4 avril 1941

Par deb3083

Cher journal,

 

Tandis que la vie suit son cours ici à Dachau, l’Afrika Korps a rejoint nos alliés italiens en Afrique du Nord afin de leur prêter main-forte. Certaines mauvaises langues affirment que c’est une erreur et qu’en dispersant nos hommes nous prenons le risque de perdre la guerre. Quelle idée ridicule !

Dans moins de deux ans, l’Europe entière sera à nos pieds.

 

En Afrique, nos troupes sont menées par l’excellent Generalfeldmarschall Erwin Rommel. Ce n’est qu’une question de semaines pour qu’il mate la pitoyable armée britannique. Je ne me prive pas pour indiquer à tous les hommes œuvrant à Dachau qu’ils doivent montrer plus de soutien envers ceux qui se battent à des milliers de kilomètres de leur foyer. Je ne comprends pas qu’ils puissent douter de notre puissance.

 

Après quelques mois de dur labeur, je peux enfin t’annoncer que Friedrich me donne entière satisfaction. Je regrette qu’il ait mis aussi longtemps à prendre conscience de ses responsabilités. À de nombreuses reprises, je lui ai rappelé qu’il n’avait pas à ressentir de pitié à l’égard des prisonniers. Ces hommes étaient de dangereux criminels qui ne méritaient que notre mépris.

Je déplore les sanctions que j’ai été contraint d’appliquer à son égard mais il fallait qu’il comprenne l’importance de son rôle dans le camp et la nécessité de s’engager pleinement pour notre patrie.

Cela lui coûterait sans doute quelques promotions mais je peux affirmer que notre père doit être fier de ses deux fils à présent.

 

Si je me suis montré aussi sévère avec mon frère et si je n’ai pas ménagé mes efforts, c’est avant tout car je pense à son avenir et à l’honneur de notre famille. Friedrich ne sera jamais officier mais il se doit de viser le plus haut possible. Il est hors de question qu’il reste simple soldat. J’ai été contraint de lui indiquer que ses écarts de conduite pouvaient me coûter quelques avancements. En effet, je suis fier de t’annoncer, cher journal, que je ne compte pas terminer ma carrière à un grade aussi modeste de sous-officier. Il se murmure que dans les deux prochaines années, les meilleurs d’entre nous se verront offrir une très belle promotion et il est hors de question qu’elle m’échappe. Je me dévoue corps et âme pour mon pays depuis de nombreuses années, bien plus que la plupart des hommes que je côtoie à Dachau et je compte bien réclamer mon dû lorsque le moment viendra.

 

D’autres bonnes nouvelles encore à te signaler : Anna-Maria s’est fiancée avec son prétendant, Edmund. Je crois t’avoir déjà parlé de lui. C’est un charmant garçon, volontaire et dévoué à servir notre cause. Malgré son jeune âge, il possède une maturité que mon propre frère peine à acquérir. Il a d’ailleurs exécuté plus de prisonniers que Friedrich depuis son arrivée à Dachau et son bras n’a jamais tremblé.

Ma sœur travaille depuis peu au Lebensborn, son instructrice est admirative face à ses capacités d’apprentissage et la délicatesse dont elle fait preuve avec les bébés alors qu’elle sort à peine de l’enfance. Je dois dire que je n’ai jamais douté de cela ! Je lui ai rendu visite il y a quelques semaines et elle m’a confié son désir de fonder une famille le plus vite possible. Je l’y ai encouragé, naturellement.

 

Il n’est pas encore question de mariage pour Klara mais les recherches que j’ai entreprises au sujet de Jakob m’ont donné entière satisfaction. Je pense l’encourager à se déclarer d’ici deux ans. Je souhaite que ma sœur termine sa formation avant de s’établir. Grâce à mes relations, elle poursuit sa formation au sein de l’Administration financière centrale de la SS tandis que son futur époux ne devrait pas tarder à rejoindre le camp pour y assister le médecin-chef à l’infirmerie destinée aux employés.

 

Comme tu le vois, notre famille se porte bien. Je crois que les malheurs qui ont égrené mon enfance sont loin et je suis convaincu que notre avenir à tous s’annonce brillant. En ce qui me concerne, je suis face à un cruel cas de conscience. Une directive autorise depuis octobre 1939 les SS servant sous les drapeaux à procréer, si nécessaire, en dehors du mariage. C’est Gerhard lui-même qui me l’a rappelé bien que je sois contre l’idée de trahir ma promesse envers Christa, je me dois de suivre les règles. Je ne peux devenir un bon officier si je montre à mes hommes que j’ignore mes devoirs de citoyen allemand. Je ne cours aucun risque en travaillant dans le camp et je ne suis pas réellement obligé de trouver une autre compagne mais j’ai donc promis à mon beau-père de réfléchir à la question et de lui faire part de ma décision au plus vite.

 

Werner

 

 

 

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