46. Vengeance

Par Arod29

Loup se réveilla aux pâles premières lueurs du jour. La lumière affleurait à peine à travers les nuages sombres. Une brume blanchâtre étirait son corps vaporeux sur la cime des arbres.  Le soleil, combatif, décocha ses lances de lumières éclairant par endroits le paysage figé dans la neige. Depuis la mort de Dwenn et Tylly, c'était la première fois qu'il s'arrêtait pour contempler les beautés de la nature. Loup se surprit à sourire devant le spectacle féérique qui s'offrait à ses yeux fatigués. Cependant sa contemplation fut brève. Le craquement d'une branche brisée brisa le silence matinal et effraya quelques corbeaux qui s'envolèrent sans discrétion. Il scruta la forêt. Des buissons s'agitèrent un peu plus loin. Il s'attendait à voir un animal.

Grys sortit d'un bosquet rabougri. Il boitait et se soutenait avec une grosse branche.

Loup sourit. Cette fois la chance était avec lui. Il se retrouvait ici probablement pour la même raison que lui, trouver un lieu en hauteur pour s'orienter et s'échapper de ce labyrinthe. Il s'approchait comme un rat aux abois. Plus que quelques pas et le crâne de Grys serait à sa portée. Loup sauta et fit choir le mercenaire manchot. Il lui asséna quelques violents coups de bottes dans les côtes.

- Arrête! Grys avait levé sa seule main pour tenter de se donner une brève accalmie. On peut s'entendre. Je peux t'aider à coincer Alzebal, je veux la tuer autant que toi. Elle m'a trahi et...

Loup l'interrompit.

— Attends tu as dit "Elle"?

— Oui Alzebal est une femme. Il soupira. Et pas n'importe laquelle.

— Que veux tu dire?

— C'est la mère de mes enfants. Tyssy Dilur.

Loup ricana.

— Vous êtes vraiment les pires créatures que j'ai rencontré. Les rats et même les cafards ont une utilité, vous, vous ne servez à rien. Vous tuez, vous vous entre-tuez, vous trahissez et le pire c'est que vous vous reproduisez.

— Je n'ai jamais trahi personne.

Loup approcha son visage de Grys.

— Et tu penses être meilleur que ta femme?

— Non. Je sais ce que je suis.

Loup le prit par le col de son manteau.

— Je vais te tuer Grys.

Il le lâcha en le repoussant vers le sol. Le mercenaire s'écrasa dans l'herbe avec violence.

— D'accord, d'accord Loup. Vas y tue moi!

Grys se mit à genoux, d'une main ouvrit son manteau et fit face à celui qui allait le tuer.

— Je n'ai plus rien. J'ai tout perdu.

Loup serra les dents.

— Tu m'a pris les êtres que j'aimais le plus en ce monde, crois tu vraiment que tes paroles vont te sauver.

Grys leva les bras.

— Avant que tu me tues, laisse moi te dire une chose.

Loup acquiesça sans rien dire.

— Crois ce que tu voudras mais je suis vraiment désolé pour ta famille. J'ai aussi des enfants que je ne reverrai sans doute plus.

Grys baissa la tête.

Mais je l'ai mérité et je ne cherche pas ton pardon.

Loup sourit.

— Ca tombe bien.

Loup sortit une dague à la forme étrange et la montra à Grys.

— Tu vois ce couteau. C'est un cadeau que j'avais fais à ma petite fille. Il est fabriqué avec du bois de Grévisse. C'est très rare mais une crapule comme toi doit le savoir. Je le tenais moi-même de mon père. Je l'ai récupéré sur le cadavre de Tylly après l'avoir détaché de l'arbre sur lequel tu l'avais pendu.

Loup s'interrompit. Une larme discrète flua sur sa joue et se noya dans sa barbe dru. Il attendit quelques instant avant de reprendre d'une voix éraillée.

— Elle ne s'en séparait jamais. Je vais te tuer avec et ensuite je l'enterrerai dans la tombe de ma petite fille.

Grys se tut et ne lutta pas. Il n'en avait plus la force et l'envie. Il pensa à ses enfants.

Quel piètre père avait il été. 

Le mercenaire sentit le bois affuté de Grévisse s'enfoncer dans ses entrailles. Grys ne cria pas. Il regarda son ennemi dans les yeux.

— Merci, souffla t-il.

Se tenant le ventre, Grys se releva en tremblant et il recula vers le bord de la falaise en titubant. Le sang envahissait sa chemise.

— Tue la Loup, tue Alzebal.

Le mercenaire esquissa un sourire, trébucha contre une branche et bascula dans le vide sans un cri. Loup le regarda tomber sans bouger. Il ne put réprimer un sourire. Cette crevure était enfin morte.

A ton tour Alzebal!

Loup sursauta, derrière lui, des applaudissements retentissaient.

 

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