8. Raymonde et Léopold

Par Dédé

— Léopold, dans toute ton histoire, il y a une question qui reste en suspens…

— Qu’une seule, Raymonde ? Laquelle ? « Comment ces ailes sont-elles apparues ? » ?

— Non. Est-ce que la nourriture pour oiseaux coûte moins cher que celle pour les humains ?

— C’est tout ce qui t’intrigue, là-dedans ?

— C’est déjà beaucoup…

— Je suis le seul que ça choque, ces fichues ailes en carton ?

— Elles me semblent pas très cartonnées, ces ailes.

— C’est une façon de parler…

— On devrait faire attention avec les façons de parler. Avec nos résolutions, ça ne nous a pas trop réussi.

— Des ailes cartonnées, ce serait plus facile à enlever.

— Certes.

— Et toi ? D’où te vient cette obsession pour la nourriture des oiseaux ?

— Je ne suis pas obsédée par ça. Pas obsédée du tout, d’ailleurs. C’est juste que ça m’intéresse beaucoup de faire des économies.

— Ah bon ? Depuis quand ?

— Depuis que je n’ai pas réfléchi avant de formuler ma résolution pour la nouvelle année.

— A qui le dis-tu…

— A toi, Léopold.

— Non, mais c’était encore une façon de parler.

— Arrête avec tes façons de parler ! Il pourrait te pousser autre chose que des ailes… Des cornes, une queue de cheval, des écailles, une trompe d’éléphant, des oreilles de lapin…

— Ça a l’air de t’inquiéter… Tu es bien la première à te faire du souci pour moi.

— Je m’inquiète surtout du coût derrière l’entretien de ces ailes et de tout ce qui pourrait te pousser d’autre, si tu continues de trop parler.

— Ah ! L’argent… Encore l’argent…

— Toujours l’argent. Moins d’argent. De moins en moins d’argent. Économiser plus pour épargner plus.

— C’est pas un peu extrême ?

— Je reçois beaucoup de visites en ce moment… Je me demande si je ne ferai pas mieux de faire payer une taxe de visite. Mes visiteurs devront me verser une petite somme pour discuter avec moi. Ca pourra peut-être m’aider à affronter les factures d’électricité, la taxe d’ordures ménagères et les frais postaux qui ne font qu’augmenter…

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