6- Mamie ironie

— Mamie Griselda, ça va ?

— Oui. Pourquoi n’irais-je pas bien ? Parce que ton jeu vidéo m’a kidnappée ? Parce que je ne peux plus faire un pas sans que ce soit toi qui me commandes ? Parce qu’un elfe me suit en pensant être discret ? Non… Je vais bien. Je ne sais même pas pourquoi tu me poses la question.

— Ironie ?

— Pas du tout.

— Mamie…

— N’es-tu pas choqué par toute cette histoire ? Ta grand-mère qui devient un personnage de jeu vidéo… Rien que de le dire à voix haute, je me sens bonne pour l’asile.

— Bah… Ç'fait partie d’la vie, j’imagine. L’choses arrivent. Faut fair’avec. Pas l’choix…

— Tout te coule dessus. Je ne sais pas si j’en suis effrayée ou admirative.

— En parlant d’trucs qui coulent, la rivière doit pas êt’loin maint’nant.

— La Rivière des Rêves Tombés à l’Eau ? Parce que je ne vois rien au milieu de tous ces arbres étouffants… Hormis ces oiseaux dans le ciel.

— C’pas des piafs, Mamie Griselda. C’des rêves qui tombent.

— Il en tombe énormément, dis donc !

— C’pour ça qu’y a un tas d’joueurs. Beaucoup d’rêves à sauver.

— Soit. Et, à la rivière, comment est-ce qu’on fait ? On ramasse le rêve et on s’en va aussitôt dit, aussitôt fait ?

— Tu d’vras plonger et éviter l’gentils poissons carnivores.

— Ralentis un peu… Je vais éviter des quoi ? Les poissons…

— Carnivores. T’verras, normalement ça craint rien.