" Ce fut une journée lourde en émotions. Mes pensées divergent avec mes convictions. Un monde de paix aurait pu avoir sa place. Mais avec ces nouveaux évènements, comment peut-on espérer avoir de la lumière dans cette future tempête qui s'abattra sur notre communauté du Saint-Christ. Nous, êtres humains que nous sommes, humbles serviteurs de Dieu, comment pouvons-nous apprivoiser le diable dans nos cœurs ? Nous qui avons été créés de chair et de sang par la main de notre Créateur, à son image ! Le combat sera intense. Ne pas succomber au désespoir ni à l'abandon, résister aux tentations du Mal, œuvrer pour une spiritualité saine, tout en invoquant la Protection du Père Tout Puissant. Oser défier les autorités religieuses pour assouvir une soif de gloire et de pouvoir, n'est autre qu'un caprice que l'on exprime, exhaussé de plein cœur par le diable lui-même. La facilité et l'orgueil rendent aveugle notre foi, l'avidité et la vanité alimentent notre naïveté. La mort nous fait peur, alors nous opérons de toutes nos capacités à mouler un confort personnel dans notre plan terrestre. Mais notre Saint Guide spirituel nous a apporté la Vérité en ce bas-monde ; La Mort n'est que le commencement. Notre vie n'est autre qu'un document que l'on présentera à notre Juge Suprême afin de prouver notre Amour et notre Foi envers sa Puissance et sa Clémence. "
De la peur, du stress, du recul, des remises en questions, des changements de convictions, une foi inébranlable, tout se bousculaient dans l'esprit de David.
" Est-ce que l'évêque disait la vérité ? Devrai-je lui faire confiance et mettre en péril mon sacerdotal ? Cela vaut-il vraiment la peine de risquer ma vie pour sauver la foi de notre communauté ? "
En pleine réflexion dans son subconscient, David se plongea dans un vide sans bruit, dans un espace libre et ouvert, afin de trier ses pensées, et faire un point logique entre elles. Après quelques longues minutes, reprit par la réalité, il conclut :
" Mais que vaut ma vie ? J'ai donné ma vie pour le bon fonctionnement de notre communauté. Par l'autorité de notre Excellence, je me dois de défendre et de protéger la souveraineté de notre Saint Pape. "
Puis convaincu de ses nouvelles convictions :
" Il s'est fait tard, je vais aller prier avant d'aller dormir "
Le Lendemain, 29 juin, au petit matin
L'air frais de cette douce rosée matinale caressait avec tendresse les six cloches de volée de la basilique Saint-Pierre, en pleine mélodie en l'honneur de son fondateur. Événement rarissime puisque la symphonie complète de ce plénum prend forme lors de grandes fêtes tels que Noël, Pâques, et autres. Une autre symphonie était présente ce jour-là, celle des membres du clergé. Des notes sacrées, en latin et parfois en italien, avec un magnifique " Kyrie " en ancien grégorien, ricochèrent dans toute la grande nef.
Les voix résonnèrent en solo et en chœur, accompagnées de charme et de ferveurs, faisant vibrer les membranes les plus profondes de nos cœurs. Une beauté sensorielle que même les quatre anges surplombant les pilastres se mirent à pleurer de joie faisant jaillir l'eau bénite de leurs mains.
Au sein du chœur, étaient présent tout les membres du cercle ecclésiastique du Vatican. Concentré et pieux à son habitude, le Père David, participa au déroulement de la Grande Messe. Son rôle était de porter les bougies liturgiques, une implication importante puisque celles-ci portent le message de la Lumière Divine ouvrant la cérémonie avec le port de la Croix de Procession. Lors de son passage dans la nef, David a l'opportunité d'avoir une magnifique vue d'ensemble sur tout les ministres.
Mais lors de son passage, quelque chose n'allait pas. Non, ce n'était pas l'alignement des fleurs, ce n'était pas le fidèle qui avait réussi à prendre une photo malgré l'interdiction, ce n'était pas non plus la tunique légèrement froissée de son acolyte...
Qu'est-ce qui n'allait pas ? Il manquait quelqu'un. Où est l'évêque Salvatore ? David se posa des questions, l'intrigue le guettait déjà, mais avant d'émettre des conclusions hâtives et qu'il ne pouvait pas le chercher du regard car il devait rester attentif, il attendait patiemment la fin de la messe.
Prières de bénédictions et de louanges, remerciements et pardons des péchés, et actes de paix. Ce qu'il faut retenir de cette messe, un message d'espérance et de paix que l'on prône et que l'on partage avec son prochain. Car comme l'a évoqué le Pape François en concluant cette messe, " Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ? ".
Un message fort et puissant, envoyé pour tout les partisans de l'Eglise catholique mais aussi pour tout ceux qui sont issus de la Création de Dieu.
À la fin de cette grande et merveilleuse cérémonie, les fidèles se retirèrent avant de saluer et de remercier les ministres. À savoir, lorsque le chef de cérémonie invite ses fidèles à partir en paix, la messe se termine. Mais pas pour le clergé. Les ministres se mettent en file par pairs derrière les bougies liturgiques et la croix de Procession avant de rejoindre la sacristie, et prononcer tous ensemble une parole latine " PROSIT " afin de conclure la messe.
Lorsque le matériel liturgique fut rangé, le Pape François invita ses disciples à prendre, de nouveau, place dans la basilique, mais cette fois-ci dans la nef, et non dans le chœur. Intrigué par cette demande spéciale, David n'a pas eu le temps de chercher l'évêque. Il hâta la demande de son supérieur et alla se mettre en place. Une fois tout le clergé réuni, le Pape prit la parole :
" Mes très chers frères, Mes très chères sœurs, aujourd'hui est un jour unique pour l'existence de notre communauté. Nous portons et partageons les valeurs du Christ à travers nos actes et notre mode de vie. Aimons notre prochain, comme Jésus nous aime. Aidons notre prochain, comme Jésus nous aide. Prions pour notre prochain, comme Jésus prie pour nous. Peu importe l'orientation religieuse de notre prochain, catholique ou non, nous sommes tous les fruits de la création de notre Seigneur Dieu Tout Puissant. Je vous invite à toujours rester humble dans chacun de vos gestes. "
Il poussa un léger soupir, marqua un temps de pause, puis repris la parole d'un ton plus grave :
" C'est avec beaucoup d'amertume et de regret, que je vous annonce le décès de notre frère, l'évêque Salvatore Marinelli. Éteint à l'âge de 57 ans, sa maladie pulmonaire a eu raison de lui, et l'a emporté dans les cieux, cette nuit, tard dans la soirée. Ses funérailles auront lieu d'ici 48 h, vous laissant le temps de vous recueillir auprès de lui. Mes plus sincères condoléances à ses proches. Un frère pieux, parti trop tôt. Mais nous devons toujours nous soumettre à la volonté de Dieu, qu'il en soit ainsi. "
Son message terminé, tout le monde se retira dans ses quartiers respectifs, choqués par le décès soudain de Don Salvatore.
Rempli d'angoisse et de frissons, David perdit ses moyens. Il retourna vite dans sa chambre, à l'abri des regards. Sa réaction n'était pas seulement dû à cette annonce, mais plus au puzzle qui s'assembla. Il comprit alors que Don Salvatore, n'était pas décédé, mais à bel et bien été assassiné !
Un acte effroyable, une vérité qui hanta son esprit. Des sueurs froides le prirent de court, ses mains tremblèrent de peur. Une crise lui bloqua le corps, des crampes lui vinrent sur chaque membre. Il se mit à transpirer abondamment. Il pleura de chagrin pour un ami cher, mais aussi pour la douleur de cet acte impardonnable.
" Ô Seigneur, je t'en prie, guide moi dans le droit chemin. Éclaire moi de ta lumière divine, toi qui est le Créateur de l'existence, accorde moi ta Miséricorde, et protège moi des forces malsaines qui pourraient m'égarer du droit chemin de la Vérité. Aide moi à porter la Lumière sur les mensonges qui se tissent dans ce lieu saint, Ô Seigneur, fait de mon âme un être pur. Amen "
Suite à ces paroles, l'état sanglant de David s'apaisa petit à petit. Il se pourrait que Dieu ait pitié de son fidèle serviteur.
David se déshabilla, et alla se prendre une douche, ce qui le consola de toute évidence. L'eau chaude du pommeau ruisselait sur sa peau moite, la réchauffant, faisant disparaitre le relief de ses ports. Il se savonna avec un gel de miel à l'huile de pin, une odeur savoureuse le transportant dans ses montagnes natales. Il ferma les yeux, se laissant vaguer loin de cette réalité néfaste, nageant sur des vagues de sérénité. Il ouvrit doucement les yeux, reprit de l'énergie, et d'une voix charismatique :
" Je découvrirai qui sont ces hérétiques, et je déjouerai leur complot contre l'Église. Ô Seigneur, c'est en ton Nom et en ta Gloire que je te donne ma Parole que je vouerai corps et âme pour sauver la religion que tu nous as transmit. Amen "