8- Des alliés de poids (édit du 03.12)

Notes de l’auteur : Bonne lecture

 

Plus tard dans la soirée on frappa discrètement à la porte de la chambre, et les enfants virent Méroé y passer la tête. Oren les laissa seules, non sans avoir sourit à Nour, comme pour lui donner du courage.

– C'est confortable ici, fit la domana en jetant un œil autour d'elle. La journée a été rude, et j'imagine facilement que dormir chez de parfaits inconnus, dans un monde loin de chez toi doit être angoissant. Une infusion de valériane te fera le plus grand bien, dit-elle en posant une tasse fumante sur le tronc d'arbre sculpté qui faisait office de table de chevet.

Nour la remercia d'un sourire, toujours assise sur le lit d'Oren. Méroé vint s'asseoir à côté d'elle sur le lit, manifestement pas très à l'aise.

– Demain, tu iras au Sanctuaire avec Oren, annonça Méroé en guettant sa réaction. J'aurais préféré qu tu ai un temps d'adaptation, mais le conseiller Hiver a été très clair.

Nour ne réagit pas à la nouvelle. Tout ce qu'elle voyait c'était son état de prisonnière dans un monde inconnu, sans possibilité de d'agir. Elle aurait bien voulu lui demander si elle comptait l'aider à rentrer chez elle, comme elle l'avait promis. Mais comment le pouvait-elle ? Elle la mettrait en danger, et Nour ne le voulait pas, ni même l'accabler. Avec Oren, ils trouveraient un autre moyen.

– Je connais personne, je connais rien à ce monde, fit Nour plus pour elle-même. Vous pensez que je vais être bien m'accueillit ?

– Au Sanctuaire, des élèves viennent de mondes différents, j'aime à croire que la tolérance y règne. Mais, je vais être honnête avec toi, quelqu'uns vont être exaltés, mais certaines familles ont encore un fort ressentiment envers Terra.

– C'est à ce point là ?

– Beaucoup pense que Myrddin et ses compagnons n'ont pas fui de leur plein gré. Myrddin racontait volontiers les persécutions qu'ils subissaient parce qu'ils étaient puissants. Leurs connaissances, leurs pouvoirs faisaient peur. Pour lui, ils n'ont pas eu le choix, ils devaient partir ou mourir. Malgré le temps passé, les rancoeurs sont restées. Je sais, c'est parfaitement ridicule, fit-elle en voyant le visage incrédule de la jeune fille.

Nour baissa la tête. Ca va pas être de la tarte.

– C'est pourquoi j'ai pensé à quelque chose, reprit Méroé. Malakel, appela-t-elle.

Le lynx entra immédiatement dans la chambre, mais avec une nonchalance toute féline.

– Vous vous parlez, c'est bien ça ? demanda Nour.

– Une forme de télépathie s'est développée entre Malakel et moi. Nous nous comprenons. J'aimerais qu'il veille sur toi, il te suivra partout où tu iras. Demain tout le monde saura qui tu es, tout le monde voudra te voir, te parler.. Malakel te protégera si cela dégénérait. Mais ça n'arrivera pas, se rattrapa-t-elle en voyant les yeux de Nour qui s'écarquillaient.

– Est-ce que vous pensez que le médaillon est magique ?

– Il a certainement de la valeur, des pouvoirs. A ta place je n'en parlerais pas, cela pourrait attirer la convoitise.

Comme la réaction du conseiller tout à l'heure.

– Et si je vous le donnais ?

– Il t'a mené ici Nour, il est donc que probable que c'est lui qui te ramènera chez toi. Je ne sais pas si sur Terra vous pratiquez la méditation, mais cette pratique t'aiderait beaucoup. Il y a peut-être un détail qui t'a échappé, qui remonterait à loin dans ton passé. Exerce toi aussi souvent que tu le peux, et préviens-moi si quelque chose te revient. Atticus ne veut pas que je t'aide à rentrer chez toi, mais il n'a rien dit à propos de ton père, dit-elle en faisant un clin d'oeil. Je vais faire des recherches. Maintenant, je vous laisse faire connaissance, j'ai des choses à faire. Nous nous reverrons bientôt.

Méroé quitta la chambre sans plus de cérémonie, les laissant seuls. Comment engager la conversation avec un lynx ? De la même manière qu'avec un chat ? Elle ne se voyait pas le gratouiller entre les oreilles, il pourrait la dévorer en deux bouchées. Elle se garda de laisser ses mains balader en préférant les garder en l'air, dans une posture qu'elle trouva pourtant ridicule.

– Je ne sais pas si tu es d'accord pour veiller sur moi ? Est-ce que tu me comprends ? demanda-t-elle à voix basse.

Méroé lui faisant confiance, et puis il avait une telle majesté. Elle s'accroupit lentement, pour être à sa hauteur. Malakel vint alors coller son front à celui de la fillette, qui cessa de respirer. Elle sentit le souffle du lynx sur son visage, fort et régulier, étrangement apaisant. Elle ferma les yeux et sans s'en rendre compte se concentra sur ce rythme. Quelques secondes plus tard, Malakel recula d'un pas. Aucun mot ne fut prononcé, mais le lynx et la fillette semblaient sur la même longueur d'onde.

À l'heure du coucher, et bien qu'elle soit confortablement installée sur un lit de camp à côté d'Oren, Malakel couché au pied du lit, elle eut bien du mal à s'endormir. Elle pensa au lendemain, aux dizaines voire plus de regards curieux la dévisageant sans scrupule, tandis qu'elle virait au cramoisi ; aussi les moqueries, les insultes auquelles elle n'échapperait pas. Heureusement, au bout d'un long moment, elle tomba enfin dans les bras de morphée.


 

Le lendemain matin, elle se sentait mal, son ventre était si noué qu'elle ne put rien avaler. Sa morosité contrastait franchement avec l'état d'excitation dans lequel se trouvait Oren. Une terrayenne vivait chez lui, ils iraient ensemble au Sanctuaire. Il parla sans cesse, chantonna en beurrant des tartines que Malakel dévorait goulument, et sautilla en dressant la table du petit déjeuner.

— Cette journée s'annonce exceptionnelle, les autres vont pas en revenir. Une terrayenne à mon bras, et Malakel comme escorte. Faut pas t'inquiéter Nour, ajouta-t-il en voyant la mine déconfite de la jeune fille, tout le monde va t'aimer c'est certain. Et, finalement mes vêtements te vont plutôt bien, tu es superbe.

C'était vrai, comme le pyjama qu'il lui avait prêté la veille, l'uniforme en lin bleu, veste ample et pantalon large, était à peine trop grand, et terriblement confortable.

Nour prit donc le chemin de cette école si spéciale, des noeuds au cerveau, et des crampes affreuses à l'estomac. La route pavée qu'ils empruntèrent était bordée de grosses lanternes noires posées à intervalles réguliers. Des moutons paissaient dans les prairies alentour, entre les larges sapins plantés çà et là.

— Oren, où-es ta maman ? demanda Nour, un peu gênée, mais la question lui brûlait les lèvres depuis la veille.

— Elle est partie en me donnant la vie, répondit-il sans affect. Je ne l'ai jamais connue, je sais pas vraiment ce que ça veut dire d'avoir une maman. Avec mon père on se débrouille bien. Tu sais, quand j'étais plus jeune j'enviais beaucoup les enfants qui se faisaient caliner par leur maman à la sortie de l'école, mais maintenant ça va un peu. Papa dit que ce sera plus compliqué quand je ferais ma crise d'adolescence, il paraît que c'est un sale moment à passer. Moi, je crois que je ne la ferais pas.

– Je sais pas pourquoi mais les parents semblent traumatisés par ce moment, ma mère en parle souvent.

– Et ton père il aussi te manque ?

— C'est difficile à dire. Je l'imagine parfois, réponditelle en lui adressant un sourire en coin.

— Oui, moi aussi je rêve de ma mère, répondit-il.

Ils échangèrent un sourire complice, et Nour sentit son coeur un peu moins lourd.

— Qu'étudiez-vous au Sanctuaire ?

— Nous apprenons la télékinésie, les arts martiaux, l'histoire et la géographie de chaque monde, l'astronomie, l'étude des plantes médicinales et la préparation de potions. Nous méditons aussi tous les matins.

– Je n'ai jamais médité, ça à l'air barbant. Comment tu connaîs Méroé ?

— Les damonae sont aussi sages femmes. Méroé était présente quand je suis né, elle assitait la doyenne, fit-il pour simple explication, à voix basse.

Nour s'en voulu d'avoir poser la question, pourquoi était-elle toujours aussi curieuse ? Elle eut de la peine pour Oren, et pour Méroé.

– Les damonae possèdent aussi une magie seulement connue d'elles, continua-t-il après un moment, comme revigoré. Elles veillent aussi les mourants, les préparent au passage dans leur nouvelle vie. Leur rôle est essentiel.

Oren s'arrêta de marcher, et fixa son regard plus loin. Nour l'imita.

– Whaou, s'ecxclama-t-elle.

– Ca c'est le Grand portail, annonça Oren. Les élèves des autres mondes le traversent tous les matins pour venir à l'école.

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Baladine
Posté le 22/01/2023
Un chapitre agréable qui se lit tout seul. On en apprend un peu plus sur Oren et on compatit avec Nour qui a le trac dans tout le corps. Tout sage, Malakel, on l'aime déjà !
- – Et ton père il aussi te manque ? => revoir l'ordre
- Nour s'en voulu d'avoir poser la question, pourquoi était-elle toujours aussi curieuse => s'en voulut, posé
quelques fautes de frappe aussi dans ce chapitre, que tu verras quand tu reliras.
A bientôt !
sifriane
Posté le 23/01/2023
Cool, ça fait plaisir :)
Je vais relire tout ça et corriger, encore et encore...
A bientôt :)
MichaelLambert
Posté le 03/12/2022
Bonjour Sifriane !
J'ai enfin le temps de reprendre ma lecture et c'est avec beaucoup de plaisir ! Ce chapitre est plutôt fluide ! Les mises en garde de Méroé et le rapprochement avec le lynx sont très efficaces. Et cette petite scène du trajet matinal vers le sanctuaire avec Oren, c'est très vivant.
Vivement découvrir l'histoire de Myrddin !
A bientôt !
sifriane
Posté le 04/12/2022
Bonsoir,
C'est toujours un plaisir de te voir par ici.
Ton enthousiasme est très motivant, ça m'aide bien en cette période de réécriture..
A bientôt :)
Vincent Meriel
Posté le 25/11/2022
Bonjour (ou rebonjour),

Ce chapitre avance plutôt bien, peut-être un peu vite même. La partie où Nours communique avec le lynx est bien, mais celle avec Méroé ainsi que celle où Oren parle de sa mère pourraient être un peu plus longues (on a à peine le temps de compatir avec lui). Sauf si Oren coupe volontairement la conversation, mais dans ce cas cela serait intéressant de l'indiquer.

Je n'ai pas tout compris quand Méroé parle de ressentiment à l'inverse de celui du conseiller Hiver. Même si celui-ci semblait curieux, il avait l'air de mépriser Terra et ses habitants lui aussi. Je suis aussi un peu étonné que Nours ne pose pas plus de questions sur ce mépris, cela fait plusieurs fois qu'on lui dit que les gens ne vont pas l'aimer, mais personne ne lui a vraiment expliqué pourquoi.

La fin avec le portail est intriguant, tout comme la description de l'école. Il y a beaucoup de promesses narratives pour le moment, du coup je ne sais toujours pas où va aller l'histoire. Ce n'est pas forcément un mal (c'est chouette d'être surpris), mais il ne faudrait qu'on finisse par en manquer les enjeux. Pour le moment le seul clair est de renvoyer Nours chez elle, ce que seul Méroé semble prêt à accomplir (et cela même si Nours refuse de lui demander). Ce n'est pas énorme, surtout qu'en tant que lecteur on ne veut pas voir cet enjeu se réaliser :P

Jusque là toutefois ça va, les péripéties et la découverte du monde permettent de garder l'attention. Je verrai si cela continue par la suite ^^

Bonne continuation !
sifriane
Posté le 27/11/2022
Re,
Dans l'ancienne version il y avait trop d'actions, là j'essaie de poser les bases de l'histoire.
D'autres enjeux vont apparaître dans quelques chapitres mais maintenant je me demande si un d'entre eux ne devrait pas arriver avant. Tu me fais bosser ;)
Hésite surtout pas à me dire quand tu commences à t'ennuyer.
A bientôt :)
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