– Avant toute chose, j’aimerais vous dire que je veux devenir Légendière. J’aime ce que j’apprends, je veux continuer et je ne veux pas partir d’ici.
Viya pensait sincèrement chacun de ces mots. En quelques jours, elle avait trouvé au 12 Dreamyard Alley, une chaleur, un espoir. Elle pouvait se construire un empire de mots et d’histoires, et devenir la femme qu’elle avait choisi d’être. Une femme aussi puissante, intelligente, et libre que Psappha.
– Je comprends. Mais si j’ai bien saisi, tu es aussi engagée auprès de l’Intermonde.
Elle se tendit.
– Contre mon gré. Je n’ai rien choisi, c’est la Montagne qui m’a élue, vous le savez. Si je me détourne d’elle, elle finira sans doute par choisir quelqu’un d’autre. Elle l’a peut-être déjà fait.
– Ou peut-être pas.
Elle n’aimait pas cette très légère note moralisatrice dans la voix de Fid. La jeune fille souffla sur son thé en tentant de conserver son calme. Mais le Prieuré remuait toujours en elle une telle émotion que c’était peine perdue.
– Peu m’importe ! Je ne veux plus jamais revoir les Sœurs ! Vous ne saisissez pas…
Viya serra les doigts autour de sa tasse à s’en brûler la paume.
– Alors raconte-moi. Raconte-moi le Prieuré.
Un tremblement secoua Viya. Il avait pris une voix de velours, dans laquelle on avait envie de se blottir.
Elle raconta les rêves récurrents qu’elle faisait enfant, dans lesquels elle se retrouvait face à la faille ouverte entre les mondes. Ses parents, fermiers dans un hameau des plaines du nord, avaient alors compris qu’elle possédait le don de protéger l’Intermonde. Son père l’avait emmenée au Prieuré un soir d’hiver et était reparti dans la brume.
Elle raconta sa solitude. Elle avait reçu une formation à part, dans la bibliothèque du prieuré. Elle étudiait du matin au soir, elle apprenait aussi le nom des plantes, des animaux et des étoiles. La première nuit de chaque semaine, une Sœur l’amenait dans la montagne où se trouvait la faille et l’y abandonnait. « Cet endroit est ton sanctuaire, tu dois en connaître chaque chemin, chaque roche, chaque brindille. Tu dois pouvoir t’y repérer les yeux fermés. Plus que tout, tu dois apprendre à l’aimer. »
– Je pleurais à chaque fois, et quand j’avais trop pleuré, je m’allongeais contre une pierre ou le tronc arbre et je fermais les yeux très forts pour que le sommeil m’emporte avant que je n’aie le temps d’avoir peur de ne jamais rouvrir les paupières. Et une Sœur revenait me chercher au matin. J’avais droit à de la réglisse. J’ai fini par détester la réglisse, vous savez. Sa simple odeur me fait vomir. Toutes les Sœurs semblaient si heureuses de leur mission. Elles s’attendaient à ce que je partage leur enthousiasme. Alors, quand l’une d’elles venait me récupérer, je ne montrais jamais que j’avais pleuré. Je lui disais que ma nuit avait été instructive, alors que j’en avais haï chaque seconde. Qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autres ? Je n’avais rien en dehors des murs du Prieuré. Je voulais qu’elles soient fières de moi.
Elle s’interrompit, l’œil écarquillé sur ses souvenirs.
– Tu es partie, pourtant.
Elle poursuivit sans paraître entendre son interruption.
– Les Sœurs n’étaient pas mauvaises. Elles n’ont jamais crié, elles m’ont toujours encouragée, elles ne m’ont jamais privée de quoi que ce soit quand j’échouais face à une tâche trop ardue. Je n’étais pas spécialement douée pour ce qu’elles réclamaient de moi. Je le faisais, c’est tout. Je n’y ai jamais pris aucun plaisir, je ne me suis jamais sentie investie de quoi que ce soit, alors que les Sœurs étaient habitées par leur travail. Les petites filles de l’Académie du Prieuré me regardaient pourtant passer avec des étoiles dans les yeux. Elles ne m’adressaient jamais la parole tant elles me respectaient. J’étais une reine dans leur regard et moi je voulais être ailleurs. Je voulais être avec mes parents. Je voulais voir se réaliser la vie dont j’avais rêvé petite.
Le regard dans le vague, elle porta sa tasse à ses lèvres, comme un automate.
– Le pire c’est que je ne savais plus où étaient passés mes espoirs de fillette. J’avais oublié ce que mon cœur voulait. Jusqu’au jour où une Oratrice est venue. Pour amuser les enfants de l’Académie, elle leur a déclamé des poèmes. J’étais cachée derrière un arbre, j’avais échappé un moment aux Sœurs. Quand elles me retrouveraient, elles seraient douces, mielleuses. C’était ça le pire, avec elles : elles m’ôtaient mon droit à la colère.
Viya fit une pause et se força à inspirer. L’émotion la submergeait, elle se déconcentrait.
– Je n’ai pas entendu les poèmes. Je crois que si j’avais pu les écouter, je me les serais récités tous les jours, comme un talisman, comme une prière. Je ne les comprenais pas, mais je voyais l’Oratrice. Elle était si belle, si forte. Elle était libre, vous comprenez ? Elle voyageait, elle était riche aussi, il n’y avait qu’à voir ses vêtements. Surtout, elle avait choisi sa vie. Je veux choisir ma vie, Fid. Je ne laisserai personne me l’imposer. J’ai toujours échoué en tout, j’échoue encore, et j’échouerai peut-être à jamais, mais j’essaierai.
La jeune fille s’interrompit, le souffle court. Il eut un long silence. Elle pensa que Fid, peut-être, saluerait son opiniâtreté ou compatirait à ses souffrances. À la place de quoi il dit d’un ton appréciateur :
– C’est une belle histoire.
Elle cilla. Se pouvait-il qu’il pense qu’elle lui ait menti ?
– Ce n’est pas une histoire ! C’est ma vie !
Il haussa les épaules.
– Quelle différence ? Tu as condensé les événements et choisi ceux qui serviraient le mieux ton propos. Tu as aussi cherché à instiller de l’émotion pour que je compatisse à tes souffrances. C’est une narration, que tu continues d’ailleurs à te raconter à toi-même.
– Mes souffrances étaient réelles et elles le sont toujours ! s’insurgea-t-elle.
– Tu as voulu devenir Oratrice sans savoir même ce que cela voulait dire… Tu as été séduite par la première image qui tranchait avec ce que tu connaissais. Tu as voulu imprimer un tournant radical à ton histoire et pour te persuader que tu avais fait le bon choix, tu as gardé vivante en toi la petite Viya malheureuse au Prieuré. Regarde-toi. Regarde comme elle te détruit. Tu en pleures presque.
Elle serra les dents. Il avait parlé d’un ton égal, mais les mots la heurtaient. Il déniait sa détresse. À l’entendre, elle était responsable de sa propre douleur.
– Je n’ai rien choisi du tout. Il fallait que je parte. Qu’aurais-je pu faire d’autre que devenir Oratrice ? J’étais malheureuse et je ne connaissais rien du monde extérieur !
– Ce n’est pas un reproche. J’essaie juste d’analyser ta structure narrative. Je commence à comprendre l’histoire sur laquelle tu t’es construite, et donc à te comprendre toi. Tu es encore plus intéressante que ce que je croyais.
Viya frissonna. Elle avait l’impression d’être une intrigue qu’il étudiait, pour en comprendre les articulations. C’était terrifiant de froideur, et en même temps, elle ne pouvait s’empêcher de penser que cette méthode lui permettait d’accéder à une forme de vérité. Car, à bien y réfléchir, au milieu de ses souvenirs sombres du Prieuré, quelques images lumineuses s’imposaient à elle. L’anniversaire de ses dix ans et le gâteau préparé par la jeune Sœur Lucilia. Le silence particulier des plaines recouvertes de neige, qui lui avait tant manqué quand elle était arrivée à Hydendark. Cette fois où Sœur Marta avait cousu une petite veste pour son ours en peluche, lorsque Viya, alors âgée de six ans, avait décrété qu’il avait froid. La peluche n’avait pas de nom. C’était l’Ours, tout simplement. L’ultime lien qui la rattachait à ses parents. Quand, à douze ans, elle avait fui le Prieuré, elle avait laissé l’Ours dans sa chambre, avec la petite fille heureuse qu’il lui arrivait parfois d’être. Elle n’était plus une enfant, mais une future Oratrice. Elle l’avait dit à l’Ours, plusieurs fois, pour bien l’en persuader. Puis elle était partie.
Alors qu’elle se remémorait ces événements, une stupide boule d’émotion lui noua la gorge, et refusa de se dissoudre tout à fait quand elle demanda :
– J’aurais dû rester au Prieuré, selon vous ?
Il secoua la tête.
– Là n’est pas la question. Tu as fait un choix, tu ne peux pas revenir en arrière. Mais grandir et devenir celui ou celle qu’on veut être prend du temps. C’est un subtil jeu de mesure entre ce qu’on a été, ce qui est possible et ce qu’on veut être. Il m’apparaît que tu n’as peut-être pas assez mûri la décision que tu as prise petite. Tu t’es laissée guider par la petite fille apeurée que tu étais.
Elle grimaça.
– Vous voulez donc que j’aille m’enfermer là-bas à nouveau ?
– Non, je te propose de peut-être jouer selon tes propres règles. D’être tout ce que tu veux être, sans laisser personne, y compris toi-même, t’interdire quoi que ce soit. Être l’une des Douze ne veut pas dire rester coincée au Prieuré toute ta vie. Tu peux devenir Légendière et être initiée plus tard. Si le Prieuré a tant besoin de toi, tu peux imposer tes conditions.
Elle souffla sur son thé en réfléchissant à ce qu’il venait de proposer. Pouvait-elle envisager une vie hybride ? Retourner périodiquement sur les terres arides de gel de son enfance puis revenir s’enivrer dans les rues animées d’Hydendark ? Elle comprenait bien qu’elle posait sur la Sororité le filtre de ses yeux de petite fille malheureuse. Que sa souffrance était légitime, mais elle ne devait pas la laisser l’entraver et passer à côté de son destin. Elle comprenait, mais elle n’était pas prête.
Fid n’insista pas face à son silence et préféra changer de sujet.
– Penses-tu vraiment que la Sororité a saboté le tirage au sort ?
– Pourquoi pas ?
– Que tu me répondes de la sorte indique que tu n’es pas si sûre de toi. Je me trompe ? Non, c’est bien ce que je pensais. Il y a des accrocs dans la trame de ton histoire, Viya. Comment la Sororité aurait-elle les moyens d’influencer l’appairage des concurrents ? Pourquoi aurait-elle attendu tant de temps avant de chercher à te faire expulser de l’Ordre si tu étais si spéciale pour elle, et surtout pourquoi aurait-elle procédé avec une telle bassesse ? Il aurait suffi qu’une Sœur envoie un message à l’Ordre en révélant qui tu étais et le sort était jeté. Les Corporations ne doivent pas se doubler les unes les autres, les transfuges sont mal vus, d’où qu’ils viennent.
Il lui jeta un coup d’œil rapide.
– En clair, la Sororité n’a pas tenté de te forcer la main. Manifestement, si elle souhaite que tu reviennes, elle attache une importance capitale au fait que tu le fasses de ton plein gré.
– Je ne reviendrais pas.
À nouveau, il ne s’obstina pas et leur servit une autre tasse de thé.
– Si ce n’est pas la Sororité, alors qui a truqué les jeux ?
– Vous pensez qu’on trouvera le coupable ?
Il haussa les épaules.
– Dans l’absolu, je me moque bien des Joutes. Les Légendiers y participent pour faire bonne figure, mais nous n’aimons pas nous donner ainsi en spectacle. Je ne suis pas outré par ce qu’il s’est passé, je n’estime pas qu’on ait attenté à une institution sacrée. Mais comme ma Confrérie est désignée comme principale suspecte, je ne peux pas rester sans réagir. Sans compter qu’Archie a raison sur un point : on pensera que je suis celui qui a tout orchestré.
– Pourquoi ?
– Parce que s’il y a, à Hydendark, un homme capable d’influencer les organisateurs juste en leur parlant, c’est moi.
– Personne ne peut faire ça !
Fid eut un sourire sarcastique.
– J’ai pourtant réussi à t’inciter à conter pour moi alors que tu étais terrorisée. Là encore, tu viens de te confier à moi.
Elle tressaillit.
– Êtes-vous en train de m’expliquer que vous m’avez… manipulée ?
– Je n’irai pas jusque-là. Tu allais le faire, je t’ai juste aidée à faire sauter les derniers verrous que tu t’imposais. Mais je peux faire bien plus, si la situation l’exige. Je l’ai déjà fait.
Elle frémit. L’homme qui lui faisait face et sirotait son thé n’était pas qu’un rêveur un peu poète et marginal. Il était dangereux.
– Bien plus ? répéta-t-elle.
– Tu es sûre de vouloir savoir ? Soit. J’ai déjà brouillé les souvenirs d’un homme, retourné les convictions d’un autre, et fait douter une femme de sa propre existence. Je t’épargne le reste.
Viya blêmit.
– Ce n’est pas moral !
Il évacua le reproche d’un geste de la main et but une gorgée de thé.
– C’était du temps où je travaillais pour les Orateurs et toujours en ultime recours. Je me refuse à ce genre de pratiques, désormais.
– Me voilà rassurée, railla-t-elle.
Quelles que soient les bonnes intentions de Fid, elle se tenait attablée face à un individu capable de la faire basculer dans la folie en l’espace de quelques phrases. Quelqu’un qui apprenait à connaître les gens en disséquant leur structure narrative. Il la dévisagea avec sérieux.
– C’est Hydendark. Chacune de ses rues a vu couler du sang et les vengeances y sont légion. Je n’ai pas eu le choix.
Il laissa passer un silence.
– Quoi qu’il en soit, tu comprends maintenant pourquoi je suis inquiet. Je suis une arme. J’ai le pouvoir de détruire les Corporations. Je suis un coupable idéal dans l’affaire du trucage des Joutes. Sans compter que nous venons d’admettre dans nos rangs une ancienne apprentie Oratrice et une élue de l’Intermonde, qui connaît peut-être de sombres secrets sur l’Ordre et la Sororité.
Il lui adressa un sourire par-dessus sa tasse, puis la leva un peu vers elle.
– Félicitations. Tu nous rejoins juste à temps pour prendre part à un drame qui va tenir tout Hydendark en haleine.
Ce chapitre est vraiment poignant. J'ai été touché par les souvenirs de Viya et sa lutte intérieure. Le dialogue avec Fid est intense et révèle beaucoup sur leurs personnages.
Bravo pour cette profondeur émotionnelle et narrative!
Ce chapitre est vraiment poignant. J'ai été touché par les souvenirs de Viya et sa lutte intérieure. Le dialogue avec Fid est intense et révèle beaucoup sur leurs personnages.
Bravo pour cette profondeur émotionnelle et narrative!
J'avoue que j'ai pas été hyper convaincu par l'énumération des "exploits" de Fid. Ok il a un petit côté arrogant très cool mais là je le trouve juste prétentieux pour rien, genre caïd de récré. Et c'est dommage d'en livrer autant sur son passé en une seule fois et surtout sans prendre le temps de détailler le contexte.
Sinon super chapitre !
Super la réaction de Fid après le récit de vie de Viya, j'adore comment il ramène tout aux histoires, à la construction des intrigues. Ca amène tellement de possibilités, je trouve ça assez fascinant.
J'aime aussi beaucoup le fait que le Prieuré soit nuancé, ce n'est pas les grands méchants cruels comme on aurait pu le croire. Ca rend l'intrigue plus complexe et à mon avis largement plus intéressante.
Mes remarques :
"Elle raconta les rêves récurrents qu’elle faisait enfant," j'avoue que j'aurais largement préféré que Viya raconte vraiment, que ce soit intégré dans le dialogue. Même si c'est plus long ce n'est pas gênant, son passé est vachement intéressant. Et ça pourrait permettre d'avoir quelques éléments en plus, de la ponctuation, des hésitations... Bon finalement tu le fais juste après mais autant commencer dès le début ?
"– Je pleurais à chaque fois, et quand j’avais trop pleuré," point après fois ? (pour rendre la phrase d'accroche plus percutant et enlever un "et")
"L’homme qui lui faisait face et sirotait son thé n’était pas qu’un rêveur un peu poète et marginal. Il était dangereux." je trouve que la réplique de Fid le sous-entendait assez clairement, pas forcément utile d'en rajouter. Le frisson suffit je trouve. Et pour rebondir sur ce que je dis plus haut, Fid n'a pas forcément besoin d'en dire beaucoup plus pour montrer son côté dangereux.
Un plaisir,
A bientôt !
Merci beaucoup pour ton retour ! Je note pour le côté arrogant, c'est vrai que ce n'est pas facile à doser, donc ton ressenti m'aide beaucoup !
Idem pour son versant dangereux :-)
Je note aussi pour les rêves de Viya. J'avais peur d'ennuyer le lecteur à trop les détailler, mais je crois finalement que ça peut aider à mieux cerner qui elle est !
Merci aussi pour tes remarques de forme, je les prends en compte.
"Je suis une arme", et les passages où il parle de ses capacités font un peu trop prétentieu, je trouve. Laisser entendre que les gens le prenne pour capable de faire de choses extraordinaire, mais sans que lui confirme quoique ce soit, me semblerait plus juste.
(et puis cela peut entretenir la tension à d'autre moment si besoin, en révélant des choses au fur et à mesure)
Concernant Viya, son récit à la Sororité ne parait pas du tout terrible. Ce qui est fait exprès je pense. A la fin du chapitre, on a effectivement l'impression que c'est une petite fille qui est partit un peu vite.
D'après le récit fait (et donc sous reserve d'autres découvertes par la suite), la solitude semble un des moteur important. Je n'avais pas noté dans les chapitres précédents cette 'peur' de la solitude, qui aurait pu (dû?) transparaitre.
En tout cas, beaux chapitres, et à bientot.
Je note tes remarques, c'est vrai que sa peur ne transparaît pas beaucoup. D'une manière générale, je dois un peu retravailler cet arc du prieuré ^^
Merci pour ta lecture !
J'avoue, hier j'ai lu toute la suite, mais je repasserais dans la semaine pour mettre des commentaires.
Exemple, j'adore cette phrase : "Il avait pris une voix de velours, dans laquelle on avait envie de se blottir." J'ai toujours adoré les mélanges de sens, c'est une technique que j'aime utiliser moi aussi :) Là tu exprimes la douceur, la suavité en mélangeant ouïe et toucher, j'aime beaucoup cette phrase !
Comme Louison, j'ai aussi beaucoup aimé la mise en abime de l'histoire dans l'histoire. La vie de Viya qui est une autre histoire aux yeux de Fid, alors que c'est SON histoire. Mais c'est là tout le ciment et l'attrait de ton histoire : elle est construite sur une histoire dans l'histoire, dans l'histoire, etc...
Fid a l'air d'être un personnage très complexe, avec encore beaucoup de tours dans son sac ! Pas très modeste aussi xD J'ai hâte qu'on en apprenne plus sur ses failles, après avoir reconnu ses qualités !
A bientôt !
Fid est quelqu'un de très complexe. Il a sa densité propre, même maintenant que j'ai fini d'écrire le roman, j'ai la sensation de ne pas en avoir fait le tour ^^ C'est sûr qu'il manque un peu de modestie ;-) mais il peut se le pemettre...
Alors, je vais commencer par un minime titillement, un peu dans la suite de ce que je te disais avant, avant de partir dans les éloges : je trouve que Viya se confie un peu vite. Je la verrais juste un peu plus hésitante au début, puis, une fois qu'elle a commencé son histoire, tout débiter comme si elle ne pouvait plus s'arrêter, car après tout je suppose qu'elle n'a encore jamais parlé à personne de ce qu'elle a vécu au Prieuré. Après, cette facilité de confidences peut aussi tenir au fait que Fid est un peu "manipulateur" mais, comme ce n'est qu'expliqué que par la suite, je relève tout de même le fait que, durant ma lecture du début du chapitre, je me disais tout de même: elle se confie un peu vite. Donc oui, si je puis me permettre un conseil, j'ajouterais juste un peu d'hésitation, puis plus de facilité, ça rendrait même Viya plus touchante ainsi, je trouve ! Quitte à préciser par la suite qu'elle se sentait bizarre du fait qu'effectivement, elle a vite réussi à se confier, et que cela tient de l'envoutement de Fid.
Après, je tiens à dire : tout ceci n'est évidemment que mon impression personnel et qu'une simple suggestion, je ne sais pas jusqu'à quel point elle pourra t'être pertinente en fonction de ce que TOI tu veux faire dégager de la scène <3
Parce que pour le reste, wow ! Je trouvais que le traitement infligé à Viya au Prieuré était, d'une certaine manière, "original". Dans le sens : on n'a pas affaire à une pauvre enfant battue à mort. Bien au contraire, et ça ajoute de l'ambiguïté intéressante, car ce qu'elle a vécu est à la fois terrible et à la fois peu réprimable. Donc oui, je trouve cette bivalence bien trouvée ! Ca approfondit ton texte <3
Sinon, quelques petites choses que j'ai relevées :
--> "– C’est une belle histoire" : quand Fid à dit ça, je me suis dit, oooooooh la suuuuuuperbe mise en abiiiiiiiime. J'aime j'aime les mises en abime hahahaha, j'adore <3
--> "C’est une narration, que tu continues d’ailleurs à te raconter à toi-même." : est-ce que tes cours de philo sont passés par là? hahahaha, juste que pour ma part, on a vu plusieurs fois en cours justement tout cette notion autour de "moi social" qui se raconte et qui, par la parole, construit sa propre narration. Donc cette réplique de Fid m'a rappelé ça, et j'ai aimé ça ^^ Sûrement parce que je me passionne beaucoup trop pour la faculté de communication entre humains <3
--> "Quelqu’un qui apprenait à connaître les gens en disséquant leur structure narrative." : juste, j'adore. J'adore. "structure narrative". J'adore.
Bon voilà, j'ai surkiffé ce chapitre, je tombe peu à peu amoureuse de ton histoire. Il y a juste eu cette trop grande facilité de confidence, car celles-ci restent sombres et très très révélatrices du passé de Viya, donc difficile de parler de ceci comme on raconte son après-midi à la plage, mais pour le reste, j'adore. Juste, j'adore. Je crois que ça tient beaucoup du fait que Fid "théorise" sur la vie de Viya en lui faisant remarquer que sa vie est histoire. Histoire pour elle, histoire pour nous.
Je suis heureuse de voir que tu as compris mon intention concernant le passé de Viya. En effet, elle a vécu des choses difficiles, mais elle reste comme enfermée dans sa propre douleur.
Pour ce qui est de la philo, en effet, ça m'a inspirée ^^ Il y a l'idée de Nietzsche ou de Hume, par exemple, qui postule que l'on unifie différents épisodes mentaux pour créer notre identité globale (je crois, vieux souvenirs de terminale )
Et puis évidemment Ricoeur qui, dans temps et récit, parle de l'unification de la vie par la conscience me semble-t-il comme d'un "tissu d'histoires racontées" et parle d'"identité narrative". Après, je n'ai pas creusé philosophiquement la question ni eu la volonté de le faire dans ce passage, c'est juste un petit jailissement philosophique qui est venu s'insérer ici (sans que j'en ai forcément conscience, d'ailleurs) Ça collait au personnage et à sa façon de voir le monde, et puis ça permettait la mise en abîme ! Si tu aimes ce procédé, il y en aura d'autres par la suite !
Un grand merci pour ta lecture !
La façon qu'a Fid d'analyser les gens et le pouvoir de ses mots, sont très intéressants à lire.
Plus on avance dans le récit, plus on est happé, bravo !
C'est une histoire vraiment vraiment géniale. Merci encore de nous la partager !
Je relève juste un truc :
"Quand elles me retrouveraient, elles seraient douces, mielleuses." Je n'ai pas trop compris l'usage de ces temps au moment du récit de Viya...
Mmmh, concernant les temps.... Je crois que je me suis placée dans sa tête d'enfant. Je suis presque sûre d'avoir déjà lu cette concordance temporelle quelque part. Je crois que c'est du conditionnel présent qui a (du point de vue de son esprit d'enfant) qui a valeur d'expression d'un fait futur, mais j'en fait peut-être un usage fautif
En tout cas, la phrase de fin en dit long : ça promet ! xD
J'aime beaucoup le fait que tu nous donnes maintenant les clés du passé de Viya, et comment fonctionne vraiment la Sororité. C'est intriguant... ^^ Ce dont est capable de faire Fid également, haha. Je me demande pourquoi il a besoin d'une canne, je suppose qu'on finira par savoir plus tard dans le récit la cause de son handicap.
Tout, absolument TOUT m'intrigue x) (je veux tout savoir... mouhaha)
Une coquillette xD :
- "Je ne reviendrais pas." --> ce n'est pas plutôt "reviendrai" au futur simple ?
A plus tard pour la suite !
C'était important pour moi de donner rapidement les clés du passé de Viya. Déjà parce que c'est important pour entrer en empathie avec elle, et bien sûr parce que ça sert l'inrigue par la suite !
Tu en sauras davantage sur le handicap de Fid un peu plus tard ! :-)
Merci pour la coquillette xD C'est en effet "reviendrai", je corrigerai