Par la lucarne entrebâillée, le petit jour se lève.
C'est ici, à l'aurore, que nous la découvrons, telle qu'elle vint au monde.
Elle s'appelle Joséphine Smyth-Lacroze. Elle est nue et son corps, fait de l'écume de l'air, semble planer dans la lumière incertaine.
Un coude sur la cuisse, elle s'est endormie, s'abandonnant au rebord de la lunette. Dans cet engourdissement un rien grotesque, elle gémit par moment, exhale de modestes plaintes. Rachitiques, son pouce et son index retiennent le rouleau de papier dont une écharpe a fui, venant draper le rubis de ses ongles de pieds.
Ce vernis a vécu. Il s'est écaillé, s'est étiolé. Elle l'avait scrupuleusement posé trois mois auparavant, le jour de son trente-cinquième anniversaire, de ce temps où elle pouvait encore se déplacer chez elle sans vaciller.
C'est un vif mal de ventre qui a tiré Joséphine de sa nuit et conduite jusqu'au fond du couloir. Elle n'a pas vraiment marché pour atteindre son but. Elle s'y est plutôt traînée. Telle une chiffe. D'un pas somnambule. Valsant d'un mur à l'autre. Choquant un orteil sur cette plinthe, un avant-bras contre ce tableau. Dans un ultime effort, elle a giflé la porte. Et ses fesses décharnées sont venues s'écrouler là, dans ce lieu dit d'aisance.
Presque aussitôt, ce fut la perte de connaissance pour Joséphine. C'est la fin ! La fin ! pensa t-elle, avant que son buste ne ploie naturellement vers l'avant, puis s'affaisse à l'extrême.
Maintenant, son menton de chaton flotte entre ses genoux. Aux fines lueurs de ce matin naissant, s'éclairent graduellement les reliefs de son dos. De teinte ivoirine, sa peau est constellée de grains de beauté noir. Distendue, elle laisse entrevoir le triste aigu de ses omoplates. La tresse criarde de ses vertèbres. La grille diaphane de ses côtes saillantes.
Au rythme de sa respiration compliquée, sa petite croix en or oscille doucement sur l'ombre portée de ses seins devenus vestiges de chairs flasques. Cette croix d'athée, comme elle aime à le dire, c'est sa mère, Martha, qui lui avait offerte lors du dernier Noël, pour tenter, à bout de solutions, d'extirper sa fille de ses « ténèbres ». Et Joséphine l'avait acceptée à la suite d'un serment contre-nature, comme un vampire aurait tendu son cou vers un parfum d'eau bénite.
« J'ai vu d'autres pendaisons. Je n'ai jamais vu un seul de ces condamnés pleurer. Il y a longtemps que ces corps desséchés avaient oublié la saveur amère des larmes. Sauf une fois. L'Oberkapo du 52e kommando des câbles était un Hollandais : un géant, dépassant deux mètres. Sept cents détenus travaillaient sous ses ordres, et tous l'aimaient comme un frère. Jamais personne n'avait reçu une gifle de sa main, une injure de sa bouche. Il avait à son service un jeune garçon, un pipel comme on les appelait. Un garçon d'une douzaine d'années au visage fin et beau, incroyable dans ce camp... »
Comme la plupart des aliénations, celle de Joséphine Smyth-Lacroze avait germé dans sa plus tendre enfance.
Née d'un prêtre anglican, distant et autoritaire, et d'une mère intégriste, élevée au rang de Sainte par son mari, la structuration de sa personnalité s'était construite dans l'idéalisation excessive de ces deux caractères forts. Soumise à cet étau castrateur, privée de tendresse et de droit au sens critique, son désir œdipien refoulé l'avait alors plongé dans une muette revendication d'amoureuse blessée, puis, de guerre lasse, dans un renoncement mortifère.
Peu d'enfants auraient pu supporter un tel endoctrinement mystique où se glissait si souvent le « non possumus » infranchissable - cette parole christique plus forte que la puissance de tous les rois – qui infantilisait le moindre de ses actes, la moindre de ses pensées. Car pour le couple Smyth-Lacroze, pétri de théories abstraites, l'âme qui s'incarnait ne pouvait être que frustre et froide, oublieuse d'elle-même. Ils avaient accueilli Joséphine, leur aînée, non point comme une petite fille adorable, mais comme une coque vide détachée du néant, plus ou moins démoniale, qui aurait hasardeusement chuté dans la matière.
Somme toute, ils l'avaient accueilli fins prêts, persuadés que seule la connaissance vraie, insufflée par leurs soins, lui permettrait de se diriger à bon escient à travers ses limbes, de retrouver l'un après l'autre tous ses atomes d'excellence. Dès lors, respectant avec ferveur leur mission parentale, les Smyth-Lacroze s'étaient mis à forger à leur image leur « stupide petite émanation ».
Alternant les sermons et les cours d’instruction religieuse, ils lui avaient enseigné sans tarder les vertus cardinales, l'étendue de leur piété. Ils lui avaient appris très tôt à discerner le pur de l'impur, l'ordre du désordre, l'indolence à la pénétration intellectuelle, afin de réformer en finesse sa divine amnésie. Leur désir n'était pas seulement de lui inoculer les bonnes manières, ni de la faire évoluer plus loin que Dieu ne permettait à l'homme, mais de lui transfuser ce don de l'équilibre qui avait su préserver si bien leur santé mentale, et celle de leurs chrétiens aïeux à travers la turpitude des siècles.
Ainsi Joséphine - tout comme son frère et sa sœur - avait baigné dès son plus jeune âge dans ces camomilles amères où le nom des apôtres revenait sans cesse, où l'amour du prochain le disputait à la crainte du serpent, où le credo de la compassion n'excluait pas l'aversion nécessaire de tous les êtres nuisibles. Et la fillette avait dû surnager dans ce salmigondis dualiste comme elle avait pu : tendant une oreille réceptrice à ses éducateurs, assourdissant l'autre lorsque l'homélie melliflue devenait interminable.
Le gros de ces laïus se déroulait bien souvent à table, cette petite prison de l'enfance dont nul ne s'échappe sans avoir avalé sa tranche de domestication. Joséphine devait non seulement avoir les mains immaculées, se tenir droite, mastiquer en silence, mais surtout elle devait écouter religieusement tout ce qui sortait de la bouche de ses parents. Il en est cependant des catéchèses trop précoces comme de l'offrande d'un plat inconnu à un enfant. On ne peut savoir à l'avance si ses papilles prendront plaisir au nouveau mets proposé. Quasiment à travers chacune de ses bouchées, Joséphine faisait sentir que la nourriture céleste l'incommodait bien plus que les nutriments présentés. Déconcertés par les grimaces de leur rétive, les Smyth-Lacroze tentaient alors de forcer un peu les choses, usant d'allégories aussi absconses que farfelues. Ils lui assuraient par exemple que les épinards étaient bénis dès l'aurore par les archanges afin de favoriser le saint développement de son cartilage. Ils lui assénaient que les carottes étaient imprégnées de saint chrême, ce qui la rendrait aimable aux yeux de Dieu, et que les lentilles pleines de fer feraient surgir en elle le char du dévot, ce qui rendrait invincible sa foi. Ils lui vantaient les bienfaits des légumes les plus repoussants aux yeux des enfants : navets, choux de Bruxelles, brocolis, betteraves étaient censés lui apprendre la tolérance, lui faire prendre en pitié le mendiant plein de poux, le bossu, l'éclopé. Et lorsque cela ne passait vraiment pas, lorsque la miséricorde était recrachée, ils christianisaient ses répulsions, ses moindres réflexes de déglutition. Jamais ils ne cherchaient à flatter son sens du goût, toujours ils la gavaient de ce fortifiant spirituel qu'ils avaient ingurgité eux-mêmes à la petite cuillère lorsqu'ils étaient petits.
Entre deux jeux d'éveil, à brûle-pourpoint, venaient s'engouffrer dans le cœur de Joséphine les Béatitudes du discours de Jésus sur la montagne, la prière du Notre Père, et les injonctions contre la loi du talion, que ses géniteurs croyaient inscrits dans un processus pédagogique millénaire sacré, réfléchi et balisé. Lors de ses bains d'eau froide, Joséphine devait encore assimiler que le gant de crin n'était pas pénitence, mais qu'il frottait sa peau uniquement pour tonifier son sang chrétien. Si elle parvenait à ne pas trembler, la tendresse d'une serviette éponge venait bientôt l'envelopper. Si, par malheur, elle se mettait à claquer des dents, elle était bonne pour apprendre à sécher à l'air libre. Ainsi, tout devenait prétexte à aiguillonner, à exciter pernicieusement sa foi. Un tour de manège se méritant, ce n'était jamais sa mère ni son père qui autorisaient la récompense d'un carrousel, mais le Bon Dieu, parce qu'Il avait vu du haut de son nuage que Joséphine avait été remarquablement sage. Au square, si elle se faisait chahuter par d'affreux garnements, c'était encore, à point nommé, cette biblique évidence qu'on lui prodiguait sur l'instant : « Si l'Homme est devenu aussi mauvais, c'est parce qu'il a osé goûter un jour au fruit défendu de l'arbre de la Connaissance du bien et du mal ».
C'est vers l'âge de dix ans que le doute avait commencé à s'immiscer timidement dans l'esprit de Joséphine. Un jour que sa mère lui avait demandé de déclamer, sans un oubli, la liste des miracles du Christ, Joséphine avait été prise d'une aperception qui l'avait plongée progressivement dans l'embarras. Elle avait d'abord ouvert de grands yeux ronds en décrivant la balade à pied du Messie sur le lac de Tibériade. Car plusieurs fois, elle avait essayé de reproduire ce prodige dans le bassin de la piscine, sans faire mieux que de couler comme un vulgaire caillou. Puis, elle s'était tortillée sur place, en petite vipère, lorsqu'elle avait tenté de s'imaginer la multiplication des pains, et l'eau changée en vin, et la résurrection du pauvre Lazare qu'on obligeait à subir les affres de la mort une seconde fois. Enfin, elle n'avait pu réprimer un ricanement en récitant la guérison de l'oreille coupée, et la guérison des dix lépreux. L'image drolatique de cette oreille coupée et la sonorité quelque peu absurde du mot « lépreux » avaient déclenché dans son esprit sa toute première confusion.
Sa punition avait été à la hauteur de l'affront porté à sa mère. Durant trois heures, elle avait dû se tenir à genoux sur un bouquet d'orties, en psalmodiant son acte de contrition. Mais durant ce châtiment, elle n'avait jamais souffert. Elle s'était juste contentée de repenser à l'histoire du « Petit Chaperon Rouge », et à ce que ses parents avaient fini par lui révéler pour moquer sa naïveté : « Que croyais-tu pauvre idiote ? Ce n'est qu'un conte allégorique et mensonger. As-tu déjà vu un loup se travestir en grand-mère ? ».
Bientôt, dans la thébaïde de sa jeune raison, seule l'incrédulité de Saint-Thomas parvint encore à trouver un peu de grâce à ses yeux. Son esprit moins alourdi commença doucement à s'identifier au bon sens terrien du sceptique apôtre. Ainsi, il y avait une possibilité de se méfier des mystères, de croire en Dieu tout en réprouvant l'insensé, se mit-elle intimement à penser. Plutôt que de gober tout cru le ouï-dire, la Bible vantait le droit de pouvoir observer de ses yeux les marques du crucifié. Il était permis d'obtenir des preuves tangibles, d'enjoindre l'irrationnel à se justifier : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.» Saint-Thomas avait osé demander cela à ses camarades ébaubis à leur retour de la « grotte vide », et personne ne l'avait pris pour un extravagant.
Les Smyth-Lacroze avaient bien renseigné Joséphine sur le lavage des mains de Ponce Pilate, sur l'agonie du Christ au Golgotha, et même sur cet anonyme soldat romain qui lui avait donné à boire avec une éponge imprégnée de vinaigre. Mais de crucifié, revenu d'entre les morts, jamais ils ne lui en avaient présenté le moindre.
Devenue graduellement rétive aux psaumes et aux génuflexions, elle accompagnait toujours, pliante et docile, ses parents à l'église, mais tenait dorénavant son âme à l'écart des autres. Dès les premières paroles de la célébration, ses tibias commençaient à cogner doucement le prie-Dieu, comme un réflexe discordant, imperméable. À chaque frappement, le mantra de son corps paraissait dire « non » aux actions de grâce, aux louanges adressées à Dieu le Père. Elle parvenait ainsi tout au fond de son cœur à se fabriquer une absence, au nez et à la barbe des bigots endimanchés qui la cernaient.
Vite ennuyée, tannée par les amen, elle s'enfermait dans une sorte de linceul invisible d'où elle pouvait alors observer à sa guise les attitudes et les mimiques des fidèles qu'elle comparait maintenant à de stupides cierges piqués dans les travées, puisqu'à ses yeux ils en possédaient la pâleur, le teint cireux, l'indolente verticalité. Plus marqués de lassitude que véritablement recueillis, la plupart d'entre eux lui donnaient d'ailleurs l'impression de bayer aux corneilles, de prolonger leur grasse matinée au fil de la liturgie. Ils réagissaient aux consignes de la cérémonie comme de tendres moutons, sans avoir une réelle conscience de leurs gestes ou de ce qu'ils entendaient : « Maintenant, c'est debout ! », « Maintenant, c'est assis ! », « Maintenant, on s'agenouille ! ». Même la voix de fausset du prêtre ne semblait pas les déranger outre mesure. Elle semblait simplement les bercer, les rassurer, les consoler sans doute du harassement et des hontes de la semaine passée.
Quelquefois, elle laissait de vagues bribes de la Bible parvenir jusqu'à ses oreilles. Mais ce charabia d'un temps révolu ne lui apportait plus que le sentiment d'être veule, ou une parfaite idiote incapable de transporter son esprit dans l'obscur passé de tous ces êtres qu'on disait remarquables. Genèse, Exode, Deutéronome, Ésaïe, Jean chapitre cinq, Apocalypse, tous ces versets désuets se mélangeaient, s'évaporaient presque aussitôt dans son cerveau. Elle n'y comprenait plus rien, ne faisait plus aucun effort pour se laisser évangéliser. Ainsi, lorsque le prêtre faisait référence aux Pharisiens, Joséphine pensait que sa langue fourchait peut-être, ou qu'il zozotait, et voulait dire en fait les Parisiens.
Quant au Christ écartelé sur sa croix, elle s'était mise à le craindre bien plus qu'à ne le plaindre. Cette couronne d'épines, ces pieds, ces mains cloués, tout ce sang ruisselant sur son flanc anormalement brillant, la mettaient mal à l'aise.
On le chantait ressuscité ce fameux Jésus de Nazareth, on louait son Ascension, son infinie bonté, mais l'image qu'il renvoyait au fond de la nef n'était aux yeux de Joséphine que celle d'un repoussant cadavre exposé sans sépulture.
Mais ce qu'elle redoutait surtout de plus en plus était le moment de la communion. Elle devait se faire violence pour avancer jusque devant le prêtre, sachant que mâchouiller l'hostie lui donnerait des haut-le-cœur, sachant qu'elle aurait bientôt dans la bouche le goût d'un mort et dans l'esprit des pensées sacrilèges et vomitives.
Jusqu'à l'âge de treize ans, Joséphine avait su taire son calvaire immatériel. Et puis, découvrant un beau jour l'arme de la duplicité, elle s'était dédoublée. Elle avait continué à offrir à ses parents les risettes d'une future grenouille de bénitier, cependant qu'elle captait dans son miroir, et se laissait séduire, par l'éclatant sourire de son libre-arbitre.
C'est à cette époque que Joséphine avait commencé à s'inventer sa « propre vérité » dans le plus grand secret.
Peu de temps après être devenue confirmande, c'est à la suite d'un troublant attouchement, générant sa première véritable extase, qu'elle s'était mise à douter sérieusement en l'hypothèse d'une Puissance Supérieure qui aurait passé son éternité à espionner et juger ses créatures. Durant les jours suivants, elle avait encore questionné sa chair, et sa chair lui avait répondu, comme jamais Dieu ne l'avait fait auparavant. Qui plus est, aucune foudre du Ciel n'était venue interrompre le ravissement de ses caresses. Si son sexe était source de transgression, alors ses petits doigts étaient des anges capables de pouvoir absoudre tous les péchés de son intimité.
Dès lors, ne tendant plus chaque soir ses mains jointes vers l'Invisible, mais entre les doux replis de sa peau ressuscitée, elle avait fini par suspecter que l'essence puisse avoir un jour précédé l'existence. Ayant trouvé dans ces plaisirs solitaires la perception de son ipséité – cette preuve tangible que toute personne est unique, absolument distincte d'une autre - la contestation dissidente n'avait pas tardé à envahir tout son cœur.
Elle avait joui de son vivant et sur la Terre. Insensiblement, elle était devenue païenne, et se jura de ne plus jamais croire aux balivernes des prophètes qui décrétaient qu'il fallait endurer les souillures du pandémonium pour mieux goûter aux béatitudes de l'après-vie.
Devenue enfin adulte, sa mécréance n'avait fait que se renforcer, jusqu'à devenir défiance. Lorsqu'il lui arrivait encore de se représenter Dieu mentalement, elle ne pouvait l'imaginer autrement que comme un gribouillis d'enfant, lequel tente de reproduire son père à l'image d'un risible bonhomme têtard. Aussi bien dans son cœur que dans son âme, cette entité n'était plus personne, n'existait plus. Joséphine était parvenue à tuer humainement celui qui, soidisant, lui avait donné la vie.
Son amour et sa foi, elle préférait maintenant les réserver aux êtres de chair et d'os, à ceux qui souffraient réellement, aux vrais crucifiés du monde physique.
« À Buna, on haïssait les pipel : ils se montraient souvent plus cruels que les adultes. J'ai vu un jour l'un d'eux, âgé de treize ans, battre son père parce que celui-ci n'avait pas bien fait son lit. Comme le vieux pleurait doucement, l'autre hurlait : « Si tu ne cesses pas de pleurer tout de suite, je ne t'apporterai plus de pain. Compris ? » Mais le petit serviteur du Hollandais était adoré de tous. Il avait le visage d'un ange malheureux. Un jour, la centrale électrique de Buna sauta. Appelée sur les lieux, la Gestapo conclut à un sabotage. On découvrit une piste. Elle aboutissait au block de l'Oberkapo hollandais. Et là, on découvrit, après une fouille, une quantité importante d'armes ! L'Oberkapo fut arrêté sur le champ. Il fut torturé des semaines durant, mais en vain. Il ne livra aucun nom. Il fut transféré à Auschwitz. On n'en entendit plus parler. Mais son petit pipel était resté au camp, au cachot. Mis également à la torture, il resta, lui aussi, muet. Les S.S le condamnèrent alors à mort, ainsi que les deux autres détenus chez lesquels on avait découvert des armes. »
Ce fameux soir de Noël, contre toute attente, Joséphine avait accepté d'accrocher à son cou le symbole de la croix. Non pour renier soudain son athéisme, mais pour en finir une fois pour toute avec les suppliques de sa mère qui ne savait plus à quel saint se vouer pour aider sa fille déclinante.
Elle avait cependant refusé d'accompagner sa sainte famille à la messe de minuit. Mais, juste après la bûche, au moment des cadeaux, elle avait promis à tous de prier le Seigneur pour lui demander secours. Médusés par ce geste courageusement hétérodoxe, son frère et sa sœur l'avaient applaudie et couverte de baisers. Quand d'autres tantes et cousines en avaient pleuré à chaudes larmes. Submergée par l'émotion, sa grand-mère maternelle s'était même laissé glisser sur sa chaise, victime d'une pâmoison.
Le lendemain soir, ranimant ses vieux instincts juvéniles, Joséphine s'était alors mise à genoux au pied de son lit. Comme naguère, elle avait fermé les yeux et joint ses mains. Par trois fois, elle avait essayé de formuler sa requête. Elle avait imploré Dieu, fait sa pantomime, telle une comédienne novice qui monte pour la première fois sur scène, et navigue, un rien honteuse, entre la gêne et le seuil de l'hilarité.
- Il y a quelqu'un ? Vous m'entendez ? avait-elle murmuré. Pardon de parler si doucement, mais je ne suis pas certaine de ce que je fais. Pardon monsieur Bras, pardon monsieur Grand, avait-elle cette fois doucement ricané. J'ai fait cette promesse stupide à ma mère, de vouloir aller mieux. Mais si vous devinez un peu ce que j'ai au fond des tripes, vous savez que ce n'est pas vrai. Je suis très bien comme cela. C'est exactement ainsi que je veux être, bercée par cette volonté radieuse de vivre et ce gourmand désir de mourir. Maintenant, faites de moi ce que bon vous semble, je m'en fous royalement.
Comme elle s'y était attendue, monsieur Bras, monsieur Grand, ne s'était pas manifesté. Il n'avait pas fait bouger le moindre meuble. Il n'avait pas parcouru son cœur du moindre frisson. Et bientôt Joséphine s'était couchée comme une infidèle triomphante, définitivement délivrée de son serment, au côté de son mari endormi.
« Un jour que nous revenions du travail, nous vîmes trois potences dressées sur la place d'appel, trois corbeaux noirs. Appel. Les S.S. autour de nous, les mitrailleuses braquées : la cérémonie traditionnelle. Trois condamnés enchaînés, et parmi eux, le petit pipel, l'ange aux yeux tristes.
Les S.S. paraissaient plus préoccupés, plus inquiets que de coutume. Pendre un gosse devant des milliers de spectateurs n'était pas une petite affaire. Le chef de camp lut le verdict. Tous les yeux étaient fixés sur l'enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L'ombre de la potence le recouvrait.
Le Lagerkapo refusa cette fois de servir de bourreau. Trois S.S. le remplacèrent.
Les trois condamnés montèrent ensemble sur leurs chaises. Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants.
- Vive la liberté ! crièrent les deux adultes.
- Le petit, lui, se taisait.
- Où est le Bon Dieu, où est-il ? demanda quelqu'un derrière moi.
Sur un signe du chef de camp, les trois chaises basculèrent.
Silence absolu dans tout le camp. À l'horizon, le soleil se couchait.
- Découvrez-vous ! hurla le chef de camp. Sa voix était rauque. Quant à nous, nous pleurions.
- Couvrez-vous ! »
Durant des années, Joséphine Smyth-Lacroze avait espéré pouvoir s'en sortir seule. Mais ce n'était plus possible à présent. Elle avait dépassé depuis trop longtemps tous les caps du ressaisissement.
La stimulation nigaude de sa mère lui répétant en boucle que son métabolisme devait manquer de fer, le réconfort incessant de Jeanne, sa meilleure amie, l'amour de son mari et de sa fille, les multiples prises d'antidépresseurs ou encore ses cures de sommeil dans la maison estivale de l'Île d'Yeu, rien n'avait pu provoquer chez elle la moindre secousse salutaire. Car l'obsession de Joséphine n'était pas de celles qui se volatilisent d'elles-mêmes au sortir de longues léthargies.
Vers l'âge de vingt-cinq ans, ses meurtrissures d'enfance s'étaient réveillées et n'avaient fait que croître et torturer sa mémoire, comme celle d'un vétéran revenu d'une guerre sans fin.
Cependant, après avoir absorbé patiemment tous les fluides de sa vigueur, rogné tous les contours de sa réalité, son étrange syndrome avait cruellement progressé ces trois derniers mois. Il avait commencé à grignoter son altière silhouette, à la bouffer de l'intérieur. Kilo après kilo. En l'espace de quelques semaines, Joséphine était passée d'une taille 38 à une taille 32.
De constitution gracile, elle n'avait jamais été très en chair. Mais dorénavant, sa gracieuse forme d'amphore avait pris l'allure d'un émouvant squelette ambulant.
Jour après jour, elle avait perdu le goût de se regarder. À quoi bon solliciter un miroir qui ne vous renvoie plus que l'image d'une beauté perdue, dévastée ? se disait-elle. Était-ce encore Jo, ce front marqué de cassures, ce regard inquiet aussi terne qu'une cigarette éteinte, ces cernes profonds et noirs, ces joues évidées, ces lèvres gercées qui tournaient au bleu ? Mais non, il n'y avait plus de Jo « là-dedans » ! Son intellect l'avait insidieusement noyé dans ce passé tragique où exultaient la mort et la désolation.
Pourtant, elle ne regrettait rien. En définitive, elle était parvenue à atteindre son but. Elle ressemblait maintenant à ces tristes efflanqués qui regardaient d'un air ahuri le cameraman derrière l'entrelacs des barbelés, avec ces regards vides de mouche. Elle leur ressemblait enfin corps et âme. Elle ressentait au plus profond de ses entrailles ce qu'ils avaient dû probablement ressentir : ni joie ni souffrance, ni rancune, ni haine. Juste cette impression hagarde de flotter dans le néant, sans Dieu, sans hommes, sans pensées, sans mémoire.
Montrer « ça » aux voisins et aux passants n'eut été que provocation et indécence. Par ailleurs, elle n'avait nul besoin de leur pitié. L'expiation quotidienne qu'elle s'infligeait elle-même lui suffisait amplement.
Il y a deux mois environ, s'apprêtant à sortir, les yeux maquillés, les joues poudrées, elle avait ouvert le verrou de sa porte d'une main absente. Elle avait regardé un long moment ses doigts osseux posés sur le bouton. Puis elle l'avait refermé dans l'autre sens.
C'est depuis ce jour-là que Joséphine avait décidé de s'incarcérer chez elle à tout jamais.
Dès cet instant, elle ne fuma plus. Elle jeta ses cendriers à la poubelle. Elle n'enfila plus un pantalon, plus une jupe, plus une robe. Plus un soutien-gorge. Plus une culotte.
Et puis elle se jura de s'affamer au fil des jours prochains, méthodiquement.
Afin de paraître encore un peu digne aux yeux de son mari et de sa fille, elle ressortit de ses vieux cartons sa robe de chambre d'adolescente, couleur bois de rose. Ce chiffon effiloché, vieux de dix-sept ans, était justement celui dans lequel elle avait commencé à lire tous ces ouvrages affreux, toutes « ces saloperies d'apitoiement ».
Qui donc d'ailleurs lui avait donné ce premier bouquin, en l'assurant qu'il changerait à jamais son regard sur la vie ? Une amie du lycée ? Un professeur d'histoire ? Un parent proche ? Un beau ténébreux rencontré lors d'une soirée arrosée ?
Elle ne s'en souvenait plus vraiment.
Ce dont elle se rappelait par contre, c'était la force de persuasion que cet individu avait imprimé dans chacun de ses mots en lui plaquant l'ouvrage dans la main :
- Il faut que tu lises ça, absolument ! C'est cadeau !
C'était un vieux livre de poche à la couverture froissée qui avait dû passer entre de nombreuses mains ou avoir été lu par un idolâtre.
Elle lut son titre et le nom de son auteur, c'était : « La nuit » d'Elie Wiesel.
- C'est l'homme tel qu'il est vraiment : un insecte sans conscience ni boussole. C'est la preuve éclatante qu'il n'y a jamais eu de Dieu. C'est émotionnellement très fort, avait surenchéri son donateur providentiel. Si tu veux comprendre ce qu'est la solitude, la déshérence humaine, oublie tous les classiques, tous les romans creux. Ne lis plus que ça !
« Ne lis plus que ça ! »
Combien de fois ces derniers mots avaient-ils pu résonner dans la tête de Joséphine ? Assurément des dizaines et des dizaines fois.
Croyant pour la première fois entendre parole d’Évangile, Joséphine avait alors gobé la propagande de son fugace mentor comme une stupide éponge.
Et elle n'avait plus jamais lu que « ça ».
Jusqu'à la déraison.
« Puis commença le défilé. Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n'était pas immobile : si léger, le petit garçon vivait encore…
Plus d'une demi heure, le pipel resta ainsi, à lutter entre la vie et la mort, agonisant sous nos yeux. Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant lorsque je passai devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints.
Derrière moi, j'entendis le même homme demander :
- Où donc est Dieu ?
Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :
- Où il est ? Le voici. Il est pendu ici, à cette potence.
Ce soir-là, la soupe avait un goût de cadavre. »
Émergeant à peine de sa brume, Joséphine écarquille à présent les paupières et se rend compte de l'absurde de sa position sur la lunette des toilettes. Elle voudrait en rire, mais elle n'a même plus cette force. Ankylosée, elle a bien du mal à se redresser. Sa tête est encore lourde et elle lui tourne un peu.
Comme elle a déféqué, juste avant de sombrer, ses narines sont instantanément choquées par sa propre odeur de pourriture. Cependant, malgré son abandon, son délicieux cauchemar n'a toujours pas disparu.
Son sens de la réalité s'est encore altéré. C'est à peine si elle reconnaît le décor, le carrelage blanc sous ses pieds, la pile de vieux magazines Géo écroulée sur le côté, ce poster d'angelots nageant en plein ciel qu'elle avait collé sur la porte intérieure de ses toilettes afin d'attendrir les regards de sa fille.
Tout cela lui échappe un instant. Et durant cet instant, son esprit flotte, la ramène « là-bas », dans les sombres latrines au milieu des déportés, qui chient et grelottent sur leurs bancs percés, en rangs serrés.
Elle se relève avec effort. Pose le rouleau de papier hygiénique sur le rebord de l'étroit lavabo. Appuie machinalement sur le bouton-poussoir de la chasse d'eau. Saisit le moignon de savonnette. Tourne le robinet d'eau chaude et se frotte plus particulièrement la main droite sur laquelle elle vient de repérer quelques traces de matières fécales.
Mais voici qu'un rien ravivées, ses terminaisons nerveuses lui rappellent également sa douleur diffuse, puisque depuis une semaine, son corps a atteint l'extrême limite du relâchement. Il est maintenant si exténué qu'il lui semble craquer de toutes parts. Et, de fait, la position debout lui est devenue un supplice.
C'est sans doute l'une des dernières fois de sa vie qu'elle se rend aux toilettes. Elle le pressent, soudain.
En fermant le robinet, un vertige la prend. Elle se raccroche in extremis d'une main à la serviette pendue. Puis de l'autre, au lavabo.
Statufiée, le souffle pénible, elle s'interroge alors : « Combien de temps vais-je pouvoir encore tenir ainsi, avant l'arrivée des Russes ? ».
Car si depuis peu son corps l'abandonne, son esprit également se déchire en lambeaux : lambeaux de propos erratiques, d'hallucinations auditives où elle croit entendre des trains cahoter sur des rails, des aboiements de chien féroces, des râles et de poignants sanglots. Triste déraillement d'une femme qui fut hier intelligente et possédait le don précieux de transmettre aux autres son savoir, sa sensibilité ! Triste parcours d'une professeure d'histoire qui fut remerciée par l'Éducation Nationale car elle ne pouvait plus se résigner à farcir le crâne de ses élèves du « Devoir de mémoire de l'Holocauste ».
C'est la semaine passée que Joséphine Smyth-Lacroze avait donné les premiers signes avant-coureurs de sa démence. Qu'elle avait commencé à appeler sa fille Pauline, Ruth, et son mari Julien, Eléazar.
Un matin, à la porte, alors que Julien partait à son travail et Pauline à l'école, elle leur avait dit ceci :
- Ne vous en faites pas pour moi, ça va aller. J'ai trouvé une bonne cachette sous le châlit entre deux cadavres. Ils ne me verront pas. N'oubliez pas ce soir, le rendez-vous au block 11. J'ai des choses importantes à vous révéler. Vous aurez bientôt la délivrance et le bonheur, ne vous inquiétez pas.
Père et fille étaient restés anéantis un instant, incapables de lui rétorquer la moindre parole apaisante.
Le soir, Julien était rentré sur les coups de huit heures et n'était pas parvenu à pénétrer chez lui immédiatement. Comme sa femme s'était endormie contre elle – attendu qu'elle y était sans doute restée accolée depuis le matin - il avait dû forcer sur la porte en souplesse, soulever Joséphine et ses infimes râles pour la ramener dans le lit.
Cinq jours plus tard, il avait trouvé sa fille seule dans sa chambre qui faisait ses devoirs. Il lui avait demandé : - Elle n'est pas là maman ?
- Non !
- Comment ça ?
- Je ne sais pas où elle est, je t'assure. Peut-être en courses !
- Mais comment veux-tu qu'elle soit en courses, Pauline. Elle ne tient plus debout.
Aussitôt pris d'une sourde panique, père et fille s'étaient mis à chercher Joséphine dans tout l'appartement : sous le lit, dans la penderie, derrière les rideaux et les portes.
C'est alors que, provenant de la cuisine, ils avaient entendu une petite voix brisée par l'angoisse :
- Ruth, Éléazar, c'est vous ?
Pourtant, nulle présence dans la cuisine !
Pauline s'était mise alors à pleurer :
- Maman, maman ! Mais pourquoi tu fais ça ?
Julien avait soudainement ouvert le placard sous l'évier et découvert sa femme contorsionnée en chien de fusil, la tête entre ses cuisses, au beau milieu des produits d'entretien.
Comme Joséphine ne parvenait pas à déplier ses membres, il avait soulevé délicatement son corps de plume, tel quel, pour venir le déposer sur le lit de la chambre. Puis il avait commencé à masser doucement ses membres atrophiés pour tenter de leur rendre leur flexibilité. Enfin, il avait proféré ces mots, sur un ton des plus calmes :
- C'est fini, maintenant, Jo ! Tu vas m'écoutez ! Je vais appeler une ambulance.
- Non, s'il te plaît, ne fais pas ça !
- Si, je vais le faire.
- Mais pourquoi ?
- Il nous faut un brancard. Je ne peux pas te transporter dans cet état, Jo.
- Attends encore un peu, je t'en prie. C'est pour vous que je fais tout ça.
- Et moi, c'est parce que je t'aime que je vais le faire, Jo.
- Je ne pourrai plus vous être utile si tu m'emmènes là-bas. Ici, du mirador, je peux encore les diriger vers vous.
- Quel mirador, Jo ? Qu'est-ce que c'est encore que ce délire ?
- Maman, arrête s'il te plaît, ARRÊTE ! avait crié soudain Pauline, au comble de sa détresse, en se bouchant les oreilles.
- Ruth, mon amour, garde ton calme, écoute-moi. Tu es intelligente, tu vas comprendre. Je ne vais pas du tout mourir, je vais juste m'envoler comme un oiseau. Vous allez pouvoir profiter de ma ration de soupe et de pain. Vous allez pouvoir reprendre des forces et attendre leur arrivée.
- Mais papa, comment tu peux la laisser dire des choses aussi débiles ? Pourquoi tu ne réagis pas ? Pourquoi tu ne l'appelles pas cette ambulance ?
- Je vais le faire !
- Mais arrête de le dire ! Fais-le !
- Ce n'est pas si facile, tu sais.
Si Julien mettait autant de temps à réagir, c'est parce qu'il adorait son épouse. Joséphine était la seule femme qu'il n'avait jamais aimée dans sa vie, et sans doute même le seul être humain. Leur rencontre n'avait pas été hasardeuse. Elle avait parachevé sa quête d'idéal, bien au-delà de ses espérances, jusqu'à atteindre le sublime. Lui qui se croyait insensible à toutes choses, déchiré de solitude dans ce monde dénué de constante tendresse, il avait découvert à travers Joséphine son pouvoir d'aimer « l'Autre » avec la même ferveur que l'on peut aimer un dieu. Elle lui avait démontré qu'aimer l'autre d'un amour inconditionnel, à hauteur d'homme, sans crainte d'y perdre tout son cœur, était chose possible. Comme les fleurs ont besoin d'eau et de lumière, Julien s'était laissé bercer patiemment par cet amour pour construire et parfaire sa chimère. Joséphine était devenue le mètre étalon de son âme pour trouver le pas juste, le mot juste, le regard juste qu'il devait porter sur le monde, afin que son espoir en l'Homme n'eut pas été vain. Revenu lui-même des idoles, du bouddhisme et du christianisme, Joséphine était ce modèle d'humanisme humain qu'il avait toujours rêvé de croiser sur son chemin depuis son adolescence. Elle lui avait appris à vivre et à aimer en adulte, en pensant chaque jour à la mort. Non point par fascination du morbide. Mais tout au contraire, pour chercher ce qu'il convenait de faire ici et maintenant, dans la joie, avec ceux qu'il fallait aimer et que l'on allait forcément perdre, à moins qu'ils ne nous perdent avant. Même s'il était encore infiniment loin de posséder sa sagesse, Julien était certain que l'apparente folie douce de sa femme constituait le couronnement d'un humanisme exceptionnel enfin débarrassé des illusions de la métaphysique et de la religion.
C'est pour toutes ces raisons qu'il ne pouvait se résoudre à délaisser celle qu'il avait – enlisée dans sa propre folie douce - élevée au rang de pionnière ayant dix mille ans d'avance sur le devenir du Chaos Cosmique et de l'Esprit Humain.
- Appelle papa, appelle, ou sinon c'est moi ! avait insisté Pauline.
- Ruth, tu vas pouvoir récupérer ma robe de chambre, comme cela tu supporteras mieux le froid glacial.
- Tu es complètement folle, maman !
- Vous entendez ? l'avait coupé sa mère en se redressant légèrement.
- Quoi ?
- Le bruit des canons ?
- Par pitié, Jo !
- Ce sont les Russes qui doivent bombarder Cracovie ! Cracovie est sur le point de tomber. Votre libération est proche. Ma vie n'aura pas été vaine. Je ne sens plus le froid. Je suis si heureuse de pouvoir vous sauver.
- Je t'aime Jo ! l'avait-il tendrement enveloppée de ses bras.
- Oh, monsieur Bras, comme tu es fort, comme tu es Grand !
Et puis, les larmes de Julien s'étaient mises à tomber sur le clavier de son portable tandis qu'il composait le numéro du SAMU.
j'ai repéré 2 coquilles : librearbitre et soidisant. On dirait que les tirets n'apparaissent pas car j'ai l'impression que tu les a pourtant bien mis.
Le dernier paragraphe très long et monobloc, sans aération, m'a découragé je l'avoue. D'autant qu'il y a des asterisques qui pourraient devenir des coupures nettes pour scinder le tout.
Hormis cela, le texte est très beau, riche, poétique, très bien écrit, beaucoup de vocabulaire complexe et d'émotions, la personnalité de Joséphine est très intrigante, et les références historiques sont prenantes.
Il manque de l'action à mon goût, du dialogue aussi, mais ton objectif semble être de faire de la narration pure.
Je reviens finir de lire si tu acceptes d'aérer le dernier paragraphe monobloc :D
A bientot
Bien à toi
1 - La descente aux enfers
2 - L'Hôpital psychiatrique
Bref, j'ai un peu honte que tu l'aies lu ainsi.
À bientôt !
Par contre pour les tirets de dialogue je t'invite à mettre plutot des cadratins
j'ai repéré un petit accroc :
"- Le petit, lui, se taisait. " je crois que c'est du narratif, non ? donc sans tiret
A+ !