4. Votre Éminence

Par MarwanS

Depuis quelques jours suivant les funérailles de l'Évêque Salvatore, l'insomnie et la tristesse gagnèrent David. Les nuits étaient devenu des cauchemars à réalité virtuelle. Il prit l'habitude de veiller tard la nuit dans le jardin du Vatican, aux abords de la fontaine de l'Aquilon, vêtue de sa tunique de l'Ordre des Frères Mineurs afin de rester discret, et surtout d'être tranquille loin des regards indiscret. Le son des éclats des gouttes d'eau de la fontaine procurait une mélodie apaisante aux oreilles de David. Un moyen pour lui, d'échapper à la réalité, et de se plonger dans un calme serein où la beauté de la nature reflétait ses sens les plus fins et les plus harmonieux possibles.

Comme chaque soir, David ferma minutieusement à clé la porte de sa chambre afin de n'emmètre aucun bruit suspect. Les couloirs étaient sombre. La lumière tamisée de la lune reflétait sur les prestigieux tableaux d'une époque antique. Lorsque David descendait les escaliers, arrivant sur le pas de la porte en direction des jardins, il entendit des murmures. Faits étranges, puisqu'à son nouveau quotidien, il n'était pas habitué à rencontrer d'autre personnes à cette heure tardive. Il s'arrêta, puis essaya de comprendre de qui s'agissait-il. Le visage des deux mystérieuses personnes étaient couvert d'un capuchon, pratiquement similaire à celui de David. Leur faces étaient donc couverte. Mais ce qui était étrange, c'était leur tenue. Malgré la sombre lumière, on pouvait apercevoir de légers éclats de rouge, couleur symbolique des tuniques de cardinal. L'un de ses deux hommes n'arrêtait pas de tourner la tête, comme si il se sentait surveiller, avant de reprendre sa messe basse. David se cacha dans un recoin derrière une imposante corniche murale, et se mit à déchiffrer leur murmures :

" Le paquet est en lieu sûr ?

- Comme vous me l'avez demandé.

- Tout doit se dérouler comme prévu, on ne doit laisser aucun soupçon.

- Et le conseiller, que fait-on, il n'est pas des notre !

- Le patron a déjà des plans pour lui. ce n'est qu'une question de temps."

Cet homme mystérieux se retourna, avant de rependre son dialogue :

" - On ne doit pas nous voir ici, passons par les jardins, les gardes ne nous verrons pas ! "

D'un pas pressé et discret, les deux hommes disparurent dans cette nuit sombre. Quand à David, perplexe de ce qu'il venait d'assister, regagna sa chambre. Intrigué par ces mystérieuse paroles, plusieurs questions lui vinrent en tête :

Quel est ce paquet ? Qui sont-ils ? Pourquoi tant de mystère ? Peut-être est-ce les assassins de Don Salvatore ?

David prit une feuille de papier, qu'il déchira à moitié, et retranscrivit tout le contenu de la scène au quelle il avait secrètement participé, puis cacha son bout de papier dans la reliure de sa Bible. Il éteignit sa lampe de chevet, puis se reposa du mieux qu'il pouvait.

 

Le lendemain, après une dure nuit de sommeil :

 

Entre les imposantes colonnes de la place Saint-Pierre, sifflait un vent aride. Les colonnades du Bernin surplombaient majestueusement l'imposante obélisque. Les nuages blanc camouflaient les rayons du soleil. Au réveil de David, la tête lourde des pensées de la veille, il se mit a chercher le bout de papier qu'il avait caché dans la reliure de son livre :

" C'est bien réel, ce n'était pas un cauchemars ! "

Il s'habillât, puis rejoignit la Chapelle Sixtine, afin de se recueillir. Traversant tout le Collegio Urbano* d'un pas léger mais avec des pensées lourdes en importance, il ne fit pas attention à son entourage. Les perles de son chapelet dansaient entre ses doigts, mélangeant une harmonie suspicieuse entre prières et énigmes. Non loin de lui, d'autres hommes de foi vaquaient à leurs occupations religieuses. Puis, une allure pourpre se dressa devant lui, lui fermant son pas, et l'invita à prendre part à son dialogue :

" Père David ? interrogeat le cardinal

- Oui, Votre Éminence, répondit David, surpris par cette approche inattendue.

- Veuillez me suivre s'il vous plait.

- Puis-je d'abord me recueillir avant ? "

Le cardinal le regarda avec un ton moqueur, puis du coin de ses lèvres, d'une basse voix :

" Pas de doutes, c'est bien lui ".

Il ajouta de nouveau :

- Vous aurez bien le temps de prier plus tard, l'archiprêtre veut vous voir, suivez-moi ! " rétorqua t-il d'un ton plus sec.

Inquiété de cet entrevue surprise, David repensa à son excursion à la fontaine de Trévis. Et si l'archiprêtre avait découvert son mensonge ? Et si il était lui aussi au courant de tout, aussi bien pour les hérétiques que pour la vérité sur la mort de Don Salvatore ? Ou alors, l'un des cardinal l'avait vu la veille, que va t-il se passer ? La pression monta. Un coup de sueur froide parcourut tout le long de son dos, puis en même temps il prit un coup de chaud. Un choc thermique dû au stress l'envahit.

Une fois arrivée dans un des complexes de la basilique Saint-Pierre, ils entrèrent dans le bureau de l'archiprêtre Cardinal Mauro Gambetti. David se sentait comme un enfant au milieu de la cour des grands.

D'une voix autoritaire mais convenable, le Cardinal Gambetti prit la parole :

" Père David, l'Évêque Salvatore était un grand homme au sein de l'Église. Pieu et humble, il n'était pas seulement un homme de Dieu, il était aussi un frère généreux, qu'on oubliera pas. C'est de par ses recommandations, que nous vous avons fait venir jusqu'ici. D'après ses dires, vous êtes une personnes dont la foi est inébranlable.

- Je confirme, répondit le Cardinal qui avait escorté David, malgré votre convocation, il voulait d'abord compléter sa prière avant de vous rejoindre.

- L'évêque Salvatore ne nous à pas menti. C'est pourquoi, par le pouvoir que me confère le titre d'Archiprêtre, je vous nomme Cardinal Secrétaire d'État. Votre mission est de conseiller notre Saint-Père, mais vous serez aussi son bras droit. Votre titre n'est valable uniquement durant le règne du Roi du Vatican. Voici, votre nouvelle tunique. Vos appartements sont annexés à ceux du Saint-Père. Il vous est interdit de loger en dehors de la Cité. Vous l'assisterez de nuit comme de jour. Votre titre vous rend supérieur au Conseil des Cardinaux, cependant vous devez respecter leur jugements. Leurs décisions restent intactes vis-à-vis de la fonction de leur Conseil. Certes vous avez le dernier mot, mais vous devez toujours écouter ce qu'ils ont à dire. Ce titre n'est donné qu'a des personnes pure d'esprit dont la Foi a une importance capital dans leur vie. Ne décevez pas la confiance que vous a porté notre frère Salvatore.

- C'est un honneur, et ce titre n'est qu'un pas de plus dans la lumière de notre Seigneur. "

Le Cardinal Gambetti donna la nouvelle tunique à David, puis l'invita à rejoindre ses nouveaux appartements, afin qu'il puisse se préparer pour la rencontre avec le Saint-Père. Une rencontre plus unique, puisque David va devenir son bras droit, il sera dorénavant toujours au coté d'une des personnes les plus puissantes du monde : le Pape. Une reconnaissance éternel mais aussi un Honneur indescriptible. Cependant, dans sa nouvelle chambre, plus comme dans une suite aux corniches dorées ornant un plafond de marbre, David, enfin Cardinal David Wargnier, s'assit sur un voltaire style Napoléon III datant du XIXe siècle.

" L'évêque m'avait annoncé cette nomination ce jour-là. Tout se déroule comme il l'avait prédit. Et maintenant, que dois-je faire ? Une conspiration se prépare contre notre souverain, comment l'avertir, comment vais-je-le défendre ? "

Perdu dans ses énigmes, quelqu'un frappa à la porte :

" Entrez, c'est ouvert ! répondit David.

- Mes excuses pour le dérangement, Votre Éminence. Je vous apporte une lettre qui vient d'arriver pour vous, annonça un membre du personnel de la Poste Vaticane.

- Merci. "

David se munit d'un ouvre-enveloppe, puis consulta le contenu de la lettre. Un message d'éloge, le félicitant pour sa nomination. David se demanda, comment une lettre de ce format puisse arriver aussi vite alors que la publication de son titre n'a pas encore eu lieu ! Sans compléter la lecture du message, il regarda directement la signature du mandataire :

S. Marinelli

David marqua une pause, puis se souvînt du discours du pape, nominant l'Évêque par son nom complet " Salvatore Marinelli ". Il tourna la lettre, puis vit un poème :

 

" D'une citronnelle vénère

par le feu acquiert

des paroles émergèrent "

 

Après quelques instants de réflexions, David alluma une bougie, puis superposa la lettre sur la flamme. De ce message décrypté, Don Salvatore avait écrit :

 

" David, si tu lis cette lettre, cela veut dire qu'ils ont réussi à me faire disparaître. Mes félicitations pour votre nomination. Giovanni prendra contact avec vous dans la fin de la journée, vous pouvez lui faire confiance. Ils ont réussi leur coup, restez sur vos gardes, les cardinaux ne sont pas tous du même camp. Vous devez protéger le Pape. Protégez l'Église. Détruisez ce message après ces mots. La réforme aime la vérité."

 

A la fin de cette lecture, David brûla la lettre dans une poêle, puis ouvrit une fenêtre pour n'éveiller aucun soupçon sur son geste.

 

Pourquoi tant de mystère, pourquoi tant d'intrigues ! Ne serait-ce pas plus simple d'avoir des paroles concrets ? s'interrogea David. 

 

Tant de demandes s'interposaient dans son esprit. Il mit tout de coté afin de les exposer lors de sa futur rencontre avec Giovani. David comptait bien avoir des réponses plus exhaustives sur la situation dramati

que actuelle.

 

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* Collegio Urbano : Collège Urbain Pontificale du Vatican 

 

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