43 · Épilogue · Le blizzard et la tempête

Il ne put feindre de n’avoir rien remarqué plus longuement. Dans sa vision périphérique, il devinait qu’elle se rapprochait inexorablement. Qu’avait-elle en tête ? Certes, bien malgré lui, il avait déjà vu ce qu’elle lui avait caché des semaines durant, mais ce choix ne semblait alors pas l’avoir enchantée. Il respectait cela. Était-elle sûre, à présent, de ce qu’elle faisait ?

Doucement, il tourna la tête vers elle et plongea dans ses yeux d’un bleu profond. Tel un naufragé dans un océan tumultueux, il s’y abandonna. Puis, comme deux aimants qu’un souffle invisible aurait enfin rapprochés, leurs lèvres se lièrent, obéissant à une force peut-être plus puissante encore que la gravité. Leurs paupières se fermèrent pour savourer pleinement l’instant.

Les bras d’Eldria se nouèrent autour de son cou, et elle se laissa sensuellement glisser contre lui, le poussant en arrière, l’obligeant presque à s’allonger. À son tour, il l’enlaça par la taille, cédant à l’appel d’un désir primitif qu’ils appelaient de concert. Leurs souffles se firent plus denses au rythme des doigts aventureux d’Eldria, qui s’abaissaient en lentes spirales vers l’objet de ses envies les plus enfouies.

Ses phalanges s’insinuèrent sous le tissu encore humide de son caleçon. Comme intimidées par ce qu’elles s’apprêtaient à toucher, elles s’interrompirent brièvement, hésitant à poursuivre leur audacieuse exploration de ce qui leur était encore fardé d’inconnu. Pour la mettre en confiance et lui signifier qu’elle pouvait continuer, Dan se permit à son tour de passer ses paumes ouvertes sur son corps réchauffé. Ses mains se murent le long de ses hanches à la douceur satinée, firent temporairement irruption sur les côtés de ses fesses qu’il connaissait si bien, aussi fermes que délicates, puis remontèrent vers sa taille souple. En atteignant ses seins, il la souleva légèrement afin de mieux la contempler.

Ses cheveux châtains, aux reflets de noisette, virevoltaient autour de son visage aux traits séduisants, qui semblait avoir dérobé au soleil couchant ses teintes printanières. Ses yeux étincelaient tels deux joyaux aux éclats changeants. Plus bas, sa poitrine, menue mais ferme, semblait gonflée d’un désir qu’il était appelé à combler.

Mais pour l’heure, ce furent les doigts d’Eldria qui, restés contraints aux portes de son intimité, se décidèrent finalement à faire la rencontre de son sexe qui attendait impatiemment leur visite. Sans qu’elle ne le quitte des yeux, il les sentit pianoter timidement mais avec une certaine efficacité sur son gland étiré, puis s’engager sur son érection non dissimulée, comme s’ils cherchaient à en recouvrir le moindre recoin.

Une fois qu’elle eut bien apprécié la topologie des lieux, elle se décida à le prendre à pleine main et à le soulever délicatement. Dan pencha la tête en arrière et la laissa donner libre cours à ses velléités lubriques. Il sentit l’entièreté de ses muscles se raidir alors qu’elle entamait de lents mais non moins satisfaisants mouvements de va-et-vient le long de l’instrument qui avait, à de nombreuses reprises, fait montre de son attirance pour elle, mais qu’elle n’avait pourtant jamais vu ni jamais touché. Il laissa échapper un râle rauque.

Eldria, malgré les épreuves, rayonnait d’une liberté fragile et ardente. La jeune femme, visiblement, ressentait la même attirance que lui. Son corps, défait de ses défenses, ondulait sur le sien avec la grâce d’une délicate fleur que la brise du matin ferait danser, comme si leur union avait déjà commencé.

Mais ce n’était pas encore le moment.

Déjà, elle se penchait de nouveau sur lui, lui caressant de sa main libre le torse, descendait jusqu’à ses abdominaux, appréciant sa musculature vallonnée, fruit de longues années d’entraînement. Dans un geste résolu, elle le délivra du tissu qui gênait leur proximité. Sa bouche, envieuse, se referma autour de son gland palpitant. Sa langue, aussi légère qu’un nuage, effleura sa peau tendue à l’extrême.

Nouveau gémissement rauque.

Il ne put s’empêcher de l’admirer, allongée sur lui, les yeux fermés, alors qu’elle s’appliquait, les joues rosies, à lui offrir des sensations qu’il n’avait plus connues depuis longtemps. Plus rien d’autre ne comptait. Plus rien d’autre n’avait de sens. À part Elle. À part Eux.

Alors que son envie ne faisait qu’escalader crescendo, au point de se rapprocher de sommets qu’il savait ne pas pouvoir se permettre d’atteindre si rapidement, il se déroba doucement à ses soins, désireux, à son tour, de lui prodiguer les siens. L’enlaçant délicatement par la taille, s’enivrant au passage du parfum de son cou, il la déposa sur le dos. Les vibrations de son rire cristallin entrèrent en résonnance avec les pulsations de son cœur.

Comme si elle avait un coup d’avance sur lui et qu’elle avait déjà deviné ses plans, elle écarta les jambes pour lui laisser tout loisir de visiter son bosquet secret. Son majeur brûlant, encore soucieux de ne pas la brusquer, s’aventura avec délicatesse sur ces contrées qui s’abandonnaient à lui. Il effleura d’abord le soyeux duvet de son pubis, descendit et s’imprégna des courbes harmonieuses de son sexe, recueillit du bout du doigt la goutte qui y naissait.

Ses cuisses se refermèrent subitement, emprisonnant sa main tout entière contre le secret de sa peau. Elle poussa un faible gémissement qui l’incita implicitement à ne pas s’interrompre en si bon chemin. Obéissant à cette invitation implicite, il caressa avec plus de ferveur cette fente débordante. Il la sentit convulser.

Au même moment, l’attrait de ses seins offerts à sa vue fut si intense qu’il ressentit l’envie de se les approprier encore. Il les embrassa et en mordilla les pointes, devenues presque aussi durs que du cuir.

Gémissement.

Son doigt entra en elle comme un marin chevronné glissant sur une mer de coton. Elle se cambra pour mieux le laisser s’insérer. Ce fut au tour de Dan de reprendre les va-et-vient, d’abord tout doucement, puis avec de plus en plus d’intensité. Tel un musicien, il joua de son instrument, se satisfaisant de délicats soupirs pour toutes notes.

Le visage rieur d’Eldria s’était mué en temple du plaisir. La tête penchée, les yeux fermés, la bouche grande ouverte, les joues aussi vermeilles que le cinabre, elle semblait accueillir chacune de ses attentions avec une intensité montante. Quand il la sentit sur le point de s’abandonner, jouant avec elle, il réduit, espiègle, la voilure et baissa la cadence. Le regard qu’elle lui lança alors sonna presque comme une sommation.

Comme si elle réclamait son dû, elle le repoussa sur le côté avec une assurance qu’il ne lui connaissait pas. Il se laissa faire, s’amusant à son tour de la découvrir si entreprenante. De nouveau, elle grimpa sur lui avec une aisance inattendue. Elle posa les genoux de chaque côté de ses hanches, les mains à plat sur son torse, puis se positionna au-dessus de son bassin érigé. Elle exigeait d’être comblée, elle voulait emplir immédiatement ce vide qu’il avait installé en elle.

Sûre d’elle, ne lui laissant pas le temps de reprendre son souffle, elle guida son membre dressé à l’orée de sa propre frontière. Le temps sembla se suspendre alors qu’ils se regardaient tous deux avec l’intensité d’un brasier dans les ténèbres.

Puis, doucement, elle se laissa descendre sur lui.

Elle ferma de nouveau les yeux et se mordit la lèvre.

Lui aussi.

Leurs corps s’assemblèrent, enfin, comme s’ils avaient été conçus pour ce jour-là.

La première pointe de douleur qui apparut d’abord sur le visage d’Eldria laissa très vite place à une onde de quiétude, qui se propagea tout autour d’eux avec la grâce d’une plume qui se serait posée sur une mer d’huile. Au début, ils ne bougèrent pas, étirant autant que possible cette divine sensation qu’ils ressentaient de concert. Puis, en douceur, ils trouvèrent la mesure, s’accordant pour prolonger la mélodie.

Gémissements mutuels.

Dan contempla une nouvelle fois sa protégée, qui sautillait sur lui au rythme de leurs bassins. Il nourrit son âme de la vue de sa peau satinée, sur laquelle les flammes jouxtant leurs ébats dessinaient des ombres d’opaline. Baissant les yeux, il admira leurs deux sexes assemblés, se divertissant de voir le sien, raide comme l’acier, apparaître et disparaître par intermittence. Eldria, d’une souplesse félidée, arqua le dos et se pencha en arrière, levant son regard vers le plafond invisible. Sa poitrine, lustrée par la chaleur, invoqua les mains de Dan, qui ne put résister à l’appel. Ils n’eurent tous deux aucune notion du temps qu’ils passèrent dans cette position.

Puis, naturellement, comme s’ils avaient moult fois répété cette chorégraphie subtile, Dan se redressa et Eldria pivota. Cette fois-ci, c’était de nouveau lui qui était sur elle. Tels deux amants devenus inséparables, leurs bassins ne s’étaient pas quittés.

Les jambes largement écartées et enroulées sur ses cuisses, les bras ancrés autour de son cou, Eldria poussa de nouvelles et vibrantes plaintes sonores tandis qu’il la pénétrait avec plus d’intensité encore. Il s’égara dans ses cheveux, humant chaque particule de leur fragrance boisée. Il sentit son souffle, tiède et pressé, atterrir sur son cou, faisant frémir les poils de sa nuque. Elle resserra son étreinte, l’enveloppa tout entier dans ses cris profonds et réguliers. Le blizzard au dehors faisait pâle figure face à la tempête de leur désir.

Alors qu’il était proche d’atteindre son apogée, il la sentit se tendre. Sa respiration s’arrêta une seconde – l’œil du cyclone – puis elle exulta sans se retenir. Il lâcha prise à son tour. S’abandonnant totalement, laissant toutes les digues s’ouvrir en lui, il accéléra le rythme jusqu’à ne plus connaître que la clarté de l’instant.

Leur cri mêlé s’extirpa de la grotte, défia le vent, d’éleva.

Puis se perdit dans les cieux.

***

Un souffle froid s’abattit sur le jeune homme. Les yeux levés vers le firmament, il contemplait la lune – symbole de sa nation – qui lui souriait.

– Je ferai tout pour te retrouver, murmura-t-il au zéphyr. Je te le promets, Eldria.

Et Jarim, déterminé, s’éloigna dans la nuit blanche.

 

FIN DU TOME I

 

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Chère lectrice, cher lecteur, c’est un immense honneur pour moi que vous lisiez ces quelques mots. Car si vous êtes là, c’est probablement que vous avez suivi dans son intégralité cette histoire, et que j’ai donc réussi à vous captiver assez pour que vous restiez. Dans un monde où les distractions (littéraires, mais pas que) sont légion, c’est une petite victoire pour un auteur amateur de happer un·e lecteur·ice, le temps de quelques heures. Donc, même si je sais que vous n’êtes qu’une petite poignée... MERCI.

Le tome 2 est déjà bien avancé, toutefois, PA étant sur le point de fermer ses portes, je ne publierai probablement que le premier chapitre ici, avec une incitation à rejoindre l’une des plateformes suivantes pour continuer : L’Atelier des auteurs, Wattpad ou Nocteller. Je recommande chaudement cette dernière, encore récente, qui cherche à faire grandir sa communauté. J’espère, toi qui lis ces lignes, pouvoir te compter parmi celles et ceux qui suivront ce travail qui me tient à cœur.  

Au plaisir, donc, de vous retrouver ailleurs.

M. / Imaginatis

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