4. La montre delta / trahison

La porte s'ouvrit sans un seul grincement. La maison était grande, munie de plusieurs pièces aux portes entrebâillées qui convergeaient vers le (grand) salon. Le mobilier était moderne et aucune plante n'était présente. Le salon était baigné de lumière et muni d'une véranda où l'on pouvait voir le magnifique jardin de l'intérieur. Un écran géant était suspendu en hauteur et au moins trois canapés étaient disposés dans le salon pour lire ou regarder les films qui passaient sur l'écran. Une cheminée moderne se trouvait à l'opposé de l'écran.

Cette maison avait quelque chose de bizarre.

D'abord, depuis l'extérieur, je n'avais vu ni lumière provenant de l'intérieur, ni signe de vie. De plus, la cheminée ne pouvait pas être réelle parce qu'à l'extérieur, il n'y avait aucune sortie pour la fumée qui devrait s'échapper de la cheminée. Mais pourtant, je voyais des flammes orange et rouges dansant sur des bûches de bois. Ce n'était pas normal. (Oui, j'arrivais à tout voir depuis l'entrée)

Tobias m'invita à passer devant lui et il ferma la porte à clé. A peine fûmes-nous arrivés dans le salon qu'une jeune fille plus âgée que nous, peut-être seize ans, arriva dans le salon par l'escalier en bois (sûrement la seule chose en bois dans cette maison luxueuse) et marcha vers nous avec une expression d'assurance et de colère. Elle avait des cheveux noirs lisses magnifiques lui tombant sur le bas du dos, des yeux bleus lançant des regards électriques et un joli teint. Son visage était magnifique et sa taille fine était parfaite. "Elle a dû travailler dans le mannequinat", pensai-je.

Lorsqu'elle fut assez près de nous, elle cria à Tobias :

- Imbécile ! J'ai passé deux nuits sans sommeil et quatre jours cloitrée sur mes écrans à cause de toi ! Tu savais les risques que tu courrais à sortir comme ça ! pourquoi n’as-tu pas attendu qu'il vienne ?!

Tobias était tendu. Vu sa réaction, on voyait qu'il avait l'habitude de ces sortes de réflexions de la part de la même personne. Ils se ressemblaient un peu. Même si Tobias avait le teint mate, des cheveux courts frisés et des yeux bruns, ils avaient la même intensité dans leur regard.

Tobias essaya de calmer la jeune fille en me présentant.

- Euh, sœurette, voici Helena. Elle m'a aidé à me sortir d'un petit pétrin.

Après m'avoir toisée de la tête aux pieds, sa sœur se détendit un peu et lui dit :

- Tu as de la chance qu'elle soit là, j'imagine, dit-elle avec une pointe de sarcasme dans la voix. Et maintenant ? Ils t’ont suivi ?

- Non, je ne crois pas.

Après un long silence, elle dit :

- Il y a quelque chose qu'il faudrait que vous voyiez. Venez !

*

Après avoir monté l'escalier en bois, puis un autre qui semblait mener au grenier, nous arrivâmes devant une porte en métal blindée avec un code digital à côté. La sœur de Tobias tapa vite le code et nous invita à entrer dans la pièce.

Bon, perso, je m'attendais à voir un quartier général ultra sophistiqué style Batman (oui j'aime bien Batman). Mais à la place, il y avait...Un ascenseur.

Oui. Un ascenseur...derrière une porte blindée (et dans un grenier ?!)

Le plancher en bois du grenier grinçait, mais en choisissant les bonnes planches, on arrivait à ne pas faire trop de boucan. La sœur de Tobias se retourna et me dit :

- Au fait, je m'appelle Brenna.

Elle appela l'ascenseur avec un bouton rouge à sa gauche, et les demi-portes s'ouvrirent immédiatement. Tobias rentra le premier, puis moi, et enfin Brenna. Je constatai que les boutons étaient fort nombreux (de 3 à -9 quand même !), mais je ne fis pas de commentaires. Les demi-portes se refermèrent, et l'ascenseur descendit à toute vitesse. Brenna avait appuyé sur le bouton "niveau -5". Quelques secondes plus tard, j'étais en compagnie de Tobias et de sa sœur dans une sorte de quartier général souterrain que je m'attendais à trouver en HAUT et non en BAS.

Les couloirs étaient en métal blanc impossible à identifier. Il y avait deux portes. Une à gauche, une à droite. Sur la première était indiqué "laboratoire" et sur l'autre "salle d'opération". Après être sortis de l'ascenseur, Brenna demanda à son frère :

- Tu lui a raconté quoi au juste ?

Pendant que Tobias lui expliquait précisément ce qu'il m'avait racontée, Brenna tira un levier noir. Quelques minutes passèrent. Puis une armée de robots sortit de je-ne-sais-où.

Brenna m'indiqua de la suivre en salle d'opération. Je refusai. Et commençais à paniquer. Un des robots m'empoigna par le bras et me força à avancer dans la salle. Ce que je vis dedans était une horreur. Un fauteuil médicalisé était entouré de sortes de panneaux et d'outils d'opérations. Je vis que Brenna revêtit une blouse blanche de chirurgien. Tobias, quant à lui resta en arrière. Je ne compris pas tout de suite. Les robots m'installèrent sur le fauteuil et m'attachèrent. Brenna me glissa à l'oreille :

- Ne crains rien, c'est indolore.

Là, je compris.

Brenna me colla délicatement un masque relié à un tuyau.

Avant de perdre conscience à cause de l'anesthésie, je vis Tobias, qui s'était avancé, me faire un clin-d ’œil.

En bref, j'étais piégée.

Et je n'avais toujours pas eu les explications que j'attendais de Tobias.