L’eau coule dans ses yeux, sous ses vêtements. Chaque goutte la frappe, millions de piques lui rappelant ce vide qui remplit sa poitrine. Comment l’oublier ? Elle se serait bien passée de la pluie torrentielle !
Les premiers jours, elle aurait pu – et peut être aurait-elle du – se noyer sous ce déluge, tempête d’émotions. On lui a dit que ça passerai, car après tout il était toujours là, dans son coeur.
Ça n’était pas passé. Aujourd’hui encore, il n’y a qu’un trou à la place de son cœur. Aujourd’hui encore, le rideau de pluie la sépare de ce monde où il n’est plus là. Protégée, isolée.
Elles ont déménagé, pour fuir les fantômes de leur ancienne vie. Ces fantômes qui occupent l’absence, la gonfle, la boursoufle.
Ici, les inconnus défilent devant elle, indifférents à son nuage, trop occupés par leur propre grisaille.
La première fois qu’elle l’a vue, elles attendaient le bus du lycée. A travers son rideau de pluie , elle a aperçue le ciel bleu au dessus de ses cheveux couleur d’orage. Ils formaient un petit nuage d’orage autour de son visage. Si bouclés, si légers, si différents de ses mèches rousses collées par les gouttes.
Le lendemain, elle était encore là.
Et le jour suivant.
Et celui d’après.
Elle l’épie derrière son rideau de pluie. Elle se pense discrète, mais la fille aux cheveux d’orage lui retourne de plus en plus souvent son regard.
Un matin, un parapluie entre soudain dans son champ de vision. A l’abri, deux yeux pétillent et un large sourire fait pâlir la grisaille.
A l’arrêt de bus, les cheveux roux et les cheveux noirs se sont entremêlés le temps d’un baiser. Il ne reste que quelques nuages, cicatrice d’un cœur qui pleure. Les autres ont été chassés par la fille aux cheveux d’orage.
J'espère que le personnage trouvera le bonheur. C'est bien que son cœur s'apaise. J'aime beaucoup l'image du baiser, c'est vraiment touchant.
Nascana