Silence. Les murs sont blancs. Le plafond est blanc. Tout est blanc. Trop pur. Trop éclatant. Il me frappe. Il me gifle. Il m'horripile. Je ne craquerai pas. Je l'affronte. Je l'assume. Je l'exècre. Je le maudis. Sans un cri, je me rue contre lui. Mes poings frappent. Mes ongles griffent. Mes cordes vocales vibrent enfin. Je crie. Je hurle. Ma vue se trouble. Du rouge. Du noir. Du blanc. Ils valsent devant moi. Ils se moquent de moi. Ils me montrent du doigt. Je les déteste. Des larmes coulent sur mes joues. Le sol s'effondre sous mes pieds. Je sens le noir vaincre. Une douleur dans le bras. Ma tête explose sur le sol. Je meurs.
***
Un, deux, trois. Tout tourne autour de moi.
Quatre, cinq, six. Je sombre dans l'insomnie.
Sept, huit, neuf. Je frôle la folie.
Dix, onze, douze. Et je sais que c'est toi.
Comptine infantile, je la réinvente devant le miroir. Je te vois me fixer avec cet air incongru. Tu ne comprends pas. Ou bien, fais-tu semblant ? Je sais que tu es là. Je sais que tu me possèdes. Je sais qui tu es. Sors de mon corps ! Mes poings frappent le miroir. Je vois mon reflet se briser. Je te vois rire de moi. Tu te réjouis de voir le sang couler. Tu t'en délectes de quelques gouttes. Pure provocation. Et, moi, je marche. Non. Je cours. Je me rue un peu plus sur toi... J'écrase le miroir. Je brise tous les morceaux. Je les réduis à néant. Je veux les voir disparaître. Je ne veux plus te voir.
- Disparais !
Ton rire heurte aussitôt mon esprit. Tu te remets à débiter les mêmes saletés. Tu prétends être moi. Tu vantes ton ascendant sur moi. Tu me traites de faible. Tu me manipules. Tu me rends folle avec tes mensonges. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas cinglée. Je ne souffre d'aucun dédoublement de la personnalité. Tu n'es même pas une hallucination. Tu n'existes pas. Tu n'es qu'une illusion. Va-t-en !
***
En sueur, je sursaute. Tout est calme autour de moi. Rien. Ma chambre est en ordre. Seul mon lit est défait. Je me suis emmêlée. La couverture me serre comme un boa. J'étouffe. Je suis en sueur. Je suis glacée. Mes yeux fixent le miroir face à moi. Une magnifique glace montée sur une armoire. Elle reflète mon reflet. Aucune moue sarcastique, aucun rictus maléfique... C'est bien moi. Je suis moi.
Ce n'était qu'un cauchemar. Un sombre cauchemar. Un soupir s'échappe de mes lèvres. Je laisse ma tête retomber sur l'oreiller. Mes pieds renvoient la couverture au fond du lit. Je contemple le plafond... Blanc. Mes yeux se ferment aussitôt. Pas encore. Ma respiration s'emballe. Mon cœur avec. Je ne dois pas céder à l'angoisse. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Je résiste. J'oblige mon esprit à aller au-devant de verts pâturages. Je vois des montagnes. Dans leur creux, un château se dresse. Des oiseaux l'entourent. Pas noirs. Blancs. Ils dansent sereinement. Ils virevoltent... Du sang. Une belle princesse se tient sur les remparts.
Un sourire est dessiné sur ses lèvres. Elle est heureuse.
Un hurlement strident. Elle danse. Elle est heureuse.
Elle court. Elle est heureuse. Elle chante. Elle chute.
- Non !
Je me relève brutalement du lit. En sueur. J'ai sombré une nouvelle fois dans l'inconscient. Elle est là. Je suis là. Mon reflet me fixe avec ce sourire. Je la maudis. Elle rit. Je ne suis qu'une marionnette...
Un pantin manipulé.
Et ça me ramène à des moments de nuit où j'ose à peine ouvrir un œil comme si le Croque mitaine m'attendais derrière mes paupières closes !
En tout cas merci pour ton commentaire :)
En tout cas ton avis fait plaisir à lire. Tu as bien capté ce que je cherchais à faire passer, ça mérite un grand merci et un gros câlin ! <3
J'aime l'effet des phrases saccadées de ce prologue (si c'est bien un prologue ?). Ca donne un style certain à cette introduction, j'ai hâte de voir comme tu vas ménager cet effet dans la suite de l'histoire avec plus de récit... comment dire... traditionnel ? Je ne sais pas si je suis très claire.
J'ai trouvé que les phases "saines" et "folles", si on peut les appeler comme ça, s'alternaient quand même trop vite. Je pense que tu aurais pu en faire plus avec cette folie (qui n'en est pas une) pour qu'on réalise mieux le calme de la "normalité". Tu as certainement l'intention d'approfondir tout ça par la suite (d'où le titre de l'histoire XD) mais je te fais quand même part de mon ressenti.
Je ne sais pas si l'image du château et de la princesse à une signification particulière pour l'intrigue, j'attends donc d'en savoir plus à ce sujet pour me prononcer.
Une petite phrase un peu maladroite : "Elle reflète mon reflet"
Voili voilu ! Je vais suivre cette histoire de fou ;p
Zibou !
Hadana.
Je te remercie pour ton commentaire.
Pour le rythme, j'admet qu'il est rapide, mais je l'assume. Je sais que j'aurais pu ralentir les choses, ce ne serait sans doute pas pour cette histoire-là... mais la possession est un thème sur lequel je reviendrai plus longuement par la suite, ça c'est certain !
Par contre, tu risques d'être surprise par la suite. Enfin si mon inconstante présence n'a pas eu raison de ta patience ! ^^'
Merci encore d'avoir pris la peine de lire ! :)