9. La Griffe du Dragon

Will disparut de l'aile des ombres pendant plusieurs jours. Personne, à part moi, ne sembla y prêter la moindre attention. Khalem étant contraint de s'occuper à lui seul de l'entièreté des soldats orphelins, les entraînements furent plus digestes et espacés. Sans l'annoncer clairement, il décida également d'assouplir l'intensité de nos affrontements. Je le soupçonnais d'avoir délibérément cherché à me briser lors de mes premiers jours. Et maintenant que j'avais suffisamment souffert, peut-être relâchait-il momentanément la bride. Si finalement rien de tout cela n'était lié, cela permit au moins à mon corps de recevoir le repos dont il avait besoin avant d'être à nouveau en proie à davantage de violence.

 

Au lendemain du retour de Will, je m'éveillai en pensant me noyer dans une goutte d'eau de taille humaine. Je me mis debout dans un long soupir et étirai mon corps courbaturé. Sans oser regarder mon reflet dans l'eau de ma bassine, je m'épongeai le visage et m'habillai hâtivement. D'abord seule dans les couloirs, des bruits de pas finirent par me rattraper. Je n'eus pas besoin de me retourner pour savoir qu'ils appartenaient à Rippel. Il allait encore insister pour vérifier si mon œil ne s'était pas infecté durant la nuit et essayer de toucher à mes ecchymoses pour estimer le stade de leur guérison. Comme je m'y étais attendue, il m'attrapa par les épaules pour m'ausculter le visage. Alors qu'il regardait le coin de mon œil avec intérêt, il tenta de m’effleurer la joue. J’interceptai sa main d’un geste rapide et me remis à marcher, sans le regarder.

« Je te l'ai déjà dit mille fois. Je te remercie pour ta sollicitude, mais arrête d'essayer de me toucher !, répliquais-je sèchement.

- Je ne le ferai plus », l'entendis-je répondre alors qu'il continuait de me suivre. Cela aussi, il me l'avait déjà promis à de très nombreuses reprises. Pourquoi refusait-il de comprendre ?

Dans la salle ovale, je tentai de lui envoyer un message plus clair encore en allant m'asseoir à son opposé.

« Aujourd'hui, nous allons faire une petite virée dans les bois, annonça Khalem lorsque tout le monde fut installé. Vous connaissez les règles, mais un rappel ne fait jamais de mal. Toute désobéissance ou subterfuge, quels qu'ils soient, amèneront son fauteur devant le roi ; les sanctions seront immédiates. Ensuite, nous ne sommes pas là pour une promenade de santé. Personne ne s'arrête, personne ne se plaint et chacun regarde où il met les pieds. Allez, tout le monde debout ! »

 

Lorsque nous empruntâmes la petite porte qui séparait notre aile de l'extérieur du château, mon esprit se mit à vagabonder et s'imagina quelles pouvaient bien être les punitions qu'avait mentionnées Khalem.

Dehors, le temps était clément, mais le vent soufflait d'importantes bourrasques. J'avais décidé de terminer la marche, juste derrière Savary et Louie, lorsque Rippel se joignit à moi. Il ne voulait décidément pas lâcher l'affaire. Puisque je ne parvenais pas à m'en débarrasser, je lui demandai s'il pouvait m'apprendre ce que nous allions faire aujourd'hui.

« De l'exercice physique et sans doute quelques leçons de botanique. Will adore nous faire découvrir l'utilité des plantes et des fleurs sauvages qui poussent dans la région, me répondit-il, l'air songeur.

Je n'avais nullement envie de faire de l'exercice et encore moins d’assister à des exposés sur la nature. Alors que mon âme aspirait à plus de liberté et de solitude, Rippel ne semblait à nouveau pas de cet avis. « Comme j’aimerais savoir d'où tu viens.

- Et comme j’aimerais, juste une seule fois, être autorisée à profiter du silence !

- Pardon.

- Est-ce donc si difficile à comprendre ? La seule chose que je désire depuis mon arrivée à Forgeroc est que l’on me laisse tranquille ! »

Rippel inspira profondément avant de s’exprimer, avec une éloquence que je ne lui connaissais pas encore : « On ne te laissera jamais vraiment tranquille... Je connais l’hostilité de ces lieux comme personne. J'y ai passé la majorité de ma vie. Tout ce que tu ressens aujourd'hui, je l'ai ressenti avant toi. J’ai vu les dégâts que la solitude a causés à ceux qui, comme moi, s’y sont laissé prendre. Quelqu’un m’a tendu la main lorsque j'en ai eu besoin. Et, bien que tu tentes de le cacher, la peine que tu ressens se lit aisément sur ton visage. Pardonne-moi si mes intentions te semblent malhonnêtes. Il n'en est rien. Tu apprendras vite que dans cette aile sinistre, il est plus que vital de se faire des amis ».

Je le contemplai, comme si c'était la première fois, sans trouver de mots à lui répondre. Ses paroles me firent étrangement du bien. Pourtant, je ne pouvais me résoudre à répondre à ses attentes. « Et puis, je suis curieux, ajouta-t-il d'un sourire charmeur.

- Tu as presque failli m'avoir.

- Tout ce que je t'ai dit était sincère, me répondit-il en retrouvant son sérieux.

- Je réfléchirai plus tard à ta proposition. En attendant, j’ai besoin que tu me laisses respirer. Si la curiosité est l’un de tes défauts, sache que la réserve est l’un des miens ».

Il me sourit sans parvenir à cacher son apparente déception ; les deux fossettes de ses joues avaient disparu.

« Cela va être une longue journée », murmura-t-il en acceptant enfin de s’éloigner.

 

Nous marchâmes longtemps, trop longtemps. Et d'une allure particulièrement soutenue. Alors que nous venions de traverser une rivière boueuse pour accoster sur la rive opposée, Khalem leva le bras et nous signala qu’il était temps de commencer l'entraînement. L’allure soutenue d'alors se transforma en un galop effréné.

« Serait-ce une plaisanterie ?, implorais-je.

- Nous devons courir », m'indiqua Rippel qui n'était finalement pas parti aussi loin que je l'avais pensé. Il m'attrapa par le bras et m'entraîna à sa suite.

Après une demi-lieue seulement, un écart monstrueux s’était établi entre moi et le reste du groupe. Seul Rippel s'efforçait de rester à mes côtés, tentant désespérément de me motiver à continuer.

« Je n'en peux plus. J'ai mal partout. S'il te plaît, lâche-moi !, lui criais-je, alors qu'au loin, Khalem faisait déjà demi-tour.

- Penses-tu seulement avoir le choix ? », me demanda ce dernier en m’exposant ses canines. Des craquements retentirent derrière nous et lorsque je tournai la tête, une meute de loups noirs nous poursuivait à vive allure. Je me mis à crier et n'eus d'autre choix que d'accélérer ma course. Il n'était plus question de traîner la patte. Malgré mes blessures, je parvins à dépasser une bonne partie du groupe avant d’être immobilisée par Will. « Il y a des loups derrière nous, il faut nous mettre à l'abri !, lui hurlais-je dans un état de pure hystérie.

- Non, il faut que tu recouvres tes esprits. Regarde derrière toi, il n'y a aucun danger ».

Je me retournai et ne découvris que des regards hébétés et quelques sourires moqueurs. Seule notre troupe hantait ces bois. Khalem m'avait trompée…

« Je savais qu'elle ne serait qu'une déception de plus, cracha mon nouveau maître d'un air de dégoût. Prends donc avec toi cette incapable, je ne veux plus la voir. Je continuerai avec ceux qui représentent l’avenir du royaume d'Haeden et qui auront une vraie chance de survie sur un champ de bataille. Elle ne pourrait même pas défendre son roi face à un enfant de huit ans muni d’une cuillère en bois ». Sans attendre une quelconque objection de ma part ou de celle de Will, il reprit son entraînement, accompagné par tous les soldats orphelins.

Je tombai à genou, sous le poids de mon corps décharné et fatigué. Will s'accroupit près de moi et me redressa doucement le menton. Il braqua ses yeux sur l'ecchymose qui me défigurait avant de sourire tristement.

« Tiens, prends ça, me dit-il en me tendant un petit sachet vert qu'il venait de sortir de sa besace. Ce sont les racines séchées de la Linum Angufolium, aussi surnommée la Griffe du Dragon. Mâches-en quelques morceaux sans les avaler. Cela devrait te faire du bien ».

Je grimaçai au goût amer de la racine, mais en broyai quelques morceaux à pleines dents. L'affolement de mon cœur s'adoucit et mes jambes reprirent un peu de vigueur.

« Te sens-tu d'attaque pour essayer de les rattraper ?, me demanda-t-il au bout de quelques minutes.

- Khalem a pourtant été clair. Il ne veut plus me voir.

- Khalem a toujours aimé les longs discours dramatiques. Lorsqu'il agit de la sorte, il est bon de lui prouver qu’il a tort. Je sais qu'il attend ton retour, crois-en mon expérience ».

Mon regard contempla le vide, en implorant silencieusement à Will de m'autoriser à rester ici. À son regard insistant, je compris très vite qu'il valait mieux l'écouter. Je ne voulais pas être davantage méprisée que je ne l'étais déjà. J'avais vu la façon dont Khalem s'en était pris à Taurin quelques jours plus tôt et je refusais de suivre le même chemin.

« On y va ?

- Oui », répondis-je, épuisée d'avance.

 

Dans un premier temps, je fus surprise de constater que mes jambes pouvaient encore courir. La peur et la détermination semblaient être d'incroyables motivateurs. Nous passâmes la majorité de notre itinéraire à escalader des arbres tombés par la force du vent ou à traverser des buissons et de petits ravins. À plusieurs reprises, nous rencontrâmes de jeunes biches qui fuirent à notre approche.

Will paraissait connaître ces bois par cœur. À aucun instant, il ne douta du chemin à emprunter. Sans son aide, je n'aurais jamais été capable de m'y retrouver. Louie fut le premier sans-droit que nous rattrapâmes. Il m'accueillit avec une surprise évidente, tout comme le reste du groupe. Personne ne s'était attendu à ce que j'ose remontrer mon visage après les mots blessants de notre maître. Je commençais à douter des conseils de Will, lorsque Khalem m'aperçut enfin. Un simple geste de ses lèvres me fit comprendre que le commandant avait eu raison d'insister.

L'entraînement continua une bonne dizaine de minutes avant que Khalem nous autorise enfin à nous arrêter pour une courte pause. J'ignorais comment j'avais pu tenir le coup. Autour de moi, bon nombre de garçons s'écroulèrent au sol. Je m'allongeai parmi eux, le visage tendu vers le ciel, et pris de profondes respirations pour calmer les battements inquiétants de mon cœur. Lorsqu'il me trouva parmi la foule, Rippel vint immédiatement se coucher près de moi. Je ne pus retenir un soupir d’agacement, qu'il n'entendit que trop bien.

« Je suis désolé de n'avoir pas pu rester avec toi, commença-t-il, les dons de Khalem sont beaucoup trop puissants pour être combattus.

- Par Onuan, tu es irrécupérable !, soufflais-je.

Il se redressa et regarda dans le lointain, les yeux soudain ternis de tristesse. « C'est plus fort que moi, me répondit-il faiblement.

- Tu n’abandonnes jamais, n’est-ce pas ? »

Son regard revint se poser sur moi et un sourire penaud se dessina sur ses traits. Alors qu’il allait me répondre, un coup de vent s’empêtra dans ses cheveux. Je ne pus m'empêcher de rire en le voyant se débattre pour les maintenir en place. C’était la première fois que j’échangeais un véritable moment de légèreté avec qui que ce soit depuis que ma vie avait volé en éclat. Quel imbécile.

« Tu as un rire magnifique », s’exclama-t-il soudain, galvaudant ce premier moment de frivolité.

Je roulai les yeux au ciel et lui lançai un regard désapprobateur. « Je suis désolé, répondit-il. Et oui, je sais ce que tu vas me dire… Et tu as raison. Je devrais apprendre à tenir ma langue.

- En effet, lui répondis-je sans parvenir à retenir un sourire. Mais j'ajouterais que tu devrais aussi arrêter de me demander pardon à tout-va pour ensuite adopter encore et encore les mêmes comportements.

- Qu'il en soit ainsi ».

À ces mots, il se releva et m'offrit une main tendue. Comme lors de notre premier entraînement, je refusai son aide et me remis seule debout. Ses yeux pétillèrent de malice et ses jolies fossettes refirent surface.

 

Nous marchions côte à côte, sans but précis, lorsque Rippel se rua soudain par terre. « Regarde, ce sont des plants de consoude, indiqua-t-il, triomphant, en pointant de l'index de voluptueuses feuilles extraordinairement vertes. Will, je pense que cela va vous intéresser ! »

Le commandant ne mit que très peu de temps à nous rejoindre et remercia chaleureusement Rippel pour sa découverte. Il retira un petit sachet en toile bleu de son vieux bissac et détacha délicatement quelques unes des plus larges feuilles de la plante. « Selon Will, cette plante possède des talents curatifs inestimables. Elle permettrait de soigner les plus vilaines plaies.

- Bravo, répondit Will en hochant doucement la tête. Je vois qu’au moins l’un d’entre vous m’écoute lors de mes tentatives d’enseignement. Je te remercie, mon garçon, cela va m'être très précieux. »

Rippel se redressa, fier comme un paon. Comment pouvait-il donc me faire passer aussi aisément du rire à l’agacement ?

Soudain, l’attitude reconnaissante de Will s'évapora. Son sourire disparut pour laisser place à un air des plus inquiets. À son tour, Rippel perdit lui aussi son enthousiasme et lui demanda ce qu'il avait senti. « Robin », murmura-t-il. Sans explications supplémentaires, Will s'élança en courant vers Khalem. Les deux hommes échangèrent quelques mots avant de nous abandonner pour s'engager dans la forêt.

Lorsqu'ils disparurent, Gildric et Taurin sortirent des fourrés en gloussant.

« Qu'avez-vous fait ?, leur hurlais-je sans réfléchir alors que je m'approchais déjà des deux jeunes hommes.

- Rien qui ne te regarde », me répondit Taurin d'un air mauvais.

« Robin s’est comporté en idiot. Il a essayé de s'enfuir et a refusé de nous écouter lorsque nous avons voulu le ramener à la raison, répondit Gildric d’un ton hypocrite.

- Je ne vous crois pas, lui répondis-je sèchement.

- Moi non plus, reprit Rippel en se plaçant à côté de moi. Depuis quand êtes-vous devenus si avenants ?

- Tu ferais mieux de ne pas t'en mêler, Rippel. Alys est nouvelle, mais toi, tu sais qu'il ne vaut mieux pas m'importuner.

- Qu'as-tu fait à Robin ? », reprit Rippel en serrant les poings.

Ses yeux devinrent bleu vif et son corps entier se gonfla. Drôle, énervant et menaçant… Rippel pouvait réellement passer en un claquement de doigts par toutes les attitudes possibles. Gildric m'écarta de son chemin et approcha dangereusement son visage de celui de Rippel. Il faisait au moins deux têtes de plus que nous. Il serra les poings à son tour et l'iris de ses yeux devint jaune. Il roula ensuite ses épaules en arrière, prêt à en découdre. Ainsi donc, j'avais la preuve qu'il possédait les mêmes pouvoirs que Taurin ; cela ne m’étonna guère.

Egon se décida à intervenir et sépara les deux adversaires par la seule force de ses bras. « Cela suffit, vous deux, commença-t-il avec un léger accent étranger. À moins que vous ne souhaitiez finir devant le roi Lim ».

Rippel reprit contenance rapidement alors que Gildric conserva encore un moment son regard onégien. « Tu as de la chance que ton chien de garde ne se trouve jamais bien loin. Protège tes arrières, mon ami. Il arrivera un jour où il ne sera pas juste à côté de toi pour m'empêcher de te réduire en poussière ».

Il se détourna d'un geste princier, Taurin sur les talons, et prit place sur une souche d'arbre mort à l'autre bout de la clairière. Ignorant l'air supérieur qu'il se donnait, je m'approchai d'Egon et de Rippel.

« Je suis désolée, commençais-je. Je n'ai pas réfléchi.

- Ne t'inquiète pas, tu as agi en accord avec tes valeurs. De toute façon, avec ou sans ton intervention, Rippel s'en serait mêlé. Les choses auraient fini de la même manière, pas vrai Ripp ?, interrogea Egon en lui tapotant amicalement l'épaule.

- J'espère que Robin n'a pas fait une trop grosse bêtise… Je me moque des menaces de Gildric, répondit Rippel en contemplant ses pieds.

- Je comprends, mais tu sais aussi bien que moi que défier Gildric en l'absence de Khalem ou de Will n'est vraiment pas une bonne idée. Tu en as déjà fait les frais plusieurs fois ».

Rippel baissa la tête davantage. Ce fut à cet instant exact que Will et Khalem firent leur grand retour. Will avait un air renfrogné. Quant à Khalem, il n'existait pas de mots suffisants pour décrire son mécontentement. De sa main droite, il soulevait le jeune Robin par le col de sa tunique.

« Nous retournons immédiatement au château, beugla-t-il. Une des règles vient d'être enfreinte et il est de notre devoir de solliciter audience auprès du roi Lim ».

 

De retour dans l'aile des ombres, nous fûmes contraints de retourner dans nos chambres respectives en attendant que les choses soient réglées ; personne ne protesta.

Avant de prendre la direction de mon couloir, je ne pus m'empêcher d'observer le jeune fauteur qui s'éloignait. Il se tortillait de douleur entre les mains de Khalem et son visage exprimait toutes les peines du monde.

 

Je ruminai longtemps dans ma chambre, attendant patiemment que tombe le verdict. Le silence qui régnait dans le couloir et les cellules voisines était écrasant. Je fus soudainement tirée de mes rêveries lorsqu'un bruit assommant se propagea dans l'entièreté de l'aile. Quelque chose de lourd semblait s’avancer sur les dalles en pierres du pavillon, au point d'en faire trembler les murs.

Une lueur étrange me voila ensuite les yeux et je me sentis perdre peu à peu mes esprits. Ma chambre disparut dans un tourbillon de lumière et j'eus l'impression de me retrouver prise au piège d'une dense fumée blanche. Lorsque la vision s’immobilisa, je paraissais flotter dans un espace infini, vide de chaleur et de lumière. Une voix ferme m'invita à me rendre immédiatement dans la salle de l'ordalie.

La vision disparut en un éclair et je me retrouvai à nouveau dans la chambre que je venais de quitter. Je restai coi, assise sur le bord de mon lit, pendant encore quelques instants, accusant la disparition du souffle d'énergie qui avait parcouru ma tête. Lorsque je sortis de ma léthargie, je quittai immédiatement la pièce. Les portes voisines s'ouvrirent au même instant et je suivis mes camarades qui marchaient silencieusement en direction du centre de l'aile des ombres.

Lorsque nous atteignîmes le vestibule, nous aperçûmes une large estrade surplombée par un piquet noir. Un homme cagoulé à la carrure large s'y tenait. Les jeunes s'agglutinèrent, en rang d’oignons, face à la nouvelle armature. La pièce, surchargée de monde, me semblait minuscule à présent et la belle dalle colorée qui en décorait ordinairement le centre avait disparu sous l'imposante structure en bois.

Trois hommes en armures complètes entrèrent, suivis directement du roi Lim en personne. Ce dernier grimpa l'estrade pour se placer à côté de l'homme cagoulé. À son arrivée, tous les jeunes posèrent un genou au sol, baissèrent la tête et mirent leur main droite sur leur cœur. Me sentant intensément observée par le roi, je n'eus d'autre choix que de me résoudre à les imiter. Ensuite, ce fut au tour de Will de nous rejoindre ; tout le monde se remit debout. Sa funeste expression n'augurait rien de bon. Enfin, Khalem entra. Il tenait de solides chaînes en acier qui liaient les mains de Robin. Notre maître monta à son tour sur l'estrade et enfonça les chaînes dans les mains de l'homme cagoulé. D'une violence dénuée de toute humanité, ce dernier attacha les chaînes au pilier.

Robin ainsi immobilisé, le roi écarta théâtralement les bras et se mit à parler : « Un incident grave s'est produit aujourd'hui, mes fidèles soldats. L'un de vous a commis l'irréparable en essayant de déserter. Ce faisant, il a fait preuve d'un fielleux irrespect envers moi ; envers nous tous. Bien heureusement, la sagesse m'empêche de succomber à la tentation en commettant moi aussi un acte malheureux. Je ne peux cependant prétendre qu'il ne s'est rien passé et laisser ce comportement impuni. Monsieur le bourreau, procédez ».

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Mila
Posté le 24/05/2024
Hello !
J'ai bien aimé ce chapitre. J'ai enfin compris l'histoire du réveil chaque matin... au moins ça motive x)
J'ai encore du mal à distinguer tus les soldats orphelins les uns les autres, mais ça va venir en lisant la suite, je pense.
J'avoue que au début je n'avais pas compris que Will était revenu, et au passage de la consoude, j'ai été assez perdue. Il appelle le commandant, Khalem, Will, il dit que ça va faire plaisir à Will mais Will est juste à côté... je n'ai pas trop compris. (et je me doute que mon explication n'est pas très claire, désolée)
Sion il y a toujours cette ambiance que j'aime bien, et le suspens est là ! J'ai hâte de savoir ce qu'ils vont faire à Robin. Le pauvre.

Deux petites coquilles :

"J'avais décidé de terminer la marche, juste derrière Savary et Louie..."
=> Ici "terminer" fait bizarre, le terme est plutôt "fermer" la marche.

"Je tombai à genou"
=> Alors soit je me trompe ( c'est bien possible ) ou alors non, et elle tombe sur un genou, car sinon ce serait pkutôt elle tombe "à genoux".

Après c'est juste parce que je chipote, ça veut dire que j'accroche !

Au plaisir de lire la suite !
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