ACTE I
À l’intérieur d’un bus se dirigeant vers le Camp des Histoires Paranormales.
Scène première
Jean-Michel Gueulegrant, Lady Gisèle, Mordicus le jeune, Pierre-Alexandre, Théophile, Virginie, Clémentine
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (debout dans le bus, prenant le micro)
Bonjour à tous et bienvenue dans notre groupe !
Mon rôle est que vous passiez un bon moment…
(un larsen retentit)
LADY GISÈLE (grimaçant sans lâcher son tricot)
Mais enfin, quel est ce bruit aigu ? Qu’on le coupe !
MORDICUS LE JEUNE (se bouchant les oreilles)
Je vais me sentir mal, tout ça est assommant !
PIERRE-ALEXANDRE (chantonnant, les yeux dans le vague)
On arrive, on arrive… Je serai là ce soir !
THÉOPHILE (lorgnant Pierre-Alexandre, s’adressant à Clémentine)
Hey, il est chelou le bourge... C’est quoi son problème ?
Putain, à la première occasion je me barre.
VIRGINIE (souriant, répondant à Théophile)
Oh, enfin, Théophile je comprends ton dilemme,
Mais les gros mots, c’est mal ! Et ma fille est très jeune.
THÉOPHILE (se retournant vers la fenêtre, boudant)
Je suis un gros rebelle et je suis super fun…
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (reprenant la parole, sans micro)
Bon, désolé pour ça, je vais parler plus fort.
Nous arrivons au camp dans une heure, pour dîner,
Avant cela, je voudrais bien que tout d’abord...
MORDICUS LE JEUNE (le coupant, pâle et l’air malade)
Oh, je me sens si mal, je vais dégobiller !
LADY GISÈLE (en serrant les dents, tricotant toujours)
Respirez un grand coup et prenez un bonbon.
Moi je fais mon tricot et j’ai pas mal au cœur !
MORDICUS LE JEUNE (serrant les dents)
Pour mon repas plus tôt j’ai mangé un jambon, Il était pas très frais, c’est ça qui me fait peur !
PIERRE-ALEXANDRE (sortant de sa rêverie)
Oh non, ne vomis pas, ça va puer dégueu,Alors mes amis verts ne se montreront pas...
THÉOPHILE (se détournant de la fenêtre)
De quoi il parle lui ? Il a fumé d’la beuh ?
Il commence à saouler à geindre comme ça !
CLÉMENTINE (tirant la manche de Virginie)
Maman, c’est quand la pause ? Il faut que j’fasse pipi !
VIRGINIE
Oui, chérie. (levant la main) Jean-Michel ! Il faudrait s’arrêter.
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT
Je viens de demander ma chère Virginie. Mordicus est malade, nous allons le soigner !
Scène 2
Jean-Michel Gueulegrant, Lady Gisèle, Pierre-Alexandre, Théophile
(Virginie, Clémentine et Mordicus le jeune sortent en direction des toilettes.)
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT
Lady Gisèle, Pierre-Alexandre et Théophile !
Voulez-vous chanter une petite comptine ?
J'en connais une sur un homme qui vomit sa bile.
On ne peut pas dire qu'elle soit si enfantine...
Cependant, j'ose un peu vous la proposer,
Pour, à tous, nous changer bel et bien les idées
En attendant qu'ils reviennent des WC.
J'espère que Mordicus n'est pas constipé :
Car, cela rendrait nos soirées olé-olé...
Voulez-vous donc chanter ma comptine adorée ?
Je vous rassure : elle est très simple à réciter.
LADY GISÈLE (ne lâchant pas ses aiguilles à tricoter)
Jean-Mi, pardonnez-moi, il me faut tricoter.
Je défie quiconque voulant m'asticoter
De braver mes belles aiguilles à tricoter.
Mes fils tout emmêlés, je dois y retourner...
THÉOPHILE
Venir ici était une mauvaise idée, con !
C'est pour ça que je vais m’ barrer fissa, fissa.
Je peux pas rester en compagnie d'un fion.
Et la mémé, elle est grave allumée, celle-là !
LADY GISÈLE
Ai-je bien entendu ? M'a-t-on nommée mémé ?
Que l'on craigne bien mes aiguilles à tricoter !
PIERRE-ALEXANDRE (à Théophile)
Pars vite et loin si tu veux vraiment t'en aller.
(à part) Il me fait flipper mais hors de question d'être
En tête-à-tête avec la vieille folle à lier
Sans parler de Jean-Mi, cet infernal boulet.
THÉOPHILE
Puisqu'on veut que j’me casse, je ne décampe plus.
Allez crever si ça vous frise la raie du cul !
Je reste et je resterai à vos nazes côtés.
Vivement le feu de camp, les nuits étoilées !
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT
Je m'excuse d'interrompre un beau plaidoyer
Mais qu'en est-il de ma comptine tant adorée ?
Scène 3
Jean-Michel Gueulegrant, Lady Gisèle, Pierre-Alexandre, Théophile, Mordicus le jeune
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (se raclant la gorge)
Il était une fois un homme qui vomit sa bile
Et découvrit par le plus curieux des hasards -
(Mordicus le jeune déboule dans le bus, pâle comme un linge)
MORDICUS LE JEUNE (terrifié)
À l’aide, au secours, c’est un vrai cauchemar !
LADY GISÈLE
Oh ! Que se passe-t-il encore mon cher Mordicus ?
Vous seriez-vous essuyé avec un cactus ?
MORDICUS LE JEUNE (parlant très vite)
Dans les toilettes, mon jambon a été rendu,
Et un diable, un démon, que sais-je, est apparu !
Droit dans ses yeux j’ai regardé, il faut me croire !
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (agacé)
Que racontez-vous là ? Allez donc vous asseoir !
Attendez ce soir pour raconter votre histoire !
PIERRE-ALEXANDRE (forçant Mordicus à s’asseoir)
Oui, dépêchez-vous, nous sommes déjà en retard !
(en aparté) Ce rendez-vous, je veux vraiment pas le rater,
Dix ans déjà, que j’attends de les retrouver !
MORDICUS LE JEUNE
Écoutez-moi, je vous dis, nous sommes condamnés !
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (continuant sa comptine malgré tout)
...Et découvrit par le plus curieux des hasards
Qu’il avait le don de parler à trois cafards.
Ainsi proclamé roi du monde des insectes,
Il déclara la guerre à son voisin abject.
Bientôt, il ne resta plus sur son canapé
Qu’une brune bouillie de chair, d’os et de cervelet.
PIERRE-ALEXANDRE
Cette comptine est odieuse, monstrueuse, affreuse !
Voilà qui, pour sûr, plairait à mon amoureuse !
MORDICUS LE JEUNE (en aparté)
Après tout ce que j’ai déjà subi, pourquoi
Faire de nouveau face au démon ici, je dois ?
THÉOPHILE
J’aurais dû m’barrer quand il était encore temps,
Avec Stephen King, Bogdanov et grand-maman
La soirée autour du feu va être longue, longue, longue…
LADY GISÈLE (loupant une maille)
Oh ! Crotte de bique ! Je me suis cassé un ongle !
Tu n’as pas honte de dire des idioties pareilles ?
Montre donc un peu de respect pour la patronne
Gothique de mes deux, ou je t’arrache les oreilles !
MORDICUS LE JEUNE (hurlant)
Espèce de folle, dangereuse, le mal en personne !
(Virginie et Clémentine réapparaissent à l’entrée du bus)
VIRGINIE
Allez viens mon bébé, il faut se dépêcher,
Il ne faudrait pas que le bus nous laisse dehors.
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (d’un ton solennel)
Ainsi donc se termine ma comptine préférée
Que me raconta ma mère sur son lit de mort.
C'est tellement n'importe quoi que c'est tres drôle ! Je vous vois tres bien en pleine conversation pendant l'ecriture de la pièce : " Euh, je ne suis pas sûr que cette phrase soit tres claire...
- m'en fous, ça rime !
- et y a pas vraiment d'histoire en fait...
- m'en fous, ÇA RIME !
Vous avez dû bien vous marrer !
Mais du coup, qu'est-ce qu'il s'est passé aux toilettes ? Il a vraiment vu un démon ? félicitations pour les rimes, c'était très bien trouvé et ça va tout seul !
Démon ou pas démon, c'est libre d'interprétation.
Merci pour ton retour, Jamou !