7. L'inquiétude

— Fais un peut attention, merde ! Qui m’a foutu une amateure pareille dans les pattes !

Le contremaître écarta violemment Claìre du passage et prit sa place pour la consolidation des fondations. Il n’avait fallu qu’un moment d’inattention pour qu’une fissure apparaisse sur toute la longueur de la portion où elle travaillait. Désolée, Claìre recula en croisant les bras, ignorant le regard inquiet que lui lançait Coràlie.

— C’est pas la première fois que tu me fais le coup cette semaine ! reprit le contremaître après avoir réparé les dégâts. Je sais pas ce qui t’arrives : soit t’es devenue stupide, soit tu fais exprès. On m’avait dit du bien de toi, pourtant, et t’avais fait tes preuves ! Hein, Coràlie ?

L’hydro-technicienne acquiesça en faisant la moue, sans quitter Claìre des yeux.

— Bon, je peux pas continuer à perdre du temps à rattraper tes erreurs, alors tu ferais mieux de rentrer chez toi.

Mortifiée, Claìre regardait le contremaître sans comprendre. Il lui fit signe de s’écarter :

— Allez, ouste ! Tu vas rentrer à pied, ça te fera du bien. Repose-toi, et demain, t’as intérêt à revenir concentrée. Sinon, je serai obligé d’écrire un rapport et je déteste la paperasse.

Claìre chercha du soutien auprès de Coràlie, mais l’hydro-technicienne se contenta de secouer la tête. Alors elle alla récupérer ses affaires dans le baraquement des femmes, penaude, et prit le chemin du retour.

Dire qu’elle dormait mal était un euphémisme. Elle luttait désormais tous les soirs contre le sommeil et faisait même les cent pas pour rester réveillée. Elle redoutait plus que jamais les rêves qu’elle était susceptible de faire : elle ne voulait pas revoir les visages des morts qui l’appelaient. Outre l’effroi qu’ils lui inspiraient, une question, insidieuse et angoissante, ne cessait de la tarauder. Et si le garçon spirimancien et la spiri-élémancienne essayait de l’attirer vers les terres des Esprits ? Curieusement, la première inquiétude qui suivait n’était pas celle d’être traitée d’hérétique, mais celle d’obtenir des marques, qui en plus d’être visibles par tous, s’annonceraient permanentes.

Elle avait plusieurs fois été tentée de les suivre. Peut-être la laisseraient-ils tranquille si elle cédait ? Mais rien n’indiquait que ça pouvait fonctionner. Et que se passerait-il ensuite ?

Au-delà de l’angoisse et de la fatigue, ce qui consumait Claìre petit à petit, c’était la solitude. Elle ne pouvait parler à personne de ses peurs, elle était seule avec ses visions. Qui accepterait de l’écouter ? Qui ne la rejetterait pas à cause du lien de plus en plus manifeste entre ses rêves et la spirimancie ? Elle avait pensé aller voir un célébrant ou même le Recteur, mais elle n’était plus capable de se projeter et vivait au jour le jour, emportée par son quotidien, sans oser prendre de décision. Le pire, c’était bien son attitude sur les chantiers. Elle avait beau se concentrer de toute ses forces, elle n’était plus bonne qu’à l’erreur, et ça la minait.

Elle mit du temps à rejoindre le quartier où elle habitait, depuis les Faubourgs où se trouvait son chantier. La punition lui fit du bien ; elle avait besoin de marcher, d’être active pour ne pas céder à la détresse qui menaçait de la submerger. La traversée du Marais n’était pas très agréable mais grâce aux Taupes, elle n’en avait plus peur et connaissait les endroits à éviter.

Une fois arrivée dans son quartier, elle retrouva l’ambiance qu’elle connaissait et qui aurait dû la rassurer. Devant leurs boutiques, les commerçants l’interpellaient, essayant de lui vendre du pain frais, des fleurs ou même une nouvelle paire de bottes. Les rues étaient animées, les gens circulaient, seuls ou en petits groupes, et l’atmosphère était joyeuse et détendue en ce début d’après-midi d’automne. Mais pour Claìre, ces rues étaient devenues un autre reflet de l’angoisse qui lui comprimait le cœur : elles lui rappelaient qu’elle était bientôt rentrée et qu’une lutte contre le sommeil l’attendait une fois la nuit tombée.

Elle laissa donc ses pas la pousser plus haut dans la ville, en tenue de travail, sans prendre la peine de passer se changer chez elle. Elle allait vers l’Institut, sans trop savoir ce qu’elle pourrait y chercher. Alors qu’elle aurait dû s’y trouver seule à cette heure, elle fut brusquement entourée par une foule dense d’élémanciens qui montaient comme elle vers le campus. L’air sentait le brûlé et était rempli de la rumeur précipitée de conversations houleuses. Claìre leva les yeux, vit des pancartes qu’on tenait sur l’épaule, des visages couverts de suie, des robes déchirées. Indécise, elle faillit s’arrêter, mais elle était entraînée par la foule et n’eut d’autre choix que de suivre le mouvement.

—  Claìre ?

Sans pouvoir s’arrêter de marcher, elle se retourna et scruta la foule des yeux pour tenter d’apercevoir celui qui l’avait appelée. Elle pouvait très bien avoir rêvé une nouvelle fois, elle était fatiguée, distraite, stupide, inutile et… Quelqu’un la saisit par le coude et elle sursauta violemment.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.

Derrière elle se tenait Vincènt, un verre de lunette brisé, la robe brûlée et du sang sur un côté du visage. L’inquiétude de Claìre changea brusquement d’objet et Vincènt prit le pas sur tout le reste. Ils s’arrêtèrent au milieu de la rue et la foule d’élémanciens les contourna comme un cours d’eau s’écarte autour d’un rocher.

— Ça va ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Il émit un soupir où perçait son harassement. Il la dépassait d’une petite quinzaine de centimètres et elle dut se contorsionner pour examiner le côté de son visage. Le sang coulait d’une longue estafilade qui, depuis son cuir chevelu, descendait jusque sur sa tempe. Il haussa les épaules, fataliste.

— J’ai pris un bris de bouteille sur la tête.

Claìre cligna bêtement des yeux :

— Quoi ?

— Ne restons pas là. J’ai promis à Albàne de passer et je dois encore débriefer avec mon équipe.

Claìre le regarda un instant sans comprendre puis décida qu’ils valaient mieux qu’ils s’éloignent avant de demander plus de détails. La foule était si dense autour d’eux qu’elle dut s’accrocher à sa main pour ne pas le perdre. Il se laissa faire, visiblement sonné, et Claìre se sentit soulagée de l’avoir trouvé avant que son état ne le rattrape davantage. Lorsqu’ils atteignirent le campus, la foule se clairsema autour d’eux. Vincènt fut hélé par un membre du personnel de l’Institut qui attendait, posté au niveau d’une entrée secondaire.

— Retrouve-moi chez Albàne, lui souffla-t-il avant de se laisser conduire jusqu’à l’infirmerie. Je serai aussi rapide que je peux.

Après s’être assurée qu’il était pris en charge, Claìre suivit son conseil et alla chez Albàne, où elle trouva aussi Laurà. Elles eurent l’air déçues de la voir.

— Désolée, dit Laurà, on pensait que c’était Vincènt. On a hâte qu’il nous raconte… enfin, surtout Albàne.

Cette dernière était assise sur son lit – qui pour une fois était fait – et se rongeait les ongles d'un air anxieux alors que sa bulle d’eau lévitait au-dessus de son épaule. Si la sphère était calme en apparence, l’eau qui y était enfermée remuait furieusement. La nervosité d’Albàne se communiquait à son appel élémantique.

—  Je l'ai croisé, répondit Claìre en s'asseyant à table en face de Laurà. Mais il est allé à l'infirmerie faire examiner sa blessure à la tête et il doit retrouver son équipe, je crois.

Albàne se redressa :

— Il est blessé ! Je savais que ça finirait mal !

— Ne fais pas de suppositions, la rabroua Laurà. Vincènt nous dira tout quand il arrivera.

Albàne étant visiblement trop préoccupée pour remplir son rôle de maîtresse de maison, Claìre alla elle-même attraper une tasse dans un placard pour se servir du thé que Laurà avait mis à infuser.

— Au risque de passer pour l'idiotie de service… hésita Claìre avec un regard d’excuse. Qu'est-ce qu'il se passe, au juste ?

— Tu n'es pas au courant ? demanda Laurà, l'air sincèrement surpris. Tout le monde en parle, pourtant. Hier, le Haut-Élémancien de cérémonie a ordonné une perquisition à l'ancien domicile de la spiri-élémancienne, dans le Marais. L'équipe d'enquêteurs s'en est chargée ce matin. Vincènt en fait partie.

— Il en fait partie ? Je ne savais pas…

— Il faut que tu sortes un peu plus souvent ! rit Laurà.

Claìre émit un grognement inintelligible alors qu’Albàne quittait le lit pour venir les rejoindre à table.

— Fiche-lui la paix, dit-elle à Laurà. Elle a le droit de ne pas être au courant. T’as une petite mine, ajouta-t-elle avec une moue sans plus insister. Qu’est-ce que tu as vu en venant, au juste ?

— Rien dans le Marais… mais je suis passée par la route principale, ce qui peut l’expliquer. Et une fois à l’Institut, une foule de manifestants. Mais… c'est presque devenu normal ça, non ?

Personne ne répondit et elles attendirent une bonne heure, préoccupées par la situation, ne sachant quoi penser. Elles n’échangèrent que des banalités et les coups frappés à la porte de l'appartement les firent toutes sursauter. Comme elle était la plus proche, Laurà alla ouvrir et trouva Vincènt, qui s'excusa immédiatement :

— Désolé, la réunion a duré plus longtemps que ce que je pensais.

Albàne se précipita pour l’inviter à entrer en le saisissant par le bras.

—  Ça va ? s'exclama-t-elle en lui tournant autour. Tu es blessé ? Tu as besoin de…

Vincènt se débarrassa maladroitement de son étreinte et désigna son crâne :

— Ne t’en fais pas, tout est sous contrôle, répondit-il avec un sourire.

On avait suturé et bandé sa plaie et Claìre remarqua que de minuscules mèches de cheveux blonds étaient restés collées à son cou. On avait dû lui raser les cheveux pour poser les points. Albàne le fit asseoir à table et remit la bouilloire à chauffer sur le foyer. Vincènt jeta un regard de côté à Claìre.

— Au fait, tu ne devrais pas être au travail ?

Elle fit un geste de la main pour signifier que ça n'avait pas d'importance.

— J'ai posé un jour de congé, répondit Albàne, qui leur tournait le dos et n'avait pas compris que la question s'adressait à Claìre.

— Et moi, je suis entre deux projets, fit Laurà. Quoi ? J'ai senti le besoin de me justifier.

Laurà était une géo-ingénieure et travaillait en tant qu’architecte. Son emploi du temps était semblable à celui de Claìre et elles avaient d’ailleurs eu l’occasion de collaborer sur de nombreux projets lors de leur formation à l’Institut. Comme Claìre, Albàne se voyait octroyer plusieurs jours de pause entre chaque projet, bien qu'elle travaille rarement sur le terrain.

Albàne s'empressa de servir Vincènt et de remplir à nouveau les tasses des filles avant de s'asseoir à son tour, bien en face de l’hydro-chercheur.

— Alors ? Le Recteur était là ?

Vincènt but une gorgée de thé, soupira et recula sur sa chaise :

— Non, il ne fait pas partie de l’équipe d’enquêteurs, c’est Constànt qui la dirige.

— C’est une bonne chose, commenta Albàne d’un air satisfait.

Claìre et Laurà lui firent signe de se taire d’un regard.

— On avait un plan, des consignes plutôt claires, reprit Vincènt. Mais… ça ne s’est pas du tout passé comme prévu. On a été accueilli par toute une bande d’habitants du Marais. Armés.

Claìre grimaça. Aucune bande n'avait l'envergure de la Tourbière, qui avaient terrorisé Vandrenèj et la campagne environnante pendant des années et avait été dissolue vingt ans auparavant, mais certaines étaient assez organisées pour présenter une menace. Vincènt haussa les épaules :

— Ils n’ont pas dû apprécier qu’on vienne fouiner dans leurs affaires. Ou alors peut-être qu’ils voulaient tout simplement garder l’appartement de la spiri-élémancienne pour pouvoir le squatter… toujours est-il qu’ils étaient nombreux à nous attendre. Mais…

Il hésita, comme s’il ne savait pas trop sous quel angle présenter la chose :

— Des élémanciens nous avaient suivis. Je crois… je crois bien qu’ils avaient été appelés en renforts par l’un des enquêteurs, Nìck de Vandrenèj.

— L’aéro-chercheur ? s’exclama Albàne en écarquillant les yeux.

— Lui-même. Nous sommes les deux seuls chercheurs de l’équipe et… je pensais qu’on pourrait travailler ensemble pour en savoir plus sur la spirimancie et ses liens avec l’élémancie mais… ce type est un fou. Il déteste les spirimanciens. Je ne pensais pas que c’était possible de les haïr autant… vous auriez vu son visage…

— Ce n’est pas étonnant ! le coupa Albàne. Son père a été tué par la spiri-élémancienne. J’ai lu sa biographie, ajouta-t-elle devant le regard qu’ils lui lancèrent. En tous cas, j’ai l’impression qu’il a bien fait de vous amener des renforts.

Vincènt hocha lentement la tête :

— Nous sommes une dizaine d’enquêteurs et même s’il y a une majorité de combattants, ça n’aurait pas suffi. Les élémanciens rameutés par Nìck nous ont aidés à rentrer dans l’immeuble puis dans l’appartement, c’est vrai. Mais est-ce que c’est vraiment une bonne chose ?

— Évidemment ! Sinon l’enquête n’aurait pas progressé. Et elle a progressé, pas vrai ?

Laurà donna un coup de coude à Albàne :

— Arrête de l’interrompre.

— Ça a été violent. Je ne serai pas surpris si on apprend demain qu’il y a eu des morts. Les élémanciens nous ont protégés pour rentrer dans l’immeuble et le pire a été la sortie. Les affrontements ont continué pendant notre inspection et lorsqu’il a fallu quitter l’appartement… disons que les élémanciens n’étaient plus assez nombreux pour assurer nos arrières.

— Tu as dû… souffla Laurà sans oser terminer sa phrase.

— Non, je n’ai pas eu besoin de me servir de nos cours de Taupe. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai été blessé.

Il se tut, les yeux perdus dans le vague. Claìre éprouva une vague soudaine d'empathie pour lui, alors qu'Albàne se penchait plus en avant, dans l'attente de la suite :

— Et qu'est-ce que vous avez trouvé ?

Vincènt serra le poing sur la table puis écarta les doigts et posa sa paume à plat sur le plateau dans un effort visible pour se contenir.

— Je me suis porté volontaire parce que je veux en savoir plus. Je veux découvrir comment l’élémancie et la spirimancie peuvent interagir, je veux comprendre. Mais on n’a rien trouvé de concluent à ce niveau-là.

— Ah.

Albàne s’avachit sur sa chaise, déçue. Vincènt se frotta les yeux par-dessous ses lunettes cassées et se massa l’arête du nez. Claìre ne lui avait jamais connu un air aussi épuisé. Même en période d'examen, lorsqu'il faisait face aux problèmes de recherche soumis aux aspirants chercheurs, il se délectait du challenge intellectuel au lieu de se laisser aller devant la difficulté. Sa voix tremblait un peu lorsqu’il reprit :

— Dans tous les cas, l’enquête va devoir ralentir, ce qui est une bonne chose. Bàstien II avait refusé de nous donner des hommes et le fait que Constànt ait utilisé des élémanciens combattants et que ça ait dégénéré… on va avoir quelques problèmes.

— Pourquoi ça serait une bonne chose que l’enquête ralentisse ? releva Albàne en se renfrognant. Vous n’avez vraiment rien trouvé ?

Vincènt les observa toutes les trois d’un air grave où Claìre décela du conflit.

— Je peux vous le dire, puisque ça fuitera sans doute vite dans la presse. Il y a effectivement un lien entre la spiri-élémancienne et les Terres Sauvages. On a récupéré plusieurs affaires de Nomades, quelques cartes…

— Je le savais ! s’écria Albàne. Même si ce n’est pas très surprenant. Après tout, la spirimancie est aux Terres Sauvages ce que l’élémancie est à Vestrià.

Claìre observa le profil de Vincènt, qui avait baissé la tête vers sa tasse de thé sans y toucher. Elle posa une main sur son poignet :

—  Il y a autre chose, pas vrai ? demanda-t-elle doucement. Tu n’es pas obligé de le dire, bien sûr, s’empressa-t-elle d’ajouter.

— Vous devez jurer de ne rien dire à personne, répondit-il après un silence. Ce sont des informations extrêmement confidentielles, vous ne pouvez pas imaginer les conséquences que ça pourrait avoir si ça venait à sortir de cette pièce.

— Bien sûr qu'on ne dira rien à personne ! s’exclama Albàne en croisant les bras, vexée qu’il en doute.

— Jurez-le sur Mardä au nom de la Justice et sur Veldä au nom de l'Amitié qui nous lie.

Laurà écarquilla les yeux :

— C’est si sérieux ?

— Jurez-le.

Elles jurèrent. Il poussa un nouveau soupir, renversa la tête en arrière et dit :

— On a également des preuves que la spiri-élémancienne n'habitait pas seule. Vraisemblablement, elle avait un enfant. Un garçon.

Claìre se figea.

***

Le reste de l’après-midi s’écoula dans un brouillard d’où Claìre n’émergea que lorsqu’elle quitta l’appartement d’Albàne avec Laurà et Vincènt. L’air frais du dehors, alors que le soleil se couchait et embrasait les pelouses du parc de l’Institut, lui éclaircit brusquement les idées. Elle avait peu de souvenirs des conversations qui avaient suivi la déclaration de Vincènt. Le sujet avait dû dévier sur les missions actuelles d’Albàne. Peut-être l’hydro-ingénieure leur avait-elle aussi donné des nouvelles de Jeàn.

Laurà les avait salués et quittés pour se rendre à un entraînement des Taupes et elle se trouvait seule avec Vincènt. Ils se dirigeaient vers la sortie de l’Institut dans un silence qui n’était interrompu que par le bruit de leurs pas.

— Est-ce que ça va ? dit finalement Vincènt d’une voix hésitante. Tu n’as rien dit depuis tout à l’heure. Et je ne crois pas que tu sois en congés aujourd’hui, je me trompe ? Un problème au travail ?

Son inquiétude remit toutes ses perspectives en place. Ce à quoi Vincènt faisait face était bien plus urgent. Elle s’arrêta, croisa les bras et le considéra longuement. Son bandage à la tempe avait rougi.

— Vincènt… est-ce que c’est bien prudent ?

Il cligna des yeux, surpris par la question.

— Je sais que tu es à la recherche de la vérité. Tu l’as dit, tu veux comprendre. Comprendre les liens entre la spirimancie et l’élémancie… mais je doute que tu veuilles les comprendre pour mieux les couper. Et bien sûr, dit-elle avec un sourire, je trouve ça génial ! Mais les autres enquêteurs, et ce Nìck de Vandrenèj… ils n’ont pas l’air d’avoir les mêmes objectifs.

Vincènt ne répondit pas pendant plusieurs secondes. Elle s’agita sur ses jambes, soudain nerveuse, et l’impression d’avoir dépassé les bornes s’accrocha à elle. Tenace jusqu’au moment où Vincènt la chassa avec un léger rire :

— Tu as entièrement raison, sourit-il. J’ai conscience de la position dans laquelle je me trouve, ne t’en fais pas. Je serai prudent. Mais toi…

Claìre acquiesça et s’empressa de prendre maladroitement congé avant qu’il ne puisse l’interroger davantage sur ses propres problèmes.

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