6. Crapule

C'est moi la crapule.

Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait. Je ne sais même pas pourquoi je l’ai fait. Quand j’étais petit, la vie était dure, c’est vrai, mais mes parents, eux, étaient aimants. Ce ne sont pas les conditions modestes de ma famille qui m’ont conduit à faire de mauvais choix. Non, je me mens. J’ai choisi ces mauvais chemins. J’aurais pu faire comme eux, trimer, me tuer à la tâche pour gagner ma croûte. Mais j’ai préféré la facilité : filouter, tromper, manigancer. C’était plus rapide.

J’ai amassé de belles sommes en volant les vieux, en arnaquant les braves gens. Et le pire ? Je n’ai jamais ressenti de remords. La vie ne m’avait pas fait de cadeau, alors je me suis servi, sans scrupule.

Maman est morte quand j’avais 7 ans. Papa a commencé à boire, plus que de raison. À 15 ans, je l’accompagnais dans ses tournées, ses descentes dans les bars, et parfois même dans les bagarres qui suivaient.

Puis, un jour, je l’ai vue. Elle avait de magnifiques boucles, un petit nez retroussé, des joues rondes et rosées. Il me la fallait. Germaine. Son père était l’instituteur du village, un homme droit et respecté. Elle, elle rêvait de suivre ses pas, d’enseigner, de faire quelque chose de sa vie.

J’ai eu la force de changer pour elle. Oui, pour elle, j’ai trouvé le courage de me ranger. J’ai commencé à travailler dans une ferronnerie avec mon oncle. J’ai gagné ma vie honnêtement. Nous nous sommes mariés, et Germaine m’a donné deux filles, Pauline et Nina. Pauline a été ma fierté... jusqu’à ce que je dérape.

J’ai recommencé à boire. À retomber dans mes mauvaises habitudes. Germaine ne voulait plus honorer notre mariage. Elle ne me regardait plus, ne voulait plus me toucher. Mais moi, je suis un homme ! Il fallait bien que… que je trouve une solution. J’ai été une ordure, une crapule.

Quand Germaine a compris ce que je faisais... ce que je faisais subir à notre fille... elle en a parlé à son frère, Antonin. Ce salaud m’a fait payer. Il m’a tabassé. Il m’a fait jurer de ne plus jamais recommencer. J’ai tenu bon, pendant un temps. Mais la vérité, c’est que je n’ai jamais eu de volonté. Alors, j’ai recommencé.

Et c’est là qu’Antonin a décidé de mettre un terme à tout ça. Un samedi soir, il m’a saoulé. Il m’a drogué. Et quand j’étais à moitié inconscient, il m’a étouffé. Il m’a jeté dans ma barque, comme un déchet qu’on veut faire disparaître. Lui, il savait nager. Il a dû se débrouiller pour rentrer.

Une tempête s’est levée ce soir-là, emportant avec elle les maigres preuves de mon meurtre. Et moi, j’ai disparu, englouti dans les profondeurs. Personne n’a jamais su. Personne ne saura jamais. J’étais une crapule. Je suis parti comme une crapule . 

 

7. Dany et Nina , en cours d'écriture

 

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