Robespierre est mort. Pas le montagnard à mon grand malheur mais mon ami le cafard. Je me suis retourné dans mon sommeil et je l'ai écrasé de tout mon poids. Cela est curieux de voir comment la vie peut partir en une fraction de temps. La mienne ne sera bientôt plus. Mais la mienne ne s'éteint pas en une nuit. Elle met précisément 10 jours. Cela est sûrement dû à la place disponible sur la guillotine, il y a un délai d'attente; il faut dire que nous sommes nombreux receveurs. Receveur de non-vie. D’ailleurs j’aimerais bien recevoir mon repas mais il ne vient pas. Le repas ne vient jamais à l’heure du repas. Il vient à l’heure à laquelle le gardien finit le sien. D'ailleurs le mien n’est jamais royal mais plutôt frugal. Du pain sec et de l’eau cramoisie dans laquelle on ne voit à peine son propre reflet. Il paraît même que la veille de l’exécution on nous servait des pruneaux. Les gardiens parlent de ce repas comme du “repas pour les royaux”.
Il me reste 5 jours avant l'application de ma sentence.
J'ai un peu moins l'impression que ce soit trop court sur ce chapitre. J'aime beaucoup cette annonce très succincte de la mort du cafard, pour le coup il n'y a pas besoin de plus !