7 Août 1916
Mon Amour,
Chaque minute loin de toi me paraît être multipliée par seize au moins et c’est interminable.
Malgré la fierté teintée d’appréhension que vous m’assurez éprouver Maman, Papa et toi, je sais comme vous êtes réticents à ce que je vais entreprendre. Faites moi confiance, je peux vous assurer que je sais ce que je fais.
J’ai commencé depuis une semaine déjà la formation d’infirmière bénévole qui durera une quinzaine de jours. Nous avons passé quelques examens et autres tests qui, à mon avis, permettent à la Croix Rouge de faire un tri entre toutes ces femmes. En effet, nous sommes des centaines à vouloir vous venir en aide, crois-moi, mais toutes ne sont pas destinées à le faire en étant infirmière. Plusieurs d’entre nous pâlissent à la moindre goutte de sang et j’ai cessé de compter les évanouissements devant les dessins explicatifs de plaies que nous devons apprendre à nettoyer, à panser voire à suturer. Etre infirmière de guerre nécessite une connaissance de blessures qui n’auraient jamais existé en temps de paix. Il est vrai que ce sont des cours vraiment impressionnant et cela ne peut que me donner des frisson que t’imaginer subir une telle tourmente. Mais alors, je ferai tout pour sauver ta vie, sois en sûr. Aujourd’hui nous avons dû nous occuper de mannequins et trouver une position adéquate pour différents cas de douleur.
La Croix Rouge veut aussi que nous appliquions l’hygiène la plus minutieuse vis-à-vis des blessés et être propre ne semble pas être évident pour tout le monde quand je vois certaines laisser des linges souillés près de la literie blanche des patients fictifs des entraînements. J’en profite pour te parler de la coquette sale qu’est Marie Desroches, bourgeoise méprisante insupportable. J’imagine que sans doute, toi tu aurais la patience de la tolérer mais elle n’a absolument rien à faire ici...
Saches que je pense à toi chaque instant de ma vie.
Tu me manques. Garde courage, je t’aime plus que tout.
Ta Raphaëlle.