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- J'en ai marre de marcher dans le noir, tonna une voix dans l'océan.
Un bien curieux tandem avançait lentement sur le sable gorgé d'eau des plaines abyssales. Deux lanternes inutiles creusaient un sillon derrière les deux silhouettes qui erraient sur les fonds marins. En s'approchant un peu l'on pouvait constater que deux bulles de constitution et d’origine inconnues entouraient leur tête pour protéger leurs poumons de toute cette eau. Quelques poissons les frôlèrent, mais dans le noir il était impossible de les identifier. Ils passaient comme des ombres et ne revenaient pas.
- On va bien finir par arriver au pied d'une île ! hurla numéro neuf pour que Louna l'entende, l'épaisseur des bulles et la pression de l'eau combinés n'aidant pas à la compréhension.
- J'en ai marre quand même. On est pas censé flotter avec des bulles comme celles-là?
- Oublie la logique, je te rappelle qu'on marche au fond de l'océan.
La jeune fille haussa les épaules. Faire abstraction de ce que l'on lui avait appris pendant des années n'était pas aussi facile que ce qu'il avait l'air de penser, le principe de base du « on ne peut pas respirer dans l'eau à moins d'une réserve d'oxygène hermétique » étant déjà une aberration dans ce monde-ci.
- Vas-tu finir par me dire sur quelle planète on est, ou dans quel monde parallèle, ou je ne sais quoi encore ?
- Je n'en ai pas la moindre idée. Va falloir faire avec !
Louna se résigna. Elle continua de fixer le sable qu'elle ne voyait pas en avançant vers l'horizon qu'elle ne voyait pas non plus. Bien sûr il avait fallu que la règle selon laquelle le feu ne prend pas sous l'eau s'applique. N'ayant plus rien à penser, elle se surprit à réfléchir sur les conditions de vie des poissons des abysses. Elle avait appris qu'ils étaient plus peuplés que ce qu'on ne pouvait le penser, mais là où elle était c'était le désert océanique. Elle avait bien failli écraser quelques soles qui n'avaient rien à faire là, et une baudroie solitaire soudainement apparue dans son champ de vision plusieurs heures plus tôt l'avait fait sursauter à en ravaler sa fierté, mais en dehors de ça, c'était le vide intersidéral de la biodiversité. Elle avait fini par comprendre que les deux bulles qu'ils avaient autour de la tête et qui réfléchissaient la moindre petite lueur n'aidaient pas.
De son côté, Numéro neuf faisait tout pour montrer le plus d'assurance possible bien que sa totale incapacité à se localiser le faisait angoisser à chaque pas. Certaines roches s'étaient parfois élevées devant eux, mais ils avaient toujours pu les apercevoir à temps pour les contourner. Et à chaque foulée il craignait qu'une pierre se dresse soudainement à leur pied et que sa bulle éclate à son contact. Il n'avait pas la moindre idée de la matière qui la constituait mais il avait du mal à lui faire entièrement confiance. Lorsqu'il crut voir la silhouette de l'amas de roche qu'il craignait être responsable de sa mort prochaine, ferme et définitive, il sursauta et s'étala sur le sol.
Louna s'arrêta pour l'attendre et releva enfin la tête. Une lueur étrange s'approchait.
Non, elle leur fonçait dessus.
Louna agita ses bras, ralentis par l'eau, dans tous les sens pour que numéro neuf se lève plus vite, mais il ne la voyait pas. La lueur finit pas s'écraser devant eux, et avec elle tout un fatras métallique qui souleva le sable autour de lui. Quand le fond marin cessa de tourbillonner autour d'eux et revint enfin à sa place, il purent observer ce qui avait manqué de les écraser. Les hublots laissaient passer un peu de lumière, qui se réfléchissait sur l’assemblement de plaques de métal vissées entre elles qui constituaient le sous-marin. Un sous-marin bien curieux qui semblait vouloir ressembler aux baleines tout en s'inspirant de la tête des baudroies. Numéro neuf, qui s'était enfin relevé, recula aussitôt tandis que Louna s'approchait. Il tenta de l'en empêcher mais n'y parvint pas. Guidée par la lumière qui s'en échappait, elle trouva finalement une porte. Elle appela Neuf qui était resté en arrière, et qui osa enfin s'approcher de l'engin qui selon lui, ressemblait plus à un béluga qu'à une baleine. Il n'avait jamais aimé les bélugas. Et quand on lui demandait pourquoi, il disait que c'était parce qu'il n'avait jamais aimé les bélugas.
Louna ouvrit finalement la porte et s’engouffra à l'intérieur, Neuf sur les talons. Ils arrivèrent dans un genre de sas peu éclairé et la porte se referma d'elle-même. L'eau qu'ils avaient emmenée avec eux se fit aspirer vers le haut et stocker dans un genre d’énorme ballon, puis les bulles qu'ils avaient autour de la tête éclatèrent, n'étant plus d'aucune utilité. Une fois la petite pièce vidée de tout liquide, la porte qui leur faisait face s'ouvrit et ils purent entrer dans le sous marin. Il était assez froid. Les plaques de métal étaient agencées comme à l’extérieur et rien ne cachait les boulons. Une ampoule de lumière blanche se situait au dessus de chaque hublot. La seule grande vitre était devant le poste de pilotage où se trouvaient deux sièges et les commandes. Louna s'en approcha, posa le pied de mandarines à côté d'elle et prit place sur l'un d'eux, le volant devant elle. Encore méfiant, Numéro neuf se résolut finalement à s’asseoir lui aussi.
- Ça a l'air de se conduire comme une voiture.
Neuf acquiesça après avoir vu le frein à main et le levier de vitesse qui les séparait. Louna tourna la clé. Il espéra très fort qu'elle sache conduire lorsque l'engin se mit à toussoter. Le tableau de bord s'alluma et une carte s'afficha. Louna cliqua sur l'île la plus proche et le GPS lui indiqua la direction à prendre. Elle se saisit du volant d'une main, et de l'autre empoigna le levier pour entamer la montée.
- Je propose qu'on nomme cet engin « Deus Ex Machina » !
Numéro neuf se tourna vers elle et sourit. Oui, c'était un nom approprié. Ils n'étaient pas encore remontés à la surface mais c'était en bonne voie.
Ils frôlèrent quelques récifs. Des poissons curieux vinrent s'agglutiner sur les hublots, se faisaient bousculer par d'autres et disparaissaient dans l'obscurité des fonds marins. Ils étaient tous un peu multicolores, certains à tendance plus rouge, d'autre un peu plus verts ou bleutés. L'aquarelle que faisaient leurs écailles changeait sans cesse suivant l'éclairage que leur apportait le sous-marin. D'autres étaient plus sombres et se démarquaient, et d'autres encore ne montraient que leurs crocs en essayant de manger la vitre. Ceux qui arrivaient en face étaient projetés sur les côtés par les essuies-glace avec lesquels Louna s'amusait beaucoup. Et alors qu'elle faisait encore joujou avec les commandes, le soleil perça la surface et l'eau se fit de plus en plus claire.
Avant qu'ils n'aient pu réaliser qu'ils étaient sortis de l'eau, l'engin s'échoua sur une plage. Le choc les projeta contre les parois et Louna reçut son pot sur la tête. Ça faisait vraiment mal.
Ils reprirent tous deux leurs esprits, Neuf appuya sur l'interrupteur et les deux portes s'ouvrirent en même temps. Alors qu'ils sortaient en trébuchant, le ballon qui contenait le trop plein d'eau se vida sur eux et les plaqua au sol. Lorsqu'il fut vide, Louna n'eut pas le courage de se relever. Le sable était fin et chaud. Les odeurs de sèves, de mangue et de poisson grillé qui lui parvenaient aux narines étaient loin d'être désagréables.
Numéro neuf s'était relevé et l'observait vautrée sur la plage. Il resta là immobile quelques instants puis se dirigea vers les premiers arbres du littoral. Les graines n'avaient pas dû se concerter avant de pousser là. Des chênes, des pins, des platanes, des érables, des cocotiers, des bananiers et des palmiers se côtoyaient, certains troncs allant jusqu'à se nouer entre eux. Numéro neuf se hissa sur la pointe des pieds, se saisit d'une noix de coco et la lança sur Louna. Le fruit enfonça sa tête dans le sable et elle la sortit en grognant. Elle se releva. « Woah... » fut la seule chose qu'elle parvint à dire à propos des arbres. Elle attrapa son pot et rejoignit numéro neuf à la lisière de la forêt. Ils restèrent plantés là quelques instants, regardant des feuillages si différents s'agiter ensemble dans la brise.
- Bon ben on est sortis, déclara finalement Louna. On y va ?
Numéro neuf hocha la tête et ils quittèrent la plage. À mesure qu'ils avançaient, de nouveaux arbres s'ajoutaient à tous ceux déjà présents, formant au final un immense fouillis de biodiversité. Louna s'arrêtait souvent pour attraper quelques pommes, figues et autres mangues. Elle avait toujours adoré les fruits. Alors elle ne se privait pas. Neuf quant à lui ramassait des noix et des marrons sur le sol parsemé d'aiguilles et de feuilles mortes. Il les glissait dans sa sacoche en pensant à la crème de marron et aux cakes aux noix qu'il pourrait peut être faire. Il attrapait aussi quelques noisettes et des fèves de cacao et les mangeait aussitôt. Les noisettes étaient vraiment dures.
Ils marchèrent sans se lasser jusqu'à déboucher sur une toute petite clairière où s'élevait une maisonnette en bois. Louna la trouva très jolie. Les planches étaient sombres et semblaient anciennes, elles étaient parcourues de lichen et de mousse verte qui donnait un charme certain aux murs. Certaines branches avaient envahi le toit, les ardoises n'étaient presque plus visibles.
Tandis que Louna observait la maison, neuf s'en approcha et toqua à la porte. Trois petits coups secs. Louna le rejoignit et toqua de nouveau. La porte s'ouvrit en grand et un jeune garçon leur fit face. Il n'était pas bien grand, avait la peau sombre et ses cheveux noirs en bataille lui tombaient devant les yeux.
- J'adore ta casquette ! s'écria-t-il en regardant Louna.
- Oh... merci.
Les voix avaient porté assez loin pour qu'une deuxième silhouette apparaisse sur le pas de la porte. Une jeune fille trop grande pour le cadre de cette dernière laissait ployer sa colonne vertébrale. Elle avait de très longs cheveux roux qui descendaient jusqu'à ses mollets. Elle était en pyjama et avait des chaussons en forme de mérou vraiment marrants. Alors que Louna la scrutait tout en ayant l'envie presque irrépressible de lui voler ses chaussures et de partir très loin avec, les deux habitants dévisageaient numéro neuf qui, lui, tentait de voir l'intérieur de la maison. Tout ce petit monde resta bloqué à l'entrée un certain temps. Au bout d'un moment, une odeur de brûlé s'échappa de la maison. La fille en pyjama renifla quelques instants puis grogna un « merde, le poisson » avant de tourner les talons et de quitter le pas de la porte. Le petit garçon resta planté là jusqu'à ce qu'une voix lui crie de l'intérieur :
- Cerveza, fais-les rentrer !
Le concerné hocha la tête et, avant de rentrer à son tour, il ajouta en roulant un peu les R :
- Cerveza c'est mon nom. J'aime bien, ça veut dire bière en espagnol. D'ailleurs on en a si vous voulez !
En entendant cela, Louna sourit et s'empressa de rentrer tout en essayant d'imaginer ce à quoi sa vie aurait pu ressembler si elle s'était appelée « Bière ». Neuf ne savait pas du tout ce que c'était, mais il rentra quand même.
Le rez-de-chaussée était une unique pièce très lumineuse. En face de la porte, des coussins et des couvertures traînaient à même le sol avec quelques peluches et des tasses de café vides. Dans le coin au fond de la pièce, deux matelas faisaient l'angle. Une pile de vêtements bouchait le coin de droite le plus près de la porte et un grand coffre trônait derrière le tas d'oreillers. À gauche de ces derniers, une table était entourée de 3 chaises masquées par des couvertures également. Le peu qui en dépassait laissait supposer que les sièges étaient taillés à la hache à même le tronc et devaient donc avoir beaucoup d'échardes. Sur la table il y avait pas mal de pelures et de coques de fruits, des bougies ainsi que des cartes à jouer dont certaines étaient tombées au sol. À gauche de cette table et contre le mur, un long meuble semblait faire office de cuisine. Il avait été peint avec beaucoup de couleurs vives. Il y avait beaucoup de fruits, une cheminée fermée, un four à pain et dans l'angle un trou où crépitaient des flammes caressant le fond d'une grande marmite. Des casseroles étaient suspendues le long du mur ainsi qu'un certain nombre de cuillères en bois de différentes tailles. L'unique étagère qui était au dessus de la marmite portait de nombreuses épices, certaines de couleur fluo que Louna n'avait jamais vues.
La jeune fille dont c'était la maison s'affairait autour de tout ceci, coupait des fruits en tranche, les jetait dans la marmite, glissait des biscuits dans le four à pain et remettait du poisson à griller dans la cheminée. C'était sans doute de là que venait l'odeur de nourriture qui arrivait jusqu'à la plage. Cerveza invita Louna et Neuf à s’asseoir sur les coussins qui se situaient en face d'eux. Ils allèrent s'installer et le garçon referma la porte derrière eux. Il se dirigea ensuite vers la cuisine, ouvrit un placard et en sortit une bouteille et des gobelets en bois. Il en donna un à chacun de ses invités, en posa un par terre et en garda un pour lui. Et les remplit tous et s'exclama :
- C'est de la faite maison alors j'espère qu'elle vous plaira quand même !
Il but une gorgée alors Louna fit de même. Le goût était bien différent de ce à quoi elle était habituée, mais elle trouva la boisson vraiment délicieuse. Néanmoins, elle n'osa pas vider son verre, étant donné qu'il manquait encore celle qui s'agitait autour de ses différents fours.
Numéro neuf quant à lui commença par regarder le contenu de son verre en se demandant ce que ça pouvait bien être. Il finit par en boire une gorgée et faillit tout recracher. Il avait horreur des boissons pétillantes. Par respect, il parvint tout de même à avaler la gorgée qu'il avait en bouche et posa son gobelet derrière lui.
La cuisinière éteignit le feu qui chauffait la marmite, prit une louche et vida son contenu dans quatre bols différents. Elle les posa ensuite sur la table et sortit le poisson qu'elle avait mis à griller, le coupa en morceau et le mit sur quatre brochettes. Elle retira ensuite les biscuits encore chauds du four à pain et les mit dans une assiette. Cerveza la rejoignit. Elle prit deux bols et l'assiette, et il prit les deux autres bols et les brochettes qu'il donna aux deux invités. La jeune fille posa les biscuits au centre de la ronde de coussins et alla chercher quatre cuillères en bois. Elle s'assit à son tour et commença :
- C'est quoi vos noms ?
- Neuf, numéro neuf. Et elle c'est Louna.
Louna avait les yeux rivés sur sa soupe. Elle avait vraiment très faim mais n'osait pas commencer à manger avant les autres.
- Enchantée, moi c'est Érable.
Son regard dériva de Neuf à Louna vers le pied de mandarines posé à coté des coussins. Ses yeux s'agrandirent et elle se rua dessus. Elle se saisit d'un des fruits et le brandit devant Louna.
- Où est-ce que vous en avez trouvé ?
- Ben, je ne sais pas trop où c'était...
Érable afficha une mine déçue et garda le fruit pour elle afin de le manger en fin de repas.
- C'est l'une des rares choses que l'on a pas ici. Ça, les raisins et les légumes dont tout le monde se fout.
Louna trouva curieux qu'avec autant d'arbres il n'y ait pas de mandarines, mais elle se contenta d'un silence. Cerveza, qui jusqu'ici ne faisait qu'écouter sans bouger, se jeta sur sa soupe. Neuf avait faim, alors il l'imita. Il la trouva vraiment délicieuse et mangea aussi vite que le garçon. Il était bien incapable d'identifier clairement tout ce qui était dedans mais il ne s'en préoccupa pas. Louna quant à elle essayait de reconnaître les fruits et légumes qui avaient été mixés mais n'y parvint pas. Elle eu l'impression parfois de trouver tel ou tel goût mais il disparaissait aussitôt, couvert par un autre. Lorsqu'elle eut finit sa soupe elle attrapa une brochette et fit glisser ses dents le long du bout de bois pour avoir tous les morceaux de poisson en même temps. Neuf refusa poliment la sienne n'aimant pas vraiment le principe de manger un animal mort et Cerveza la dévora à sa place.
Louna se retourna vers son pot et offrit une mandarine à tout le monde qu'ils mangèrent avec les biscuits au cacao qu’Érable avait préparés. Ils était encore tout chauds et fondaient dans la bouche. Neuf regretta de les avoir mangés si vite lorsqu'il n'en resta plus un seul.
Puis, Cerveza posa pas mal de questions aux deux invités même si la plupart restaient sans réponses. Louna ne savait pas grand-chose sur le monde dans lequel elle avait mis les pied et Neuf ne savait pas grand-chose sur lui même. Érable sortit ensuite faire des récoltes, les laissant tous les trois seuls. Ils ne bougèrent pas beaucoup l'après midi. Ils commencèrent par nettoyer les couverts puis Cerveza leur montra l'étage, accessible par une échelle pliable, et qui ne servait qu'à entreposer leur nourriture. Ensuite ils jouèrent aux cartes en mangeant des fruits et des gâteaux qu'il restait dans les placards. Ils faisaient ce genre de chose dans la péniche, Louna s'en souvenait bien. Ils passaient toujours de belles soirées, soit sur le pont soit dans le tout petit habitat. Le pêcheur leur racontait des histoires et ils faisaient des jeux de plateaux. Ils n'avaient jamais su comment il avait disparu.
Érable finit par rentrer et la nuit tomba doucement sur la forêt. Louna et neuf restèrent sur le tas de couvertures et de coussins pour y dormir les deux matelas étant occupés.
Lorsqu'ils se réveillèrent le lendemain, Érable et Cerveza étaient déjà sortis. Louna trouva un mot sur la table qui disait qu'ils étaient partis pêcher, qu'il y avait à manger dans les placards et qu'ils pouvaient aller explorer les alentours s'ils le souhaitaient, ainsi que s'ils avaient besoin d'un sac à dos, l'un des deux chaussons mérou avait des bandoulières et devrait pouvoir faire l'affaire. Neuf s'assit sur une des chaises qui entouraient la table tandis que Louna, qui avait ouvert quelques placards, le rejoignit avec de la brioche et du chocolat. Elle se servit puis fit glisser la nourriture vers numéro Neuf. Dès qu'ils eurent tous deux mangé à leur faim, Louna proposa de parcourir un peu la forêt qui était quand même vraiment atypique. Sans surprise, Neuf était d'accord. Avant de se lever il remplit sa bouche de nourriture à ne plus pouvoir en mâcher et en mit également dans sa sacoche. Pendant ce temps, Louna mit un mot à côté de celui de leurs hôtes pour leur indiquer qu'ils étaient sortis se balader un peu, se saisit du chausson qui faisait office de sac à dos toute ravie de pouvoir se promener avec, puis ils sortirent tous deux. La jeune fille prit soin de bien fermer la porte, puis ils s'éloignèrent à l'opposé du côté par lequel ils étaient arrivés et s'enfoncèrent dans les bois, chacun avec sa lanterne à la main, et avec le pied de mandarines.
Louna crut se dévisser la tête à force de la tourner dans tous les sens tant il y avait de choses à voir. Des fruits fluorescents rouges ou jaunes inconnus jusqu'alors pendaient au bout de longues branches fines et des arbres à spaghettis se dressaient fièrement au milieu des immenses champignons qui parsemaient la forêt. Neuf avançait difficilement parmi les buissons, craignant de se perdre au milieu des baies de piment. Des noix-de-coco bien trop grosses tombaient parfois à leur pieds, secouant la terre et les feuilles mortes qui recouvraient un chemin non-existant. Ces mêmes feuilles étaient de couleurs bien plus diverses que d'ordinaire, ne se limitant pas qu'au vert et aux teintes orangées mais tiraient vers le bleu turquoise ou vers le rose pétant. Ils croisèrent également des fruits moins exotiques tels que des poiriers ou des pommiers, mais c'était déjà beaucoup moins intéressant. Neuf pestait toujours contre sa lanterne qui s'accrochait dans les branches tandis que Louna gardait sa citrouille près du corps tout en prenant garde à ne pas abîmer ses mandarines. Elle attrapait quelques petits fruits transportables au passage ainsi qu'un certain nombre de tagliatelles qui pendaient parfois jusqu'au sol et en remplissait le sac-peluche-mérou.
Puis ils débouchèrent sur une autre clairière, bien plus petite, vraiment minuscule, bordée de buissons bleutés. Ils s'approchèrent du puits qui se trouvait en son centre et prirent le risque de pencher la tête par dessus. Louna n'y voyait rien, ainsi elle décida de faire demi tour. La fermeture de son gilet sans-manches s'accrocha à la lanterne de neuf qui pivota donc en même temps que la jeune fille. Neuf se retrouva au dessus du puits, seulement accroché à sa lampe qui commençait à l'entraîner vers le fond alors que la fermeture de Louna y était toujours coincée . Et ce qui devait arriver arriva, ils basculèrent tous deux dans un trou qui semblait ne pas avoir de fond.
Il n'y a pas grand chose à commenter parce qu'il suffit de se laisser porter ! Ne pas chercher à comprendre mais savourer les petites perles que tu dissémines dans le texte. Il n'y a pas d'intrigues, mais on a envie de savoir dans quel tableau tu vas nous emmener à la fin de chaque chapitre.
Je pense que si chaque chapitre donne envie de voir où on va au suivant c'est déjà un bel accomplissement honnêtement, donc je suis content ehe
Je me souviens d'avoir lu ton chapitre 1 après Montreuil, puis trou noir, puis PS, et rebelote me revoilà pour les 3 chapitres contractuels... et je suis juste fascinée par ton texte. Il y a un truc qui se dégage qui m'a complètement absorbée. Comme un rêve où tu ne comprends pas tout mais agréable quand même. J'ai l'impression que tes personnages sont en apesanteur : ils progressent dans l'histoire par grands bonds lents un peu hasardeux, c'est très chouette comme impression.
Juste, pour avoir fait pas mal de rando en montagne (je pense au chapitre 2), quand on est au pied de la montagne et qu'il y a une forêt qui pousse dessus et dans laquelle on est déjà, on ne voit pas le sommet. En levant la tête, dans ce cas, on voit la cime des arbres au-dessus de nous, et la pente qui monte mais disparait dans les arbres. C'est un détail dans la description, mais voilà, ça m'a perturbée. Et aussi, en haut du volcan, Louna ne devrait-elle pas avoir chaud s'il y a de la lave end-dessous d'elle ? mais c'est peut-être fait exprès.
En tout cas, je reviendrai, sois-en sûr ! (et puis ça me donne tellement envie de manger des mandarines...)
Merci pour ta remarque de randonneuse de montagne, je le voyais beaucoup comme une illustration mais c'est vrai que quand t'es là bah t'es plus petit que les arbres aha, ne pas voir où ils vont peut ajouter au passage en plus donc point bonus je vais changer ça. Pour la chaleur oui c'est plutôt voulu, c'est quelque chose qui est mis en évidence de plus en plus au fur et à mesure des chapitres que les sensations sont généralement assez 'atrophiées' pour eux dans ce monde, surtout dans Neige (mais tu as raison de le soulever si jamais ça n'avait pas été le cas)
Et merci pour les premières remarques, j'aime beaucoup la comparaison avec être en apesanteur, si ça a pu donner cet aspect j'en suis bien ravi <3
merci pour ton commentaire tac!
Sinon, c'est toujours aussi joli et poétique. J'adore particulièrement le passage au fond de l'océan avec les bulles autour de la tête, et le sous-marin qui se conduit comme une voiture.
Je reviendrai par ici après les HO avec grand plaisir !
Merci pour ce moment !
merci pour la remarque, c'est re-formulable donc je vais regarder ça, et pour ton avis sur le chapitre, je suis ravi qu'il t'ai plus et que le côté poétique soit toujours là
merci pour ton commentaire!
Cette histoire est vraiment très choupi. Le fait qu'on y mange tout le temps me procure un sentiment constant de satisfaction, et la description de cette maisonnette toute en coussins et feux de cheminée m'a absolument ravie. (Ça m'a même un peu rappelé un rêve que j'ai fait récemment, dans lequel PA était propriétaire du Tardis de Dr Who et on l'avait réaménagé comme un endroit super douillet, avec une grande table pleine d'ustensile, des placards pleins de couleurs et des coussins partout <3 C'était notre QG !)
J'admire et j'envie la sorte de "détachement" que j'ai l'impression de sentir dans ta façon d'écrire. J'ai eu le sentiment que tu ne t'étais pas trop pris la tête, que tu avais décidé d'écrire cete histoire pour te faire du bien, créer de belles images ; et ce qui est super chouette, c'est qu'ici et là ressortent pourtant quelques très belles phrases ou passages ! C'est comme si on lisait sans le moindre filtre. J'aime vraiment bien ! C'est aussi pour ça que je ne t'embête pas sur les coquilles ou les formulations, parce que cette écriture a quelque chose de naïf et de très pur que je n'ai pas envie "d'améliorer". J'ajoute que j'aurais très envie de voir ce que ça pourrait donner en BD, si un jour te venait l'envie :D
Autre chose encore, cette île avec tous ces arbres fruitiers-fous me rappelle, tiens-toi bien, un truc en rapport avec mes cours de Littérature Latine. À l'époque d'Auguste, il y a eu une espèce de grande mode qui consistait à chanter les louanges d'un Âge d'Or disparu, auquel les Romains espéraient pouvoir revenir notamment grâce à la politique d'Auguste. Il y avait un côté propagande, du coup : Virgile, par exemple, a beaucoup parlé de cet Âge d'Or, et il le décrit dans ses Géorgiques comme une époque à laquelle les hommes n'étaient pas obligés de travailler car la terre produisait tout en quantité, spontanément, et les chèvres mettaient bas deux fois dans l'année, et l'été se poursuivait même en dehors des mois d'été ; bref, une sorte de paradis sur terre, qui a duré jusqu'à ce que Zeus décide de mettre les hommes à l'épreuve en leur coupant les vivres pour les obliger à découvrir le labeur et, par là, acquérir la technique et les arts propres à l'agriculture et la civilisation. BREF. Pardon, je pars beaucoup trop loin xD Mais ce que je voulais dire c'est que l'île d'Érable et de Cervezas m'a vraiment rappelé cet Âge d'Or !
Et puis à la fin, c'est comme s'ils tombaient dans le terrier d'Alice... J'aime vraiment bien cette impression de patchwork, la lecture de cette histoire m'évoque vraiment plein de trucs différents <3
Voilà voilà ! Tu as du talent, Lyrette, alors j'espère que tu pourras vite retrouver le plaisir d'écrire, ou alors en trouver encore plus !
Ooh c'est trop chouette comme rêve je suis content si ça a pu te le rappeler! Quant à la nourriture c'est vrai que c'est jusqu'ici assez récurrent.. mais je me dis que pour vivre des aventures il faut avoir le ventre plein pour être en forme alors pourquoi s'en priver
Oui j'ai l'impression que c'est comme ça que je l'ai écrit aussi, sans filtre et quelque part je trouve ça pas mal que ça se ressente parce que je suppose que ça a ajoute quelque chose au recit (?) mais ça fait aussi que ça me prend beaucoup de temps à relire vu que je ne sais pas ce que je dois garder ou pas pour conserver cette authenticité. Quant à une bd ça pourrait rentre très bien c'est vrai, mais pour l'instant je suis bien incapable de dessiner ce que je décris c'est un peu embêtant.
C'est super intéressant ça! Je comprends pourquoi ça t'a rappellé l'Age d'or en question en tout cas, puis ça donne un éclairage nouveau merci!
Merci pour ton commentaire Ery! Je suis content que ça t'ai plu :D
Bon tu sais déjà que ton commentaire m'a fait mourir mais je te le redis : tu veux me tuer ou quoi?
Tout ce que tu dis me fait tellement, tellement, tellement plaisir je ne sais même pas quoi te dire d'autre ouin c'est juste tellement chouette à lire comme commentaire surtout en réalisant que c'est pour une de mes histoires oh shit beul t'es adorable
Pour ce qui est de l'essouflement je n'y avais pas vraiment pensé avant que tu le soulignes, pour l'instant ya 8 chapitres et un épilogue mais je pense en rajouter un. Puis en prenant en considération ce que tu me dis j'ai trouvé un ""fil rouge"" (il est pas encore là mais bientôt uhu) assez léger pour ne pas perturber l'idée que je me fais de cette histoire mais qui ajoute un truc alors merci pour le conseil beulinou <3 et merci pour le relevé de fautes de frappes!
amour sur toi beubeul et plein de merci
Re-salut !
J'avais vraiment peur qu'ils se noient. Une peur un peu malplacée, vu que c'est un rêve, hahah ! Bref, j'aime bien le fait que les personnages aussi se rendent compte que ce monde-là ne fonctionne pas avec de la logique !
Deux Ex Machina, c'est un nom parfait pour un sous-marin qui se ramène sans qu'on l'ait demandé!
Et Cerveza...j'adore ^^
<br />
Oh les pauvres protagonistes ! Dès qu'ils ont trouvé une belle île avec des personnages intéressants et de jardins pleins de nourriture (miam!) et de tagliatelles (j'aime beaucoup cette idée :D), ils tombent dans un puits xD Bon, au moins cette fois, je ne me demanderai pas s'ils vont mourir, mais plutôt quel prochain monde ils vont découvrir !
l'on lui avais appris → avait
abrration → aberration
vide intersidérale → intersidéral
se dresse soudainement à leur pied → à leurs pieds ? Sous leurs pieds ?
Lorsqu'il cru → crut
les deux habitants dévisageaient numéro neuf qui lui tentait de voir l'intérieur de la maison → il manque deux petites virgules : Numéro neuf qui, lui, tentait de voir...etc ;-)
Des casseroles étaient suspendudx → suspendues
Merci pour le relevé de fautes raah j'en laisse toujours autant c'est terrible
désolé de ne te répondre que maintenant, mais sache que tes commentaires me font toujours autant plaisir jojo j'aime beaucoup lire tes remarques alors merciii et à peluche!
Jolie vision de ces abysses désertées... Et joli nom de sous-marin, aussi. Cela reste toujours aussi mystérieux et c'est cool, j'aime bien le fait que tes héros ne se posent pas vraiment de questions... ça coule plus fluidement comme ça, je trouve, et c'est rafraîchissant de ne pas devoir se taper des thèses sur "pourquoi je sui là ?" ! ^^
Cependant, j'ai trouvé la description de la maison de Cerveza (xD) et d'Erable un peu longue, surtout qu'on y reste pas longtemps. Je pense que tu peux en restituer l'ambiance coussins/bordel en faisant un peu plus court, ça coupera moins l'action à mon avis :)
J'aime beaucoup cette forêt anarchique, aussi, c'est drôle à imaginer ^^ Et puis ça fait de jolies couleurs apparemment... Rah, dessin ! (mais bon, j'en ai déjà commencé un du premier chapitre donc bon)
Et je vois que leur voyage continue... Vivement la suite !
Merci beaucoup pour le relevé de fautes et déolé d'en laisser encore autant :')
Ah oui mince pour la description c'est vrai que j'ai tendance à beaucoup détailler... je prend note et je regarde ce que je peux enlever en faisant en sorte à ce que ça me plaise toujours
(encore merci pour ce dessin d'ailleurs rimrim)
Merci à toi pour ta lecture et pour ce commentaire! J'étais à la masse sur tes projets mais je me rattrape, je me rattrape :p
des biz!
J'ai encore eu du mal à faire la transition dans ma tête entre la fin du chapitre précédent et celui-ci, mais ça va, je pense que j'ai compris qu'il y avait une petite ellipse et tout. Et puis ils ont reparlé du vieil homme ! Donc ils ne savent pas ce qui lui est arrivé ? Je pense que j'aurais aimé qu'ils se questionnent sur son sort un peu plus tôt. Mais comme je disais dans mon commentaire précédent, tout est tellement onirique que ça peut passer même si le jugement de Louna et neuf est un peu bizarre par moments.
Érable et Cerveza, quels charmants prénoms ! J'ai beaucoup aimé la rencontre entre eux et Louna et neuf. Et la fin ! Avec le puits. C'était fort amusant et j'ai hâte de voir où ça va les emmener. Ça m'a fait penser au puits de chez Elka :') Ah, j'imagine qu'ils ne reverront pas Cerveza et Érable, c'est triste.
Vivement la suite !
Détails :
« des bulles comme celles là » : celles-là
« déjà une aberration dans ce monde ci » monde-ci
« elle se surpris à réfléchir sur les conditions de vie » surprit
« quelques soles qui n'avaient rien à fiche là » : ficher ? À moins que ce ne soit une expression que je ne connais pas (il y en a des tas)
« ils avaient toujours put les apercevoir à temps » : pu
« qui constituaient le sous marin. Un sous marin bien curieux » : sous-marin (et une autre fois il me semble que tu écris le sous-marins ou quelque chose comme ça)
« la porte se referma d'elle même. » : elle-même
« L'eau qu'ils avaient emmené avec eux se fit aspirer vers le haut et stockée » : emmenée, stocker (ou alors fut stockée ou quelque chose comme ça)
« puis les bulle qu'ils avaient autour de la tête » : bulles
« numéro neuf se résolu finalement » : résolut
« L'aquarelle que faisait leurs écailles » : faisaient
« l'eau se fit de plus en plus clair » : claire
« et Louna reçu son pot sur la tête » : reçut
« Numéro neuf se hissa sur la pointe des pieds, se saisis d'une noix de coco » : saisit
« Cerveza, fais les rentrer ! » : fais-les
« Le rez de chaussé était une unique pièce » : rez-de-chaussée
« Des casseroles étaient suspendu le long du mur » : suspendues
« certaines de couleur fluo que Louna n'avait jamais vu » : vues ?
« les jetaient dans la marmite, glissait des biscuit » : jetait, biscuits
« et psa son gobelet derrière lui » : posa
« le poisson qu'elle avait mit à griller » : mis
« et les mis dans une assiette » : mit
« il n'y aie pas de mandarines » : ait
« les biscuits au cacao qu’Érable avait préparé. Ils était encore tout chaud » : préparés, chauds
« Neuf regretta de les avoir mangé si vite » : mangés
« Louna ne savait pas grand chose sur le monde sur lequel elle avait mis les pied et Neuf ne savait pas grand chose sur lui même » : grand-chose, lui-même
« Ils ne firent pas grand chose l'après midi » : ça fait un peu répétition, après les grand-chose de l’autre phrase. Et après-midi
« Le pécheur leur racontait des histoires » : pêcheur
« qui avait ouvert quelques placard » : placards
« et en mis également dans sa sacoche » : mit
« mais tirait vers le bleu turquoise ou vers le rose pétant » : tiraient
« sa lanterne qui s'accrochaient dans les branches » : s’accrochait
Désolé pour le délai de réponse et encore merci pour ton commentaire!
Ah oui pour la transition je peux comprendre... il me semblait l'avoir fait plus évidente qu'entre le 1 et le 2 mais c'est peut-être une question d'habitude aussi,à force les transitions s'enchaineront peut-être mieux vu que je garde le même mécanisme pour la suitequejeposteraiunjour, tu me diras ^^
Et merci pour le relevé de fautes! ahlala comment je peux en faire encore autant c'est terrible...
A peluche! Et encore merci pour ton commentaire Ethelounette