Sa gorge brûlante se contractait. Ses doigts aux articulations douloureuses se tordaient autour des draps. Son épiderme en feu devenait cendre à force de combustion latente. Elle crevait. Elle crevait au sein de ce corps trop étroit. Trop ordinaire. Et dans un spasme expiatoire, le buste féminin s’arracha du matelas, jaillit de sous les draps comme un diable de sa boîte.
Immédiatement, les bras aimants s’enroulèrent autour de son épiderme, et tout ce corps se lova contre le sien. Par la force de l’habitude, même les yeux clos, elle reconnut les gestes fraternels dans ce serpent charmeur. Pâris. C’était sa voix, également, à son oreille qui l’invitait au calme et à l’apaisement, qui lui promettait protection et avenir radieux. « Tout va bien » disait-il. Et pourtant rien que le fait qu’il s’agisse de sa voix et non d’une autre prouvait que ce n’était pas le cas.
— Qu’est-ce que je fais ici ? demanda-t-elle péniblement.
Sa gorge sèche donnait l’impression d’être tapissée de roches et de sable. Chaque déglutition tournait à la torture. Parler lui demandait un effort quasi surhumain. Contre sa paume se matérialisa la fraîcheur d’un verre d’eau qu’elle accueillit avec soulagement. Malheureusement, le liquide n’entama qu’à peine le brasier de ses entrailles.
— J’ai eu tellement peur, soliloquait Pâris en s’éloignant.
Pourquoi ? Astrée n’en avait aucune idée. Ce qu’elle savait en revanche, c’est qu’elle s’était endormie à l’autre bout de Paris dans un tout autre lit et se réveillait dans sa propre chambre. Cela ne faisait pas le moindre sens. Avait-elle imaginé tout ceci ? Avait-elle seulement revu Syssoï ? Elle se laissa retomber contre le matelas pour terminer en position foetale enroulée dans son drap. Non, pas son drap, réalisa-t-elle. Il n’en avait ni l’odeur, ni la texture. Et la jeune femme reconnu sans mal les effluves ainsi que le touché délicat. Elle avait bien été là-bas. Mais alors, comment était-elle arrivée ici ?
Était-elle somnambule ? Seigneur, avait-elle erré à moitié nue dans les rues de Paris ? Et pourquoi faisait-il si jour ? Elle avait le sentiment d’avoir dormi des heures. N’était-ce pas supposé être la nuit désormais ? Pâris réapparut dans l’embrasure de la porte, une bouteille d’eau minérale à la main.
— Qu’est-ce que je fais là ? répéta-t-elle après avoir avalé près d’un demi-litre au goulot.
— Je suis venu te chercher, répondit Pâris avec une pointe d’hésitation.
Désormais assis sur le rebord du lit, il semblait comme indécis et vacillant.
— Pourquoi ?
Astrée ne comprenait pas. Elle nageait dans un magma d’incompréhensions et d’interrogations. Le réel n’avait pas le moindre sens, tandis que les bribes de souvenirs de ses songes n’en avaient guère plus.
— Tu m’as appelé.
— Non, je m’en souviendrai.
De cela, elle était certaine.
— Pas comme tu l’imagines. De l’autre manière.
Quelle autre manière ? Oh, cette autre manière… Mais l’avait-elle appelé dans son sommeil ? Était-il apparu spontanément aux pieds du lit de Syssoï tandis qu’ils dormaient ? Et pourquoi ne s’était-elle pas éveillée, alors ? En pleine réflexion, les yeux de la jeune femme s’agitaient dans leur orbite, comme habités d’une volonté propre, une volonté d’hyperactivité. Ce qui n’échappa pas à son frère.
— Astro… Tu étais dans un état second, pleine de fièvre et délirante. Je devais te mettre à l’abri.
A l’abri de qui ? De quoi ? Où était Syssoï à présent ?
— J’ai dormi longtemps ? demanda-t-elle en se tournant vers Pâris. On est déjà demain ?
De ses doigts tapotant ses lèvres hésitantes, il ne parvint à dissimuler un sourire embarrassé.
— Plutôt après-demain, avoua-t-il avec appréhension.
Elle avait été dans les vapes tout ce temps ?
— Où est Syssoï ? Je dois le voir, s’agita-t-elle à nouveau. Et il me faut du papier et un crayon.
— Quoi ? Tu ne vas quand même pas y retourner ? s’insurgea son frère depuis le bureau où il était en quête de ce qu’elle demandait.
— Tu ne comprends pas. J’ai fait un rêve. Mais il m’échappe.
De sa paume tendue et impatiente, elle réceptionna le bloc de papier et le crayon que Pâris venait de lui apporter. Elle ne perdit pas un instant, et tandis que le jeune homme se réinstallait à son côté et reprenait son monologue où il était question de l’état dans lequel il l’avait retrouvé, du danseur, de GHB et de kit de viol, Astrée noircissait la feuille de sa mine charbonneuse.
— Relax, Olivia Benson, il n’a rien fait sans mon consentement.
Il reprit la parole, mais elle ne l’entendait plus. Elle devait crayonner ses vestiges de souvenirs avant qu’ils ne disparaissent totalement. Il le fallait. Pâris l’interrogeait, mais elle ne répondait pas. Son inquiétude était justifiée et légitime. Elle était restée inconsciente de trop nombreuses heures, et l’avait ravagé d’angoisse. Mais le rassurer n’était pas la priorité absolue. Et puis qu’aurait-elle eu à lui offrir ? Elle-même n’y comprenait rien. Avait-elle rêvé pendant des jours ? Alors pourquoi ne conservait-elle de souvenirs que sur quelques instants seulement ?
— Tu n'aurais pas dû m'éloigner de lui. Il semble être un catalyseur de réminiscence. Sans lui, je ne me souviens pas. Je rêve, mais je ne me souviens de rien. Et là, j'ai probablement que cinq pour-cent de l'intégralité du truc. Et ça s'évade, ça s'évade. Ça ne veut pas rester dans ma tête, bordel !
— C’est quoi ? demanda Pâris en interrompant sa diatribe.
Par-dessus son épaule, il observait la sphère qu’elle faisait émerger du papier. Une balle recouverte de courbes et ondulations sophistiquées, comme une cage de dentelle dont semblait s’échapper un halo qu’Astrée estompait de la pulpe de son doigt.
— Et plus important encore, où as-tu appris à dessiner de la sorte ?
Astrée n’en avait pas la moindre idée. La semaine dernière elle était encore bloquée au stade des bonhommes bâtons, et la voici qui maîtrisait les clairs obscurs à la manière d’un Caravage.
— Dans mon rêve, je trimbalais ce truc partout avec moi. Je le faisais naître de ma paume. Sa lumière était bleue… Je crois. Tout s’échappe.
— Ce n’était qu’un rêve, Astro, tenta-t-il en hasardant une caresse dans le dos de la jeune femme.
Elle braqua si vivement son regard sur lui que Pâris accusa un mouvement de recul. Astrée ne réalisa qu’ensuite qu’elle n’avait jamais parlé de tout ceci à son frère. Elle avait gardé l’intégralité des phénomènes pour elle seule. Ne s’était-elle pas confiée sur ses bonds dans le temps que la veille ? Ou l’avant-veille ? Ou le jour d’avant ? Mince, elle avait dormi combien de temps ?
— Ils sont réels, Pâris. Je revis chaque nuit des morceaux de vie d’autres personnes.
Astrée ne précisa pas qu’il faisait partie de ces personnes, et que ces rêves tendaient à prouver qu’ils avaient déjà vécu plusieurs vies auparavant. Le regard qu’il lui offrait était suffisamment éloquent pour qu’elle n’en ajoute pas une louche dans le domaine de l’étrange. Surpris, puis confus, sa nervosité s’esquissa au travers de ses gestes, de ses mains qui torturaient son tee-shirt avant de se reporter dans ses cheveux pour les manipuler à leur tour.
— Oh, ça va… Je te rappelle que tu te téléportes, tu ne vas pas paniquer à cause de quelques réminiscences ?
— Je ne me téléporte pas, bouda-t-il. J'avance et je suis ailleurs, c'est tout.
— Justement, comment tu as fait pour me faire voyager avec toi ? Dans les catacombes tu as prétendu ne pas pouvoir nous sortir de là.
— C’était le cas. Je t’ai dit, il faut que quelqu’un m’appelle dans un lieu. J’ai demandé à Benjamin de le faire depuis chez nous, c’est tout.
— Avec moi dans les bras ?
— Quand tu me tenais la main dans les catacombes, j’ai vu les Américains. Je suis passé à travers une sortie depuis longtemps condamnée. Donc ça veut dire que quand tu me touches, je peux voyager dans le temps avec toi. Ca me semblait logique que, du coup, si je te touchais, je pouvais te faire voyager à travers l’espace avec moi.
Logique, en théorie. Mais risqué sans pratique au préalable.
— Et si ça n’avait pas fonctionné ? Si tu avais voyagé seul ?
— T’aurais violemment terminé sur le parquet du Russe. C’était un risque à prendre.
Astrée sembla s’indigner un instant avant d’hausser les épaules. Elle avait fait bien pire, finalement. Et puis, il y avait ce qu’il venait juste de dire. Traverser le temps et traverser l’espace. N’était-ce pas étrangement complémentaire ? Et son rêve qui lui résistait toujours. Elle avait le sentiment que la solution de l’énigme s’y trouvait.
— Je dois voir Syssoï, répéta-t-elle en fouillant du bout des doigts la table de chevet. Où est mon téléphone ?
Face à son absence à la surface de la table, elle reporta son interrogation en direction de son frère. Ce dernier se contenta d’hausser un sourcil d’incompréhension.
— Je suis supposé le savoir parce que ?
— Parce que tu m’as ramené de chez lui.
— Toi oui. Rien d’autre. Et vraiment rien d’autre, insistait-il en jetant un regard en biais en direction du drap qui recouvrait sa sœur.
Drap qui n’était pas sien, elle s’était déjà fait la réflexion un peu plus tôt. Mais drap qui protégeait sa totale nudité. Donc sa robe était encore là-bas. Et avec elle, son portable bien rangé dans la poche. Astrée ne pouvait même plus le joindre ?
— Raison de plus pour que je le vois, annonça-t-elle en quittant le lit dans sa toge de fortune.
*
Dans un premier temps, elle s’était rendue directement dans le quartier de la Madeleine. A grand renfort d’indications très approximatives, Astrée avait dirigé son frère qui n’en finissait plus de pester derrière le volant de la Mini. Cette nuit-là, elle avait été téléguidée jusqu’au monstre de pierres, elle n’avait fait que répondre à un Appel, comme une musique intérieure qui n’aurait eu pour but que de la conduire jusqu’à Syssoï. Mais désormais, en plein jour et en l’absence de tout signal extérieur, la jeune femme hésitait entre tourner à gauche ou bien à droite pour la huitième fois.
Évidemment, il aurait été plus simple que Pâris les téléporte directement chez le danseur. Mais ce dernier s’était empressé de lui répéter une énième fois qu’il devait être appelé quelque part, et donc invité à s’y rendre. Qui plus est, se matérialiser subitement dans l’un des quartiers les plus touristiques de la capitale n’était peut-être pas l’idée du siècle.
Il leur avait fallu plus d’une heure de tours et de détours avant de retrouver la bonne adresse. Et finalement, le Russe ne s’y trouvait même pas. Nathanael, plus que ravi de revoir Astrée, ne s’était pas fait prier pour lui indiquer sa prochaine destination : l’Opéra Garnier. D’après le concierge, Syssoï y était retourné dès le lendemain de sa visite. Ce qui semblait tenir de l’ordre du miracle, toujours d’après lui.
L’Opéra n’était vraiment pas très loin, et Pâris l’avait déposé devant l’entrée des artistes avant de se mettre en quête d’une place de stationnement.
— Je t’attendrais dans la voiture, avait-il dit. Si besoin, tu m’appelles.
— Mais je n’ai pas mon portable, lui avait-elle répondu en s’extrayant de l’habitacle.
— Tu m’appelles de l’autre manière, Astro.
Il avait levé les yeux au ciel, comme désabusé face au manque cruel de discernement de sa sœur. Astrée, de son côté, avait claqué la portière en s’interrogeant quant aux capacités de son frère à accepter tout ceci avec tellement de facilité et si rapidement.
Puis, dans son dos, la voiture avait redémarré, et Astrée était demeurée seule à l’arrière de cet immense Opéra, seule face à cette petite cour pavée qui lui semblait brusquement très impressionnante. Pourquoi fallait-il systématiquement que les circonstances la poussent à surgir à l’improviste et s’imposer comme une vulgaire groupie ?
Une profonde inspiration plus tard, elle dépassa l’une des arches et sa barrière, et prit la direction des baies vitrées résolument trop modernes pour la bâtisse. A l’intérieur, quelques bancs pour patienter, des tourniquets métalliques pour empêcher toute intrusion, et Cerbère. D’abord souriant, l’homme derrière son comptoir s’était refermé comme une huître dès qu’elle avait laissé entendre le nom de la personne qu’elle souhaitait rencontrer. Astrée avait vu juste, tout en elle criait « groupie ».
— Vous ne comprenez pas, je suis véritablement sa… son…
Qu’était-elle, au juste ? Ils n’étaient certainement pas un couple. Pas vraiment juste des amants, non plus. Des amis alors ? Non, elle ne le percevait pas du tout comme un ami. Cette hésitation ne rassura pas le gardien qui s’enlisa dans son attitude de barricade.
— Je vous l’ai déjà dit, toute visite s’anticipe afin qu’un badge puisse être commandé et laissé à votre attention, répétait-il, inlassablement. On ne dérange pas nos étoiles dès qu’une jeune femme exige de les voir. Et heureusement, d’ailleurs.
— Très bien. Je vais donc l’attendre ici, et quand il me verra et constatera que vous n’avez pas jugé opportun de le prévenir, il risque d’être gentiment furieux.
Était-ce la perspective d’un Syssoï furieux, ou bien le simple constat qu’elle le connaissait suffisamment pour évoquer cet aspect de sa personnalité qui fit flancher le gardien ? Toujours était-il qu’il s’était emparé d’un combiné bien dissimulé derrière son comptoir, et que quelques instants plus tard, il murmurait dedans de manière inaudible.
Il avait l’air si satisfait en raccrochant qu’Astrée se demanda si elle avait eu raison de se montrer si sûre d’elle. Et si le danseur ne souhaitait pas la voir ? Après tout, il semblait s’être écoulé plusieurs jours sans qu’il ne cherche à prendre de ses nouvelles. Lui en voulait-il d’avoir omis de lui signaler que Pâris aussi détenait désormais quelques petites fonctionnalités supplémentaires ? Le voir se matérialiser au pied de son lit n’avait pas dû aider.
Et qu’attendait-il, ce gardien dans son veston siglé, armé de son sourire triomphal ? Astrée n’eut sa réponse qu’en percevant deux molosses débarquer depuis les portes vitrées. En bras de chemise et sans veston, le « sécurité » brodé sur leur poche de poitrine n’offrait pas le moindre doute quant à leur fonction.
— Nous allons vous demander de nous suivre, disait l’un.
— Et sans faire d’histoire si possible, renchérissait l’autre.
Derrière son comptoir, le gardien rayonnait. Ainsi, il n’avait jamais contacté Syssoï. Seulement la sécurité. Fièrement, Astrée ramena l’anse de son sac contre son épaule, et dans un reniflement de dédain, s’apprêtait à emboîter le pas aux deux colosses lorsqu’une autre voix tonna à l’opposé. Un simple « stop » qui avait interrompu les mouvements de chacun.
Le gardien ne rayonnait plus. Il balbutiait comme un enfant pris en faute. Les deux caïds, quant à eux, s’étaient immobilisés autour d’Astrée et semblaient attendre le prochain ordre auquel obéir.
— Prévenir les concernés n’est plus dans vos attributions ? sifflait Syssoï sur le pauvre agent d’accueil.
A présent qu’il subissait le regard réfrigérant du nouvel arrivé, Astrée nourrissait presque une forme de compassion à son égard. Pas assez, toutefois, pour s’empêcher de se rapprocher de l’action afin de ne pas perdre une miette de l’échange qui se déroulait entre les deux hommes. Les molosses la laissèrent faire. Probablement se disaient-ils que ce petit bout de femme ne devait pas représenter une grande menace pour le danseur.
— Elle n’a pas de pass, se défendit le gardien en désignant les tourniquets devant lui.
Ces tourniquets comme un barrage entre elle et lui. Ces tourniquets que les deux grands bras survolèrent pour s’en venir lui accrocher la taille fine.
— C’est moi, son pass, affirma le Russe en la faisant décoller du sol.
Avec une facilité déconcertante, il la souleva afin qu’elle survole à son tour les portiques, avant de la reposer de l’autre côté. De son côté.
— Tout va bien, messieurs, informa-t-il les deux brutes toujours immobiles. Désolé qu’on vous ait fait déplacer pour rien.
D’un mouvement de tête synchrones, ils saluèrent silencieusement le danseur, avant de s’évaporer par les baies vitrées. Le gardien, lui, cherchait clairement à disparaître derrière son comptoir. Voilà, Syssoï était furieux. Ce n’était pourtant pas faute de l’avoir prévenu.
— Désolée de débarquer sans prévenir, mais mon portable est resté chez toi, s’entendit-elle dire comme pour mieux fendre la tension apparente.
— Pas ici, ordonna-t-il sans quitter le gardien des yeux.
D’une main ferme sur son épaule, il la força à se remettre en mouvement, et prendre la direction vers laquelle il la guidait. Une main bandée qu’il n’ôta que lorsqu’ils furent hors de vue de l’agent et de l’entrée. En l’espace d’un instant il lui avait fait traverser nombre de couloirs étroits et escaliers grinçants, si bien qu’Astrée aurait été bien incapable de retrouver seule la sortie. Si elle s’était laissée conduire, elle n’avait eu de cesse durant le trajet de sonder dans les traits et les mouvements de son guide, quelques indices sur son état d’esprit. En plus de sa main bandée, sa lèvre était fendue, et sa mine brouillée. Certes, sa tenue d’entrainement pouvait expliquer ses cheveux en bataille et sa fatigue visible, mais pas cette parcelle de peau qui brunissait contre son menton.
— Il s’est passé quoi avec ta main ? demanda-t-elle tandis qu’il étirait un bras pour la guider au travers d’un énième couloir.
— J’ai frappé dans un mur, consentit-il à répondre sans cesser ses regards jetés à la ronde.
— Et pour ta lèvre ? Tu as tenté de l’embrasser pour te faire pardonner ?
Le sarcasme tiraillait sa voix, mais l'inquiétude dans son regard était tout autant réelle. Elle s’en voulait d’avoir dormi tout ce temps lorsque, visiblement, la vie avait continué sans elle. Et une vie plutôt mouvementée. Syssoï ne répondit rien, mais accéléra le pas au travers du labyrinthe de couloirs déserts dont il fouillait l’espace du regard avant de l’autoriser à en fouler le parquet multicentenaire. Qu’il pouvait être agaçant lorsqu’il agissait de la sorte, drapé de mystère et d’intentions cachées.
Il ne sembla s’apaiser qu’en activant la poignée d’une porte au bois sombre et au vernis craquelé. A peine fut-elle ouverte qu’il pressa Astrée à l’intérieur et referma rapidement derrière lui. Pourquoi tant d’empressement ?
— Où sommes-nous, et pourquoi j’ai le sentiment que tu me caches ?
Au centre de la petite pièce encombrée, les mains sur les hanches et l’expression farouche, elle déporta son regard de la bête de danse pour le reporter sur ce qui s’apparentait à une véritable caverne d’Ali Baba. Quelques mètres carrés à peine, mangé en grande partie par un divan au velours bordeaux très usé. De l’autre côté, un miroir cerné d’ampoules à la lumière chaleureuse. Et devant le miroir, une table plus large que longue, occupée par tout un tas de flacons, pinceaux et fards. Pas de fenêtre, juste des meubles à casiers débordant de chaussons de danse et autres étoffes indistinctes. Des rangements étroits mais qui semblaient vouloir crever le plafond plusieurs mètres au-dessus de la tête d’Astrée. Elle avait la réponse à sa première question : ils étaient dans la loge du danseur.
— Évidemment que je te cache. C’est le dernier endroit où l’on devrait pouvoir te trouver, avait-il annoncé en quittant la porte pour s’avancer vers elle.
Elle avait la réponse à sa deuxième question. Ce qui ne l’éclairait pas davantage. Syssoï n’avait eu qu’un pas à faire pour se trouver juste en face d’elle, son menton entre les longs doigts qui venaient de s’en emparer. En quelques mouvements délicats, il la força à lui exposer ce visage qu’il analysait du regard.
— Tu vas bien ? voulut-il savoir sans interrompre son examen visuel.
— Merci de t’en inquiéter seulement maintenant, rétorqua-t-elle en libérant son menton d’un coup sec. Et pour quelle raison je ne devrais pas me trouver ici, je te prie ?
Il soupira et croisa ses bras à présent désoeuvrés contre son torse. Ce n’était jamais bon signe, sans pour autant que cela ne semble inquiéter la jeune femme. Si tempête il devait y avoir, elle l’avait souhaitée et déclenchée. Outre son accueil pour le moins lunaire, Astrée se trouvait profondément agacée par cette inquiétude affichée qui n’avait rien de légitime. Elle avait été arrachée à lui dans un état comateux voilà plus de vingt-quatre heures, et qu’avait-il fait ? Rien. Il avait été sa première pensée lorsqu’elle avait rouvert les paupières, tandis qu’il était retourné gentiment au travail de son côté.
— Comment peux-tu encore sérieusement poser cette question ? reprit-il agacé à son tour. Au hasard, je dirais… parce que chaque vie se termine dans un bain de sang lorsqu’on se trouve à proximité l’un de l’autre ?
Il marquait un point, mais Astrée n’était pas encore prête à l’admettre.
— Et alors ? aboya-t-elle en serrant les poings.
Nul. Même elle en eut conscience et se mordit la langue face à ce manque cruel de répartie.
— Je veux dire, que proposes-tu ? On arrête de se voir ? Ou non, je sais ! On demande à bénéficier du programme de protection des témoins contre notre témoignage pour coffrer le soldat du XIVème siècle. On va l’avoir, ce fils de chien.
Puisqu'il ne répondait rien et que le silence régnait brusquement dans la petite loge, elle releva le nez pour voir l’expression qu’il affichait, et surprit son regard fixe sur elle.
— Quoi ? l’interrogea-t-elle sur la défensive.
— Rien, je suis seulement en train de me demander si tu es géniale de créativité ou juste complètement cinglée...
— Je préfère ne pas répondre à cette question et te laisser conserver tes dernières illusions.
Elle ne l’admettrait pas tout de suite, mais il était parvenu à l’amuser juste assez pour qu’elle ravale une partie de la tension accumulée dans son petit corps.
— Pour commencer, reprit-il très sérieusement. Non, je ne propose absolument pas que l’on arrête de se voir, puisque ce n’est pas envisageable. Mais puis-je te suggérer d’éviter, à l’avenir, de te pointer sur mon lieu de travail la bouche en cœur, et de faire un scandale à l’accueil en menaçant de ma fureur le personnel ?
Oh, il avait appris pour ça ?
— Ta colère est toujours plus impressionnante que la mienne, c’est pas de ma faute, marmonna-t-elle en guise de défense.
— Et pour ton information, poursuivait-il sans prêter la moindre attention à ses vagues excuses. Tu dormais encore lorsque j’ai décidé de venir ici pour m’occuper la tête. Je comptais repasser te voir plus tard dans la journée.
Repasser ? Comment ça ? Pâris ne lui aurait jamais caché pareille information. Elle l’aurait su s’il était véritablement venu prendre de ses nouvelles, non ? Et puis, pourquoi n’en aurait-il pas profité pour lui déposer son téléphone, afin de lui permettre de le joindre dès son réveil. Ce qu’il disait n’avait pas le moindre sens. Astrée s’apprêtait à le confronter sur ce dernier point lorsque des coups se firent entendre contre le bois de la porte.
— Reprise des répétitions dans cinq minutes, tonna une voix masculine depuis le couloir.
Astrée l’entendit répéter cette même information quelques mètres plus loin, à une autre porte. Puis encore plus loin, jusqu’à ce que la voix ne soit plus qu’un murmure indistinct. L’attitude de Syssoï avait changé. L’urgence se mêlait à ses gestes tandis qu’il tirait sur ses cheveux et passait ses mains contre ses joues. Ils n’avaient plus le temps, c’était ça ?
— Il faut que j’y retourne. Ce ne sera pas long, annonça-t-il alors que sa grande paume se refermait déjà sur la poignée dans son dos. Tu ne bouges pas d’ici, compris ? Sous aucun prétexte.
Elle eut à peine le temps d’hocher le menton qu'il avait déjà tourné les talons en refermant la porte derrière lui. Le silence s’installa dans la petite loge en même temps que l’immobilisme dans les membres de la jeune femme. Dans les premiers instants, elle n’osa bouger ou ne serait-ce que respirer trop fort, comme si sa présence était de trop en ces lieux, et qu’elle devait se faire oublier des murs eux-mêmes. Syssoï avait parfaitement raison, elle avait fait démonstration d’une incroyable imprudence en venant jusqu’ici. Plus encore lorsqu’elle avait initié un début de scandale à l’accueil. Comment l’avait-il appris ? Est-ce qu’une des personnes qui était entrée et avait passé les tourniquets sans encombres, lorsqu’elle était occupée à menacer l’agent à son comptoir, s’était empressée d’aller tout rapporter à Syssoï ? Probable. Sinon comment l’aurait-il su ? Comment serait-il intervenu ?
Après quelques minutes, elle s’autorisa une respiration plus normale, et alla même jusqu’à inspecter discrètement les lieux. Les deux mains dans le dos pour mieux éviter toute profanation, elle pencha le buste en direction du miroir où quelques clichés avaient été glissés dans le montant. Sur la première, un très jeune Syssoï en collant se trouvait aux côtés de ce qui devait être un grand-père rayonnant de fierté. Sur d’autres, des légendes de la danse classique, Nijinsky, Noureïev… Et derrière, dissimulée par cette accumulation, dépassait le bout d’une esquisse. Astrée tira délicatement dessus. Elle savait d’avance ce qu’elle s’apprêtait à découvrir, mais ne put réprimer une ébauche de sourire en se découvrant présente, ici aussi. Certes, l’esquisse était toujours aussi douloureuse, et très bien cachée aux yeux de tous. Mais elle était là. Présente dans son antre.
La petite pièce était si exiguë, que l’inspection fut rapidement achevée. Astrée nota tout de même le pot de lierre qui dégueulait ses feuilles depuis le sommet d’un meuble à casier, jusqu’à plusieurs mètres en contrebas. Elle l’avait d’abord cru fausse, et désormais s’interrogeait sur sa capacité à survivre et s’étendre de la sorte en l’absence totale de lumière naturelle. Cet homme avait décidément la main verte.
Bientôt les secondes se transformèrent en minutes, les minutes en une heure, avant que totalement désoeuvrée Astrée ne se laisse choir dans le sofa au luxe désuet. Il avait prétendu ne pas en avoir pour très longtemps, mais il semblerait que sa notion du temps différait radicalement de celle de la jeune femme. Elle n’était même pas en possession de son téléphone pour tuer le temps.
Aussi, lorsque des éclats de voix se firent entendre dans le couloir, ils eurent toute son attention. La cavalcade de pas précipités succéda aux injonctions indistinctes. L’urgence se rapprochait, et avec elle les interrogations qui s’échappaient des loges alentours dont s’extrayaient leur propriétaire. Un danseur s’était blessé durant les répétitions, comprit-elle. C’était suffisamment sérieux pour que d’aucuns s’inquiètent, tandis que d’autres spéculent sur un futur rôle masculin à pourvoir. Dans les deux cas, on se renseignait sur la gravité de la blessure, et on écoutait le récit d’une chute spectaculaire sur un genou déjà fragilisé. Syssoï, pensa-t-elle immédiatement.
La cavalcade reprit de plus belle. Les curieux s’éloignaient, ils se rendaient sur place pour constater et se placer auprès du chorégraphe. Astrée, pour sa part, repéra et enfila à la hâte un long sweat dont elle rabattit la capuche sur ses cheveux avant de s’échapper de la loge. Certes, Syssoï lui avait ordonné de n’en pas sortir, mais s’il était gravement blessé, elle était la seule à pouvoir réellement l’aider.
Elle se mêla au flot de danseurs pressés. Un flot qui ne cessait de grossir et gonfler à chaque nouveau couloir croisé. Des danseuses en tutu se mêlaient à présent à la course effrénée. Puis des enfants. Ils furent bientôt plusieurs dizaines à se presser dans les couloirs et escaliers. Et tout à coup, plus rien.
Tout s’évapora et Astrée demeura seule, noyée dans un vêtement trop grand, au milieu d’un couloir qui ressemblait en tous points à tous les autres. Lorsqu’elle comprit qu’elle venait de suivre des danseurs d’une autre époque pour s’en aller secourir un blessé probablement mort et enterré depuis des lustres, il était déjà trop tard. Elle était totalement perdue.
Elle chercha à rebrousser chemin, mais c’était comme revivre les catacombes à nouveau. En moins lugubre, cela dit. Lorsque des pas se faisaient entendre, plutôt que de demander sa route, Astrée se dissimulait dans l’ombre. Elle ne devait croiser personne, ne surtout pas révéler sa présence plus encore. Combien de gens l'avaient surpris à courir après des fantômes quelques instants plus tôt ? Qu’importe le nombre, ce serait toujours beaucoup trop.
Au détour d’un nouveau couloir, elle perçut des éclats de voix. Astrée s’apprêtait à revenir sur ses pas pour les éviter, lorsqu’elle reconnut le timbre de Syssoï. Le soulagement s’empara de la jeune femme qui se précipita en cette direction.
— Qu’est-ce que tu fais là ? disait-il entre agacement et inquiétude. Je t’ai dis que je te rejoignais plus tard.
Les pas d’Astrée ralentirent. Intriguée, elle voulait connaître la suite.
— Tu dois me confondre avec elle, répondit une voix féminine étrangement familière. Moi, je n’attends plus.
La pièce d’où émanaient les voix n’avait pas de porte, juste une grande verrière de part de d’autre de l’entrée, qui baignait le couloir d’une lumière non artificielle. Astrée s’approcha encore de quelques pas, jusqu’à percevoir la frêle silhouette dans l’ombre de celle du danseur. Les bancs et les distributeurs de boissons et friandises ne laissaient que peu de doute quant à la fonction de cette vaste pièce. Une salle de repos. Mais cela n’expliquait en rien la présence de Syssoï si proche de cette illustre inconnue. Cette dernière tournait le dos à l’entrée, et donc à Astrée, qui ne percevait d’elle que ses longs cheveux châtains qui lui dévalaient tout le dos jusqu’aux reins. Syssoï ne la remarqua pas plus. Lui qui avait toujours eu le don de la transpercer du regard même au travers d’une foule compacte, n’avait d’yeux, à présent, que pour cette femme beaucoup trop proche de lui. Une femme qui encadra de ses mains le visage amoché du danseur. Une femme qui se rehaussa sur la pointe des pieds en quête de ce même visage. Un visage qui se laissa faire. Un visage qui couvrit la distance restante pour venir cueillir les lèvres de l’inconnue.
Quelque chose se fissura en Astrée. Quelque chose de vital qui claqua dans sa poitrine et dans son crâne. Un bruit atroce qu’elle était la seule à percevoir, mais qui la fit chanceler sur ses maigres pattes. Elle se raccrocha au montant de la verrière pour ne pas choir. Ce bruit-là, par contre, fut audible de tous, et attira immanquablement l’attention du couple. Syssoï releva le nez des cheveux de l’inconnue pour braquer son regard sur l’intruse qu’Astrée représentait en cet instant. Un regard de menace qui fut le point final au voyeurisme masochiste de la jeune femme. Elle n’eut pas le temps de percevoir le changement immédiat dans le givre des yeux bleus, Astrée avait déjà tourné les talons et courait à toutes jambes au travers de ces couloirs dont elle ignorait tout.
Elle se savait poursuivie. Elle l’avait entendu l’appeler dans son dos. Trop tard. Beaucoup trop tard. Astrée avait de l’avance sur lui, preuve qu’il ne s’était pas élancé immédiatement. Les interrogations s’entrechoquaient dans le crâne de la jeune femme. Et la douleur supplantait tout le reste. Elle ne comprenait pas, et peut-être ne voulait-elle pas chercher à comprendre. Elle ne souhaitait que fuir. A nouveau.
Astrée tourna longuement, jusqu’à perdre haleine, dans ces méandres labyrinthiques, jusqu’à retomber de manière inespérée sur Cerbère et ses tourniquets. Elle ne chercha même pas à polémiquer avec l’homme qui semblait avoir mis la tête d’Astrée à prix, et se laissa glisser sous les barrières afin de gagner la sortie au plus vite. Elle survola les pavés de la cour, et retrouva bien vite et avec soulagement la foule dense des grands boulevards. Mais il lui fallait encore repérer la Mini et son frère à l’intérieur. Elle l’avait abandonné à sa quête de place de stationnement une bonne heure plus tôt, et il ne se trouvait nulle part à portée de regard.
Alors, bêtement, elle chercha à l’appeler, crier son nom en plein Paris. Mais le son de sa voix se trouva immédiatement avalé par la circulation très dense de la Place dans son dos. Alors, elle s’enfonça dans la rue, laissa l'animation derrière elle, et répéta à de nombreuses reprises son prénom comme s’il pouvait l’entendre et lui signaler sa présence. C’était stupide, et Astrée l’était absolument en cet instant. Son cerveau fonctionnait au ralenti niveau logique, et en accéléré niveau élaboration de scénarios catastrophes au sein desquels elle se trouvait toujours être le dindon de la farce.
A présent, elle courait sur les larges trottoirs, basculait les passants qui l’insultaient dans diverses langues. Consciente qu'elle s'était déjà suffisamment éloignée de l'entrée des artistes, et qu'à ce train-là, elle finirait par avoir contourné complètement le bâtiment, elle s'immobilisa, bras ballants, souffle court, et frustration à son paroxysme.
Elle tenta de hurler une dernière fois le prénom de son frère, mais la première syllabe se trouva étouffée tandis qu'on plaquait quelque chose contre sa bouche et son nez. Elle ne pouvait plus respirer. A mesure qu'elle paniquait et se débattait, une force puissante la maintenait en place, enserrait son buste, barrait ses épaules. Ses pieds décollèrent du sol, s'agitèrent en vain à quelques centimètres au-dessus des pavés.
Elle voulut hurler, griffer, frapper, mais ses forces la désertaient. Elle ne fut bientôt plus capable que de lutter contre l'engourdissement qui s'emparait d'elle, seconde après seconde. Chaque battement de paupières devint de plus en plus lent. Chaque inspiration l'attirait un peu plus vers l’inconscient. Chaque membre s'alourdissait. La silhouette de son frère, cette silhouette qu’elle avait tant espéré de longues minutes plus tôt lui apparut au loin. Si loin. Elle fut la dernière image qu'Astrée emporta avec elle avant le blackout total.
J'ai noté d'ailleurs dans le songe où elle s'appelait Astraìa qu'elle avait une amie métamorphe (j'ai mangé son non, déso)... Ca commence à faire beaucoup de coïncidences tout ça... ;) Une amie qui convoitait alors Solaris ?
Et on en parle du passage à tabac de Syssoï qui passe sous les radars ? J'ai vraiment un doute pour la théorie du mur, hein, désolée Soï
Je disais, désolée Soïa, t'es pas crédible. Par contre le mystérieux interlocuteur téléphonique à qui il (enfin le personnage dans l'ombre dont tu n'avais jamais précisé l'identité, donc pas de certitudes) avait l'air de devoir rendre des comptes ? Quid de la figure du grand-père de Syssoï qui avait l'air de tenir une place importante ?
Hihi, on sent la fin s'approcher, tous les petits détails s'accumulent et ce lient doucement entre eux (promis je n'oublie pas tes références à Apollon aka Loxias/Pâris et à cette Astrée qui ressemble un peu à Cassandre par certains aspects aussi ;) ). J'ai extrêmement hâte d'avoir le fin mot de l'histoire, le fil rouge de ce conflit entre le clan des "loups" et des "lions" que j'ai l'impression de voir arriver mais dont on ne devine pas l'origine... Sans parler de ce fameux "Contenir l'infini" ?
Bon, mes théories sont sans doute complètement à côté de la plaque, mais je me réjouis énormément de ces prochaines lectures hihi !
Et non, tes théories ne sont pas à côté de la plaque. Elles sont très intéressantes à mes yeux, au contraire, parce que cela me permet de vérifier si j'ai bien amené les choses ou non. Et puis, en toute honnêteté, certains éléments sont volontairement trompeurs pour vous amener sur de fausses pistes, donc même lorsque tu tombes à côté ce n'est pas de ta faute, au contraire.
Et bien joué pour Loxias ! Tout le monde ne connait pas les différents surnoms d'Apollon. Tu as également noté la référence au titre du récit, et sa traduction... Pas mal, pas mal du tout ! Pauvre Cassandre, personne ne l'écoute jamais, et pourtant... Cela dit, si Astrée a bien des aspects de Cassandre, elle est plus un patchwork de différentes figures.
(Mèng, l'amie d'Astraìa)
Et oui, tu as raison, on touche au but. Dans moins de 10 chapitres tu auras -normalement- réponse à toutes tes questions. Du moins j'espère n'en omettre aucune. :))
Eh bien, eh bien ! J'ai beaucoup aimé les petites dialogues entre Pâris et Astrée, Syssoï et Astrée :)
J'aime que Pâris se soit senti coupable, qu'il ait eu peur pour Astrée mais qu'elle ne serait pas forcément d'accord avec son point de vue.
Astrée qui débarque voir Syssoï, une relation plutôt sans heurts entre les 2 (ce qui est plutôt rare mais une bonne chose, faut qu'ils avancent :p)....
Et puis tout qui part en sucette, entre Astrée qui évidemment se montre curieuse (en plus c'était légitime, j'ai cru aussi qu'il était arrivé un truc à Syssoï), et puis qu'elle tombe sur lui avec une autre.... ouch.
Mais, vu qu'il est russe, je me demande quand même si ça ne serait pas quelqu'un de sa famille avec le bisou sur la bouche de rigueur (ou je rêve un peu trop ? ^^). Mais d'un autre côté, la voix familière.... c'est pas l'autre (Charlotte je crois ?) vu que c'est pas les bons cheveux, mais alors, c'est qui ? L'autre nénette des archives et des autres coins qu'on voit un peu partout ?
Astrée qui fuit encore, j'avoue que j'étais sur le point de me dire "et allez, on repart pour un tour", mais non, surprise, enlèvement :p Le frérot qui ne répond pas si vite que ça, d'ailleurs, et qui j'espère va s'allier à Syssoï pour la retrouver (ou obtenir des réponses).
Et Astrée, qui semble être tombée entre les mains de ceux qui la (les ?) cherchent depuis un moment... Que va-t-il donc lui arriver ?
Pour le baiser entre Syssoï et l'inconnue, si tu évoques Lauretta concernant la nénette des archives, cette dernière est blonde et quinquagénaire. Donc nope, ce n'est ni Charlotte, ni Lauretta. La réponse est à la fois évidente et pas tant que ça en même temps (je ne t'aide pas, hein ?).
Pour ce qui est de Pâris qui n'arrive pas si vite que ça, en réalité c'est la faute d'Astrée qui l'appelle tout en continuant de courir et bouger. Pour invoquer son frère, il lui faudrait demeurer immobile, sinon c'est comme appeler quelqu'un depuis la cuisine, et descendre à la cave sans l'attendre. J'ai hésité à décrire cette scène de Pâris qui se matérialise aux quatre coins de Garnier à mesure qu'elle l'invoque en bougeant. Mais ce potentiel comique ne collait pas avec l'ambiance de cette fin de chapitre. J'y reviendrai peut-être plus tard.
Lauretta, c'était pas celle qui pouvait changer d'apparence ? Parce qu'il n'y avait aussi eu une petite vieille qui ne l'était plus ensuite.
J'ai pas d'autre perso féminin en tête (sauf Jeanne mais trop âgée pour que ça colle), mais c'est possiblement parce que je n'ai pas lu tout d'un coup ^^