Le cœur de Yu battait au rythme lent de ses pas, tandis que ses poumons filtraient calmement l’air artificiel. Le manomètre de son scaphandre indiquait deux bars. De ce que lui avait expliqué Petter, cette jauge grimperait bien plus haut au cours de son périple.
— Continuez comme ça, vous vous en sortez très bien. Essayez de sentir la pente. Dirigez-vous vers le plus profond en suivant le manomètre si vous le pouvez. Sinon, faites-le à l’instinct.
À l’instinct ? Quel instinct pouvait-on avoir en un tel lieu ? Yu observait les reflets lumineux qui miroitaient sur le sol. Sous ses semelles lestées, un sable fin et poussiéreux s’éparpillait au moindre mouvement. Ainsi qu’il lui avait été demandé, elle évitait soigneusement de marcher sur les bosquets qui parsemaient le terrain. Leurs tons verts-bleus auxquels se mêlaient des touches orangées paraissaient délavés, comme si les faibles courants les avaient trop frottés les uns aux autres. Ces tentacules évanescents, allongés et lascifs, dansaient sans volonté dans l’eau claire.
Ses premiers pas lui avaient demandé beaucoup d’attention. Le scaphandre, malgré son exosquelette intégré, la transformait en un être lourd et pataud. Chacun de ses mouvements se voyait ralenti par le mécanisme et par l’eau, dans une sensation qu’elle aurait rapproché de l’apesanteur. Cependant, suite aux simulations de son entraînement, Yu avait eu tout le temps de comprendre que les réflexes acquis en apesanteur n’étaient pas les bons quand on avait à ses pieds des poids qui nous ancraient solidement au sol.
En plus de cette lenteur forcée, la visière demi-sphérique réduisait son champ de vision, ce qui l’empêchait d’embrasser le paysage d’un coup d’œil. Sur les premiers mètres, Yu avait tourné régulièrement la tête pour compenser ce manque de visibilité, mais elle avait vite compris que cette stratégie était vouée à l’échec. Son cou n’était pas fait pour une telle sollicitation.
Après une dizaine de minutes d’errance dans ce décor assoupi, Yu remarqua enfin la pente que Petter lui avait demandé de trouver. Légère et douce sur les premiers pas, son inclinaison augmentait à mesure qu’elle avançait. Elle n’avait pas beaucoup échangé avec Petter, trop occupée qu’elle était à maîtriser ses gestes, mais Yu avait désormais besoin d’un peu de compagnie.
— Ça y est. Je suis sur une descente.
— Est-ce que vous pouvez décrire ce que vous voyez ? La réception vidéo n’est pas bonne. Peut-être qu’un détail qui m’échappe pourrait m’aider à vous guider.
— Ok. La luminosité est acceptable, mais les plantes ont changé de couleur par rapport au début, et elles grandissent, je dirais. Elles s’étirent.
— Est-ce qu’elles s’étirent vers le haut ?
— Non, pas vraiment. C’est mauvais signe ?
— Pas spécialement. Continuez à avancer.
Yu prit une grande inspiration. Pas spécialement. Elle se retourna pour voir le chemin parcouru.
— Je ne vois plus mon point de départ, et de là où je suis, on voit bien que je suis descendue. J’ai l’impression que je suis sur un plateau.
— Continuez, ne vous inquiétez pas des légers changements de pentes. Quand ils seront importants, vous le saurez.
La documentation qu’on lui avait fournie avait été assez évasive dans ses explications sur ce qu’elle expérimenterait lors de sa descente. Les compléments de Petter avaient été pour le mieux vagues, mais il s’était justifié en prétextant qu’il ne devait pas trop l’influencer. Yu avait beau savoir que c’était lui l’expert du sujet et qu’elle aurait dû lui faire confiance, elle ne pouvait réprimer tous ses doutes. Mais qui n’en aurait pas eu dans cette situation ? Elle espéra que Tina ne lui tiendrait pas rigueur d’avoir essayé cette aventure.
Les bosquets devinrent plus touffus. De petits morceaux s’en détachaient parfois, puis roulaient le long de la pente. Encouragée par ces guides inattendus, Yu avançait d’un pas lent mais déterminé, jusqu’à ce qu’elle arrive à un premier palier. D’une hauteur de seulement deux mètres, il ne lui aurait pas paru bien dangereux, si elle n’avait pas été en scaphandre sous une pression qui atteignait désormais cinq bars.
— Qu’est-ce que je fais ?
— Pour un palier si court, vous sautez, comme vous avez fait en simulation. C’est tout simple, il n’y a aucun danger ici.
Petter ne voulait pas dramatiser la situation et le scaphandre faisait la majorité du travail de stabilisation, mais Yu savait que si elle endommageait l’équipement, elle était finie. Même si elle avait compris que c’était un stress ou un faux mouvement malheureux qui pouvait poser problème, et qu’elle avait lu que seul son esprit pouvait la blesser, et rien d’autre, son appréhension ne voulait pas la quitter. Elle prit une grande inspiration, fléchit les jambes, et sauta.
Le scaphandre décolla, porté par le fluide autour de lui. La sensation ressemblait à celle de la simulation, mais, de même que l’apesanteur n’était pas un parallèle parfait, les simulations n’étaient que des esquisses de cette réalité. Alors qu’elle descendait, le léger courant qui la portait en avant s’inversa, et la poussa soudain vers la paroi abrupte derrière elle. Instinctivement, ses bras se levèrent contre ce vent sous-marin, mais ce geste eut pour effet d’amplifier ce qu’elle voulait éviter. Une force violente la ramena vers l’avant. Les contre-mesures du scaphandre s’étaient enclenchées à temps. L’impact du sol sous ses pieds lui remonta le long des jambes.
— J’ai réussi ?
— Je n’en doutais pas.
La luminosité avait baissé d’un cran, mais Yu pouvait encore voir sans allumer les lampes du scaphandre. Le temps que ses yeux s’habituent à cette pénombre, elle resta immobile, et contempla le paysage. Les plantes avaient disparu, remplacées par des amas de roches saillantes à l’aspect tranchant. Un petit frisson parcourut sa nuque : la température extérieure avait baissé, son scaphandre n’avait pas encore réussi à stabiliser son atmosphère intérieure.
— J’avance.
— Faites. Je pense qu’il est temps qu’on parle de Tina. Vous pouvez me raconter comment vous l’avez rencontrée ?
Yu se figea. Elle fut tentée de refuser, mais elle savait qu’elle ne le pouvait pas.
— C’était un jour où j’étais à l’office au temple. Je venais de terminer ma rotation et ceux qui étaient en service comme moi sortaient des caissons de méditation. Tout le monde se pressait vers la sortie pour rentrer à la maison. J’avais été mise dans un coin, donc j’étais parmi les derniers à quitter les lieux. Tina aussi. Je ne l’avais jamais vue avant.
À mesure que Yu racontait, les souvenirs remontaient à la surface. Elle se rappelait la froideur de l’atmosphère, la fatigue qui survient toujours à la sortie du caisson, la puissante odeur de lavande du désinfectant du jour.
— On s’est saluées, comme deux citoyens peuvent le faire. On a échangé un regard, simple et direct. Le mien voulait dire : une bonne chose de faite, et j’ai cru lire la même chose chez elle. Je n’ai jamais osé lui demander si on s’était bien compris.
Un faible courant chatouilla le scaphandre, qui retransmettait ces sensations à sa peau par l’interface tactile.
— Et ça a suffi ?
— Non, pas du tout… On s’est revues au temple, plusieurs fois. À chaque fois, on s’est saluées. Parfois, je me dis que d’une manière ou d’une autre, l’équilibrage des caissons avait dû nous trouver complémentaires ou bien assorties, pour qu’on soit affectées si proches, si souvent. Et parfois, je me dis que c’est seulement un mirage, et que c’est plus la chance qui nous a réunies.
Autour d’elle, les roches du sol devenaient poreuses, et ces porosités créaient des tourbillons aux formes étonnantes, révélées par les poussières en suspension. Pourtant, quand Yu regardait tout ce désert aquatique, tout ce qu’elle voyait était sa stérilité. Elle regarda son manomètre. Dix bars. Les lumières du scaphandre s’étaient allumées automatiquement. Elle voyait mieux devant elle, mais elle était encore plus aveuglée sur les côtés.
— Il n’y a plus rien, Petter. Rien. Vous allez dire que je divague, mais même les roches m’ont l’air mortes.
— C’est normal, ça arrive souvent. Il ne faut pas se laisser abattre. Continuez plutôt votre histoire, comme ça vous penserez à autre chose.
Yu avait le cœur serré. Elle n’était pas sûre que ce sujet lui fasse penser à autre chose.
— Si vous le dites. Un jour, je suis tombée malade. Rien de grave, juste, je n’ai pas pu aller au temple. Et ce jour-là, je me suis dit, intérieurement : tiens, je ne connais même pas son nom. Si j’avais voulu l’avertir, je n’aurais pas pu. Je me suis demandé : est-ce qu’elle s’inquiète ?
Yu se rappelait la faible fièvre. Elle se rappelait aussi qu’elle s’était demandé : pourquoi je me pose cette question ? Elle n’avait même pas prévenu ses parents, elle n’avait rien de bien grave, alors pourquoi penser à elle ? Ce moment où elle avait été dans son lit, où elle n’avait rien à faire d’autres que réfléchir, un peu hors du temps, était loin désormais. Ici, elle avait d’autres préoccupations que ressasser son passé.
— Je pense que j’ai compris ce que vous vouliez dire par « vous le saurez ».
— Comment ça ?
— J’ai trouvé le gouffre.
La pente avait disparu. À ses pieds, un trou d’un insondable noir hypnotique l’appelait. Ses lumières s’effritaient au contact de telles ténèbres, impuissantes à dévoiler ce qui l’attendait.
— Je ne pense pas que ce soit le dernier, c’est trop tôt. Mais vous n’allez pas pouvoir sauter, c’est trop dangereux. Passez en mode désescalade.
Yu résista au vertige. Tout est dans la tête. Elle savait faire. Elle n’était pas une férue d’alpinisme comme Tina, mais cette dernière l’avait traînée dans toutes les montagnes de la Terre, elle avait donc bien pratiqué. Jamais en scaphandre, bien sûr, mais celui-ci était là pour l’aider. Théoriquement, ce devrait donc être plus facile. Elle se retourna pour se mettre dos à cet abîme, et commença à descendre.
— Il est possible que la descente soit un peu longue et monotone. Ne vous inquiétez pas.Ne t’inquiète pas, ne panique pas. Yu connaissait bien ces paroles. Elle n’avait jamais été celle qui s’inquiète. Peut-être aurait-elle dû. Un peu plus.
Cette première partie de la nouvelle est bien mystérieuse, j'ai encore du mal à avoir où tu nous emmènes, mais ça sent la grosse chute...
Je me dépêche d'aller découvrir la suite pour mieux comprendre !
Merci pour ton commentaire <3 j'espère que tu n'as pas été trop déçu par la fin !
Ton écriture est très plaisante et si fluide et si facile à suivre ... J'ai bcp de progrès à faire et je comprends d'autant plus tes remarques par ailleurs. Je rêve de réussir à tenir un narrateur de première personne comme ça :)
J'ai relevé une mini coquille je crois : " sans s’en qu’elle s’en rende compte." -> pour --> sans QU’elle s’en rende compte.
On a envie de savoir pourquoi tout cela s'est passé et en même temps, l'histoire se suffit à elle même. J'aime beaucoup la thématique, cette plongée dans les abysses, sans savoir où on est , cette liste comme la liste pour un organe ou encore le champ lexical de l'eau, comme si nous étions plongeurs sous marins pour se rendre compte de tout autre chose.. Puis aussi champ lexical de l'émotion, de la méditation..... Merci :) Je lis la suite de ton monde imaginaire avec plaisir :)
J'aime aussi le fait que tu décrives de façon si exacte mais ça semble juste être suffisant pour s'envoler dedans sans mots en trop ... impressionnant :)
Si j'avais une critique à faire, ce serait uniquement une sensation de manque sur le dénouement : on devine une histoire d'accident quand tu parles de navette mais on n'apprend pas vraiment ce qui est arrivé à Tina, si Yu et elles se sont quittées en mauvais terme... Cela aurait permis de donner encore plus de poids à la fin, comme une boucle qui se referme.
Merci pour ce commentaire complet sur ton ressenti ! Je réfléchis à comment gérer cette impression d'incomplétude. D'un côté, je n'ai pas envie de donner des indications trop claires, mais d'un autre côté, je veux que le lectorat "sente" les réponses aux questions précises que tu pointes du doigt ici... Il faudrait que je refasse une passe uniquement sur cet aspect scénario.
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce thème d'Abysses (même si c'est déjà relativement évocateur en soi), surtout compte tenu de la longueur de la nouvelle. Et puis je ne t'ai jamais lu avant, mais j'ai vu des recommandations enthousiastes sur le forum, alors j'étais assez impatiente de découvrir.
Eh bien je comprends tout à fait les recommandations ! Quelle plume ! Quelle atmosphère ! Je trouve que c'est une performance d'avoir su créer une ambiance aussi immersive avec un rythme aussi lent. En fait, c'est peut-être ce rythme, justement, qui fait qu'on RESSENT la pression, l'isolement de Yu, la descente dans les ténèbres avec la voix du technicien comme cordon ombilical vers le monde connu. C'est bien simple, j'étais DANS le scaphandre ! Fascinant...
J'ai jeté un oeil au commentaire de Liné, mais je dois dire que le flou de la fin ne m'a pas gênée. En fait, bizarrement, le récit de la rencontre avec Tina et le fait que Yu réussisse à la retrouver, ce n'est pas ce qui m'a le plus émue. Moi j'ai plutôt était fascinée par la progression de Yu, ses sensations, son équipement, l'effet sur elle des échanges avec Petter, le mélange de peur de d'excitation hypnotique qui la pousse à continuer. Du coup, ça ne me gêne pas de ne pas avoir d'explications sur tout.
J'ai quand même une interprétation : pour moi, c'est une exploration virtuelle et psychique. Je pense qu'en fait, Yu est allongée dans un caisson et c'est seulement son esprit qui est en exploration. Ce qui n'est pas moins dangereux car elle peut ne pas revenir. Un peu à la manière des Thanatonautes de Werber.
En tout cas, j'ai passé un moment isolé du monde en te lisant (et ce malgré deux enfants bavards à proximité !) et c'est une expérience rare, à ce point en tout cas, qui mérite d'être saluée ! Bravo !
Les nouvelles que j'écris sont pour moi des exercices géants. Pour cette nouvelle, j'ai vraiment voulu travailler, comme tu l'as ressenti, l'effet d'étirement, cette "pression", la lenteur due au scaphandre, et je suis très heureux de voir que ça fonctionne :)
Pour ton interprétation, elle correspond à l'idée que je m'en faisais quand j'ai écrit, après, j'aime aussi laisser du flou pour permettre aux gens d'imaginer ce qu'ils veulent, ça ne me gêne pas quand les gens imaginent autre chose.
Après t'avoir rencontré(e) sur ton journal de bord, c'est avec beaucoup de plaisir que je détrouve ta plume.
Tu oses le pari risqué de prendre le temps, de nous montrer quasi seconde par seconde la traversée de ces abysses, souvent intrigantes, parfois effrayantes. Le coche aurait pu être loupé, l'ennui arriver, mais non : on reste jusqu'au bout.
En revanche, tout comme Ery, je ne suis pas sûre d'avoir saisi la chute à 100%. Tout au long du récit, on se doute que le but de ce voyage est de retrouver Tania ou, à minima, d'obtenir des indices concernant une probable disparition. Je me suis même demandé si les deux n'étaient pas en fait des machines, humanisées au possible par leurs créateurs humains ! Ce qui expliquerait leurs voyages sur la lune, par exemple... Bref - ma seule petite remarque que j'espère constructive : peut-être chercher à clarifier la situation ?
A bientôt !
Merci pour ce gentil commentaire ! Je voulais travailler ce temps qui s'étire, voir ce que je pouvais en faire, c'est très agréable de voir que ça marche :). Je comprends, pour la chute. Je voulais laisser une fin un peu ouverte, même si j'ai mon interprétation bien sûr. Est-ce que c'est un point qui t'a laissé un arrière goût de pas fini désagréable ? (juste pour préciser ton sentiment :) )
Sinon, comme tu as écrit ce commentaire il n'y a pas longtemps, je compte faire un update de la nouvelle suivante ce soir (ou demain, mais j'espère ce soir), donc n'hésite pas à attendre. avant de la lire...
Au plaisir de se lire ;)
Abîmée ne m'a pas laissé un arrière-goût de pas fini, car j'ai eu l'impression que dans ta tête, tout était clair. Autrement, la narration ne serait pas plusieurs revenue sur la rencontre et la relation avec Tina, par exemple. Et puis on se doute que, si c'est Yu et non Petter qui se balade dans les abysses, c'est qu'il y a une raison. J'ai plutôt senti que tu "me laissais en plan" sur la fin, en ne me donnant pas toutes les clefs de compréhension. Après, je suis une lectrice assez impatiente (... ce qui montre qu'une fois encore, tu as très bien réussi à étirer le temps et à en faire quelque chose d'intrigant !) et de "gourmande", dans le sens où je préfère avoir beaucoup d'indices voire de certitudes qu'aucune - peut-être que d'autres lectrices ont eu ou auront une approche différente de la mienne.
J'ai été vraiment bien prise par cette descente et honnêtement, je n'ai pas vu la fin venir. Je suis d'ailleurs toujours un peu confuse. Est-ce que Yu a été "branchée" à l'esprit de Tina ? J'ai du mal à imaginer une technologie capable de faire ça, mais c'est une idée chouette. Du coup quand il était question de la "navette" que Tina a prise... A-t-elle eu un accident, ou a-t-elle tenté de mettre fin à ses jours ? Ou autre ?
Cette incertitude n'enlève pas le plaisir que j'ai eu à te lire. Je sentais bien qu'il y aurait une chute, quelque chose en rapport avec Tina puisque c'est son histoire avec Yu qui est mise en avant, mais je n'ai pas compris avant la fin (je ne suis pas une lectrice très perspicace il faut dire, j'aime bien me laisser porter, quand je devine j'ai le sentiment d'avoir été spoilée).
Rien à redire au niveau de la forme, sauf un tiret qui ne devrait pas être là : "J'ai compris ce que vous vouliez-dire". Je trouve que tu as un style vraiment agréable à lire. J'ai le sentiment que sur une histoire plus longue, ça pourrait donner quelque chose de vraiment riche et émouvant (enfin c'est déjà le cas ici ! Mais je suis très roman, moins nouvelle. J'aime m'attacher à des persos et des enjeux sur le long terme).
Voilà, donc un commentaire qui est surtout un bol de compliments :D Bravo pour tout ça ! J'espère que ça ne te décourage pas que tes nouvelles n'aient pas été retenues aux AT, je les trouve vraiment cools, il faut que tu continue. À bientôt !
Pour le roman, je suis effectivement dessus, j'espère arriver au bout un jour ! :)
Merci pour le tiret, je vais corriger ça de suite.
Encore merci pour tous ces compliments, et pour le message dans les lectures PA !
Honnêtement, je n'ai rien à suggérer haha, c'est embêtant, mais pour moi j'étais juste embarquée dans ton univers et j'ai dévoré l'histoire. Donc je ne sais pas si cela te sera très utile comme retour, mais en tout cas, bravo à toi ! J'ai aussi beaucoup apprécié comment tu distilles les détails d'un univers bien plus vaste en arrière-plan qui suggère tellement de potentialités...
Enfin bref haha, juste bravo à toi!
Je ne sais pas comment je suis tombé sur ton texte, mais le titre "Spicilège rêvé" m'a donné envie d'entrer.
Je n'ai pas lu les autres commentaires.
Souviens-toi que ce n'est que mon avis et qu'il te faudrait probablement le corroborer à d'autres pour en tirer quelque chose.
Avant de commencer, une petite remarque sur la forme.
Je suis tout nouveau, donc probablement mal placé pour donner ce genre de conseils, mais j'aurais tendance à penser que mettre une image personnalisée attirerait plus de monde sur ton texte. Des images libres de droit sont facilement trouvables.
J'ai vraiment dû me faire violence pour lire ton texte que tu as choisi (par inadvertance ?) de mettre en gras tout du long... Je te conseille vivement de changer ça si tu ne veux pas rebuter certain-e-s lecteurices.
D'abord, quelques remarques dans le texte. Ça commence vers le milieu. Sur le début, je me suis laissé imprégner pour me mettre dans l'ambiance.
"dans les pattes"
Un peu familier.
"Ça va prendre un peu de temps, peut-être vous pouvez continuer à me raconter votre histoire avec Tina ?"
Soit "peut-être pouvez-vous" (plus agréable), soit "peut-être que vous pouvez" (moins soutenu).
"— J’ai trouvé le temps moyen...
— Ne me dites pas. Je vais le faire, quoi que vous me disiez."
Tu as choisi de ne pas mettre d'incises. Ça participe à l'ambiance de ton texte, mais, dans ce genre de cas, vu que tu joues sur des éléments qui nous sont inconnus, on a du mal à situer qui est qui.
"basa sur"
Certains considèrent "basé sur" comme familier voire impropre, car traduction littérale de l'anglais. En général, j'utilise "fondé sur" à la place.
"haptique"
Tu m'as appris un mot ! :)
"Alors seuls ses mouvements agitaient l’eau autour d’elle"
Il manque un mot, je crois.
"sorti des plus impressionnants mythes que Yu aurait pu connaître"
Pas clair. Le conditionnel donne l'impression qu'elle ne connaît pas et donc fait perdre le statut aligné sur Yu.
"Large comme un immeuble, la bête énorme à la tête difforme, aux multiples yeux et à la bouche entrouverte avait le corps recouvert de feuillages verts et jaunes."
Vu ce que tu as écrit avant, je suis sûr que tu peux faire mieux sur cette description ! Vu l'éclairage dont elle dispose et l'ampleur de la créature, elle doit la découvrir très progressivement.
"Progressivement, son impatience monta. Combien de temps s’était écoulé depuis le début de la descente ? Elle ne pourrait pas rester ici indéfiniment. Petter lui dirait de remonter. Elle aurait le droit de réessayer, bien sûr. Toute la journée. Cependant, la liste d’attente était longue pour avoir le droit d’utiliser le scaphandre. Si elle n’avait pas terminé aujourd’hui, il serait attribué à quelqu’un d’autre et elle repartait pour le bas de la liste."
Elle peut réessayer toute la journée ou pas ? Si la liste est trop longue...
"puis sa mâchoire s’ouvrit dans mouvement vif"
Coquille.
"Yu était en panique totale, mais cette panique avait amené son corps dans une telle paralysie que l’équipement l’avait sauvée sans difficulté."
C'est un bon exemple de description de sentiment ressenti en "tell" cumulé à un imparfait qui étire au lieu d'un passé simple qui resserre.
Tu as la même information dans "Yu était en panique." que dans "Yu éructa un cri qui rebondit sur les parois de son scaphandre pour venir lui déchirer les tympans." (OK, j'en ai fait un peu beaucoup et ça ne fonctionne probablement pas avec ton histoire, mais c'est juste un exemple un peu vite écrit).
Dans un cas, on se sent à distance du ressenti qui paraît très analytique. Dans l'autre on comprend ce qu'elle ressent par l'effet physique que ça a sur elle. On vit la sensation avec elle.
Dis-moi si je ne suis pas clair. Quelque chose me dit que tu connais déjà cette idée.
"Tina… Est-ce que je me suis trompée ?"
L'invocation fonctionne, mais il ne faut pas en jouer trop souvent, si tu veux mon avis. Décrire ce qu'est(était) Tina et sa façon qu'elle aurait de réagir dans ce cas pourrait-être une bonne option pour varier.
"Alors que la créature fonçait, une patte jaillit du néant et l’écrasa, dans un éclair époustouflant."
Fonçait sur elle ?
"Elle avait été tellement éloignée de la paroi qu’elle ne la voyait plus."
Il faudrait qu'elle puisse se retourner pour voir la paroi, non ?
"seule étoile sur une toile d’ébène."
Belle image, mais qui donne l'impression qu'elle s'observe de l'extérieur.
Franchement, un beau texte dans l'ambiance, l'intensité et le dénouement.
On comprend assez rapidement que l'on n'est pas dans un scaphandre classique. On devine petit à petit qu'on est à la recherche de Tina, puis dans sa tête. J'ai compris un peu avant que tu l'affiches clairement dans le dénouement, mais ce n'est pas du tout un problème. La surprise n'est pas nécessaire. Dans mon cas, la progression a fonctionné.
Les allégories sont belles et adaptées (même si je ne les ai pas toutes comprises, je pense). Juste, avec le recul, je me suis demandé pourquoi il y avait de la vie au début de son exploration. Si Tina est dans le coma, la surface ne devrait-elle pas être morte ?
Au niveau des enjeux et du conflit, ton texte fait une erreur classique de ne pas en donner et de ne jouer que sur le mystère. Malgré tout, je dois avouer que, pour ton texte (et pour moi), ça marche. On est plongé dans la découverte d'un abysse avec ton personnage. On ne sait pas ce qu'on va y trouver, mais on suit Yu dans son aventure.
Les quelques longueurs se fondent avec le sujet. Une exploration de ce type ne peut pas être un enchaînement d'actions.
Bien joué ;)
Le principal axe d'amélioration, selon moi, serait d'accentuer les effets stylistiques aux moments intenses. Le "show don't tell" des émotions permettrait de diminuer l'aspect un peu robotique de Yu à certains moments.
Le monde extérieur que tu dépeins en filigrane est intéressant. On a un goût de pas assez et donc de trop (commentaire très clair :D).
J'imagine que la nouvelle a été écrite pour l'AT Abysse. Si elle n'a pas été sélectionnée, c'est probablement pour cette histoire d'enjeux.
Juste une dernière suggestion pour casser cet effet tout en gardant ta structure: tu aurais pu jouer sur un côté destructif de cette intrusion. Si Yu ne réussit pas, il ne restera qu'un champ de ruine derrière elle. Le peu de vie qui subsiste disparaîtra pour toujours de cet abysse.
J'espère que ce commentaire pourra te servir.
Merci pour le moment de lecture. :)
Merci beaucoup pour ce commentaire long et détaillé :)
Arg, je ne sais pas ce qui s'est passé pour mon texte en gras, voilà qui est réparé.
Pour l'image... mea culpa, c'est sur ma todo list. Je dois avouer que j'attends (ou je procrastine, je ne sais pas) d'avoir un peu plus que 2 textes. Et quand je suis devant mon ordi, j'ai le choix entre écrire ou chercher une image et... Bref, je vais essayer de me faire violence, sois-en certain. :)
Je ne réponds pas sur la partie "détaillée", dont je prends note. J'ai corrigé les remarques "faciles" et j'ai laissé de côté les plus dures pour l'instant, et mis un patch sur les "moyennes". ^^"
Pour la surprise, je ne souhaitais pas que le lecteur/ice en ait. La fin est là pour confirmer son intuition.
Juste, avec le recul, je me suis demandé pourquoi il y avait de la vie au début de son exploration. Si Tina est dans le coma, la surface ne devrait-elle pas être morte ?
Sur ce point particulier, la vie en haut correspond aux signes qu'on a quand même lors d'un coma (le corps n'est pas "mort" biologiquement, il processe encore quelques trucs automatiquement).
Pour la présence d'enjeux, il est vrai que j'ai choisi de faire un texte volontairement flottant. L'idée est de proposer une lecture qui porte, et dérive. Tu as effectivement bien deviné pour l'AT, c'était bien pour abysses. Si comme tu le penses le rejet est dû à ce manque d'enjeu, alors c'est que mon texte ne correspondait pas aux attendus. Je ne voulais pas d'une descente en mode "réussir ou mourir" (même si j'entends ta proposition :) ).
Pour le monde extérieur, je comprends le sentiment de pas assez et donc de trop, c'est certainement dû au fait que j'écris des nouvelles pour m'aider à développer l'univers de ma série de roman. Je pense que ça me dessert sur le court terme, mais peut-être qu'un jour tout ça fera un peu plus sens.
Enfin, le style... Disons que j'y travaille ? :)
Merci encore, ton commentaire m'est très utile (techniquement & moralement!).
J'ai trouvé cette nouvelle assez puissante (frappante, comme je dis dans ton JdB).
Techniquement, elle n'est vraiment pas mal du tout, on sent immédiatement que quelque chose cloche dans cette longue descente. Et on continue, pour savoir quoi.
L'effet d'oppression est vraiment bien rendu, c'est prenant. Il y a sans doute de minuscules corrections à apporter(*), mais dans l'ensemble tu maîtrises quand même très bien (je veux dire, tu parles d'une progression nécessaire... j'ai beau être du genre difficile, elle me semble juste de l'ordre du dernier verrouillage ;)
(*) Exemple : "chacune de ces caractéristiques étaient pétrifiantes" -> accord avec "chacune" et non avec "caractéristiques" : "chacune de ces caractéristiques était pétrifiante"
Merci pour ce commentaire très positif :)
Ce texte a été retoqué sur un AT, j'imagine donc qu'il doit bien avoir quelques défauts... J'essaie de m'améliorer, et je suis ici pour savoir ce que je ne peux (pour l'instant) pas voir. Merci pour le soucis d'accord. As-tu vu d'autres problèmes ? Qu'as-tu pensé de la fin ?
Ou simplement, parce que oui, c'est vrai... une correctrice ou un correcteur pro pourrait décortiquer tout ça et te signaler les petits points qui restent à améliorer - ou à corriger. Et qu'ils voulaient des textes déjà verrouillés, n'ayant pas prévu de repassage éditorial ? On ne peut pas savoir.
(sur une nouvelle, on peut aussi parfois trouver facilement dans son entourage un crack en français / orthographe / grammaire / syntaxe qui voudra bien faire pour toi ce boulot très minutieux... et si tu as de la chance une personne possédant les bonnes compétences passera par ici, mais c'est selon la disponibilité des gens, ça, et n'est donc jamais garanti ^^)
La fin, je la voyais venir, je croyais de moins en moins à la réalité de cette descente abyssale. On ne peut pas dire qu'il y ait une grosse surprise... néanmoins, c'est une jolie conclusion.
Pour la fin, j'espère que tu l'as vu venir, sans non plus que ça fasse trop cliché. :) Si tu as apprécié, c'est l'essentiel !