; comment est-ce que je pourrais le nier ? Sauf que je n'ai pas "appelé" ce sabre ou un truc comme ça... Le Duhéëra effrayant reprend la parole :
- Quoi qu'il en soit, sachez que vous n'êtes pas le bienvenue dans cet empire. Même si vous avez essayé de rétablir un peu d'ordre. Et vous, madame l'impératrice, vous ne méritez plus votre place, vous êtes incapable de diriger ce monde.
- Je pense pouvoir deviner sans peine que vous voulez une partie du pouvoir. répliqua froidement l'impératrice.
- En effet. Nous assurerions bien nos fonctions si nous accedions au gouvernement à vos côtés.
- Eh bien moi je pense que personne ne serait en sécurité avec vous ! je lançe.
-Pouquoi donc ?
- Pourquoi ? C'est bien simple : Vous organisez des assassinats. Avouez que je vous ai bien eu, vous avez cru que j'étais mort jusqu'à ce que vous me voyiez ici !
Les représentants du clan du passé prennent une expression indignée poussant des cris de protestation. Je raconte alors ce qu'il s'est passé avec le mercenaire qui avait infiltré le palais. Après mon récit, un silence tendu règne. Tous m'observent avec attention tandis que je me retiens fortement pour ne pas partir en courant et en hurlant. D'un autre côté, j'aurais aussi une immense envie de dégainer mon sabre et de combattre ces Duhéëra. Mais ce serait prouver que je suis comme eux. Alors je prends sur moi et j'annonçe calmement en langue humaine :
- Je ne vous laisserais pas prendre le pouvoir. Ce monde courrait à sa perte.
C'est alors que le Duhéëra effrayant se rapproche de moi et me saisit par le col de mon sweat, me soulevant de quelques centimètres. Tandis que je me débats pour m'échapper, il me dit à l'oreille :
- Je vous préviens Mr. Pollock... Où que vous soyez, je peux vous retrouver. Vous n'êtes qu'une tâche qui m'empêche d'atteindre mon objectif. Et, malgré votre statu de dernier chasseur, vous. Êtes. Faible. Alors restez discrets et partez d'ici. Car votre frère aîné ne pourra pas toujours vous sauver.
Il me lâche et se détourne de moi, faisant signe aux deux autres de partir. Avant de disparaître dans la nuit, il m'adresse un regard, un seul. Une regard froid, un regard qui me dis que ma vie ne tient qu'à un fil.
Quand nous revenons au château, Jhon me demande ce qu'il s'est passé. Je ne raconte pas et je me contente de dire :
- Nous n'avons plus de temps.
On voit clairement l'évolution du personnage de Liam par rapport au début de l'histoire : Il ne recule plus devant le danger, a perdu un petit côté arrogant, et ose dire ce qu'il pense sans avoir peur d'être tué ensuite.
Une remarque m'a interpellée "Car votre frère ainé ne pourra pas toujours vous sauver." De quoi parle-t-il ? Est-ce qu'un des deux frères de Liam l'ont déjà sauvé sans qu'il en ai conscience ? Ou alors il s'agit d'autre chose ? (d'un détail que j'ai oublié avec ma mémoire de poisson rouge ?)
Autre chose : J'adore le physique aléatoire des Duhéëra ! Il sont parfois tellement peu crédibles et intimidants, et parfois tellement glauques (ce n'est pas péjoratif, hein, je les adores vraiment !)
En effet, chez les Duhéëra comme chez les humains, c'est très varié. On peut en voir des effrayants comme des ridicules ! Pour ce qui est de cette réplique "Votre frère ne pourra pas toujours vous sauver", je dois t'avouer que j'ai aussi oublié... ^^
Oui, j'oublie souvent des passages de mes romans... Je vais essayer de le relire pour voir d'où j'ai sorti cette réplique.