7- Mamie nageuse

— Scott… Depuis quand les poissons carnivores sont-ils inoffensifs ? Tu sais, pour toi, tout est fiction. Pour ma part, c’est ma vie qui est en jeu. Je te serai gré de t’en rappeler à l’occasion. Je suis prise au piège dans ce jeu vidéo. Je n’ai pas envie de mourir, ni ici, ni ailleurs.

— Mamie Griselda, n’perds pas d’temps. Quand y fait nuit, les poissons sont grave plus mordants. Tant qu’l’soleil les berce, on craint rien.

— Le soleil berce les poissons, tiens donc…

— Quand y fera nuit, y faudra bien s’cacher. Tout d’vient plus méchant, plus mordant, plus dangereux. Voron nous dira où nous planquer.

— La nuit va-t-elle bientôt tomber ?

— Bientôt. Donc, allons-y. Pêchons le rêve !

— Dois-je pêcher n’importe quel rêve ?

— Celui qu’t’veux, mamie Griselda. J’te laisse choisir.

— Comment dois-je faire pour le pêcher ?

— Avec tes deux mains. L’eau est pépère. Ce sera fastoche comm’ça. Fais-moi confiance, j’vais t’guider.

— C’est très étrange de ne plus contrôler son corps. Sans rien faire, j’ai déjà les pieds dans l’eau. Je me baisse et je joins mes mains pour attraper un rêve… ou un poisson carnivore. Je n’arrive même pas à faire la différence entre les deux.

— J’sais la fair’la diff’, t’inquiète.

— Comment fais-tu pour jouer là-dedans toute la journée ?

— J’aide des persos. J’me sens utile.

— Ce serait bien plus valorisant dans la vraie vie, Scott.

— C’est la vraie vie. C’pas toi qui disais t’à l’heure que t’étais piégée pour de vrai dans cet univers ? J’t’aide pour d’vrai, là. T’nages comm’une sirène. T’finiras bien par choper un rêve. Bientôt.