37. Les lunaisons près des saules

Le saule d’Aymée recevait des visites et prières. Parfois, Merle venait seul ; parfois, il était accompagné de Diane. Andromède amenait Antoine et peignait tandis que celui-ci faisait la sieste à l’ombre des feuillages. Ludivina racontait ses derniers voyages aux Dunes à la forêt attentive. Hortense et Pardo y déjeunèrent, une fois. Les triplés et leurs parents rêvaient parfois qu’ils s’y promenaient et se réveillaient avec cette tristesse apaisée qui déchire et répare à la fois.

Les lunaisons passaient.

Merle écrivit à sa famille pour leur expliquer qu’il souhaitait rester aux Sept. Il ne savait pas pour combien de temps. Contrairement à d’habitude, il fut honnête avec eux quant à ses motivations. Il n’était pas prêt à fouler les feuilles mortes de Landamæri sans Aymée. Il souhaitait apprendre le voyage astral auprès des sablières albes. Il comptait essayer de former une famille avec Diane.

Il ne reçut en retour que des plaisanteries et des recommandations : pourquoi ne pas plutôt étudier l’art ancestral de la maçonnerie ilyenne ; cela lui serait très utile s’il revenait à Canopée, car personne ne savait que faire de la pierre là-bas, et elle devenait à la mode ; et aussi, ne pensait-il pas que Diane était un peu excentrique, très gentille bien sûr, mais à disparaître on-ne-sait-où pendant une volte, il y avait quand même de quoi se poser des questions, c’était raisonnable, non ?

Merle serra contre lui la missive griffonnée et couverte des diverses calligraphies de sa famille. Ils ne le comprenaient peut-être, mais ils prouvaient chaque fois combien il leur importait. S’il avait su voir cela plus tôt, sa vie aurait-elle été complètement différente ?

Diane se posait la même question, elle qui faisait ses premiers pas dans le cabinet de son frère. Pardo était encore jeune, mais il avait acquis un début de réputation dans le village : certains avaient cessé de faire le grand voyage jusqu’à l’Émeraude et lui amenaient leur mouton. La particularité d’un vétérinaire des Sept était qu’il se retrouvait à travailler beaucoup plus souvent sur des animaux sauvages que domestiques.

Tandis que Diane cherchait à prendre ses marques, on leur amena un cheval. Cette espèce était hautement respectée, d’autant plus qu’on savait, même si on faisait semblant d’avoir oublié, que des hybrides centaures avaient existé et existaient encore peut-être quelque part. Toujours sauvages, les chevaux étaient féroces tant au combat qu’à la fuite ; ils se présentaient en groupes et n’abandonnaient jamais un des leurs, comme ceux du Marché Flottant. De fait, la horde se tenait sur une colline d’où ils observaient le village, attendant leur camarade, surveillant que les mages ne fassent pas n’importe quoi.

Pardo se mit immédiatement au travail avec Diane. Ils examinèrent l’imposante créature jusqu’à trouver la morsure de goule à sa patte latérale droite. Dehors, les villageois s’amassaient, fascinés par cet événement hors du commun. On lançait des paris, on ouvrait de la limonade fraîche, et d’aucuns apportaient leurs fauteuils pour être les premiers à avoir des nouvelles.

— Je vais m’occuper du poison, dit Pardo, je vais préparer un antidote. En revanche, la morsure de cynée…

— Je m’en occupe, acquiesça Diane avec un sourire à la fois gêné et gentil.

Il partit dans son laboratoire et elle resta par terre, près du cheval immense, là où la charrette l’avait déposé. Elle examina les mailles de toile de l’animal, la façon dont son tissu cellulaire s’organisait, dont la magie et la vitalité pulsaient à travers lui. C’était une énergie rouge, féroce, fougueuse, qui allait de pair avec sa crinière folle et désordonnée. Le cheval ouvrit ses yeux un instant et il sembla à Diane qu’il la jaugeait du regard avant de les refermer.

Elle mit des heures à répliquer le maillage interne des pattes dans celle qui avait été mordue. Il fallait qu’elle cesse l’hémorragie de cynée, qui sinon continuerait même après la fermeture de la plaie. La goule avait créé comme un vortex, qui lui permettait, à elle qui appartenait pourtant à l’autre monde, d’aspirer de la magie vivante. Diane devait clore ce passage.

Elle devait faire attention à respecter les axes de symétrie, les proportions, à faire les bons calculs.

Lorsqu’elle eut terminé, elle vérifia quatre, cinq, six fois que tout lui paraissait en ordre, puis s’allongea par terre, à même la dalle froide — une bénédiction pendant l’été — et ferma les yeux. Une migraine avait envahi l’entièreté de son crâne.

— Tu as réussi, dit Pardo d’une voix étonnée.

— Tu doutais de moi ? plaisanta-t-elle faiblement.

Il n’y eut pas de réponse. Elle se dit que c’était mérité et sombra dans un bref sommeil.

Le cheval retrouva sa horde, et Pardo accepta que Diane vienne travailler avec lui. Il n’y avait pas encore beaucoup de patients, ceci dit, donc il n’avait pas besoin qu’elle soit là chaque solède, à attendre avec lui. Il s’occupait dans son laboratoire en attendant, et il irait la chercher s’il y avait besoin.

Le temps qui restait, Diane et Merle l’occupèrent à chercher une maison, puis, quand ils l’eurent trouvée, un peu à l’écart du village, à l’orée de la forêt, ayant appartenu à un couple très âgé jusqu’à peu, il fallut la remettre en état. Ils vérifièrent les tuyaux, carrelages, mosaïques, peintures, plafonds. Ils agrandirent les placards, la pièce commune, ne gardèrent que deux chambres à coucher, installèrent des étagères dans la cuisine. Ils grattèrent le sol, retournèrent la terre, firent le tour des Sept pour acquérir les graines qu’ils convoitaient, semèrent un potager et des arbres fruitiers.

Astrantia leur rendit visite la solède même où ils terminèrent la maison, ce qui les fit rire, et ils refusèrent de croire à une coïncidence. Ils l’accueillirent comme de la royauté, déployant spectacles, histoires, repas, couvertures, balades, présentations. Cela faisait longtemps que les sablières se tenaient loin des villages, hormis lorsqu’une famille en deuil avait besoin d’eux, mais à Lazabre, cela changea vite. Seuls les jeunes rouspétaient parfois qu’une présence si morbide traîne près des enfants. Les autres lea saluaient d’un signe de tête, avec respect et courtoisie.

Astrantia resta une lunaison entière, ce qui n’était jamais arrivé. Elle avait trouvé en Merle un disciple attentif, volontaire et rigoureux. Il insistait sur des points auxquels elle n’avait jamais pensé, et ne pouvait pas passer à l’étape suivante tant qu’ils n’avaient pas répondu à toutes les étranges questions qu’il se posait d’abord, quitte à ce que la réponse soit qu’on ne savait pas. Ils invitaient parfois Diane et Ludivina à se joindre à leurs voyages, car Astrantia n’entraînait pas Merle par pure bonté de cœur : elle souhaitait en faire un thanatologue à domicile, quelqu’un qui pourrait accourir bien plus vite qu’elle si un incident se produisait. Il pourrait aussi fournir un réconfort permanent à la cure, s’il le souhaitait — et il le souhaitait.

Il ne devint pas plus bavard mais prit confiance en lui au fur et à mesure des classes. Quand Astrantia repartit, il lui promit de venir à Alba bientôt. Iel invita Diane à l’accompagner : iel les présenterait à la tribu, qui serait ravie de rencontrer un rêveur et une myfyr.

Les lunaisons passaient.

Chaque fois que les lunes étaient pleines, Merle invita Diane et sa famille à dîner dans la forêt. Andromède et Antoine, qui guérissaient — ils n’étaient donc pas atteints de cendrure —, venaient quand ils le pouvaient ; le reste du temps, ils cherchaient à s’installer dans une bicoque du village, où Andromède redeviendrait peintre de façades tandis qu’Antoine envisageait d’écrire un petit quelque chose (c’était comme ça qu’il l’appelait : un petit quelque chose).

Merle connaissait déjà toutes les guérisseuses de la cure, bien entendu, mais ce fut différent d’y retourner sans Aymée. Il sentit qu’il plaidait sa cause et fut horriblement mal à l’aise. Pourtant, elles entendirent son discours avec soulagement. Elles avaient effectivement besoin d’un thanatologue et avaient demandé mille fois à la Couronne l’autorisation d’en recruter un parmi les albes, car aucun capitalin ne souhaitait risquer la contagion en s’installant dans une cure.

On lui donna un petit bureau au rez-de-chaussée, non loin de celui de Cora, avec qui il s’habitua à déjeuner. Leur plus belle surprise fut l’apparition de Basile, un midi, dans le réfectoire. Entre deux balbutiements, Merle bégaya que Diane devait absolument savoir, qu’il allait la chercher, qu’il ne bouge surtout pas. Il courut comme un dératé jusqu’à leur maison, ne l’y trouva pas, se rendit au cabinet, où elle aidait son frère à préparer un antidote particulièrement compliqué. Elle crut que quelque chose de terrible était arrivé et fut soulagée lorsqu’il expliqua enfin, après quelques verres d’eau. Elle l’accompagna à la cure. À son arrivée, elle eut la surprise de découvrir Basile, mais aussi sa femme et sa fille.

— Vous existez ! s’exclama-t-elle, provoquant l’hilarité générale.

Ils furent tous invités à demeurer dans leur deuxième chambre. Il y eut un grand dîner, puis tout le monde se coucha sauf Diane et Basile, qui se promenèrent en long et en large devant l’Ambré, près de la maison.

— La femme-dragonne va bien ! dit Basile. Avec la famille, ils ont été réintégrés au Marché, et ce sont maintenant les négociants les plus féroces… Si tu voyais ça…

— Et la tante de Félix ?

— Ça allait, on est restés quelques quarts avec elle. On lui a proposé de venir avec nous quand on est partis, dis-toi ! Mais elle avait sa famille, ses amies. Elle n’était pas seule.

— Et Oren ? Et Malo ? Et Idris ?

— J’y viens, j’y viens. Ils sont encore à Arroyos, ils ont des choses à régler. Ils ont hâte de venir, ceci dit, et de te voir.

Diane passa toute la nuit à réfléchir. Quand elle réveilla Merle au milieu de la nuit, son idée ayant tant grandi dans son cerveau qu’elle avait besoin de la partager, il marmonna :

— Oui, avec plaisir. J’écrirai à ma famille au réveil pour qu’ils se dépêchent de venir aussi.

— Non mais tu comprends que je te parle de mariage là ? Ici, on grave ça littéralement dans de la pierre. On est très premier degré sur certaines choses.

— Ça me semble merveilleux, confirma-t-il en passant un bras autour d’elle et en se rendormant.

Diane acquiesça bêtement pendant encore quelques minutes, son sourire grandissant et diminuant au fil des préparatifs qu’elle s’imaginait. Elle finit par s’endormir au creux du souffle de Merle.

Un matin, donc, de l’est vinrent les voltigeurs et du nord arrivèrent les canopéens.

Les retrouvailles étaient si nombreuses, si bruyantes, que ni Diane, ni Merle savaient très bien ce qu’il en était. Pourtant, ils étaient certains qu’ils étaient au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne. Ils se lançaient des regards entre deux embrassades et conversations, simplement pour se dire : je suis là.

Pardo s’entendit très bien avec les triplés, avec qui il s’amusait à faire des plaisanteries gentilles sur Merle et Diane, qui étaient, il fallait l’admettre, un peu loufoques dans leur genre.

Malo réconfortait Idris, qui trouvait tout cela bouleversant, et Ulysse et Camélia se tenaient un peu en retrait, gênés comme toujours par les grands groupes et les effusions.

Hortense et Ludivina préparèrent ensemble les deux mariés avec le soin du détail qu’elles avaient toujours mis aux pâtisseries de l’Ambré.

Ce furent des guirlandes de papier qui décorèrent le jardin de leur maison. Les parents de Merle avaient apparemment développé ce loisir créatif dans les moments creux du magasin, possiblement inspirés par les sculptures de leur fils.

Tous s’installèrent où bon leur semblait, gravitant comme des cercles concentriques autour de Merle et Diane, qui prononcèrent leur engagement :

— Je te choisis, Merle, hier, aujourd’hui et demain, pour l’immense bonté de ton cœur, ta patience, ta loyauté, ton envie curieuse et persévérante de découvrir la vérité, la rigueur avec laquelle tu remets tout en question, la souplesse de ton identité, ton acceptation entière des autres comme ils se présentent, tes silences créatifs, la beauté qui naît de tes doigts, et le courage que tu démontres en affrontant la vie et la mort avec honnêteté. Je n’ai pas peur de me lier à toi, aujourd’hui et face à nos proches, car je te vois et je te choisis.

— Je te choisis, Diane, hier, aujourd’hui et demain, pour ta détermination à réparer ce qui a été brisé, ton élan de toujours défendre ceux qui sont opprimés, la valeur de tes combats et la fougue de tes émotions, le chaos de tes idées qui en font naître d’autres que personne d’autre n’exprime, l’exigence que tu as envers toi et les autres, ta droiture et ta vérité, le temps que tu prends pour grandir afin de ne pas agir ou parler en vain, ton impulsivité et ton goût de l’aventure, la présence que tu donnes même quand tu ne sais pas ce qu’il faudrait faire. Je n’ai pas peur de me lier à toi, aujourd’hui et face à nos proches, car je te vois et je te choisis.

Ils posèrent leur front l’un contre l’autre, fermèrent leurs yeux, et tout le monde resta silencieux tandis qu’ils respiraient ensemble. Lorsqu’ils se redressèrent et firent face à ceux qu’ils aimaient, tout le monde applaudit, et Merle baissa les yeux, gêné, tandis que Diane brandissait leurs mains vers le ciel.

Les lunaisons passaient.

Les patients et leurs familles connaissaient désormais Merle comme le thanatologue qui fabrique des jouets, ou le fabricant de jouets qui guide des malades vers la mort. Tout le monde s’accordait pour dire que c’était très bizarre, et pourtant il rencontrait un succès fou dans ses deux passions. Enfants et adultes voulaient des figurines de leur animal totem, qui les faisait se sentir plus en sécurité aussi lorsqu’ils étaient dans ce monde-ci.

Le cabinet de Diane et Pardo prenait en ampleur et réputation, et ça aidait (absurdement) qu’elle ait fait ses études à l’Académie (même si, comme elle le répétait, elle n’avait pas eu son diplôme). Ils profitèrent de cette vague de curiosité pour faire le tour des villages, proposer leurs services et faire connaître leur adresse. Ce fut le premier voyage qu’ils firent seuls, et ils eurent l’occasion de parler d’autre chose que du travail, lorsque les repas s’allongeaient. Ils évoquaient rarement le passé mais ils commençaient à sentir de la place pour que la confiance revienne. Une seule fois, ils mentionnèrent leur père, lorsque Pardo annonça qu’il l’avait trouvé.

— Comment ça ? Où ça ? demanda Diane, les poumons écrasés.

— À la capitale. Je pensais que tu l’aurais vu.

— Je ne l’ai pas cherché. J’avais peur de…

Elle n’eut pas besoin de finir sa phrase que son frère acquiesçait déjà. Il comprenait mieux que personne.

— Il a une famille ? demanda-t-elle.

— Il en a eu une, et puis il est parti aussi, mais un peu moins loin, parce qu’ils sont capitalins. C’est pour ça qu’il est resté là-bas, il dit, pour pouvoir voir les enfants de temps en temps.

— Et nous ?

Pardo haussa les épaules. Il n’avait pas posé la question. S’il avait voulu les voir, il serait venu. Ils n’avaient pas déménagé. Il savait où les trouver.

— Il ne savait pas que tu avais été à l’Académie, précisa-t-il, comme pour justifier le fait qu’il ne soit pas allé la trouver au moins à ce moment-là.

— Tant mieux, répondit-elle avec un soupir. Tant mieux.

Les lunaisons passaient.

Diane et Merle firent, comme promis, un voyage à Alba. Il n’y eut pas de renard argenté pour les guider, mais Diane connaissait assez les constellations pour les mener en toute sécurité jusqu’à l’observatoire, où Astrantia leur avait laissé, dessiné sur sa carte des étoiles, un chemin jusqu’à leur point de réunion.

Dans l’air marin qui soufflait de l’est, Diane songea à ce qui existait de l’autre côté de l’océan si on partait de là en ligne droite. Qu’y avait-il hors de la Triade, des « terres éclairées » ? Les hybrides existaient-ils encore ? Certains dragons cohabitaient-ils en paix avec des mages ? Y avait-il vraiment des tornades qui s’écrasaient sur une falaise gigantesque ? Quelqu’un retrouverait-il l’Archipel Perdu ? Elle fut étonnée de constater qu’elle ne se posait pas ces questions pour y répondre elle-même, mais parce qu’elles restaient vraies, prégnantes, parce que ça changeait le monde d’admettre qu’il y avait des ailleurs où d’autres vivaient différemment, pensaient différemment. Elle avait vu de ses propres yeux à quel point la vie était vaste.

En fixant un point au loin, elle crut voir un reflet briller dans le ciel, comme si une écaille s’y trouvait. Nacre ? Diane plissa les yeux mais ne vit plus rien. Pourtant, elle savait que la dragonnelle était quelque part, saine et sauve, car aucun phénomène naturel n’avait désarçonné le monde pour lui annoncer une naissance ou un décès chez les dragons. Nacre grandissait et jouerait elle aussi son rôle dans les histoires à venir.

— Ça va ? s’enquit Merle, car Diane était restée silencieuse pendant des heures.

Elle sourit à travers ses larmes et acquiesça. Elle ressentait une confiance et un espoir qui l’abreuvaient de cynée et vitalité. Elle se sentait plus puissante que jamais.

Astrantia le sentit, d’ailleurs, car iel arqua un sourcil amusé lorsqu’ils arrivèrent.

— Bienvenue auprès des miens, les accueillit-iel avec un signe de la main vers les tentes installées au fil de la crête montagneuse.

On aurait dit des huttes de révérends le long d’un ariou des Sept, comme la rencontre entre deux mondes. Diane et Merle s’inclinèrent avec déférence et présentèrent leurs hommages à chaque sablière.

Lorsque la nuit tomba, ils regardèrent les étoiles, cette carte maritime qui avait guidé leurs pas jusque-là. Les dragons avaient tout créé, sur la terre comme sur l'océan, pendant des centaines de milliers de voltes.

Diane et Merle se tenaient allongés sur le cil de Gam, la déesse de la frontière, celle qui de son aile tenait en miroir le ciel et l’océan.

— Tu y crois vraiment ? demanda Merle, curieux.

Diane haussa les épaules.

— Pourquoi pas ? répondit-elle avec un sourire malicieux.

L’image lui semblait magnifique, importante, car elle inspirait le respect et la gratitude envers tout ce qui existe. Quant à l’incertitude, elle ne la dérangeait plus : elle avait appris à vivre sur le fil.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Raza
Posté le 11/10/2024
Bon, en fait, tu vas rire mais j’avais trop envie de lire la suite, alors j’ai continué tout de suite. <3

Je suis mitigé sur cette fin, parce qu’il y a toujours tes points forts, et j’aime toujours autant comment tu racontes, mais… Mmh. Je vais essayer de développer. Après la grosse claque émotionnelle du chapitre d’avant, ici on a une fin longue et lente, qui clôt plein de petits détails par ci par là, mais en conséquence, j’ai eu l’impression que c’était dilué. Le chapitre d’avant n’a pas cette dilution, il est très concentré. Ici on surnage chaque événement, comme si la vie qui se déroulait ne valait pas la peine d’être racontée (et donc d’être vécue). Diane & Merle se mettent ensemble, Diane trouve un travail, Merle trouve un travail, ils se marient, on finit l’arc du père, on voit Basile un dernier coup, et on termine sur une image poétique au milieu des étoiles, ça fait quand même beaucoup en un seul chapitre. A mon très très humble avis, tu en racontes trop. Ton univers veut continuer, tes personnages veulent vivre, mais tu vois tu pourrais encore ajouter leur premier enfant dans cette suite de développements, ou l’ouverture d’un atelier de sculpture à la cure, ou que sais-je encore. Laisse nous tout ça pour notre imagination, ou alors, amène le avant dans le récit. En écrivant ça, je me dis qu’il faudrait « choisir » ta fin. Ici tout y est. Laquelle est celle que tu veux vraiment ? Celle qui veut dire ce que tu veux dire ? Si je reprends ce que j’ai écrit, je dirais que tu as comme fins :
- Diane & Merle se mettent ensemble plus clairement. Happy end, mais pas très forte.
- Diane trouve un travail, elle trouve sa place au sein de sa famille. Why not, mais c’est pas très émotionnel non plus.
- Merle trouve un travail à la Cure. Un peu décevant, parce qu’il se retrouve finalement à reprendre le fardeau d’aider les malades, et ne se détache donc pas complètement de sa sœur.
- Diane & Merle, le mariage. C’est Happy End, plus puissant parce qu’il y a la symbolique du « c’est pour toujours ».
- L’arc du père. C’est « bah notre histoire est banale, circulez il y a rien à voir ». Très décevant (si tu finis que par ça), et pas très important parce que Diane n’a pas de mention de son père (comme par exemple une quète du père tout du long du roman, même non consciente mais effleurée).
- Basile : « les voyages forgent des amitiés intemporelles », bon c’est pas le message le plus fort, et puis tu risques d’avoir des lecteurs/rices relous qui font se demander oui mais comment Basile il s’en est sorti alors ? (pas moi du tout, non non non...)
- L’image poétique de fin : moment un peu trop similaire au chapitre d’avant, mais émotionnellement fort.
Une solution pourrait être de mélanger deux ou trois de ces fins pour qu’elles coincident. Par exemple la dernière et le mariage (demande en mariage), ou une annonce de travail/grossesse/père. Pour ramasser, concentrer (je suis sûr que tu vois ce que je veux dire quand je parle de concentrer).

Histoire : « Il comptait essayer de former une famille avec Diane » ah ok, il est comme ça, Merle, il veut direct faire des enfants. En vrai, ce que je trouve étrange ici c’est que sa famille était avec lui, et est rentré chez elle sans lui, donc pourquoi il leur écrit longtemps après pour leur dire qu’il reste ? Si beaucoup de temps s’est passé, alors c’est plus trop la peine d’écrire, et si peu de temps s’est passé, c’est un peu tôt pour faire des enfants.
« Le cheval retrouva sa horde, et Pardo accepta que Diane vienne travailler avec lui. » : c’est bizarre. Imagine il aurait été maçon : « Le mur fut construit, et Pardo accepta ... ».
« La femme-dragonne va bien » ? Euh, je suis vraiment désolé… déésolé… Mais… (chuchote) qui est la femme-dragonne ?
Style : « leur mouton » : ils n’en ont tous qu’un seul ? C’est possible mais… ? Sinon, halala tu m’as habitué à mieux pour la demande en mariage, tu l’as ellipsée ! Mais non ! Enfin ! (oui c’est contradictoire avec mon laïus sur « il faut concentrer » mais si tu veux quand même tout garder ben donne nous aussi la demande!)
Rythme : j’en ai parlé en long en large et en diagonale du fou, donc je dirai pas plus ici.
Perso : je n’ai pas grand-chose à dire sur les personnages ici, tout est cohérent.
Thème : la dilution amène une dilution des thèmes, je pense que tu vois aussi ça. Je pense que l’évocation du fil n’est pas assez subtile. Honnêtement, je n’ai pas senti d’oscillation, de vivre entre 2 mondes. Diane était franchement dans un monde, et elle revient dans un autre. Si tu veux me développer pourquoi tu considères qu’elle est sur la frontière, je veux bien :)
Monde : j’aime beaucoup toute cette scène de magie qui répare, mais en a-t-on vraiment besoin ?

AAAAAh, je réalise soudain que j’ai fini la lecture, que c’est fini. J’ai cette sensation qu’on a quand on quitte un roman qu’on aime bien. On se dit : ah, mais du coup, c’est fini en fait. Je reverrai plus ces personnages, cet univers, à moins de relire. Ce pincement au coeur que tu connais sûrement, un petit vide. <3

BRAVO à toi d’avoir terminé ce roman. J’ai passé un excellent moment à le lire. Je n’ai pas la foi de t’écrire par email maintenant un résumé de mes impressions globales, j’ai peur en plus d’être approximatif et verbeux (c’est déjà un peu le cas ici) j’essaie de faire ça demain. (mais bon j’ai fait 3 chapitres d’un coup tu me pardonneras si jamais j’ai un peu de retard, hein?)
Vous lisez