34) Conseil de guerre

En me retrouvant assise devant le Docteur Satriani, je compris immédiatement pourquoi ce nom me disait quelque chose, depuis la première fois que je l’avais entendu.

En effet, je reconnus presque immédiatement sa carrure imposante, sa mâchoire carrée et ses grandes mains, dont l’une d’entre elles portait à son majeur une chevalière en or toute particulière ; celle d’une importante famille de la mafia. Il s’agissait d’un des « hommes d’affaires » que mon père avait rencontré lors de notre voyage à Florence.

Après avoir feuilleté un dossier, qui devait être le mien, il afficha un sourire poli en posant ses mains croisées sur son bureau :

— Eh bien, la jeune Lindermark, rien que ça ! Votre père m’a beaucoup parlé de vous, dit-il simplement, hochant légèrement la tête.

— Je n’en doute pas, répondis-je. Vous devez donc savoir quelle est la véritable raison de ma visite.

— Eh bien, ce bon vieux Damian m’a informé qu’il vous estimait prête à prendre sa suite ! Je ne vous cache pas que j’ai été surpris au premier abord, après tout vous êtes encore jeune et en plein dans vos études. Mais lorsqu’il m’a parlé du fait que vous ayez développé une Emprise particulièrement terrible en quelques jours à peine, j’ai compris pourquoi il avait eu le sentiment que vous seriez amenée à accomplir de grandes choses !

Son discours était intéressant, bien qu’inutilement flatteur. Cependant, il ne semblait pas vouloir me traiter comme une ennemie. J’en déduisais donc que mon père ne lui avait rien dit sur mon intention de dérober le proto-implant, ce qui me donnait une longueur d’avance.

— Venons-en aux choses sérieuses, Docteur Satriani, le pressais-je poliment. J’ai sur ce campus des amis auxquels je tiens, et j’aimerais que l’on fasse redescendre le proto-implant sous terre, afin d’éviter que ses ondes ne causent de réels dégâts.

— Et je vous entends bien, réagit-il tout de suite avec un hochement de tête. Cependant, l’expérience menée ici a pour but de récolter des informations sur l’exposition aux ondes du proto-implant, à hauteur de 0,2 % dans un premier temps, puis à 100 % au final. Et je vous assure que, jusqu’à présent, nous n’avons eu aucun incident lié à ces ondes. Et puis, vous n’êtes pas sans savoir les avancées scientifiques qu’une telle expérience pourrait promettre à l’avenir.

J’affichais un léger sourire en coin. Je connaissais bien ce genre de discours. Il cherchait à me vendre son expérience comme quelque chose de fondamentalement positif, afin de transformer tous mes futurs arguments en discours anti-progressiste. J’en déduisais qu’il me sous-estimait largement.

— Dans ce cas, j’ai une proposition à vous faire, dis-je avec un haussement de sourcil, posant mes coudes sur la table avant de joindre mes mains. Je vous offre Shôgi, et en échange, je récupère le proto-implant pour y mener mes propres expériences.

J’inspectais très attentivement le visage de Satriani au moment où je formulais ma proposition. Ses yeux s’étaient légèrement écarquillés, sa mâchoire légèrement crispée, puis son regard avait fui de gauche à droite, signe qu’il avait été pris par surprise.

— Eh bien, je savais que vous l’aviez rencontré d’une manière ou d’une autre… articula-t-il en reprenant contenance. Cependant, permettez-moi de douter de votre capacité à la faire venir ici de son plein gré.

— Et c’est en réalité pour cette raison que vous faites lentement remonter le proto-implant vers la surface, vous espérez qu’elle attende patiemment de venir le chercher le jour où il serait à portée de sa main, déduisis-je sans trop d’effort. Cependant, elle ne s’y laissera pas prendre.

— Ah ? Qu’en savez-vous ? Vous a-t-elle dit quelque chose ?

— En fait, elle m’a chargé de récupérer le proto-implant, avouais-je sans aucune hésitation. C’est même elle qui m’a permis d’obtenir ce que vous appelez une Emprise. Cependant, je n’aime pas l’idée de perdre mes pouvoirs lorsqu’elle aura quitté notre planète avec son bien, soufflais-je en levant légèrement les yeux au ciel, faisant mine d’être songeuse. C’est pour cette raison qu’il me serait beaucoup plus profitable de le garder pour moi, afin d’avoir un avantage conséquent dans ma future prise de position à la tête de la compagnie Lindermark, expliquais-je.

Satriani hochait lentement la tête en passant une de ses larges mains sur menton, plissant les yeux afin d’examiner mon visage avec attention. Et s’il espérait y déceler un quelconque indice sur le fait que j’étais en train de mentir, il n’y parviendrait pas. J’étais en pleine possession de mes moyens, ainsi qu’en position de supériorité, de par le fait que j’en savais bien plus que lui.

— Voilà qui est très intéressant, miss Lindermark ! déclara-t-il finalement. Cependant, si vous souhaitez conclure ce marché, il faudra vous débrouiller pour faire venir notre invitée avant dix-huit heures. Car c’est à ce moment que le proto-implant remontera complètement à la surface.

Je fis de mon mieux pour cacher ma stupeur et ma surprise en entendant cette révélation.

Je comptais en effet mettre fin à toute cette histoire aujourd’hui même, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait un danger supplémentaire, surtout de cette ampleur. Cependant, je jouais le jeu jusqu’au bout, je ne pouvais plus reculer.

— Très bien, je ferais mon possible, répondis-je simplement en faisant un geste de la main. Les termes sont donc clairs, je vous livre Shôgi, et vous me confiez le proto-implant, sommes-nous d’accord ?

— Oui, il n’y a aucun problème là-dessus, cependant… hésita-t-il en faisant claquer sa langue. Puis-je réellement vous faire confiance ? Qui me dit qu’il ne s’agit pas d’un stratagème de votre part pour remettre l’implant à Shôgi et ainsi toucher une récompense qu’elle vous aurait promise ?

Il avait vu clair dans mon double jeu. Je n’en attendais cependant pas moins de la part d’une personne ayant le niveau de mon père. Il me fallait donc faire preuve d’audace afin de tripler mon jeu. Et j’avais justement une petite idée en tête.

— Je comprends, répondis-je avec le sourire. Dans ce cas, laissez-moi vous le prouver tout de suite.

Je sortis alors mon téléphone de mon sac à main, puis j’affichais la photo de profil de Shôgi en plein écran avant de la montrer à Satriani :

— Nous parlons bien de cette personne ? demandais-je.

Il hocha la tête en haussant légèrement les sourcils. Il avait sans aucun doute remarqué qu’il s’agissait de l’interface de Discord.

— C’est une photo plutôt osée pour être utilisée sur une telle application, fit-il remarquer avec un sourire en coin. Et vous comptez l’appeler ?

— Oui, répondis-je en appuyant sur le bouton d’appel. Cependant, vous devrez garder le silence pour ne pas nous faire repérer. Vous reconnaîtrez le son de sa voix, j’imagine, afin de prouver que c’est bien elle.

Pour toute réponse, il hocha la tête, ne prenant pas le risque de parler si Shôgi venait à décrocher immédiatement.

Cependant, le fait qu’elle ne semble pas répondre m’inquiéta largement, ou tout du moins, jusqu’au moment où j’entendis des pleurs de bébé venant des haut-parleurs de mon téléphone.

— Oui, qu’est-ce que tu veux ? demanda la voix empressée de l’extraterrestre. Je suis en train d’essayer de faire dormir Jonathan.

Satriani afficha un sourire amusé en hochant la tête, me signifiant qu’il reconnaissait bien la voix de Shôgi.

— Cependant, j’ai des nouvelles importantes concernant ma mission ! expliquais-je.

Pendant un moment, il y eut plusieurs bruits indistincts à travers les haut-parleurs, puis les pleures du bébé s’éloignèrent, avant de disparaître à la suite de la fermeture d’une porte.

— Bien, je t’écoute.

— Je voulais vous dire, Tabita, que le meilleur moyen pour récupérer le proto-implant sera de venir aujourd’hui même à dix-huit heures précises, expliquais-je d’un air grave. Car il sera alors exposé à l’air libre afin de répandre ses ondes de manière optimale, puis il retournera sous terre pour un long moment. Il s’agit donc de notre meilleure chance ! précisais-je.

— Hm… je vois, je comprends Emily, merci pour l’information, répondit-elle. Tu as toute ma gratitude, désolée de ne pas pouvoir t’en offrir davantage. J’interviendrais moi-même à l’heure indiquée.

— Peu importe, il s’agit d’un cas de santé publique et de sécurité, je ne fais que mon devoir, concluais-je avant de raccrocher.

Je rangeais ensuite mon téléphone dans mon sac à main et adressais un haussement de sourcil à Satriani :

— Je pense que nous pouvons conclure ce marché, proposais-je en lui tendant la main. Qu’en pensez-vous ?

Il n’hésita pas longtemps avant de me tendre la main à son tour.

— Marché conclu, dit-il en me serrant ma main avec délicatesse.

Cependant, je ne relâchais pas la sienne tout de suite, ce qui sembla l’intriguer. Et lorsqu’il releva la tête pour voir ce qui n’allait pas, il croisa l’intense regard que me conférait Cool Cat :

— J’ai senti votre Emprise au moment où nos mains se sont touchées, expliquais-je d’une voix froide. J’espère qu’il s’agissait d’un accident et que vous n’essayez pas de me rendre malade, concluais-je, montrant clairement que je connaissais son pouvoir.

— Haha, hum, non, bien sûr ! dit-il rapidement en dégageant sa main. Le fait que l’artefact soit en phase d’ascension a tendance à perturber les Emprises telles que la mienne, se justifia-t-il.

Et peut-être même avait-il raison, après tout j’avais moi aussi eu des difficultés, dans le club d’Améthyste. Mais la chose était sans doute davantage due aux circonstances.

— Je vous crois sur parole, répondis-je avec un faux sourire. Mais sachez que mon propre pouvoir fait bien plus que de donner l’illusion d’être malade, et c’est pourquoi je tiens tant à le garder, grâce au proto-implant, mentis-je.

— Haha, bien, de toute façon je préfère vous avoir comme alliée que comme ennemie, répondit Satriani, à moitié sur le ton de l’humour. Rendez-vous à dix-huit heures donc, derrière le bâtiment administratif.

— Très bien, à tout à l’heure, concluais-je avant de me lever pour regagner la sortie.

Une fois sortie du bâtiment, j’envoyais un message à Améthyste, puis je cherchais Evans Doroski du regard. Je le trouvais rapidement, assis contre un mur à l’abri du vent, en train de fumer une cigarette, les avant-bras lascivement appuyés sur ses genoux.

Je l’abordais alors avec un grand sourire en sortant le pochon que j’avais récupéré tout à l’heure :

— Evans, j’ai réussi à le récupérer pour toi ! annonçais-je.

En entendant ces mots, je vis son visage s’illuminer tandis qu’il se relevait pour s’avancer vers moi avec un grand sourire, saisissant délicatement le sachet que je lui tendais par en dessous, comme s’il acceptait une aumône, ce qui ne manqua pas de me faire rire légèrement.

— Wohaaa Lili, tu gères trop ma sœur, tu m’as sauvé la vie de ouf ! souffla-t-il avant de s’asseoir de nouveau sur le sol, se dépêchant de se rouler un joint. Hé, si j’peux faire un truc pour toi hésite pas, genre y a pas de soucis, t’sais.

— Hé bien justement, Evans… j’aurais besoin de ton Emprise, répondis-je aussitôt.

— Ah, ben ouais, c’est facile, répondit-il en hochant la tête, avant de lécher le bord de son papier à cigarette. T’en as besoin pour quoi ?

— Il faudrait que tu me donnes l’apparence de quelqu’un d’autre !

En entendant cela, je le vis grimacer et pencher la tête de gauche à droite, comme s’il hésitait.

— C’est chaud Lili… c’est pas impossible, mais c’est chaud quoi… c’est pas que j’veux pas l’faire hein, mais ça risque de foirer au bout d’un moment… expliqua-t-il avec une moue désolée. Genre, avec des origamis c’est facile, mais des gens… y faut que je garde en mémoire exactement à quoi y ressemblent et tout…

— Tu n’auras pas besoin de mémoire Evans ! annonçais-je avec un grand sourire. Je te donnerais une photo de moi, et une autre de la personne que je dois copier. Tu n’auras qu’à opérer le transfert en fixant les deux images ! expliquais-je.

— Hmmm… fit-il d’un ton songeur en essayant d’allumer son briquet. Ouais, ça peut l’faire, enfin j’ai jamais essayé mais… si tu veux.

Je m’approchais alors de lui et plaçais mes mains autour de son briquet afin de le protéger du vent qui semblait souffler de plus en plus fort, ce qui lui permit d’enfin allumer sa « cigarette ».

— Evans, j’ai confiance en toi ! Je suis convaincue que tu peux le faire ! l’encourageais-je.

Il tira alors une grande bouffée et expira lentement une épaisse fumée qui se dissipa très rapidement dans le vent. Puis il hocha la tête avec un sourire sincère.

— T’es sympa Lili, ça me motive j’te jure… Et t’aurais besoin de ça quand ?

— Dans… commençais-je en regardant l’heure sur mon téléphone. Une heure exactement ! Je serais derrière le bâtiment administratif. Ton Emprise peut porter jusque-là ?

— Pas de soucis, répondit-il en recommençant à fumer. Dès que j’ai fini, je rentre me prendre un café à la machine, mais j’serai dispo. T’as les photos ?

— J’vais t’les envoyer ! déclara soudainement la voix d’Améthyste.

Je me tournais alors dans sa direction, contente de la voir arriver pile à temps.

— Merci ! lui dis-je en posant une main sur son épaule. Je vais avoir besoin de toi, au cas où ça tourne mal !

Elle hocha simplement la tête, souriante, mais avec une certaine inquiétude dans le regard :

— Ouais, j’ai lu ton message… Mais t’es sûre que Shôgi a compris que c’était du bluff ? demanda-t-elle.

— Sûre et certaine, confirmais-je. Je l’ai appelé par son prénom en lui racontant mon mensonge, ce que je n’avais jamais fait. Et elle m’a répondu en m’appelant aussi par mon prénom, ce qu’elle n’avait jamais fait non plus. Ça prouve qu’elle a compris.

— OK bah, c’est cool. Mais j’espère qu’elle interviendra si jamais on galère. J’sais qu’elle peut pas trop, à cause de ceux qui la surveillent, mais j’voudrais pas qu’elle te laisse dans la merde, grogna Amélie en fronçant le nez.

Je raffermis alors ma poigne sur son épaule afin de la serrer contre moi.

— Ne t’en fais pas. Je suis pleine de ressources ! Et je suis sûr qu’elle a déjà tout prévu ! la rassurais-je.

— Heh, ouais, elle a un super melon de l’espace comme cerveau, j’sais, plaisanta Améthyste en passant ses mains dans mon dos. Mais quand même, soit prudente ! T’façon je couvre tes arrières.

Nous relâchâmes notre étreinte, puis je hochais la tête d’un air entendu avant que l’on se tourne toutes deux en direction d’Evans Doroski.

— Yo, Heaven’s Door ! le salua Amélie. Bien ou bien ?

Ils échangèrent alors une complexe poigné de main, digne des sitcoms américaines des années quatre-vingt. Et en entendant le surnom d’Evans, qui faisait sens en termes de jeu de mots, je ne pus m’empêcher d’imaginer le pire, quant à sa signification profonde. Et je me doutais qu’il ne devait pas s’agir d’un éventuel talent pour les solos de guitare.

— Wahou ! s’exclama alors la voix d’Evans. C’est qui la meuf à poil ?

Devinant immédiatement qu’Améthyste avait dû lui montrer les photos qu’elle avait prises dans la salle de bain, je me chargeais de lui expliquer :

— C’est une amie à moi, elle n’est pas exactement humaine, mais tout comme toi, elle veut juste récupérer un bien précieux que les autorités de ce campus lui ont volé, racontais-je brièvement.

— Ouais, je vois… j’imagine que c’est plus sérieux qu’un pochon de weed… conclut-il en examinant les photos de plus près. Je vois que y a qu’une seule photo d’elle habillée, mais elle est de dos… songea-t-il à voix haute.

— Oui, elle quittait la salle de bain à ce moment-là, expliquais-je. Mais tu peux te concentrer sur plusieurs photos n’est-ce pas ?

— Nan Lili, désolé, ça va déjà être chaud de faire c’que tu demandes, répondis Evans d’un air désolé. J’ai besoin de pouvoir me concentrer sur une seule image afin de la transférer sur une deuxième…

Au moment où mon ventre se serrait sous l’effet de l’angoisse de ne pas réussir à mener mon plan à bien, je sentis mon téléphone biper et vibrer dans mon sac à main. Et en ouvrant le message, un large sourire s’étira sur mon visage. Shôgi avait compris, et en plus, lui ayant déjà dit que je comptais me faire passer pour elle, elle venait de m’envoyer une photo de plein-pied et habillée. Cependant, le décor derrière elle était peu commun ; mais je devinais rapidement qu’il devait s’agir de l’intérieur de son vaisseau spatial, ou quelque chose dans ce genre.

— Bien, je t’envoie une nouvelle photo, Améthyste ! déclarais-je.

Cette dernière la fit passer au surnommé Heaven’s Door, qui se mit à sourire et hocher la tête avec approbation :

— Super cool, ça c’est parfait, fit-il en hochant la tête, son joint au bord des lèvres. Il me faut juste une photo de toi et on est bon.

Pour ce faire, je pris la pose, tentant d’imiter celle de Shôgi sur sa propre photo, espérant que cela facilite le travail du jeune homme.

Ce dernier prit donc son cliché et hocha la tête en faisant défiler les deux photos l’une après l’autre :

— Parfait, déclara-t-il avant de tirer une grande bouffée et d’écraser son mégot dans une poubelle toute proche. On se rentre ? Il commence à faire du vent, et la machine à café m’appelle, proposa-t-il.

Je hochais simplement la tête et sortis mon portemonnaie de mon sac à main, faisant signe à Améthyste d’approcher afin que je lui confie toute ma monnaie :

— Tenez, c’est moi qui offre les boissons. Vous serez mon arrière-garde, je compte sur vous !

Puis je repris mon téléphone pour consulter l’heure : il ne restait plus qu’une petite demi-heure avant mon rendez-vous avec Satriani. Je sentais comme une boule au creux de mon ventre, ma gorge était serrée. Il s’était passé énormément de choses en seulement quelques jours, et aujourd’hui, j’avais la chance de pouvoir mettre fin à tout ça. J’avais déjà obtenu ma première victoire en défiant mon père face à face et en l’emportant, lui faisant reconnaître ma force et ma valeur. Et à présent, il me fallait accomplir mon ultime victoire, afin de pouvoir continuer paisiblement mes études, dans un campus que je pourrais façonner à ma manière…

— Il te reste encore vingt minutes pour te préparer, Heaven’s Door, annonçais-je en me tournant vers lui. Et Améthyste, enchaînais-je en la regardant. N’interviens que si je te fais signe, d’accord ?

— Compris, fit-elle en hochant la tête d’un air grave.

Je pris alors une grande inspiration et expirais tout doucement afin de me calmer.

Puis je pris dans mon sac à main le couteau que m’avait confié Amélie, déployant sa lame afin de l’utiliser comme une épingle à cheveux. Et après avoir retiré l’élastique qui maintenait ma queue de cheval, je me confectionnais un chignon autour de la lame du couteau.

— Ce soir, le vent est fort, dis-je en regardant le ciel, puis en serrant les poings. Et c’est en notre faveur qu’il souffle !

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