Le massif d'Arènes, rougeoyant de jour, pourpré la nuit, s'estompait à un rythme si lent que c'en était frustrant. Trois jours s'écoulèrent avant que le point lumineux s'éteignît au loin.
Les flèches enfoncées dans la barque furent arrachées. Les conversations moururent, les paires de rameurs s'échangèrent, on rationna la nourriture. Ni Eleonara ni l'alchimiste n'avaient la force de quereller. La priorité était de rallier la terre ferme. Une semaine s'écoula ainsi.
Le souffle du soir s'était fait glacial. Serrés l'un contre l'autre et emballés dans des couvertures de laine sur le pontage arrière, Eleonara et Sgarlaad regardaient le ciel étoilé.
—J’aurais voulu savourer l’Opyrie plus pleinement, se lamenta l'elfe. Pour une fois que j’aimais un lieu, j'ai dû le quitter trop tôt.
Rendu hirsute par la brise, Sgarlaad, passa un bras autour de ses épaules, les paupières abaissées.
—Un jour, quelqu’un comme toi et quelqu'un comme moi voyageront et ils ne devront ni se cacher ni rien justifier à qui que ce soit.
—Tu crois ? dit Eleonara, un sourcil arqué, une narine froncée. Je n'arrive pas vraiment à me l'imaginer.
—C’est pourquoi tu dois rester en vie, retrouver ton peuple et leur parler de ce que tu as vu. Pour ceux qui sont à venir.Je redresse tes oreilles ?
Il avait parlé sur un ton si plat qu'elle mit un moment avant de comprendre ce qu'il attendait d'elle.
—C'est vrai que nous avons du temps à tuer. Bon, allons-y. Comme ça, ce sera fait.
De l'autre côté de la lune-d'eau, Amazzard leva les yeux au ciel et inspira fort.
—N'essayez même pas de nous donner votre avis, maugréa Eleonara.
—Tant que tu ne viens pas pleurnicher chez moi après, ça m'est bien égal.
L'alchimiste reprit les rames, penchant son torse en avant, puis en arrière. Accrochée à son long gilet noir, sa collection de tubes se balançait au gré de ses mouvements. Devait-il réellement les embarquer partout avec lui et ce, à la vue de tous, au risque de les perdre ou de les casser ?
Face à lui, Sebasha gardait le silence. Depuis l'incendie, elle ne s'exprimait que rarement.
—Tiens.
Sgarlaad lui tendait une cuillère de bois. D'abord confuse, Eleonara l'accepta, puis, avec une moue peu appréciative, elle glissa l'ustensile entre ses mâchoires, serra et respira par le nez, anticipant l'inévitable.
Lorsque e Nordique posa ses doigts de part et d'autre de son pavillon gauche, Eleonara fut traversée d'un frisson. Ses mains étaient gelées ; il venait de les tremper dans l'eau. Délicatement, il chercha un certain pli, un certain point d'appui.
Sans crier gare, Sgarlaad déplia son pavillon d'un coup sec ; il y eut un craquement, puis une zébrure de douleur ardente. Eleonara gémit du plus profond de sa gorge. Une fois relâché, l'appendice traité lui parût doubler de volume. Chaque pulsation, grandissante, martelait le côté de sa tête.
Les larmes aux yeux, l'elfe présenta son oreille droite. Idem : un craquement, un élancement brûlant. Pour réduire l'inflammation, Sgarlaad lui baigna les oreilles d'eau fraîche. Eleonara l'intégra à peine. Aussitôt ses pavillons redressés, ses canaux auditifs furent inondés de sons discordants, des râles de la mer au frottement des manches des rames contre le plat-bord. Elle sonda ses environse comme un bambin esseulé dans une foule.
Ses propres ongles contre les planches. Les pales des rames creusant l'eau. Sa respiration. Celle de Sgarlaad. Celle de Voulï. Celles des Mysticophiles. Elle entendait tout, absolument tout.
Elle se tint au plat-bord, submergée par la nausée.
—Pasdansla barque, la pria Amazzard. Le poney nous amène suffisamment d'effluves, merci beaucoup.
Eleonara ne mordit pas en retour. Sa voix résonnait contre son tympan comme un ricanement collé à son oreille. Plusieurs battements de cœur, alternés, se croisaient les uns par-dessus les autres : les siens, comme des déflagrations résonnantes et ceux du Nordique, plus accélérés qu'à l'accoutumée. C'était assourdissant.
—Tu t'habitueras, assura Sgarlaad en mikilldien. Tes oreilles captent des subtilités inaudibles pour les humains. Tu apprendras à ignorer certains sons et à intégrer ceux qui t'intéressent. Garde encore ton chèche, il atténuera le bruit.
Bien que l'influx sonore l'accablât, l'elfe décela de nouvelles notes dans la voix rauque et plane de Sgarlaad. Patience. Réjouissance. Une profonde lassitude. Avec une grimace, Eleonara réorienta ses oreilles vers lui.
Un sourire arrondissait les joues rouges du Mikilldien. Le cœur d'Eleonara s'emplit de reconnaissance ; il lui avait rendu son sens le plus développé.
—Sgarlaad, je...
Elle écarquilla les yeux. Était-ce sa voix ? Son accent einhendrien se soulignait-il autant quand elle parlait mikilldien ? Quelle horreur, elle devait mieux prononcer ses consonnes !
Sgarlaadlui pressa l'épaule et pointa son doigt loin devant. Une tache noire et dévorante se dessinait à l'horizon et semblait s'élargir vers eux.
Eleonara la reconnut aussitôt ; la même illusion optique l'avait marquée quand elle l’avait aperçue pour la première fois depuis Terre-Semée. La fierté gonfla dans sa poitrine, l'émotion appuya sur sa gorge. Dans un salut muet et révérend, elle s’inclina brièvement.
Hêtrefoux.
— Nous devrions voguer vers le large, conseilla Sgarlaad.
— Non, nous suivrons la rive, fit Amazzard. Il vaut mieux que nous accostions avant la levée du jour et cachions la barque. Pour votre information, Monsieur Je-suis-absent-au-pire-des-moments, la source du qanat se trouve à l'orée sud de la Forêt et non pas au milieu de la Mer Tapie d'Or.
Sgarlaad parut désarçonné.
— Le qanat ? Attendez, vous espérez localiser les auteurs des billets à la source du qanat ? C'est de la folie ! N'avons-nous pas conclu qu'un certain groupe elfique organise des attentats ? Nous n'accosterons pas ici. Pas au sud. C'est tropdangereux.Je désapprouve. Je désapprouve fortement.
— Désapprouvez autant que ça vous chante, répondit l'alchimiste sans perdre son air blasé. La source du qanat est la meilleure piste – non, la seule – que nous possédons à cette heure. En outre, les billets ont cherché à nous prévenir ; il y a donc au moins une bonne âme dans ce bois qui ne veut pas nous annihiler. Autre point important : si les assaillants commettent leurs attentats à l'étranger, c'est qu'ils ne sont pas – du moins pas tous – campésà Hêtrefoux. Je ne sais pas vous, mais j'estime ça plutôt encourageant.
— Vous oubliez les Sylvains, dit Eleonara.
— L'ex-Sylvain nous dira comment les éviter ; il faut bien qu'on lui trouve une utilité.
Le Mikilldien ouvrit la bouche pour répondre, mais Sebasha le devança :
— Si nous accompagner n’est pas ton désir, Mikilldien, libre à toi. Dépose-nous et suis ton chemin. Certaines réponses ne peuvent se cueillir qu'à Hêtrefoux ; nous devons à l’humanité de les récolter.
Sgarlaad secoua la tête en soupirant.
— Je suis trop faible pour aller au Nord, c’est une réalité. Si vous désirez visiter l'extrémité sud de Hêtrefoux, soit, je ne m'opposerai pas à vous. J'irai toutefois rejoindre la Compagnie de Flavin. Ils nous offrirons protection.
— Nous ?
— Bronwen et moi. À moins que...
Il se tourna vers Eleonara, le regard interrogateur et presque suppliant.
— Ce n'est pas une mauvaise idée, répondit-elle.
La barque ralentit ; on avait arrêté de ramer. Voulï se leva pour étirer ses pattes, scrutant les visages de passagers d'un air ennuyé.
À l'étroit entre le regard dictatorial de Sebasha, le faciès insupportable d'Amazzard et les lentilles froides de Sgarlaad, Eleonara se fit craquer les doigts. Elle avait craint cette confrontation comme la survenue d'une peste.
— L'apostate vient avec nous, décréta la Chercheuse en montrant les dents.
—Un instant, s'il vous plaît, dit Eleonara, déterminée à établir sa place. Madame Sebasha, vous m'aviez proposé de me joindre à vous pour votre mission ; je devais vous faire parvenir ma réponse avant une échéance. Ça n'a pas été possible. Autrement dit, nous ne sommes arrivées à aucun accord officiel. En plus, vous ne m'aviez pas mentionné un certain détailfastidieux changeant toute la donne. (Dans sa vue périphérique, l'alchimiste contracta sa mâchoire de biais.) Comprenez mon hésitation. Si Sgarlaad – le seul ici qui connaît Hêtrefoux, je le rappelle – a un avertissement à nous transmettre, à votre place, je l'écouterais. Et qui sait ? La Compagnie de Flavin pourrait avoir des informations utiles concernant les auteurs des billets.
À en juger leurs mines effarées, ni l'alchimiste ni la Chevaucheuse de dunes ne s'étaient attendus à cette rebuffade.
—Stupidités ! explosa Amazzard. À quoi ça sert de gaspiller du temps précieux à l'extrémité nord de la Forêt ? Il n'y a même pas d'elfes !
— Fille, tupenses comme un macaque qui a abusé de fruits fermentés ! renchérit l'Opyrienne.
Tandis que l'alchimiste entamait une discussion échauffée avec Sgarlaad. Sebasha lâcha une rame pour saisir Eleonara par le poignet et, baissant la voix, lui confia :
— Tu t'es liée d'amitié avec cet homme, je le sais, mais tu lui en demandes trop. Il est mourant. Tu te retrouveras seule du jour au lendemain. Viens avec nous ; notre mission ne te tient-elle plus à cœur ?
— Si, mais Sgarlaad a abandonné l'idée d'aller au Nord ; à mon tour de faire un compromis.
— Je ne te comprends pas.
— On est une équipe, lui et moi. Une équipe qui ne se poignarde pas dans le dos. Je n'irai pas à la source du qanat sans lui. La curiosité n'est pas une bonne excuse pour sacrifier un allié.
Sebasha riposta, mais Eleonara fixa la tache foncée entre ciel et eau. Maintenant que la Forêt Maudite était si proche, elle ne le niait pas, elle avait faim de Hêtrefoux. Cette-ci irradiait une irrévocabilité brutale, à la fois intimidante et attirante. Eleonara ne voulait pas l'explorer seule, mais avec quelqu'un de son côté. Pas parce qu'on l’estimait utile. Pas parce qu'on la jugeait intrigante à étudier. Juste comme ça.
La voix de Sgarlaad, toujours en litige contre Amazzard, s'éleva soudain, éreintée.
— J'ai construit ce bateau pour elle, pas pour moi. Il ira où elle le voudra, elle en fera ce qu'elle voudra, car elle en est la maîtresse.
Il ne s'était pas adressé à Eleonara, mais quand il sut qu'elle l'avait entendu, il se tut. Son ahurissement fut si flagrant que la jeune elfe en eut le ventre traversé d'une hallebarde. Une étrange chaleur envahit sa poitrine, exactement comme lors de leurs adieux au Don'hill. Il venait de lui avouer quelque chose, mais quoi exactement, elle ne le savait pas.
— Alors, c'est décidé, reprit-elle haut et fort, à l'intention de tous. Nous ne naviguerons ni trop loin ni trop près de la rive. Nous accosterons juste avant l'aube pour déposer ceux qui veulent descendre et ensuite, la lune-d'eau poursuivra son itinéraire vers le nord de la Forêt.
Aucun des deux partis ne parut enchanté, mais au moins, personne ne s'opposa. À part l'alchimiste, naturellement.
—Tu vas tout ruiner.
—Avouez-le, contre-attaqua-t-elle, ce qui vous dérange, c'est que je sois dotée de libre arbitre.
—Non, ce qui m'agace, c'est que tu es une saboteuse. Et maintenant que j'y pense, on peut également ajouter voleuseà la liste.
— Pardon ?
— Ne fais pas l’innocente. Tu sais très bien de quoi je parle. Un flacon. Un liquide turquoise avec des agglomérations dorées à sa surface. Ça m'a pris un moment pour comprendre où il était passé.
Eleonara avala sa salive de travers. Le fla... oh non.
— Et alors quoi ? Vous aussi, vous m’avez volée. J'avais une sacoche à Terre-Semée et vous me l'avez prise. De toute façon, je ne l’ai plus, votre flacon. Je l’ai perdu.
Amazzard se plaqua la paume contre le front et grogna comme s’il s’était pris un palmier.
— Comment as-tu… Peux-tu seulement imaginer… C’était le seul qui me restait ! L'antidote contre les dards elfiques ! Un atout essentiel dans la Forêt Maudite !
Tous dévisagèrent l'alchimiste. Le cœur d'Eleonara, lui, chuta dans un puits très, très profond.
— Oh... effectivement, ça aurait pu être utile.
L'antidote. Il existait un antidote et elle l'avait eu sous la main pendant tout ce temps. Elle aurait pu sauver ses consœurs. Elle aurait pu éviter l'hécatombe. Elle aurait pu...
— Vous n'en avez créé qu'un ? demanda Sgarlaad.
— Les ingrédients nécessaires sont rarissimes ; il m'a fallu une vie entière pour les rassembler !
Eleonara hésita à lui présenter des excuses, avant de se souvenir qu'elle n'avait aucune raison de compatir avec Hémon Amazzard.
Une heure plus tard, l'elfe avait l'impression de ne pas avancer du tout. Autour d'elle, il n'y avait que la mer, les étoiles et la noirceur grandissante. La brise fouettait son visage, lui soufflait des mèches de cheveux dans la figure et tirait sur son chèche déchiré.
Voulï, calé inconfortablement sur ses genoux, soupirait doucement. Sgarlaad somnolait, une tempe contre le plat-bord. Le menton appuyé sur le dos des mains, Eleonara ne bénéficiait pas de cette tranquillité. Elle avait cru entrevoir une ombre-silhouette derrière la lune-d'eau. Dans l'épaisseur de l'encre nocturne et le scintillement des vagues, il était facile de s'imaginer le mât d'un poursuivant ou la queue d'un monstre aquatique. Poursuivant ou illusion, quelque chose les talonnait, aussi silencieux qu'un fauve à l'attaque.
Eleonara étira le cou, ses oreilles pointues dirigées vers l'avant. Elle pressa ses paupières ensemble et se concentra.
Des remous. Le bruissement de vagues rencontrant une surface solide. Une présence imposante. Une silhouette se traça dans son esprit. Longue, pointue et haute. L'ombre d'un bateau plus grand, beaucoup plus grand.
Elle rouvrit les yeux. Qu'étaient ces points jaunâtres ? Jaunâtres, comme les uniformes de la garde de l'émir ?
— Sans vous effrayer, sachez qu'on est traqués par un boutre.
Les autres passagers eurent à peine le temps de réagir qu'une détonation perfora leurs tympans, suivie d'un impact sous la coque. La lune-d'eau cahota comme si elle avait percuté un récif, culbutant ses passagers et sa cargaison. Voulï s'affola, se cogna contre Eleonara qui manqua de se casser les côtes contre une paroi. Sgarlaad se heurta à une banquette et Sebasha perdit une rame. Les vivres éjectèrent et se parsemèrent à la surface des flots ; Amazzard s'empressa de pêcher celles qu'il pouvait depuis la barque qui ondoyait sur des vagues toujours plus arquées.
— Quel est ce cirque ? beugla-t-il.
Là, une force invisible tira brutalement la barque de côté avant de la relâcher. Eleonara eut juste le temps d'entrevoir une forme humaine s'éloigner sous les flots agités, quand une substance gelée submergea ses orteils, ses chevilles et enlaça ses mollets. D'un sursaut, elle se mit debout, à la recherche des gobelets, avant de réaliser qu'ils étaient passés par-dessus bord.
— On coule !
Sgarlaad tâtonna le fond de la lune-d'eau du plat de la main
— Le trou est trop large, nous ne pouvons pas le boucher.
— Le trou ? Mais comment... un rocher ?
Un écho désincarné trompeta dans la nuit.
— Mille pardons, mais sa Grandeurtientvraimentà ce que vous preniez la peine de visiter Hêtrefoux. Le plus vite possible. Nous vous remercions pour votre attention. Bonne nuit !
Sebasha soupira telle une oracle assistant à la survenue d'un événement prédit. « On vous a averti » disait l'air contrit d'Amazzard. Voulï, comme dégoûté du liquide qui rentrait, replia une patte. Sgarlaad, lui, plissa son grand front.
Eleonara embrasa les deux Mysticophiles du regard.
— Couler notre barque. L'émir déborde de créativité quand il s'agit de nous faire échouer quand et où il le veut, n'est-ce pas ? Vous saviez qu'il prévoyait de nous noyer ?
Voulï enchérit par un ébrouement révolté.
— Nous ne pensions pas que le prince nous surveillerait de si près, admit Sebasha en examinant la perforation. Ils ont tiré un grappin et envoyé des plongeurs pour le récupérer. Normalement, ils sondent les profondeurs de la mer à la recherche de crustacés, de perles, de coquillages. Embauchés pour saboter des coques... Une très, très bonne idée.
La forme brouillée du boutre de la garde royale, ayant triomphé dans son devoir, fit demi-tour et se volatilisa.
Amazzard, que l'eau noire avait immergé jusqu'aux hanches, désintégrait tour à tour Eleonara puis Sgarlaad des yeux.
— Que l'on soit bien clairs, tout ceci est – une fois de plus – entièrement de votre faute.
Une vague plus haute que les précédentes suffit pour que la lune-d'eau sombrât vers les profondeurs de la Mer Tapie d'Or. Avalée par une eau froide et sans pitié, Eleonara se mit en boule. Le choc de température lui fit mal, surtout autour de ses organes vitaux qui se contractèrent comme des poings. Elle ouvrit grand les yeux, l'Œil de Diutur pesant autour de son cou. À ses alentours, les jambes des Mysticophiles et de l'ex-Sylvain pédalaient. Plus bas, au sein de l'immensité floue, son chèche et sa touaille, fantômes de toiles, fuguaient ensemble vers les tréfonds. Elle tendit un bras. Sa touaille, sa fidèle touaille. Une partie d'elle-même était restée cousue à ce tissu.
Plus bas encore, une tache beige poursuivait sa course vers les ténèbres. La lune-d'eau. Des mois de travail, d'application et de sueur, condamnés à l'oubli. Cet infini incertain effraya Eleonara ; il l'attirait à lui en dépit de ses efforts pour remonter. À force de ramer, ses bras s'étaient fatigués. Ses poumons s'alourdissaient ; ses battements de cœur tonnaient comme une salve aquatique.
Rassemblant ses dernières traces de vigueur, elle se propulsa vers la surface. Elle réussit à pointer le nez et la bouche hors des flots, juste le temps de ravir une généreuse bouffée d'air.
Quelque part entre les cieux couleur orage et la mer, Voulï hennissait.
— Elle est là ! s'écria-t-on, juste avant qu'une onde l'engloutît.
Elle agita ses jambes et ses bras de plus belle. À nouveau, elle réapparut, sans souffle. Sur ou sous l'eau, l'obscurité régnait partout. Elle ne distinguait les autres que lorsqu'une vague brillait et délimitait leurs silhouettes.
— Nagez vers l'ouest ! hurla Amazzard, hors de lui. Je ne veux pas savoir quel genre de fiente se promène dans ces eaux. Argh, quand je vous disais qu'il fallait se rapprocher du rivage !
Eleonara n'avait aucun moyen de déterminer l'ouest mais elle pouvait suivre les éclaboussures des autres nageurs. Elle brassa dans cette direction, mais s'affaiblissait plus qu'elle n'avançait. Avec les brûlures de ses articulations qui s'intensifiaient, elle appréhendait le moment où ses membres l'abandonneraient.
— Bronwen !
Sgarlaad, accroché à un ballot de vivres, flotta à sa rencontre. Il lui attrapa le bras juste sous l'épaule et le ramena à lui pour qu'elle prît appui sur le ballot, elle aussi.
L'elfe cracha ses poumons et appuya sa joue contre la toile de jute.
— Merci. Sgarlaad, la lune-d'eau a... elle a coulé... balbutia-t-elle, les lèvres tremblantes.
Sgarlaad lui pressa le poignet.
— Je sais. Elle nous a été loyale jusqu'au bout. Allons, lui suggéra-t-il en lui montrant Hêtrefoux du menton.
Il claqua de la langue, appelant Voulï qui, les yeux exorbités, les rejoignit en pataugeant du mieux qu'il le pouvait. Sgarlaad attrapa ses rênes et l'encouragea en avant.
Conduisant ainsi leur embarcation de fortune, ils rattrapèrent Amazzard et Sebasha, perchés sur d'autres provisions qui n'étaient pas parties à la dérive.
Ils fonçaient droit vers l'absorbante obscurité du rivage. L'eau s'empâtait, épaisse de saletés et de débris. Des paquets noirs et humides s'aggloméraient et vaguaient telle une huile poisseuse, une résine résistante. Avancer devint de plus en plus corsé : des arbres tordus poussaient hors des flots. Leurs racines sourdaient et s'entrelaçaient, créant des cages naturelles à moitié submergées. Ils se courbaient tels des anciens avachis, se pliant sous le poids de leurs lianes grises. Si Agnan avait été là, il aurait comparé ces dernières à des filets de morve.
Eleonara inspira fort et étira ses oreilles au maximum, étalant ses sens pour absorber chaque détail, chaque nuance de Hêtrefoux. Sa mangrove était si belle, si triste ! Son mystère lui rappelait les yeux sombres et profonds de la Dame, pleins d'obstacles et de méandres du passé.
— Aïe !
Elle s'était cogné le genou ; elle tâta sa blessure.
— Par ici ! héla-t-elle. Il y a des pierres, la terre ferme doit commencer tout près !
Un peu plus loin, elle lâcha prise du ballot pour s'agripper et se hisser sur les roches parsemées dans une boue noire et lisse. Elle eut une curieuse sensation en touchant terre. Celle de la connaître. Elle y enfouit ses mains, en absorba la tiédeur et y déposa son front, la gorge serrée. « Je t’ai trouvée. Je t'ai enfin trouvée. Je suis rentrée à la maison. »
Derrière elle, Sgarlaad se racla la gorge.
— Euh, que fais-tu dans la fange ? Tu vas nous aider à monter ?
— Oh oui, pardon !
Elle prêta main forte à Sgarlaad et à Sebasha qui la rejoignirent. Dans l'eau jusqu'au nombril et un rouleau de couvertures sur l'épaule, Amazzard leur remit les rares provisions ayant survécu tant bien que mal au naufrage. La selle s'était perdue avec la lune-d'eau.
Puisant dans leurs maigres forces, Sebasha, Sgarlaad et Eleonara tirèrent les ballots jusqu'à eux un par un. Puis ce fut au tour Voulï de s'extirper du liquide foncé. Il dut toutefois être amené à faire un détour, afin de ne pas déraper sur les pierres inclinées et la boue. Comme le poney refusait d'obéir, Sgarlaad redescendit pour le tenir de part et d'autre de sa bride.
— Allez, allez ! lança-t-il en dialecte.
Moins patient, l'alchimiste lui administra une fessée, à laquelle le poney répondit par un coup de sabot. Heurté à la cuisse, Hémon tomba dans l'eau charbonnée, rejaillissant aussitôt en recrachant des feuilles comme des plumes de choucas.
Si au premier abord, la superficie des flots semblait tapissée de feuilles en putréfaction, la majorité de la pâte noire se composait de flocons. Eleonara considéra les macules sur son corsage au clair de lune, puis contempla celles se nichant dans les plis de ses paumes.
— Des cendres.
Il n'y en avait pas uniquement dans l'eau. Les traînées noires et argentées se poursuivaient entre les arbres qui, blottis les uns contre les autres, empêchaient une vue à distance. Étaient-ce des Oxomores ? Ils avaient l'air moins hauts que dans ses souvenirs.
Le littoral n'était pas plus fiable que le fond de la mangrove. Il ondulait, imbibé d'un surplus de liquide. Trempés, tremblotants et épuisés, les échoués longèrent la côte avec la lune pour seule guide. Ils ne s'enfonceraient pas davantage dans les bois ; une rencontre prématurée avec des Sylvains mettrait un terme à leur expédition avant même qu'elle ne pût débuter. Leur priorité était de dénicher un abri où passer la nuit, se réchauffer auprès d'un feu, manger et se reposer. Ils établiraient une stratégie le lendemain.
Grelottante, Eleonara examinait les arbres. En s'éloignant de la mer, les troncs poivre et sel s'allongeaient et corrigeaient leur posture. À la base de leurs houppiers naissaient des feuilles grisâtres, les mêmes que pour faire du papyrus elfique, tandis que les ramures moyennes et supérieures développaient des aiguilles.
Les piliers de la Forêt Maudite étaient hybrides : à la fois feuillus et conifères. L'elfe n'était pas seule à s'ébahir : comme transporté, l'alchimiste cueillait des échantillons de brindilles et d'aiguilles pour les glisser dans ses innombrables pochettes. Fidèle à elle-même, Sebasha renversait la tête pour deviner les cimes de ses colosses végétaux tout en gardant les pouces coincés dans sa ceinture d'armes de jet. Quant à Sgarlaad, il balayait les lieux d'un œil alerte.
Eleonara huma la senteur de vieille cave humide à plein nez et s’imprégna du délicieux silence.
— Glauque, fit l'alchimiste.
— Extraordinaire, murmura Eleonara pour elle-même, en extase.
Ils marchèrent longtemps mais finirent par découvrir, sur une partie encore plus rocheuse de la côte, une grotte cachée donnant sur la Mer Tapie d'Or. Ils y descendirent les uns après les autres avec précaution, auf Voulï qui manqua de déraper sur la légère déclinaison rocailleuse.
Une fois sous le couvert troglodyte, les naufragés se jetèrent à terre et déplièrent les laines humides qu'Amazzard avait porté sur son dos. À l'embouchure de leur nouveau gîte, Sgarlaad disposa des cailloux en cercle, battit le briquet et incendia les feuilles et les branches sèches qu'il avait amassées en chemin.
Exposés à la bienveillance des flammes, Sgarlaad et Amazzard retirèrent leurs tuniques qui leur collaient au sternum pour les suspendre à proximité de l'âtre improvisé. Sebasha portait si peu sur la peau qu'elle était déjà aussi sèche qu'une pierre de reg. Eleonara ne pouvait pas en dire autant. Sa boucle de ceinture mikilldienne se pressait contre son ventre comme un glaçon et son corsage moucheté de cendre adhérait à sa chair froide, révélant des formes qu'elle aurait volontiers dissimulé. Les orteils sur le cercle de galets chauds bordant le feu, elle serra ses genoux contre elle. Après des heures exposée au vent et la baignade aussi inespérée que glacée, elle avait attrapé un rhume.
Grâce à la clarté du feu, elle pouvait enfin lire les visages de ses compagnons, crottés de cendre et de feuilles fragmentées. Sgarlaad traduisait un abattement le taraudant jusqu'à la moelle ; Sebasha était toute réflexion et Amazzard, exaspération et frustration. Dépourvu de son pelage touffu et gouttant du toupet, Voulï frissonnait dans son petit corps dodu. Lui aussi avait eu droit à une couverture, qu'il partageait avec Sgarlaad.
On se passa en silence les raisins secs et les restes de viande séchée ; Voulï mâchonna quelques poignées de céréales.
Le sommeil fut léger. Hêtrefoux était un cimetière dont la sérénité était quelquefois interrompue par un craquement de ramille ou le sifflement du vent. Les siestes d'Eleonara étaient si brèves qu'elle avait l'impression de fixer le plafond denté de la grotte depuis des heures. Se roulant sur son épaule gauche, elle vit que Sgarlaad, allongé à une coudée d'elle, dormait à poings fermés. Cette journée l'avait élimé ; qu'en serait-il des épreuves à venir ?
Elle s'arrêta de respirer. À l'autre bout de la grotte, Amazzard, fixait le Mikilldien d'un œil trop intéressé. D'une manière ou d'une autre, elle devrait se débarrasser de l'alchimiste. Le tenir à distance, elle le pressentait, ne suffirait plus.
À contrecœur, elle toucha l'épaule du Nordique. Elle l'avait à peine frôlé que ses paupières s'ouvrirent sur ses iris d'un gris perçants.
Eleonara braqua un regard insistant sur lui et ouvrit la bouche. Un croassement affreux retentit. Elle sursauta et se toucha la gorge, éberluée. Ce ne fut que lorsqu'une silhouette ailée se matérialisa dans l'ouverture en demi-lune de la grotte qu'elle comprit que le cri à glacer les sangs ne venait non pas d'elle, mais d'un très gros corbeau. Un corbeau de la taille d'un aigle.
— Par tous les maux de la terre, voilà le volatile le plus hideux du monde, s'écria Amazzard. Mais ça doit pouvoir se digérer.
Entre-temps, Sgarlaad s'était mis en tailleur. Dos au feu de camp, il projetait une ombre terrible sur l'alchimiste et Sebasha, qui, peu gênée par le bruit, continuait à dormir.
— Manger une Harpie serait la pire des ignominies. C'est un oiseau sacré ; je n'aurais pas d'autre choix que de vous tuer. C'est la tradition.
— Charmant.
— Elle a un message attaché à sa patte, remarqua Eleonara. Il doit être pour toi, Sgar... hé !
S'étant rapprochée du rapace à genoux, elle avait manqué de perdre l'ongle de son index. La Harpie écarta ses ailes, menaçante.
— Attends, s'écria Sgarlaad. Si nous ne la nourrissons pas, elle refusera d’expédier ma réponse et nous suivra jusqu'à ce que son appétit soit satisfait. Offre-lui nos restes de viande séchée.
L'elfe considéra la faible quantité de victuailles qui leur restait.
— Je ne peux pas plutôt lui refiler un ver de terre ?
Sgarlaad plissa les yeux. Avec un râlement et une once d'appréhension, Eleonara s'accroupit devant l'oiseau pour ne pas l'épouvanter et lui lança la viande pour l'occuper. Elle voulut détacher le message ; le volatile la réprimanda, agressive, et chercha à la becqueter, avant de sautiller jusqu'au Mikilldien. Elle se percha sa cuisse et goba sa récompense.
— Te revoilà donc, Baatu, souffla Sgarlaad en lui grattant le cou et les joues déplumées. Ça fait longtemps, chère amie.
Couverte de cicatrices, la messagère ailée se laissa faire, les yeux clos, savourant les cajoleries. Profitant de cette distraction, le Nordique s'empara de la missive et la parcourut en vitesse. La Harpie écarta ses paupières et glatit, réclamant son attention.
Sgarlaad leva les yeux vers Eleonara.
— C'est Agnïnwur.
Elle s'empressa de se rasseoir à ses côtés.
— Diutur soit loué, c'est vrai ? Comment va-t-il ? Où est-il ? Que dit-il ?
— Il est vivant. Il a réussi à remonter jusqu'au Mikilldys en bateau et m'assure que la charte de Glingen est en sécurité mais... il a été pris en otage par Sergius de Blodmoore et réside actuellement dans les cachots du château de Morglier. Il a été interrogé, torturé et... ah, voilà qui est intéressant. Apparemment, tu es morte il y a une année.
« Mince », pensa Eleonara.
À sa gauche, une Harpie affamée la foudroyait des yeux : à sa droite, Voulï jaugeait la Harpie, la langue tirée.
— Oui, il croitdur comme fer que tu es décédée. Il assure que tu as été assassinée par la Bête du Don'hill et que c'est une de tes consœurs survivantes, Sœur Melvine, qui le lui a dit.
Sgarlaad tendit le bras pour que la jeune elfe étudiât le texte.
Elle ne le lut pas. Elle avait perçu une voix, chevauchant la brise. Un murmure, un ordre, quelque chose que l'on ne refusait pas. Tu me remplaceras.
Un frisson escalada ses vertèbres ; elle se leva et scruta l'obscurité, guignant même par-dessus les murs de la grotte, en direction des bois. Rien. Elle questionna son for intérieur. Ce n'était pas moi, je le jure.
Elle se rassit. Des hallucinations auditives. Depuis le redressement de ses oreilles, elle les cumulait.
À côté d'elle, Sgarlaad s'était tendu, puis rembruni.
— Ignore-la.
Les oreilles d'Eleonara s'étendirent de surprise.
— Toi aussi, tu as entendu quelque chose ?
— Oui.
— Je n'ai rien entendu du tout, maugréa l'alchimiste en se recouchant.
Eleonara ne lui prêta pas attention.
— Qui est-ce ?
— Ce n'est pas une personne. C'est un arbre.
— Un... un arbre ?
— Oui. Il est mieux d'ignorer ce genre de voix, crois-moi. Elles te diront ce que tu veux entendre et se joueront de ton esprit.
Eleonara se mordit la lèvre inférieure. Il était inquiet. Et pourtant, elle ne comprenait pas ses saccades méfiantes, ses poings fermés, la tension qui le parcourait. Elle n'éprouvait aucune crainte ; seulement un calme implacable et une curiosité démangeante.
Sgarlaad retourna le message d'Agnan et se mit à répondre au verso à l'aide d'une brindille noire. Ce fut au tour d'Eleonara de froncer les sourcils. Pourquoi avait-il perçu cette voix ressemblant à celle de la Dame, formulant des mots que seule Eleonara connaissait ? Ou alors, avait-il entendu autre chose ? Et surtout, comment un arbre pouvait-il émettre des sons ?
Quand il eut terminé, Sgarlaad lia son mot à la patte de Baatu, qui prit aussitôt son envol.
— Nous ferions mieux de fermer l’œil.
Il se recoucha et finit par s'endormir. Eleonara en fut incapable. Dans quelques heures, Hêtrefoux s'éveillerait et se serait à elle, la traductrice, l'apostate, l'elfe et la future ambassadrice, de retrouver les siens et d'accomplir sa promesse à la Dame.
Elle s'adossa contre une paroi. Pour rien au monde elle ne raterait sa première aube à Hêtrefoux. Et, comme elle s'y attendait, ce fut grandiose.
Tandis qu'elle s'ébahissait devant le ciel versicolore et jaspé, quelque part au cœur de la Forêt, une voix l'appela à nouveau.
Je vais avoir du mal a te faire un retour general, notamment a cause de la longue pause que j'ai faite qui m'a quand meme pas mal coupee, meme si apres toutes ces annees tout m'est revenu tout de suite, grace a tes persos attachants et l'ambiance tres precise !
Mais quelle histoire super! Ca m'a vraiment fait du bien de reprendre, et tous ces derniers chapitres sont super, Elé et Sgarlaad sont trop touchants, et la fuite de la ville en bateau, la ville en flammes... Et enfin hêtrefoux, Woaaah ! J'ai hate de lire le tome trois !! En roman publié, si possible, haha! Tu le merites largement !
Ahh Sorryf tu me fais fondre avec tous ces mots encourageants ! J'ai fini un brouillon du tome 3, mais je dois reprendre quelques éléments dans mon tome 1 et m'assurer que la suite reste cohérente :) (Est-ce que tu connais le concours des Murmures Littéraires? J'y avais envoyé mon tome 1 et j'ai reçu des retours super intéressants)
J'espère que tes projets scribouillards avancent bien ^^ Que la muse de l'écriture soit avec toi pour cette année 2023 !
Merci encore pour avoir voyagé dans le petit monde des Troyaumes :)
Que te dire après cette lecture, si ce n'est que j'ai adoré du début à la fin. Une fois ma lecture reprise (mea culpa pour la longue interruption), impossible de m'arrêter très longtemps. J'aime tes personnages, leur complexité, leurs faiblesses comme leurs forces. J'aime surtout la façon dont tu les fais évoluer au fil des pages.
Elé, qui est passée de brindilles hargneuse à jeune femme courageuse, qui se bat pour ses proches et sait imposer ses volontés <3 Elle ne se laisse plus trimballer au gré des évènements.
Agnan, qui devient top sexy :D
Melvine, qui devient actrice de sa vie aussi, sans se laisser submerger par sa Malédiction.
Sebasha, qui a pris une certaine humanité malgré ses tours et ses détours.
Sgarlaad, enfin, qui me brise le coeur et le réchauffe à la fois. Si tu me le tues, celui-là, on va avoir des mots :D Je veux absolument qu'Elé lui trouve un remède!! <trépigne> Que cette ordure d'alchimiste serve à quelque chose, quoi è_é
En tout cas, si tu publies le tome 3, je serai là, prête à bondir et à commenter ^^ Au-delà du fait que j'adore l'histoire, je pense qu'elle mérite d'être publiée et lue par le plus de gens possibles. Que l'histoire d'Elé touche un public large, autant qu'elle m'a touchée.
Ça fait bizarre de clore ce chapitre et de me dire que je ne saurai pas tout de suite ce qu'il advient de leurs aventures à Hêtrefoux. Qui donc souhaite abattre les plaies sur les Troyaumes? Et qui essaie de l'en empêcher?
A bientôt, j'espère et encore bravo ^^
Alice
ça me touche tellement que tu te sois autant attachée à mes personnages et à mon histoire <3 ahhh que dire à part que ça me fait trop plaisir !
Je retiens la menace concernant le sort de Sgarlaad xD Et j'avoue que l'alchimiste devra se prouver dans le prochain tome parce que sinon, il aura de gros ennuis !
Ahhh mais c'est tellement gentil ce que tu dis, je fonds <3 merci du fond du coeur, c'est très motivant! Un jour, je tenterai l'édition; je vais essayer de finir la série d'abord, ou du moins les 3/4 ^^
Moi aussi, j'aimerais sortir le tome 3 super vite, ça m'économiserait tant d'arrachage de cheveux ! Mon but est de mettre la suite ici autour de janvier/février 2022 mais je ne sais si c'est trop ambitieux. Le brouillon (très chaotique mais voilà) est fait; je réécris actuellement le tout pour que ce soit potable (j'ai 6 chapitres sur environ 40 à l'instant). Après ça, je le relirai et hop ^^
Merci encore pour tout ! Bonne scribouille et à bientôt :)
Jowie