Midas Extrait du Journal de bord
Un élan nouveau m’habite. Je suis un homme neuf. C’est fou comme le simple fait de se fixer un objectif peut remotiver les troupes. Il y a tellement à faire, tellement à penser que je ne sais pas par où commencer. Mes plans dépendent énormément d’éléments extérieurs aussi. C’est là tout le point faible de mon objectif. Qu’importe, cela rendra les choses plus palpitantes et la victoire plus savoureuse.
J’aurai le fin mot de l’histoire.
꧁*。゚༻❀༺ *。゚꧂
6: Une rencontre percutante
Le soir venu, les deux jeunes filles quittèrent leurs chambres situées dans le même bâtiment. Le couvre-feu était prévu à 21h en été et 20h en hiver, car la nuit tombée plus tôt. Il fallait être dans son dortoir avant cette heure. L’automne n’étant pas encore officiellement installé, elles pouvaient quitter leur dortoir sans se soucier du couvre-feu. Après avoir dîné rapidement, elles allèrent rejoindre leurs amis à 19h30 à l’orée de la forêt.
Pour la majorité des gens, la nature n’était jamais une source d’angoisse ou de peur, même la nuit. Elle était ressourçante pour ces élémentaires, les individus capables de contrôler des éléments.
Étant naturellement proche de la nature, il n’était jamais interdit aux élèves d’aller et venir dans la forêt alentour. D’autant plus que les gardiens et professeurs de l’école procédaient régulièrement à des reconnaissances autour du site pour prévenir d’éventuels dangers ou prédateurs désirant agrandir leur territoire de chasse.
Néanmoins, cette insouciance était typique des résidents de l’école puisqu’une fois le cursus terminé, flâner avec autant de désinvolture sur un territoire inconnu pouvait s'apparenter à du suicide.
En attendant, profitant de cette zone parfaitement sécurisée, et peut-être un peu inconscientes de la chance d’un terrain de jeu aussi bien protégé, les deux amies venaient de rejoindre leurs amis pour une petite partie de « Chocs des éléments ».
Quatre de leurs amis les attendaient déjà à la lisière de la forêt. Il y avait Persi et Kira, des Telluriques et Zoa et Istella, des Éoliennes.
Persi avait grandi à Passeloin, une ville majoritairement tellurique avec sa famille, située à une petite centaine de kilomètres d’ici. Il rentrait voir sa famille à chaque vacance et chaque week-end prolongé. Grâce à toutes les fêtes que le peuple célèbre, cela correspondait à des week-ends de quatre jours tous les mois.
Il était inscrit à Amaerïs depuis le collège. Il connaissait Iris et Ëlie depuis leurs 10 ans. Son calme et son goût pour l’aventure le rendait plus mature que ses camarades. Il avait un charisme et une aisance à l'oral qui donnaient du poids à sa parole. Il avait bien trop souvent aidé à calmer les tensions lorsque des élèves se moquaient de l’aspécialisation d'Ëlie, et ce, bien plus souvent qu'elle n’imaginait.
Kira était arrivée au début du lycée. Les cheveux bruns, la peau couleur chocolat. Elle venait de beaucoup plus loin que ses camarades, la ville de Haute-Terre, bien au sud. Elle avait fait tout son cursus jusqu’au collège dans sa ville, puis les enfants devaient continuer leur cursus ailleurs. Ses parents avaient choisi Amaerïs pour son excellence, sa réputation et la bonne mixité des spécialisations. Beaucoup de personnes étaient pour cette mixité afin d’empêcher à tout prix de nouvelles guerres de clans, malheureusement, il subsistait toujours des récalcitrants prônant la suprématie de leur tribu. Kira, d’une beauté sauvage, possédait un accent et une manière de parler typique de sa région qui lui donnait un air précieux et bourgeois pas du tout en accord avec ses manières brutes, espiègles et franches. L’honnêteté et son manque de tact plaisaient à Iris, qui n’appréciait pas les personnes fausses, et à Ëlie qui appréciait de comprendre les intentions réelles des gens.
Zoa et Istella, les éoliennes étaient deux sœurs. Elles étaient arrivées pour le lycée, séparément, car Istella est de deux ans la cadette. Istella est donc en première année tandis que Zoa est en dernière année de lycée. Zoa est l’élève la plus prometteuse de tout le lycée. Les professeurs, sa famille, et même ses amis la regardaient avec l’espoir certain qu’elle deviendrait une enchanteresse. Du fait de ces attentes très élevées, elle devait supporter une pression constante sur ses épaules, ou plutôt, dans son dos. En effet, certains Eolien de haut niveau développaient la capacité de voler à l’aide de véritables ailes ! Zoa avait vu les siennes pousser à la fin du collège. Elle n’avait pas pu les cacher bien longtemps et cette révélation aux yeux du monde avait signé la bataille de son entourage à exiger toujours plus et sa bataille à elle à fuir cette responsabilité. Cette situation la poussait à vouloir décompresser régulièrement. Elle était toujours là première à proposer des sorties, des chocs ou des activités moins autorisées.
Concernant sa relation avec sa sœur, comme l’enfance de Zoa avait été bien vite terminée selon elle, cela la rendait d’autant plus protectrice envers sa sœur. Elle faisait tout pour protéger son âme d’enfant et la distraire le plus possible.
En attendant les deux retardataires, Zoa et les autres expliquèrent à Istella les règles du jeu pour qu’elle puisse jouer à sa première partie de « Chocs des éléments ». Deux équipes s'affrontaient sur un terrain semé d'embûches pour récupérer le drapeau de l'autre équipe. À l'origine, les équipes étaient uniquement constituées d'un seul type de tribu. Mais dans le passé, une guerre avait éclaté à l'origine d'un désaccord sportif. D'un commun accord, les gouvernements ont mixé les équipes pour éviter une nouvelle guerre. Chaque contrée de la planète possédait leur propre équipe. Pour faire partie de ces élites, il fallait évidemment avoir une excellente condition physique et être très doué dans son élément.
Les deux retardataires arrivèrent, essoufflés. Les Vulcains Galor et Tamaël saluèrent leurs camarades en reprenant leur souffle :
Désolé pour le retard, dit le premier, les gardiens sont tendus ce soir. Il y aurait eu une infraction au niveau d’un des dortoirs, mais rien n’aurait été volé. Faites attention quand vous rentrerez, ils sont plus que vigilant maintenant.
Le petit groupe rejoignit rapidement les frondaisons jusqu’à leur zone de jeu fétiche.
Deux arbres immenses, séparés de cinquante mètres l’un de l’autre furent choisis pour y accrocher un foulard jaune sur l’un et rouge sur l’autre. Le périmètre s’étendait tout autour sur cinq cents mètres.
Le but du jeu était de décrocher le foulard de l’équipe adverse et de le ramener dans son camp, à l’autre extrémité du périmètre. Les arbres n'étaient pas si éloignés que ça, mais les deux camps étaient situés à cinq cents mètres de distance l'un de l'autre.
Ils se dispersèrent autour des arbres cible. Certains se positionnaient en hauteur, d'autre dans des buissons ou derrière des arbres. Dans la première équipe, se trouvaient Persi, Zoa et Tamaël. Ils avaient décidé de travailler en binôme. Zoa, devait s'occuper d'attraper le drapeau, sa spécialité l’aidant grandement à atteindre les sommets des arbres. Persi, devait la couvrir pendant son ascension.
Tamaël et Ëlie devaient protéger leur drapeau des attaques de leurs adversaires. Ëlie choisit un poste sur un promontoire rocheux, avec une vue d’ensemble sur le périmètre et les deux foulards, assez éloigné pour tout voir, mais assez proche pour partir en chasse de ses adversaires.
Son binôme était en contrebas, prêt à agir quand Ëlie lui ferait signe.
Et la partie commença. Tamaël forma un cercle de Feu autour de leur arbre pour empêcher quiconque de s'approcher. Les flammes étaient contenues pour éviter une possible propagation. Ëlie égara quelques secondes son regard dans ce cercle brûlant. Elle aimait regarder les flammes danser, c’était hypnotique. Elle imaginait toucher du bout des doigts cette chaleur réconfortante quand une ombre passa au coin de son regard. Elle tourna la tête, mais l’ombre avait déjà disparu.
Elle ne vit pas que Zoa s’élançait d'un arbre pour attraper une branche inférieure de l'arbre-drapeau de ses adversaires. Elle virevoltait comme une trapéziste prenant à peine appui d’une main ou d’un pied pour repartir de plus bel, toujours plus haut. Elle s'aidait de ses ailes pour donner plus de force à sa traction ou son appui a tel point qu’on avait l’impression qu'elle escaladait le tronc d’arbre comme une araignée.
Elle atteignit le drapeau à une vitesse prodigieuse et défit l’attache que le liais à l’arbre. Puis elle fit un plongeon dans le vide, la tête en bas, le dos côté arbre pour garder un œil sur les alentours. À mi-parcours, elle ralentit sa chute en déployant ses ailes pour planer. Elles ne lui permettaient pas encore de voler, mais Zoa planait avec facilité et aisance jusqu’à atterrir doucement sur un tapis de feuilles mortes. Zoa et Galor étaient bien partis pour réussir leur mission.
Ëlie se concentra de nouveau sur sa tâche juste au moment où elle aperçut Istella s’approcher de leur arbre-drapeau. Ëlie indiqua à Tamaël la direction de leur nouvel adversaire, mais Istella avait déjà commencé sa manœuvre. Elle éteignit le brasier de Tamaël comme si c’était qu’une simple bougie d’anniversaire et entreprit d’escalader l’arbre presque aussi facilement que sa sœur.
Ne pouvant pas rivaliser avec cette spécialiste du vent dans les airs, le binôme avait décidé de lui tendre un piège sur le chemin du retour. Istella étant débutante, ils avaient fort à parier qu’elle ne fasse pas de détour pour retourner dans son camp. Tamaël capta Ëlie du regard et lui fit le signe du plan B.
Le plan était d’une simplicité, mais promettait d’être diablement efficace. Le vulcain poursuivrait Istella en la guidant vers Ëlie dont les réflexes et sa hargne naturelle aurait raison de la jeune bleu.
Quelques minutes, plus tard, la plus jeune des joueuses avait fini de désescalader l'arbre-drapeau. Elle trouva sa manœuvre trop facile. Sa sœur étant bien plus puissante qu’elle, ses amis devaient avoir du fil à retordre d’habitude et à être beaucoup moins facile à berner que cela. Elle décida de faire un détour pour ne pas prendre le chemin le plus évident. Elle contourna le champ central en rallongeant son chemin. Cent mètres plus loin, elle aperçut une ombre derrière un arbre qui sembla attendre quelqu’un. Elle, évidemment ! Elle ne prit pas le temps de reconnaître l’individu et bifurqua vers la direction d’origine. Ils étaient plus tordus qu’elle ne l’avait imaginé, ils avaient tout anticipé ! Ils avaient protégé les côtés de son camp, mais pas le champ central. Elle sprinta au milieu de la zone, plus sûre selon elle.
Pendant ce temps, le binôme complètement pris au dépourvu, c’était vu se faire contourner par leur adversaire qu’ils avaient largement sous-estimé. Ils la poursuivirent en ayant la certitude qu’ils ne la rattraperont jamais lorsqu’elle piqua brusquement vers le milieu du terrain, sans raison apparente, leur laissant le temps de combler leur retard.
Ëlie courus aussi vite qu’elle pu, elle alla se placer à cinquante mètres devant son adversaire pendant que son coéquipier, talonnant la jeune fille, la guidait jusqu’au piège.
La non-spécialisée repéra une cachette idéale, une souche énorme de la taille d’un cheval, tellement abîmée qu’il était facile de regarder au travers des interstices. Elle allait pouvoir repérer Istella et l’attraper au bon moment. Elle contourna la souche pour se positionner derrière, en prenant soin de ne pas s’appuyer sur son bois sûrement trop pourri pour supporter son poids.
Elle regarda au travers d’une large ouverture pour ne pas être repérée. Dans deux petites minutes, ce sera le moment d’agir. Sa cible, située à une cinquantaine de mètres, apparut dans son champ de vision, des flammèches derrière elle lui informa de la présence de son coéquipier.
Ëlie sentit comme une présence derrière elle. Un léger bruissement de feuille l’alarma. Elle voulut se retourner, mais se prit un violent coup sur la tempe. Elle eut l’impression de percuter un menhir et elle perdit connaissance avant de comprendre ce qui lui arrivait.
Son agresseur fût doublement surpris que le bâton lui ayant servi de masse ne fut pas brisé par le choc, puis une deuxième fois par la présence des deux adolescents fonçant sur lui. Il s’évanouit immédiatement dans la nuit.
Quand Ëlie ouvrit les yeux, Tamaël semblait perplexe et un peu fâché en disant :
- J'espère que c'est une goule ou un dragon qui t'as attaqué et que tu n'es pas tombée toute seule comme une merde en abandonnant lâchement tes amis !
Dit-il avec un petit sourire. Il devint un peu plus inquiet et demanda :
- Sinon, ça va quand même ? Que t'est-il arrivé ?
- Quelqu'un était là…
- Tu en es sûr ?
- Je ne pense pas que les dragons sachent mettre des droites. Et je n'ai pas de morsures ni de griffures, donc, oui, je dirais que c'était bien une personne qui m'a attaqué.
Après quelques minutes pour déblatérer de la situation et permettre à Ëlie de reprendre ses esprits, ils se décidèrent enfin à rentrer au lycée. Les garçons prétextèrent qu'il faisait trop noir pour continuer à jouer, mais les filles supposaient fortement qu'ils avaient la trouille.
Arrivé à proximité de la cour, ils se séparèrent.
Iris et Ëlie devaient traverser une partie de la cour adjacente aux dortoirs des professeurs et des surveillants, ce qui était risqué. Les autres dormaient dans des dortoirs plus éloignés, car construit récemment, sans risque d'être vu. En revanche, ils mettaient presque quinze minutes à rejoindre leur salle de cours le matin. Les amis se saluèrent et partirent par groupe de deux pour ne pas être facilement repérable.
Les deux filles passèrent près du gymnase, rejoignirent une étendue d'herbe puis passèrent à côté des serres. Plus que quelques minutes et elles ne seraient plus exposées aux fenêtres des surveillants. Il était 21h passées, personne n'était couché à cette heure-ci, et à n'importe quel moment elles pouvaient être vu depuis une fenêtre, la prudence était de rigueur.
Elles contournaient la serre quand soudain, elles tombèrent nez à nez avec une montagne.
- Et bien, mesdemoiselles, puis-je connaître la raison de votre présence ici ?
Madame Potaron les regardait avec curiosité. Il n’y avait pas de colère dans son regard, mais les deux filles ne doutaient pas une seule seconde qu’elles auraient de gros ennuis si elles ne trouvaient pas une bonne excuse, immédiatement.
Plusieurs explications plausibles traversèrent l’esprit d'Iris : le besoin urgent de voir sa pousse grandir ? Ridicule. Le besoin vital d’un remède à base de plante pour soigner une maladie ? Ou alors, Ëlie voulait vérifier si elle n'était pas spécialisée en Terre finalement ? Mais aucune bonne excuse ne venait.
Pendant ce temps, son amie imagina un stratagème pour s’enfuir. Elle se dit qu’en faisant demi-tour, elles pourraient semer (sans mauvais jeu de mot) cette grosse montagne. Et peut-être que dans le noir, elle ne les avait pas reconnues ?
- Bon, Mesdemoiselles Fornela et Malona. Vous avez perdu vos langues ?
Iris, résignée, baissa les yeux pendant que son amie esquissa un mouvement de fuite, mais la grosse main calleuse de Madame Potaron lui saisit l’épaule en la clouant au sol. Elles étaient quittes pour faire une nouvelle fois des heures de colle.
Je suis assez curieux de connaitre le déroulement de ton histoire. Intégrer quelques subtils éléments d'intrigue ça-et-là pourraient cependant rendre ton texte encore plus intéressant.
Bonne écriture (: