Cher Thomas,
Ils sont là. Tout le monde en parle, tout le monde a peur. Nous sommes piégés à l'intérieur. Le sais-tu ? L'Italie aurait déclaré la guerre à la France, elle aussi. Nous sommes seuls à présent. Seuls avec eux.
J'ai fait suivre ta dernière lettre à l'ensemble des villageois. Georges est parti avec sa sœur et sa mère, il y a de cela une semaine maintenant. Normalement à l'heure où je te parle, ils devraient tous être en Angleterre. Peut-être devriez-vous vous voir si l'occasion se présentait ? Plus les jours passent et plus il disait vouloir être comme toi. Tu es son modèle, son héros.
Il ne reste plus beaucoup de personnes dans le village, la plupart ont fui, mais pas nous. Nous, nous sommes restés et nous n'abandonnerons pas des années de travail à cause d'eux. Avec un peu de chance, tel un orage, ils passeront à côté. Tu dis que tu as peur, Thomas, mais tu sais, je crois que nous avons peur tous les deux. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus que faire en fait. Je tourne en rond en me disant qu'une solution se présentera, qu'un miracle nous tombera sur le nez, mais je n'ai pas l'impression que c’est le cas.
Je ne sais pas quoi te raconter d'autre, Thomas. Je n'ai pas le cœur à te conter toutes mes aventures. Je pourrais te parler de la ferme, mais tu en rigolerais encore et je ne veux pas que tu te moques de moi, et puis maintenant, toute seule, c'est devenu plus difficile pour moi. Je n'ai plus Georges et je refuse de demander aux vieux du village de me prêter main-forte. Les pauvres ont déjà assez à faire. Par exemple, Monsieur Blopart. Il me fait rire, tous les jours, assis sur sa terrasse, un fusil dans les bras. Il dit que c'est pour les exterminer, que jamais ils n'approcheront de chez lui, mais on sait tous les deux comment ce genre de scénario peut se passer. Madame Martin, elle, m'a fait parvenir une lettre d'Antoine, son fils. Antoine serait parti pour le sud de la France ayant rejoint un groupe de combattants que l'on ne citera pas. Antoine se bat pour la liberté.
Il m'a invitée.
Que devrais-je faire selon toi ? Y aller ? Le rejoindre ? Oh, Thomas, j'hésite. Si je pars, qui s'occupera du village ? Et mes parents ? J'ai l'impression que toutes mes responsabilités sont ici et je ne peux les abandonner. Je ne peux fuir. Ici, j'ai cette sensation d'être à l'abri. Que quoi qu'il se passe, il ne m'arrivera jamais rien, mais si je pars, si je pars alors j'accepte de prendre part au combat. J'accepte d'être de ceux qui aident, de ceux qui luttent.
Si je pars, j'aurai l'impression d'être ton égal. De t'aider en quelque sorte. Dis-moi, Thomas... Le suis-je ?
Tu dis que je te manque, mais je crois que l'on se manque mutuellement et que l'on ne pourra rien y faire pour remédier à ça. On ne peut que subir. C'est malheureux à dire, mais maintenant qu'ils sont ici et que toi, tu es là-bas, rien ne changera. J'en ai peur.
Dis-moi, Thomas, maintenant qu'ils sont là, sommes-nous condamnés ? J'ai peur. J'ai vraiment peur. Peur de finir dans l'un de ces camps. Peur d'en être réduite à la déportation moi aussi. J'ai peur de monter dans l'un de leurs trains et de ne jamais en redescendre.
J'aimerais que tu me dises quoi faire. Te connaissant, tu rouspéteras parce que je ne serai pas partie pour l'Angleterre, mais je ne peux aller là-bas. Je ne peux laisser tous ces gens-là derrière moi. Comprends-le. Dois-je rejoindre Antoine ? Dois-je rester ?
Les combats, l'arrière. Ça m'est difficile de choisir. Aide-moi, Thomas.
Pour finir, tu trouveras joint au courrier, une adresse. Celle de Georges. Va le voir si tu le peux, c'est important pour lui. Tu lui diras ce que tu voudras ou ce qu'il voudra bien entendre de toi, mais essaye. Quant à moi, je pense réfléchir à la proposition d'Antoine.
Je t'embrasse et peut-être que je te raconterai, au détour d'un courrier pourquoi tu es celui que j'ai aimé.
Petit bémol sur le contexte historique par contre, c'est dommage ! En juin 40, pas de train vers les camps, je ne sais même pas si la Résistance avait débutée, l'appel de De Gaulle a eu lieu le 18, c'était donc des balbutiements, des personnes isolées. Et pas de tracteurs en 1940, des vaches et des chevaux par contre ^^. C'est dommage parce que ces points ne rendent pas l'histoire crédible et ça sort de la lecture, même si la relation entre les personnages fonctionne super bien et qu'on a vraiment envie de savoir ce qu'il va leur arriver !
Leur détresse mutuelle se mue peu à peu en incompréhension, en appréhension et finalement en... Inconnue, je ne vois pas d'autre mot.
J'aurais juste un reproche à faire concernant le choix de certains termes. "vieux" ça fait vraiment familier, je n'imagine pas cette jouvencelle (terme technique XD) parler ainsi. "Veillard" peut être ? Il y en avait un autre mais ça me revient pas^^". Rouspéter à la rigueur, mais ça, ça s'achète plus. Et effectivement il est trop tôt pour parler de déportation et de camps de la mort.
Et même de résistance. Au début la quasi-majorité des français était favorable à Pétain et au Régime de Vichy. L'appel de De Gaulle a été très peu entendu, car passé sur une radio anglaise, la BBC. La plupart voulait que les combats s'arrêtent.
Mais ce n'est que du pinaillage à ce niveau...
Le texte passe très bien, bravo ! :)
Tout ce que j'espère c'est ça continue à te plaire malgré ces petits cafouillages ici et là :)
Un passage où on imagine bien son combat intérieur. Difficile de savoir quelle est la meilleure solution :(
Ta plume est toujours aussi agréable et spéciale en s'adaptant aux lettres :)
Sinon, pour le texte en lui même tu arrives à nous happer, à nous faire ressentir les émotions de tes personnages sans finalement en dévoiler de trop, ou de manière trop brutale sur la guerre
J'aime toujours autant ta plume. Je trouve que ça rend vraiment bien avec le ton de l'histoire. Ça donne un ensemble plutôt cool à lire, malgré la dureté du thème.
J'aime aussi comment on est plongé dans la tête des personnage. On voit les doutes, les hésitations d'Elise. Les sentiments, les émotions sont toujours bien amenés en tout cas. :3
Bref, je suis toujours à fond et j'ai hâte de la suite c:
Quand je pense que quand je l'ai écrit j'étais morte de trouille en me demandant si ma plume habituellement comique pourrait faire quelque chose de thème plus sérieux et je suis grave contente d'avoir réussi à embarquer là-dedans ! :D Comme quoi...
La suite arrive bientôt en tout cas ! Tu me connais, je ne traîne jamais <3
Nice nice c:
Concernant les dates, ce n'est pas un oubli, elles y sont :D Si tu regardes au début de chaque histoire, en "note d'auteur" tu as les dates de chaque lettre ;) Donc nous sommes effectivement pendant la Seconde Guerre Mondiale ! :D
Je devrais peut-être les mettre ailleurs pour qu'elles soient plus visibles ...